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Zeljä : l'histoire d'un "Diamant"

Par Zeljä

Chapitre 1

Chapitre 2

Le corps de la grande prêtresse s'écroula lourdement dans la fontaine, répandant son sang rouge écarlate dans l'eau claire. Certaines filles serrées autour de moi, étouffèrent un cri, d'autres commencèrent à pleurer, d'autres encore fermèrent les yeux et prièrent. Je restais la plus impassible possible, continuant de regarder le militaire sans broncher. En apparence en tout cas. Dans mon fort intérieur, je tremblais non pas de peur mais de rage.

La prêtresse avait été comme une mère adoptive, m'accueillant dans ses bras alors que je n'avais que 5 ans ; m'apprenant la musique, la danse, le chant et même à confectionner de petits plats. Elle voulait que chacune des « petites soeurs de Lordaeron », un groupe de jeunes filles orphelines, triées sur le volet, soient élevées dans un apprentissage strict des arts, de l'intellect et de la Lumière. Ces jeunes femmes pouvaient ensuite entrer dans de grandes institutions de recherche ou de croyance et étaient souvent prisées par la haute noblesse pour la grande maîtrise de leurs arts. Cependant, la guerre changea tout...

Le militaire me toisa et fit un horrible sourire avec la partie de son visage à moitié en décomposition.
- Tu en veux toi aussi, sale petit rat ! me dit-il de sa voix rauque de mort-vivant en langage humain.
Je ne répondis pas, continuant de le regarder du haut de mes 10 ans. Il leva son épée au-dessus de ma tête pour m'impressionner, les filles autour de moi étouffèrent quelques cris de peur. Je ne bougeais toujours pas, me mordant la lèvre inférieure pour ne pas lui hurler ma colère.

Soudain, un cavalier, caché sous un manteau à capuche, fit irruption sur son énorme destrier noir, un cheval aux yeux blancs vitreux et au squelette apparent. Le soldat se retourna vers le cavalier mystérieux et se redressa au garde-à-vous. Il lui parla en éructant dans sa langue de mort-vivant, tout en me désignant du doigt. Le cavalier tourna la tête vers moi. Je lui lançais le même regard de haine, que j'avais fait au soldat cinq minutes auparavant. Le cheval s'approcha nerveusement, mais je ne puis voir le visage toujours caché dans l'ombre de la capuche.
- Quel est ton nom ? me demanda le cavalier noir d'une voix puissante et grave.
- Zeljä, lui répondis-je en le toisant .

Il observa un instant le corps de la grande prêtresse tombée dans la fontaine puis son attention revint sur le groupe de filles chouinantes serrées les unes contre les autres. Je fis un pas en avant et levait la main vivement vers la tête du cheval, en essayant de lui faire peur. Mais les montures des morts-vivant avaient vu bien d'autres horreurs que les mains d'une petite fille et le cheval ne bougea pas d'un pouce.

Je criais soudainement ma rage en poussant un hurlement vers le cavalier. Le soldat m'attrapa et me mit sa lame sous la gorge en attendant les ordres de son chef, m'étouffant à moitié sous son bras. Je cru apercevoir un sourire dans l'obscurité de la capuche mais je ne sais aujourd'hui si c'était le fruit de mon imagination ou pas. Le cheval bougea de droite à gauche en hennissant, puis après quelques minutes qui me parurent une éternité, le cavalier donna un ordre sèchement en mort-vivant, de sa voix imposante. Il se détourna et partit au triple gallot vers d'autres groupes de soldats en pleine extermination de villageois.

Je fermais les yeux pensant ma dernière heure arrivée, au moins, j'allais rejoindre la prêtresse dans un monde meilleur. Mais ce jour-là, le destin en voulu autrement, ou devrais-je dire, le Seigneur Alireth Hales le voulu autrement...
Finalement, nous avions été enfermées dans les geôles les plus profondes du fort avoisinant. Les cages étaient sombres et froides . Une odeur pestilentielle d'urine et de pourri flottaient dans l'air humide. Nous étions loin d'être accoutumée à ce genre d'environnement et plusieurs filles ont été malades. Au début, certaines refusaient la bouillie immonde que nous servait notre geôlier, un squelette avec des lambeaux de chairs en putréfactions qui pendaient ici et là. Mais souvent les soldats nous oubliaient et nous avions notre ration un jour sur trois, parfois même une seule fois dans la semaine.

Oubliée la bonne éducation ! Les jolies jeunes filles bien élevées se transformaient en bêtes, se tirant les cheveux, se frappant, grognant ou hurlant comme des fauves pour obtenir leur ration. J'observais cette bande de filles, cheveux souillés, vêtements déchirés sentant la merde, se piétinant allégrement. Envolées les bonnes paroles de la prêtresse ! La lumière était bien loin désormais...

Je m'étais installée dans un coin de la prison avec la plus grande des filles : Anaëlle, une brunette bouclée de 14 ans. Une fille solide mais effrayée qui avait cependant compris ma détermination à vivre. Elle me servait de garde du corps et quand j'allais chercher les rations, elle protégeait notre territoire en montrant les dents.

Au bout de plusieurs semaines de régime intense, les plus faibles perdirent tout sens de la réalité, d'autres tombèrent malades, ne bougeant même plus de leur paillasse. C'est au moment où je vis Anaëlle s'effondrer à mes pieds, les os saillant sous sa peau crade et délirant dans une fièvre qui ne laissait supposer aucun doute sur la finalité de son état, que je réagis enfin à la situation. Je posais Anaëlle en chien de fusil dans notre petit coin, la recouvrant de la paille souillée se trouvant autour de nous et je m'accroupis à ses côtés en fermant les yeux. Les prières à la Lumière avaient disparu, je ne me rappelais aucun mot, mais la volonté était toujours là.

Je sentis une petite main attraper l'écuelle d'Anaëlle, j'ouvris les yeux lentement. Une petite fille de 7 ans, certainement blonde sous sa masse de cheveux noirs de crasse, essayait de s'approprier le seul bien d'Anaëlle. Rassemblant les dernières forces qui me restaient, j'attrapais la petite par la gorge et la clouait contre le mur, bien visible devant tout le groupe.

Toutes les filles se retournèrent vers nous. Je ne lâchais pas la gamine des yeux et dis lentement d'une voix forte qui me demanda un grand effort :

« Vous allez me donner toutes vos écuelles, sans exception... la première qui ne m'obéit pas, je la tue »

Un moment se passa où la petite se trémoussa légèrement contre le mur, essayant sans succès de se dégager. Je ressairrai l'étreinte pour l'étouffer un peu plus. Elle se mit à pleurer et donna sa gamelle. Je la pris et me retournais lentement. Toutes les filles me tendaient leur gamelle, les yeux baissés. C'est à partir de ce moment, que je rationnais tout le monde dans un ordre et un calme quasi militaire. Quand une fille se révoltait, je n'hésitais pas à faire un exemple en le battant à mort. Bientôt, plus personne ne broncha et toutes les filles sans exception avaient leur ration d'eau et de nourriture, que je distribuais dans le calme.

Quelques jours après cette prise de pouvoir, le geôlier arriva en pleine journée. Il m'attrapa par le col et me traîna en dehors de la cage. Je jetais un coup d'oeil vers Anaëlle qui mourrait à petit feu sur le sol bouillassé. Le petite blonde me fit un signe de tête et me remplaça à son chevet. Je vis toutes les filles me regarder sortir d'un air désespéré. J'eu le temps de leur dire :

« Ne vous inquiétez pas, je ne vous abandonne pas »

« Fermes la ! » m'ordonna le squelette en me poussant vers l'escalier.

J'eus du mal à gravir la multitude de marches qui m'emmenèrent vers le sommet du fort. Le souffle court, j'entrai dans une vaste salle, richement ornementée de tapis, de tentures et sculptures.

Le cavalier noir se dressait devant moi, appuyé à une vaste table en bois exotique, toujours habillé de sa cape dont la capuche cachait son visage dans l'ombre. A ses côtés une silhouette qui me paraissait familière, me tournait le dos, assise dans un fauteuil doré. Le squelette se mit au garde à vous derrière moi et nous attendîmes dans le silence. Le cavalier se tourna vers nous et me fit signe d'approcher. J'étais pieds nus et les chaines que m'avaient accroché le geôlier, me cisaillaient les chevilles. J'avançais à petits pas, trébuchant à plusieurs reprises mais j'essayais malgré mon état dégoutant, de rester digne.

Le cavalier fit un signe de tête vers le fauteuil. La silhouette se leva et je découvris enfin pour quelle raison elle m'était aussi familière. Je failli tomber à la renverse, la bouche ouverte, je clignais plusieurs fois des yeux pour être sûre de ne pas faire un cauchemar.

Devant moi, se tenait la grande prêtresse mais sa peau était tuméfiée, la chair nécrosée et ses yeux d'un blanc laiteux. Elle ouvrit la bouche, mais à la place de la voix douce que je connaissais, j'entendis un son âpre et rauque :

« Bonjour Zeljä, nous avons beaucoup à nous dire ma chère »
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