Thrall : le Crépuscule des Aspects - Un 3ème extrait
Après deux premiers extraits du roman "Thrall: Le Crépuscule des Aspects" (voir ici et là), en voici un troisième ! Cela vous permettra de vous faire une bonne idée du bouquin et vous donnera pourquoi pas envie de vous le procurer prochainement...
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Ce n'était pas de cette manière qu'Alexstrasza avait espéré galvaniser les autres Vols. Pourtant c'est l'effet que sembla avoir l'apparition soudaine du Vol draconique du Crépuscule. Sans perdre une seconde de plus à se disputer, agissant de concert, tous s'élancèrent dans les cieux et chargèrent l'ennemi pour protéger le temple sacré du danger.
La violence déployée fut d'une beauté absurde. Des dizaines de silhouettes vigoureuses aux teintes rubis, émeraude et saphir tournoyaient et virevoltaient dans les airs. Leur adversaire adoptait toutes les nuances du jour laissant place à la nuit (violet, pourpre, indigo), usant de grâce et de brutalité pour mener un combat sanglant.
Au milieu du fracas de la bataille, une voix sembla retentir à leurs oreilles.
Comme vous êtes aimables de vous être réunis en aussi grand nombre dans un même lieu. Cela va me permettre d'éliminer facilement les faibles créatures que vous êtes.
Alexstrasza vola directement vers un groupe de trois dragons, plongeant pour éviter leur souffle mortel, aussi violet qu'ils l'étaient eux-mêmes. Du coin de l'œil, elle vit l'un des dragons bleus s'immobiliser puis lancer un sort avant de replier les ailes et de piquer comme une pierre. Faisant un rapide écart, elle évita l'orage soudain de ce qui ressemblait à des glaçons. L'un des dragons du Crépuscule parvint à se rendre incorporel, mais les deux autres se montrèrent trop lents. Profitant de l'occasion qui s'offrait à elle, Alexstrasza se précipita vers le ciel pour refermer ses énormes mâchoires sur la gorge sinueuse de l'un d'eux. Pris sous sa forme corporelle et n'ayant plus la force nécessaire pour se transformer, le dragon du Crépuscule poussa un cri étouffé et agita frénétiquement ses ailes indigo dans l'espoir de se dégager. De ses griffes noires, il égratigna le ventre d'Alexstrasza. Malgré la protection de ses écailles, celle-ci ressentit une douleur cuisante. Elle mordit plus fort, et la douleur s'estompa. Puis ouvrant la mâchoire, elle lâcha le corps flasque de son adversaire sans même lui accorder un regard alors qu'il chutait.
Qui es-tu ? s'écria-t-elle d'une voix amplifiée et portée par l'air froid et limpide. Montre-toi, révèle ton nom, ou tu ne seras connu que pour le lâche et le fanfaron que tu es!
Je ne suis ni un lâche ni un fanfaron, fit la voix, se manifestant à nouveau. Mes disciples m'appellent le Père du Crépuscule. Ce sont mes enfants et je les aime.
La grande Lieuse-de-Vie fut parcourue d'un frisson, mais elle n'en comprit pas la raison. Si ce nom était avéré et si la voix appartenait bien au patriarche de ces êtres…
Alors viens et protège tes enfants, Père du Crépuscule, ou reste assis là et regarde-les se faire massacrer les uns après les autres !
Deux des dragons du Crépuscule, venus de directions différentes, piquèrent vers elle. Elle désirait tant découvrir la source de la voix qu'elle faillit les repérer trop tard. Alors qu'ils ne se trouvaient plus qu'à quelques mètres, elle plaqua ses ailes contre ses flancs et se laissa tomber comme une pierre tout en se retournant. Juste au-dessus d'elle, les deux dragons du Crépuscule adoptèrent leur forme d'ombre juste avant la collision et se traversèrent sans se faire de mal.
Un rire rauque et hautain enveloppa Alexstrasza.
Bien que tu sois la grande Lieuse-de-Vie, tu n'es qu'une fillette stupide. Je serai ravi de te voir anéantie par ce qui va arriver.
Un hurlement déchira les tympans d'Alexstrasza. Elle ressentit une vive douleur. L'un des siens, vaincu, tentait de se maintenir en l'air à l'aide de ses grandes ailes rouges dont l'une était en lambeaux. Elle piqua vers les assassins de son camarade en criant et en crachant du feu. L'un d'entre eux perdit aussitôt toute substance et s'écarta vivement du jet de flammes. L'autre, plus courageux ou plus sot, se retourna et projeta des dagues de magie noire en direction d'Alexstrasza, avant de se transformer. Son arrogance lui coûta la vie. Ouvrant la gueule, la Lieuse-de-Vie cracha un rideau de flammes sur toute la longueur de son corps, avant que la transformation ne soit complètement achevée. Plus ardent que le souffle d'un dragon rouge ordinaire, son feu parut presque faire fondre les écailles bleutées, qui se recroquevillèrent tandis que la chair au-dessous se consumait jusqu'aux os. Un côté de son corps brûlant jusqu'à en être méconnaissable, le dragon chuta, à moitié matériel à moitié incorporel, mais entier dans la souffrance.
Du coin de l'œil, Alexstrasza vit Ysera, sa sœur ordinairement si douce, combattre elle aussi avec férocité. Celle-ci ouvrait la gueule et exhalait un nuage verdâtre et délétère contrastant singulièrement avec son souffle habituellement aussi léger que le parfum des fleurs d'été. Deux dragons du Crépuscule reculèrent pour pouvoir mieux respirer. Réduisant la fréquence de leurs battements d'ailes, ils furent distraits assez longtemps pour qu'Ysera, toutes griffes dehors et la gueule béante, puisse leur lancer un rapide sortilège. Convaincus qu'ils étaient des ennemis, ils hurlèrent d'épouvante et commencèrent à s'entre-tuer. En quelques secondes, ils auraient accompli le travail d'Ysera.
Alexstrasza repoussa une nouvelle attaque. Elle plongea et exécuta une boucle pour se retrouver au-dessus de son adversaire et le frapper au cou avec sa redoutable queue. Lorsque le corps sans vie dégringola, elle prit simultanément conscience de deux choses.
Tout d'abord, deux Aspects étaient ici présents, tout deux en état de combattre. Les dragons du Crépuscule n'étaient pas assez nombreux pour espérer l'emporter, d'autant plus que les drakônides d'élite qui gardaient habituellement les entrées des sanctums avaient temporairement quitté leur poste pour se joindre à la mêlée. Bien qu'ils ne puissent pas voler, ils terrassaient rapidement tout dragon du Crépuscule blessé qui avait le malheur de se poser. C'était trop facile.
Ensuite, l'affrontement se déroulait en un seul et même endroit.
Pourquoi?
Le bon sens tactique aurait voulu qu'on sépare les dragons, qu'on les encercle, qu'on les entraîne à l'écart de leurs défenseurs, qu'on se serve de l'architecture du temple comme d'une arme. Or les dragons du Crépuscule étaient regroupés telle une colonie de fourmis au sommet du temple, précisément là où ils constituaient des cibles de choix pour Alexstrasza et Ysera.
Prise d'une peur indicible et presque écrasante, Alex-strasza sentit son ventre se serrer. Quelque chose clochait horriblement.
Écartez-vous de l'ennemi ! cria-t-elle d'une voix claire et forte qui ne laissait rien paraître de sa peur. Éloignez-les du temple et attaquez-les un par un !
Ses congénères entendirent et se dispersèrent aussitôt dans toutes les directions. Les dragons du Crépuscule, eux, restèrent groupés. Seuls une poignée d'entre eux se détachèrent du groupe qui ressemblait maintenant à une formation pour suivre leur proie.
Puis Alexstrasza comprit. Ils n'étaient pas venus pour attaquer, mais pour faire diversion…
L'explosion, tant physique que métaphysique, fut si puissante qu'elle projeta Alexstrasza queue par-dessus tête dans les airs, la malmenant sans qu'elle n'y puisse rien faire. Elle était comme un dragonnet tout juste éclos pris dans un cyclone. Lorsqu'elle déploya ses ailes, celles-ci manquèrent de se déchirer, ce qui lui arracha un hurlement de douleur et de surprise. Mais elle réussit à se stabiliser. Elle avait l'impression d'avoir heurté de plein fouet une montagne et n'entendit plus rien pendant un long moment.
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