L'univers du cosplay démystifié grâce à Minana Cosplay

Rappelez-vous, je vous parlais il y a peu de Minana Cosplay et de sa réalisation inspirée des gardes d'Hurlevent. Vu le talent de la jeune femme, nous n'avons pas pu résisté à lui proposer une interview qu'elle a généreusement acceptée. Ce qui devait être un traditionnel questions/réponses s'est rapidement transformé pour ma part en une véritable papote entre filles ce qui m'a permis, l'espace d'une petite heure, de me plonger totalement dans cet univers créatif.

Trop de cosplays sexys ?

Vous le savez, il n'est pas rare que je poste des photographies de cosplayers et en lisant les commentaires à ces articles, j'ai pu régulièrement constater que la question des "boobs" revenait régulièrement. Parmi vous, comme je le comprends, certains sont lassés de voir ces formes généreuses prendre le pas sur la création artistique au risque de mettre l'accent davantage sur la plastique irréprochable de la demoiselle plutôt que la finesse de sa réalisation. Il fallait donc forcément que j'aborde ce sujet avec Minana qui m'a bien entendu donné son point de vue. Selon elle, deux éléments entrent en ligne de compte. Le premier est de se rapprocher le plus fidèlement possible des images de référence du sujet choisi et pour le coup, en matière de personnages au costume léger, il n'y a que l'embarras du choix dans l'univers de Blizzard. Pas étonnant donc de voir régulièrement des cosplays aux allures sexys vu que ceux-ci sont nombreux dans le spectre des possibles. Deuxièmement, le cosplay est un art qui a un prix et inévitablement, les costumes composés de moins de matière reviennent forcément nettement moins cher... pouvant aller jusqu'à la moitié du prix d'une composition complète. Il est donc aussi logique afin de respecter un budget de s'orienter vers des créations moins onéreuses. 

Je vous rassure, Minana ne s'est pas prise la tête avec toutes ces considérations. Si elle a choisi de reproduire la magnifique armure des gardes d'Hurlevent, c'est parce qu'elle en a été inspirée particulièrement après la vision du film Warcraft: Le Commencement, qu'elle les trouve très élégantes et que son ambition était simplement d'en faire une copie aussi fidèle que possible. Elle précise même : "les cosplayeuses qui ont de belles formes et qui savent les mettre en valeur me vendent du rêve et qu’un bel homme en cosplay d’Orc ou d’Illidan bien musclé ne me déplaît pas non plus !". Voilà qui est dit ;)

Prenant moi-même beaucoup de plaisir à réaliser les costumes de mon fiston, je voulais absolument en savoir davantage sur la réalisation concrète d'un cosplay, découvrir plus en profondeur ce petit monde qui semble à priori destiné aux créateurs expérimentés et de talent.

J'ai été heureuse d'apprendre que finalement il n'en était rien. En général, les cosplayers aiment partager leur passion avec les néophytes et par exemple, Minana ne rechigne jamais à répéter plusieurs fois les mêmes explications si elle peut contribuer à faire progresser et évoluer ce hobby qu'elle chérit tant. Entre cosplayers, il n'est pas rare non plus de se filer un coup de main et elle-même précise "je n’hésite pas à solliciter mes connaissances dans le monde du cosplay pour qu'elles me donnent leurs petites astuces, c’est d’ailleurs comme ça que j’en suis arrivée là". Vu qu'il est rare lorsque l'on débute dans un domaine de posséder un réseau de relations étoffé, il ne faut pas hésiter à s'abonner aux réseaux sociaux de ces artistes et à leur poser vos questions. Ils ne devraient pas manquer de vous répondre. Si cela vous intimide ou que vous êtes pressés, "il y a par exemple cosplayforum.com où on peut débattre sur divers sujets, demander de l’aide, organiser des groupes pour les conventions, etc. Et sinon il y a lesfeestisseuses.com qui est un forum sur la couture."

CharlÉlie...

Parce que oui, la couture venons-en ! Elle est particulièrement tendance en ce moment et difficile d'y couper lorsque l'on veut se lancer dans un projet. S'il s'agit de votre première pièce, sachez que "faire ou acheter des patrons, épingler ses réalisations avant de les coudre, s'entraîner sur un vieux tissu avant de vraiment se lancer " sont les indispensables conseils à suivre. "Pour les choses plus complexes, vous pouvez justement rejoindre les forums précédents pour trouver de l’aide. Pour ma part, c’est ma mère qui m’a tout appris et qui m’aide encore dans mes réalisations. Je n'hésite pas non plus à me rendre dans des magasins de tissu et à solliciter les vendeurs pour savoir quels genres de tissu choisir ou quelle technique utiliser pour chaque pièce. En général, ce sont des personnes passionnées et ouvertes et il ne faut pas hésiter." J'ai été très touchée par cette relation mère-fille dont le processus créatif a traversé le temps, peut-être parce j'en ai raz-le-bol des médias qui aiment mettre en avant le conflit entre générations d'autant plus lorsqu'il est question de jeu vidéo. Ceci est un énième exemple où l'univers du jeu conduit à quelque chose de positif et cela mériterait que l'on en parle davantage, mais là, je pense que je prêche des convaincus ;) Je m'égare !

Revenons-en à nos fils et aiguilles ou plutôt au Worbla, parce que si vous vous lancez dans l'aventure du cosplay, il est difficile d'y couper. En effet, c'est ce matériau qui vous permettra de sublimer vos vêtements vu qu'il est à l'origine des armes et armures qui les accompagnent. Si Minana a d'abord commencé à travailler avec des tapis de sol (ne comprenez pas comme moi des revêtements de sol type moquette mais plutôt des tapis de sport comme pour le Yoga ^^), elle s'est vite convertie au Worbla, le premier ne permettant pas une longue tenue à ses créations. Son costume de Sylvanas n'a par exemple pas survécu à sa première sortie malgré les quatre à cinq mois de travail que celui-ci lui a nécessité. Rageant n'est-ce pas ? 

Vous voilà maintenant aiguillé sur le bon produit, reste à l'apprivoiser. Pas de panique, si vous en arrivez là et que l'étape couture est derrière vous, Minana est encourageante à son sujet "c’est limite du gâteau comparé à la couture ! C’est grâce aussi à tous les tutos que j’ai pu voir avant de commencer, je me suis beaucoup informée car j’étais admirative de pas mal de cosplayers. J’ai commencé par acheter les livres de Kamui Cosplay où elle explique l’art et la manière d’utiliser le Worbla (une matière thermoplastique qui peut se déformer à volonté grâce à la chaleur), de le peindre, d’ajouter des lumières et elle en sort régulièrement en livre mais aussi sur les réseaux sociaux et YouTube." 

Entre passion et raison

Maintenant que vous avez les clés pour débuter, il vous reste à choisir votre projet. Si comme moi, face à l'embarras du choix, vous avez des difficultés à vous décider, Minana précise que "pour choisir le personnage, c’est souvent lié à un coup de cœur envers un personnage ou un univers. Après on va chercher des images de références ou des modèles 3D. À cette étape, on voit aussi si c'est de notre niveau et de notre budget. Il vaut mieux, si vous débutez, commencer par un petit projet. Il faut ensuite faire des patrons, que ce soit pour l'armure ou le tissu. Pour moi, c'est une des parties les plus complexes. Après, on peut s'inspirer et poser des questions aux cosplayers qui ont déjà fait ce costume. Il ne faut pas oublier que la peinture est une étape importante et à ne pas bâcler (moi j'utilise de l'acrylique). Ce n'est pas si compliqué et c'est ce qui va donner du cachet à votre armure ou même sauver des créations un peu ratées. Et inversement, j'ai déjà vu de superbes pièces d'armure mais peintes rapidement à la bombe, c'est vraiment dommage. Après il n'y a plus qu'à se lancer." 

Merci beaucoup Minana, mais un petit projet, ça signifie quoi ? Un costume mini-riquiqui ? Selon elle, "ce serait plutôt un projet avec peu d'armure et une partie en tissu simple à réaliser, ou qui est facile à faire à partir d'un vêtement du placard voire même acheter un cosplay déjà tout fait et rajouter des détails par-dessus". Dis autrement, plutôt se lancer dans un projet de customisation pour débuter !

N'êtes-vous pas d'accord qu'au fil des explications de Minana, cet univers plutôt opaque au départ se précise et devient mine de rien plus envisageable ? Un facteur et non des moindres reste encore à être abordé : le temps !  "Mon garde m’a pris beaucoup de temps et un projet aussi long provoque parfois des baisses de motivation, mais je n’ai pas abandonné, ça m’a pris à peu près 5 mois, je ne peux pas vraiment dire combien d’heures mais j’étais bien contente quand je l’ai fini. Et terminer un projet sans baisser les bras est satisfaisant pour soi, il ne faut pas se décourager. J’ai un travail dans la vie et j’essaie de faire ça durant mon temps libre, c’est aussi pourquoi l’armure m’a pris aussi longtemps à faire. Sans emploi, ça aurait pu ne mettre que deux mois à mon avis !". L'important, selon elle, c'est surtout d'y travailler quand l'envie y est pour éviter de se forcer et d'en être dégoûté.

Le budget est un élément également important à ne pas négliger dès le démarrage d'un projet. Plus celui-ci contiendra de nombreuses pièces, plus il sera onéreux. Soyez donc attentif à cela. Pour vous donner une idée, un costume plus léger, potentiellement plus sexy, coûtera aux alentours de 300 €. En comparaison, le costume du garde de Hurlevent a coûté entre 600 et 700 € à confectionner.

Photoshop : Un passage obligé... ou pas ?

J'étais également intéressée de savoir où se situait le niveau des cosplayers français sur la scène internationale. Minana m'a évidemment éclairée sur cette question. "D’années en années, je trouve que le niveau augmente. On gagne désormais assez souvent des compétitions ou on arrive à un point assez élevé dans les classements. Je suis particulièrement fière de Papa Cosplay qui avait gagné le concours cosplay de Blizzard de la Gamescom puis la BlizzCon en 2015 !".

Je voulais également aborder avec elle, un point qui vous fait souvent réagir en commentaires à savoir les retouches parfois violentes sous Photoshop, ce qui nous a permis d'aborder aussi le travail du photographe. Pour elle, "...la photographie comme le montage sont aussi un art, alors ça ne me choque pas si je vois une Elfe de la Nuit avec une forêt bleue et des yeux blancs éclatants. En règle générale, je dirais que si le personnage a des particularités quasi-impossibles à reproduire, le photographe a le droit d’apporter un peu de magie à ses photos". Il est vrai qu'en regardant des photos, on a tendance à se focaliser sur le travail du cosplayer. Pourtant le boulot réalisé par le photographe est également conséquent et un travail d'artiste à part entière qui mériterait bien que l'on s'y attarde davantage. Je vais donc essayer de me rapprocher d'une de ces personnes de talent pour lui poser quelques questions et récolter son avis sur ce type de clichés.

Envie de plus de Minana ?

Pour clôturer cet entretien, j'ai laissé la parole à Minana qui a voulu revenir sur l'un des commentaires qu'elle a pu lire dans la news qui lui a été dédiée. "J'ai pu voir quelqu'un dire qu'une fille porte mieux un personnage comme Jaina ou Syvalnas qu'un garde de Hurlevent et que c'était dommage que les garçons ne faisaient pas ce genre de cosplay. Je tiens à dire que les gardes femme existent bel et bien dans l'univers de Warcraft, et que des cosplayeurs masculins de garde existent aussi également, et d'ailleurs j'ai déjà vu une version masculine de Sylvanas et je trouvais ça classe. Il faut vraiment cosplayer ce que l'on a envie sans tenir compte des personnes qui ne savent pas apprécier le travail et l'originalité des cosplayers".

J'espère que vous aurez apprécié cet article autant que ce je ne me suis amusée à mener cette interview. Je remercie encore chaleureusement Minana Cosplay pour le temps qu'elle m'a accordé. Vous pouvez poursuivre sa découverte sur ses différents sociaux comme Facebook ou Twitter. C'est l'occasion d'entrer directement en contact avec elle et de lui poser vos propres questions. Vous y découvrirez également de très jolies images de ses nombreuses réalisations depuis les trois années où elle s'est lancée dans cette aventure.