L'Express revient sur WoW et la Norvège

JudgeHype | 05/08/2011 à 14h11 - 52

Comme me le signale très gentiment quelqu'un dont j'ai paumé le pseudo (désolé ^^), le site du journal L'Express propose une petite réflexion sur les jeux vidéo qui ont été retiré de la vente en Norvège. Et comme vous le savez, World of Warcraft en fait partie :

Après les attentats, des magasins norvégiens ont ôté certains jeux vidéo "violents" de leurs rayons. Un peu rapidement?

Les elfes et autres trolls qui passent leurs soirées sur le jeu World of Warcraft sont mécontents. En Norvège, la principale coopérative de magasins a décidé de sortir des rayons les jeux vidéo préférés d'Anders Behring Breivik, l'auteur d'une double attaque meurtrière le 22 juillet. Pourquoi? On pense d'abord à une mesure de précaution, pour éviter que ce genre de drame se reproduise. Mais non, c'est "par respect" envers les familles des 77 victimes, répond la coopérative Coop Norge.
Sur les forums officiels de World of Warcraft, les joueurs se désolent, plusieurs se sentent même honteux pour l'ensemble de la communauté du jeu en ligne. "Il me semble que ces jeux n'étaient qu'une couverture pour expliquer le fait qu'il était absent à sa famille", s'étonne encore Asylum_ sur le forum de Jeux Online. En effet, le terroriste se servait des jeux vidéo comme d'un alibi, et recommande à qui voudrait l'imiter d'en faire de même. Dans son manifeste de 1500 pages publié sur Internet, il écrit: "Dites à vos amis, collègues et famille que vous avez commencé à jouer à World of Warcraft ou à un autre jeu de rôle en ligne, et que vous allez vous y consacrer pendant plusieurs mois. [...] Dites-leur que vous êtes complètement accro' au jeu [...] Vous serez étonné de voir ce que vous pouvez faire en toute discrétion en blâmant ce jeu."

Le retrait de cette cinquantaine de produits, dont de nombreuses versions de World of Warcraft ou le jeu de guerre Call of Duty, ne devrait pas relancer la question du lien entre violence et jeu vidéo. Et pourtant, difficile d'y échapper, comme le prouve cette question extraite d'une interview sur la tuerie parue dans LeParisien: "Les jeux vidéo ont-t-ils une influence dans leur passage à l'acte?"

"On a besoin d'expliquer ce qui est inexplicable, les actes qui sortent du raisonnable, analyse Olivier Mauco, chercheur en science politique spécialiste des rapports entre jeu vidéo et société et auteur d'un billet de blog intitulé: "Jeu vidéo, Norvège, Interviews". Alors on désigne un facteur, quelque chose qui pourrait être dénoncé comme la cause de l'événement. Ce sont souvent des éléments de culture populaire, comme les films d'horreur ou la musique métal. Dernièrement, les jeux vidéo sont souvent en cause." Ainsi, en 2009, quand un adolescent de 17 ans tue quinze personnes avant de retourner son arme contre lui en Allemagne, on incrimine les jeux vidéo violents. Aussitôt, la polémique est lancée: les jeux vidéo seraient dangeureux pour les enfants.
Des études contradictoires

Trancher une bonne fois pour toute en faveur ou non des jeux vidéo s'avère compliqué: les nombreuses études se contredisent, et aucune ne fait autorité dans le milieu scientifique. "Le problème de ces études, c'est qu'elles sont effectuées sur quelques dizaines de personnes qui jouent pendant 20 minutes et auxquelles on calcule la tension, le niveau de stress... Pour obtenir des résultats justes, il faudrait une étude sur le long terme, prendre en compte le contexte... Et ça, personne ne l'a jamais fait", explique encore Olivier Mauco.

Même conclusion pour le docteur Stéphane Mouchabac, qui explique au site ZDNet que si l'étude la plus complète "montre que les joueurs, après exposition aux jeux violents, deviennent plus agressifs et excités", aucune étude ne démontre que le jeu vidéo violent serait un facteur de passage à l'acte [cliquez ici pour découvrir une dizaine d'études sur le sujet]. Chris J Ferguson, diplômé en psychologie clinique, va même plus loin: il démonte les protocoles d'enquête qui établissent un lien entre jeu vidéo et violence, notamment dans les cas de tueries dans les écoles. Il met en cause notamment le choix des sujets ("la plupart des jeunes garçons d'aujourd'hui jouent aux jeux vidéo"). Et en conclut: "De telles erreurs [dans la méthodologie] induisent le public en erreur, provoquent une panique inutile et détournent l'attention des véritables problèmes sociaux qui conduisent les jeunes à être violents."


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