Patch 4.2 ou l’effroi du submergement pulsionnel agressif
Si World of Warcraft est avant tout un jeu vidéo, certaines personnes ne manquent pas d'analyser le comportement des joueurs et bien d'autres choses qui touchent de près ou de loin à cette thématique. C'est le cas de Benjamin Thiry, psychologue, qui a récemment écrit un article intitulé Rage sur les terres de Feu ou l'effroi du submergement pulsionnel agressif. Il y aborde l'éventuelle interprétation psychologique qui peut être faite de l'histoire dans laquelle le joueur est plongé avec le patch 4.2. Ce n'est pas une lecture particulièrement aisée, mais je vous invite néanmoins à y jeter un oeil.
Ce mercredi 29 juin 2011, une nouvelle mise à jour de World of Warcraft (wow) a été effectuée. Elle rajoute une évolution scénaristique majeure sur laquelle je vous propose de nous arrêter. En effet, je pose l'hypothèse que le scénario de wow, d'une très grande richesse, s'apparente à celui d'un conte. Le jeu met en scène des personnages qui ont une charge métaphorique. Les joueurs, en interagissant avec ces personnages, se trouvent dès lors impliqués à deux niveaux : celui de la réalisation des quêtes au premier degré (par exemple : tuer tels ou tels monstres) et celui d'un enjeu psychique inconscient relié à la trame historique (par exemple : purifier une zone afin d'en assurer la quiétude).
Par conséquent, il est possible de concevoir l'évolution de l'histoire de wow comme un processus dynamique de maturation psychique. A l'occasion de la nouvelle mise à jour, je me servirai de son thème majeur afin d'illustrer cette hypothèse.
(...) l'obsession de Thrall est de garantir l'unité et l'harmonie à l'encontre de personnages qui induisent le chaos. Son combat peut être interprété comme des tentatives de maîtriser sa propre pulsion de mort. Sargeras, Kil'jaeden, Gul'dan, Cho'gall et le Marteau du Crépuscule sont les divers visages d'un même processus psychique, celui de la destructivité indifférenciée. Cette destructivité est celle du tout jeune enfant extrait de la matrice utérine qui découvre les affres du monde réel. En effet, le jeune enfant, dont tous les besoins étaient satisfaits avant de naître, découvre le manque, la souffrance et l'instabilité de la réalité extérieure. Il en éprouve un profond déplaisir qu'il va tenter de maîtriser par le truchement de sa haine. Pris dans une illusion de toute-puissance, le nourrisson souhaite supprimer la cause de sa souffrance en la détruisant. Il s'agit d'une logique de pensée très archaïque à laquelle le nouveau né se trouve confronté. Plus tard, dans son développement, il apprendra à différentier les objets qu'il peut aimer ou haïr voire à transformer sa haine afin de la transcender.
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