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Une nuit sans lune dans la vallée de Strangleronce

Par Slypers

Une nuit sans lune dans la vallée de Strangelronce

Une nuit sans lune dans la vallée de Strangleronce. Pas un bruit ne venait troubler le silence de cette obscurité. Les échos de l'arène s'étaient depuis longtemps éteints. Au loin, les lumières de Baie du Butin éclairaient l'horizon d'un halo doré.

Un feu de camp brillait étrangement seul au milieu de la végétation luxuriante. Une trollesse était assise près des flammes. Son regard bleu étincelant était perdu vers l'horizon. Elle affûtait machinalement sa hache, plus pour s'occuper les mains que par nécessité. Un être étrange était installé près d'elle. Des lambeaux de chairs pendaient de partout. L'odeur qu'ils dégageaient était pestilentielle. Un murmure à peine audible se faisait entendre «patience, c'est pour bientôt".

Soudain, des pas se firent entendre. Une voie claire et limpide résonna dans cette obscurité.
-Je t'ai enfin trouvé! On va enfin pouvoir parler.

La trollesse, à peine surprise de cette arrivée avait à peine sursauté, mais sa main avait raffermi sa prise sur sa hache.
-Si tu veux vraiment me parler, viens dans la lumière que je puisse voir ton visage.

Un troll s'approcha alors. Il était un peu rachitique et s'appuyait sur un grand bâton de marche. Son visage était peinturé de couleur claire et était souriant. Ses cheveux, d'un roux intense, étaient noués en une grosse tresse. Il s'assit de l'autre côté du feu de camp, en vis à vis de la trollesse. Il l'a détailla à travers les flammes. La trollesse avait elle aussi les cheveux roux. Son regard était acéré. Son visage ne souriait pas. Une sorte d'aura de glace entourait l'endroit où elle s'était assise.

-Qui es-tu Troll.
-Je me nomme Zapoï, Lieur de vie. Je t'ai cherché partout, Jungung. Et enfin, je te retrouve.
-On se connait?

D'une main, Zapoï balaya la question. Et préféra en poser d'autres plutôt que dit répondre.

-Te souviens-tu de ton passé? Quel est ton souvenir le plus persistant? Il est possible de te rendre ton passé mais faut-il encore que tu sois assez forte pour l'accepter.

Tout en parlant, le prêtre sortait différentes choses de sa besace bien rebondie. Des fioles vinrent s'entasser devant lui, rejointes par des ingrédients des plus bizarres : plume de raptor, coeur de loup, glande de venin. Il mélangeait les ingrédients ensemble.
-Que fais-tu avec ces fioles? Tu vas pas me faire boire çà!

Comme si Jungung n'existait pas, le prêtre continuait sa préparation.
-Il me manque un ingrédient primordial....où est-elle encore passée celle-là! Tsss, jamais là quand on a besoin d'elle... Baka! Ramène tes fesses ici!

Alors que ses derniers mots résonnaient, une elfe vint s'installer sans un mot près du troll.
- Une elfe, tu oses venir me parler avec une elfe à tes côtés! Tu es un traître à ta race!
- Une elfe, oui, dégénérescence de notre race.... tellement fragile, pauvre petite chose..... Donne ton bras Baka.

L'elfe tendit son bras vers le troll qui l'empoigna et vint le couper à l'aide d'une dague rouillé. Tout en recueillant le sang, Zapoï continua de parler.
-Fragile créature servile. Elle te ressemble en bien des points tu sais... Mais ça ce sera pour une autre fois. Tient, c'est près. Bois.

L'elfe prit la fiole des mains du prêtre et l'apporta à Jungung. Qui, plus par curiosité qu'avait suscité les mots de Zapoï que par envie d'en boire le contenu, porta la fiole à ses lèvres. D'un seul coup, tout se mit à tourner autour d'elle. Elle sentit des mains douces l'allonger par terre. Des genoux lui servaient d'oreiller. La voix de l'elfe résonna dans sa tête, c'était une voix tenue, petite, presque un murmure.
-Elle est prête, Zapoï, mieux vaut ne pas trop attendre.
-Bien, te souviens-tu de ton village, de la sensation que te procurai cette terre? De tes origines? De ta famille.....

Alors que les mots de Zapoï devenaient de plus en plus lointains, Jungung se souvenait, revivait son passé.

C'était un village enfoncé dans la forêt loin de tout. Les trolls qui le peuplaient étaient enjoués, rieur. Les enfants couraient dans tout les sens sous l'oeil attentif des mères, les pères revenaient de la chasse les bras chargés de gibier. Les huttes en feuilles et terres séchées entouraient la place du village. De la plus grande, on entendait des cris.
-Non, tu n'iras pas! Je te l'interdis!
-Tu me l'interdis! A moi! Fille de chef et meilleure chasseresse de la tribu! Ahah, j'aimerais bien voir çà. Et comment vas-tu faire? Demander à mon imbécile de frère de me lancer un sortilège?

Dans la hutte était réunis trois trolls. Une jeune trollesse au regard acéré, un jeune troll recouvert de peinture de guerre et un jeune enfant qui s'amusait seul dans un coin de la hutte.
-Allons, calme-toi un peu. Cela ne fait que trois jours que nous avons eu la nouvelle. Attendons que les éclaireurs reviennent. Les nouvelles que nous avons reçues sont peut-être fausses....
-Et comment comptes-tu cacher que mon père, le chef de cette tribu, est porté disparu? Les autres vont bien le savoir tôt ou tard! Je ne pourrais pas le remplacer indéfiniment pour prendre les décisions.

D'un coup, l'enfant se releva et alla vers le feu. Le guerrier le regarda s'avancer et ne prêta plus attention à la jeune femme.
-Argh, vous m'énervez tout les deux! Vous n'êtes que des lâches!
-Qu'as-tu vu? Il est là? Parle petit.

L'enfant ne prêta pas attention au guerrier et se mit à genou devant le feu. Il entra alors dans une sorte de transe et se mit à parler une langue que lui seul pouvait connaître. Cela dura cinq bonnes minutes. A la fin, le petit se releva et tourna sa tête vers sa soeur. Des larmes coulaient le long de ses joues. Emue par les pleurs de l'enfant, la jeune femme se précipita vers lui et le prit dans ses bras pour le consoler.

-Allez, çà va aller, c'est finit....Oublie ce que tu as vu, je suis là.... Tu ne crains rien....
-Parle! Qu'as-tu vu? Laisse le parler Jung!

Jungung jeta un regard méprisant au guerrier et resserra ses bras autour de son frère.
-Laisse le tranquille. Laisse-nous maintenant. Ce qu'il a à dire, je serai la seule à l'entendre pour le moment.
-Non, tu ne peux pas me renvoyer comme ça, que tu le veuilles ou non, je fais partie de cette famille...
-Parce que mon père m'a promise à toi, c'est tout. Maintenant retire-toi.... S'il te plait....Warshara....

Le guerrier prêta enfin attention à Jungung et vit qu'elle aussi pleurait.
-Je... Je serai dans ma hutte si tu as besoin....

Elle attendit que le jeune troll soit partit et posa enfin son frère sur le sol. Elle prit un morceau de tissu et essuya les larmes du visage de son cadet.
-Zapoï, tu l'as vu? Il est.... Où est son corps?
-Donne-moi la...le truc pour voir où on est.

Jungung alla chercher une carte de la région et l'amena à son frère. Il essaya tant bien que mal de la déchiffrer et paru enfin trouver ce qu'il cherchait.
-Maison, rivière, forêt, lac.....

Tout en prononçant ces mots, ses petits doigts couraient le long de ces repères.
-Là, il est là!
-C'est loin, très loin.... 5 jours de marche.... Comment a-t-il pu aller si loin....Bien, j'irai le chercher.

En disant ces mots, elle se dirigea vers la porte de la hutte, son frère sur ses talons. Elle se dirigea vers une hutte un peu à l'écart des autres. Des gris-gris pendaient le long des poutres, une odeur d'encens s'échappait par l'ouverture qui servait d'entrée. A peine eut-elle le temps de tendre la main vers la peau qui servait de porte qu'une vieille voix chevrotante retentit.

-Entre, mon enfant. Je t'attendais. Les augures sont bien mauvais. Les esprits sont agités, une menace arrive.

Jungung entra et s'installa près du feu. Zapoï alla se nicher sur les genoux de la vieille prêtresse et commença à parler dans cette langue étrange qui était associée à celles des esprits. Patiemment, la jeune femme attendit que son frère est fini son histoire et regarda la vieille femme avec appréhension.

-Bien, je vois. Si ce que tu dis est vrai, ce sera une tragédie pour notre tribu. Bien jeune chasseresse, es-tu prête à entendre ce que j'ai à te dire?
-Oui, vieille femme.
-Bien, bien. C'est un grand voyage que tu vas devoir entreprendre.
-Qu'importe la difficulté, je dois retrouver son corps afin que tous sachent ce qu'il est advenu de notre chef.
-Si ta décision est prise nous ne pouvons rien te dire. Ce soir, nous donnerons une grande fête en ton honneur et en celui de ton père. Tu partiras au lever du soleil du jour suivant. Tu n'emporteras que ton arme. Pas de nourriture pas d'eau. Pas de compagnon. Le temps de ton absence Warshara dirigera la tribu. Va maintenant.

Jungung se leva et se dirigea vers la sortie son frère l'ayant précédé en criant que ce soir une fête serait donnée. Tous les trolls se réjouissaient à cette nouvelle. De la porte de la hutte, Jungung laissa promener son regard sur cette petite tribu. Quelle vie paisible ils avaient ici, reculés dans les montagnes, cachés par les grands arbres qui les entouraient. Les rumeurs du monde extérieur ne les atteignaient pas. Les nouvelles tragiques des guerres qui faisaient éclater les différents royaumes ne les concernaient pas.

La vieille femme rejoignit la plus jeune. Elle était vieille, très vieille, mais son savoir était immense. Elle avait pris Zapoï sous son aile afin de le former au rite des esprits.

-Dit-moi, depuis combien de temps es-tu lié avec Warshara?
-Une année, vieille femme.
-Bien, et t'es-tu habitué à lui? Saura-t-il te dompter?
-Vieille femme, sa présence m'est devenue aussi nécessaire que l'eau que je bois et l'air que je respire.
-Bien, la séparation n'en sera que plus douloureuse mais elle est nécessaire. Va maintenant.
-Juste une question, vieille femme. Serai-je assez forte pour cette tribu? Serai-je capable de préserver cette tranquillité?
-Cela fait deux questions. Et je vais te répondre par une autre. T'en sens-tu capable?

A ces mots, Jungung sourit et se dirigea vers la place centrale où l'attendait ce jeune guerrier qui lui était devenu indispensable.

La fête battait son plein. Les chasseurs avaient sortit les tambours et les femmes dansaient autour du feu. A la place d'honneur Jungung regardait les trolls lui rendre hommage. Ils dansaient et chantaient pour elle et la réussite de son périple.

La vieille prêtresse s'avança alors au milieu de l'assemblé et se plaça face à la jeune femme. Les tambours se turent, tous se regroupèrent autour de ces deux trollesses. Jungung se mit à genoux devant la vieille femme et attendit sa bénédiction.
-Ta route sera longue mais tu seras te montrer digne de la tribu. En ton absence Warshara prendra soin du village. Zapoï sera sous mon enseignement. Va maintenant, demain tu partiras à l'aube.

Jungung se releva et se dirigea vers la hutte du chef. Lorsqu'elle eu franchi l'entrée, elle se laissa tomber par terre et fut prise de tremblement. Dehors la fête se poursuivait.

-Hé bien, je pensais plus te trouver à préparer ton arme qu'à trembler comme une feuille par terre.

Elle releva la tête et vit Warshara dans l'encadrement de la fenêtre.
-Si tu es venu te moquer autant que tu rentres chez toi.
-Haha, non, je suis venu te voir. Ils veulent me rendre hommage aussi, je leur ai dit que ça servait à rien, du coup c'est ton frère qui doit si coller.

Tout en disant çà, il s'était rapproché de Jungung et s'était assis à côté d'elle. Il passa un bras autour des épaules de la jeune femme. Elle se laissa tomber doucement contre lui.
-As-tu peur ? C'est la première fois que tu partiras si longtemps et si loin. En plus tu seras seule.
-Je dois le faire. C'est ma....mission....en tant que nouveau chef de la tribu....je dois savoir ce qu'il est arrivé à mon père.... Si ce qui l'a tué est un danger pour le village je me dois de l'éradiquer.
-Mais pourquoi dois-tu partir seule ? Si il y a vraiment un danger, c'est tous les chasseurs et guerriers de la tribu qui doivent t'accompagner !
-Et qui veilleras sur mon peuple ? Qui rapportera à manger aux enfants ? Tu ne comprends donc pas ! Les esprits qui sont apparus à Zapoï prédisent un immense danger. Ce qui a tué mon père est innommable. Même la prêtresse en a peur !
-Chut, calme-toi.

Tout en parlant le guerrier caressait la chevelure de Jungung. Il essayait de la réconforter comme il le pouvait. Ses mains étaient rêches mais la sensation que cela procurait à la jeune femme était sans précédent. Elle commença à son tour à le toucher doucement. Son corps couvert de cicatrices montrait à quel point il s'était battu auparavant. Les doigts du jeune homme se firent plus insistants par endroits. Un frisson parcouru le corps de Jungung. Warshara se releva et prit la jeune femme dans ses bras et l'emmena sur une des couches de la hutte.

Dehors les tambours s'étaient tus depuis longtemps quant ils finirent par s'endormir épuiser mais heureux.

Jungung se leva à l'aube. Sans un bruit afin de ne pas réveiller son compagnon, elle s'habilla et pris sa précieuse hache. Avant de se diriger vers la porte, elle jeta un dernier coup d'oeil à Warshara. Elle voulait emmener avec elle l'image de ce troll qui a su la rendre si heureuse.

A la porte, dehors l'attendait Zapoï. Il avait les yeux gonflés et manquait visiblement de sommeil. Il sourit en voyant sa soeur prête à partir. Doucement le petit troll s'approcha de Jungung.

-Tu vas partir longtemps ? Tu m'emmènes avec toi ?
-Non, je ne peux pas. Tu reste ici avec la prêtresse, tu vas apprendre plein de chose avec elle.
-Mais çà put chez elle, et elle est vieille, elle me fait peur.
-Warshara s'occupera de toi aussi. Allez, petit frère, retourne te coucher, je dois partir.
-Tient, avant de partir, prend ce gri-gri, c'est moi qui l'ai fait.
Il tendit un linge sale qui enveloppait quelque chose de mou. Jungung défie l'emballage et y découvrit un gri-gri assez bizarre. Il était fait à partir de cheveux de tous les trolls de la tribu.
-Comme çà, tu seras jamais seule, on sera tous avec toi.
-Merci.

Elle embrassa son frère et sans un mot, sans un regard en arrière se dirigea vers le sud, vers la direction où son frère avait dit que se trouvait le corps de son père.

Voilà deux jours qu'elle avait quitté les siens. Bien qu'étant une habituée de la chasse, qui pouvait des fois durée des jours, le temps lui paraissait très long. Être loin du village accompagné d'une équipe est quelque chose, être éloigné et seule en est une autre. De plus, l'endroit où elle était ne faisait pas partit de leur territoire. L'inconnu s'offrait à elle et cela la terrorisait.

Alors que la nuit du second jour de voyage s'achevait, Jungung fut réveiller par des bruits de pas, des voies caverneuses retentissait non loin de l'endroit où elle avait établie son campement. Plus par sécurité que par peur, la trollesse éteignit précipitamment les braises de son feu de camp et grimpa à l'arbre le plus proche. Quelques minutes plus tard, une armée telle qu'elle n'en avait jamais vu passa non loin de l'endroit où elle se cachait.
Des corps squelettiques la composaient en majorité. Çà et là, des cavaliers noirs parsemaient cette troupe. Le cliquetis des os émettait un son macabre et lourd de sens. Ceux qui fermaient la marche étaient les pires. Des êtres aux chairs pendantes et à l'odeur pestilentielle, aux relents de morts en décomposition.

-Des morts, des squelettes en armures... Mon dieu, qu'est-ce que c'est ? Une armée ? Ils se dirigent vers le Nord.... Vers les miens....Mon dieu, faites que non, faites qu'ils n'aillent pas vers le village.

Elle attendit, tremblante de froid et de peur, que les premiers rayons de soleil apparaissent. Lorsque le soleil apparut enfin, elle se décida à descendre de son perchoir. Arrivé sur la terre ferme, elle examina le sol où était passé cette armée. La terre était devenue noire, par endroit des plaques de glace étaient apparus. La végétation s'était comme rabougrie, les herbes avaient séchées sur pieds, les fleurs s'étaient fanées. Un peu plus loin, elle vit le corps d'un daim, elle s'approcha pour l'examiner et vit qu'il n'avait aucune blessure. Non, la vie s'était juste échapper de son corps.

Après un rapide repas composé de racines qu'elle avait récoltés la veille, Jungung décida de faire marche arrière et repartit vers le village.
Un peu plus tard, elle s'installa afin de se reposer un peu dans une caverne qu'elle venait de trouver. Elle fit un feu afin de se réchauffer un peu. Le ciel était lourd de menace, un orage approchait et il serait terrible. Alors qu'elle mangeait de la viande d'écureuil, Jungung ressentit une vive douleur au niveau de la poitrine. Quelque chose la brûlait. Elle retira ses vêtements et découvrit le gri-gri de son frère, c'était lui qui l'a brûlait. Prise d'une sorte de mauvais pressentiment, éteignant précipitamment le feu, elle se mit à courir vers son village.

Qu'importe la fatigue, le vent ou la pluie, elle courra vers les siens. Dans sa tête les pires horreurs se produisaient. L'armée arrivait aux portes de la tribu, les guerriers et chasseurs tombaient sous l'ennemi, les femmes essayant de protéger les enfants étaient massacrées sans retenus. Les enfants étaient torturés plus par sadisme que par cruauté.

A courir aussi vite et tête baissé, elle ne vit pas le trou et se coinça la cheville dedans. Une vive douleur lui parcourut le corps. S'étalant de tout son long dans la boue elle se plaqua une main sur la bouche pour ne pas hurler. Tant bien que mal, elle réussit à se relever et regarda sa cheville. Elle avait doublée de volume et avait pris une drôle de teinte violette.

-Haha, je me suis foulée la cheville. Merde ! Il faut que j'y retourne, allez, c'est pas le moment de faire ma gamine.
Des larmes de rages coulaient de ses yeux. Tant bien que mal, elle réussit à se remettre debout. S'aidant de son arme en guise de béquille, elle se remit en marche. La douleur était atroce. Le temps qui passait lui paraissait interminable. Qu'allait-elle trouver à son arrivée au village ? La peur et l'angoisse commençaient à la submerger.

Alors qu'elle avançait péniblement, Jungung entendit des bruits bizarres autour d'elle. S'appuyant contre un arbre proche, elle prit sa précieuse hache en main. Essayant de discernée quelque chose dans les fourrés avoisinants, elle ne fit pas attention à l'ombre qui grandissait près d'elle. Une chose froide se posa lentement sur son épaule. Une odeur putride l'enveloppa lentement. Doucement, comme pour retarder l'instant de se trouver nez à nez avec une immondice, la jeune trollesse se retourna.

Ce qu'elle vit lui glaça le sang. Un visage ravagé par les vers la regardait. La peau pendait par endroit, révélant la chair en putréfaction. Des os saillaient sur ce qui aurait dû être des bras. Les doigts étaient rongés comme si cet être avait creusé la terre. Le souffle de cette chose dégageait des relents ignobles où se mêlait odeur de fruits pourris et oeufs avariés. Ses yeux vides de toutes expressions la regardaient. L'immondice ouvrit alors la bouche et laissa échapper un long gargouillement.

-Tu as trouvé notre petite souris ? Sais-tu qu'on t'a bien cherché ?

Un homme à la voie caverneuse s'avança derrière la chose. Il était affublé d'une armure de plaque noire. Au fur et à mesure qu'il avançait, toute vie disparaissait autour de lui. Il se pencha vers Jungung qui, terrorisée par ces apparitions, tomba à genou.

-Hé hé, c'est bien toi qui te cachais dans un arbre ? Je dois dire que tu m'as bien fait courir. Aller, relèves-toi, on va avoir besoin de toi.
Il empoigna sans ménagement la trollesse par le bras et la souleva pour la remettre debout. La chose qui accompagnait ce chevalier noir l'empoigna à son tour. Elle fut traînée dans un état second sur plusieurs mètres. Non loin de là, un cheval attendait. Le chevalier noir monta sur sa monture et empoigna Jungung afin de la faire asseoir devant lui. D'un coup de talon, il fit avancer son cheval.

Combien de temps dura ce voyage ? La trollesse ne put le dire. Elle était terrorisée par ce qu'il pourrait lui arriver et par ce qu'elle pourrait découvrir. Elle n'arrivait pas à émettre un seul son. Elle tremblait de tout son corps. Le simple fait d'essayer de s'échapper ne lui traversa même pas l'esprit.
La fin du voyage arrivât enfin et ils débouchèrent sur un endroit au sol noirci et sans vie. Çà et là, des êtres comme celui qui l'avait surprise se promenaient dans ce camp. Plusieurs chevaliers noirs étaient réunis au centre de cette clairière. Quand le cheval arrivât près d'eux, ils se retournèrent et regardèrent la trollesse.

-Bien, on va avoir besoin d'elle. Amène-la ici.
Le cavalier descendit de monture et empoigna Jungung pour la faire descendre à son tour. Il la traîna vers le cercle que formaient les autres chevaliers. Au milieu d'eux était posée une table avec une carte dessus. Retrouvant un semblant d'esprit, elle réussit enfin à parler.
-Qu'êtes vous donc ?
-Regarde cette carte. On sait qu'il y a des villages trolls par ici. Montre-nous leurs positions.
-Que nous voulez vous ?
-Ton refus d'obtempérer se traduira par une mort dans les pires souffrances. Réponds !
Jungung posa les yeux sur la carte. Elle représentait les bois avoisinants. A une journée de marche d'ici se trouvait son village. Ne voulant pas leur révélé où se trouvait les siens elle préféra se taire.
-Alors ! Vas-tu parler maudite trollesse ?
Pour toute réponse, elle crachât au visage du chevalier le plus proche. Celui-ci la giflât avec une telle force qu'elle volât un peu plus loin. Il s'approcha d'elle en sortant son épée de son fourreau. Fermant les yeux en attendant le coup fatidique, Jungung pria les Loas de sauver les siens.
Le coup n'arriva jamais.

-Ne la touchez pas ! Elle nous sera plus utile vivante que morte !

Voyant que rien ne se passait, Jungung ouvrit les yeux et vit tous les chevaliers agenouillés. Un autre de ces chevaliers venait d'arriver. Il se dirigea vers la trollesse et l'aida à se relever.

-Seigneur, nous n'avons rien obtenu d'elle, elle nous est inutile. Mieux vaut avancer dans ces bois et tout raser sur notre passage....
-Et perdre ainsi notre temps ? C'est çà ? Allons, il y a bien d'autres moyens d'obtenir ce que nous voulons. Maintenant, laissez-nous, nous devons parler.

Les chevaliers se relevèrent et s'éloignèrent réprimander les créatures qui se trouvaient dans le camp. Le « sauveur » de Jungung se dirigea vers une tente et lui fit signe de le suivre. Réalisant la chance qu'elle avait d'être encore en vie, la trollesse avançât péniblement à sa suite.

La tente était étroite. Une table, un siège, un coffre et une couche en composaient le mobilier. Çà et là, des papiers jonchaient le sol. Appuyer contre un des poteaux, une épée à deux mains immense brillait d'une lueur impie.

Le chevalier indiqua à Jungung le siège. Elle s'y assit et attendit de savoir ce qu'il voulait. S'approchant de la couche, il enleva son casque, découvrant de longues oreilles fines. Il ôta ensuite ses gants révélant des mains aux longs doigts fins, des mains qui n'étaient pas faites pour porter les armes.

-Un elfe.....Une saleté d'elfe......
Faisant mine de ne pas avoir entendu, il se dirigea ensuite vers le coffre et l'ouvrit. Fouillant dedans, il sortit une fiole et des bandages. Il s'agenouilla près de Jungung et pris sa cheville dans ses mains.
-Ne me touche pas, Elfe !
-Sais-tu à qui tu t'adresses, trollesse ? Je suis un des seigneurs de guerre du Roi Liche. Je suis ici pour avancer son travail.
-Tout réduire en cendre ?
Le seigneur releva la tête et un rictus apparut sur son visage. Ses yeux étaient brillants, comme possédés. Les traits de son visage auraient dut êtres fins, cependant une sorte de dureté s'était installée. La couleur de sa peau était blanchâtre, comme cadavérique.
-Bien, ta cheville devrait moins te faire souffrir maintenant.
-Que me voulez vous ? Pourquoi m'avoir sauvée ?
-Sais-tu pourquoi nous sommes là, sur ces terres ? Nous n'en avons pas après ceux de ta race spécifiquement.... Non....Nous voulons atteindre un objectif beaucoup plus important...Les tiens ne représentent rien pour nous, juste de quoi passer le temps....Ce que nous voulons se situe plus loin vers le nord....
-Au nord ? Il n'y a rien au nord.
-Si, la belle, la grandiose cité des elfes et sa magie.
-Si c'est après les elfes que vous en avez, laissez nous tranquille !
-Haha, çà c'est impossible. Ce ne serait pas juste envers les autres que de laisser un peuple tranquille, tu ne penses pas ?
-Nous n'avons rien à voir avec ces maudits elfes.
-Je le sais très bien, mais vois-tu, nous avons besoin d'expérimenter certaines choses avant d'arriver à Lune-d'Argent. Et je dois dire que ces expériences seront plus facilement réalisables sur des êtres inférieurs tels que des trolls que sur des elfes.
-Je préfère encore mourir que de vous servir d'expérience !
-Vraiment ? Malheureusement c'est un choix qui ne t'appartient pas. Bien assez parler, maintenant passons aux choses sérieuses.
Il se releva et tira le coffre en face de Jungung et s'y assis. Il l'a regarda droit dans les yeux. Ne voulant pas baisser le regard, la trollesse soutint son regard. Elle avait l'impression qu'il la sondait, qu'il cherchait quelque chose en elle.
-Dis-moi, as-tu quelque chose ou quelqu'un à qui tu tiens particulièrement ?

Le temps s'était comme arrêté. Jungung se faisait aspirer par ce regard troublant. Elle avait l'impression d'entendre quelqu'un lui murmurer des choses. « peur, mort, souffrance » Elle se sentait partir, flottant au dessus de tout.

De très loin une voix lui arrivait, perçant le brouillard dans lequel elle se trouvait. Malgré ses efforts, elle n'arrivait pas à capter tous les mots.
-Bien, çà à l'air de fonctionner.....Vois-tu, notre armée de mort est la plus puissante mais les vivants..... « haine, vengeance, colère » ...Le Roi-Liche est notre sauveur.......Obtenir tout ce que l'on veut.....La puissance des chevaliers de la mort est ..... « cruauté, ténèbres, mort »
Faisant un effort surhumain, elle tenta de prononcé quelques mots. Sa voix était bafouillante, incertaine.
-Qu'est-ce....Vous.....Ma tête...... « angoisse, haine, mort »
-Hé bien, que t'arrives-t-il ?.....Le village ne doit pas être... « Peur, vengeance, ténèbres »...Tu va y aller.....Là-bas, tu devras.....

Emportée par le reste de son corps, Jungung se remit debout et sortit de la tente. Dans un état second, elle se dirigea vers la sortie du camp et fit route vers sa tribu. Le ciel avait pris une teinte de plus en plus noire. Au loin, on entendait le tonnerre gronder. Le vent dans les arbres faisait gémir les branches d'une manière inquiétante.

Un bruit dans les fourrés autour d'elle la fit s'arrêter. Des trolls sortirent de l'ombre. Ils la menaçaient de leur lance.
-Qui es-tu ? « souffrance, mensonges, haine »
-Qui je suis.....
-Cette voix ? Jungung, c'est toi ?
-Oui.... Jungung.... çà doit être çà.... « mort, ténèbres, cruauté »

Alors que les trolls se regroupaient autour d'elle, la trollesse s'écroula par terre d'un seul coup. Elle sentit les siens la soulever et l'emmener quelque part. Puis tout devint noir.

Une nuit sans lune, le ciel était menaçant, au loin le tonnerre grondait, le vent faisait gémir les branches des arbres. Jungung se leva, s'empara de sa hache et sortit de la hutte. Dehors, les trolls chantaient et dansaient sur des rythmes lents. « haine, souffrance, peur » Là, assise près du feu, se tenait la vieille prêtresse. La jeune femme s'avança vers elle et leva sa hache. La prêtresse la regarda droit dans les yeux sans faillir.

-C'est donc çà, la seule réponse que tu as trouvé ? « ténèbres, mort, mensonge »
-Tout n'est que mensonge vieille femme, tout n'est que haine, tout n'est que souffrance.
-Tu n'es donc pas assez forte pour cette tribu. Tu la mèneras vers sa perte. « sang, cruauté, angoisse »
-Tu ne le sauras jamais vieille femme.

La hache s'abattit. Les trolls alentours se turent et regardaient la trollesse. Ils ne comprenaient pas trop se qu'il venait de se passer. La prêtresse gisait dans son sang, le crâne fendu en deux. « peur, souffrance, haine » Jungung riait. La pluie commença à tomber. L'eau vint diluer le sang et l'aida à se mêler à la terre. Plus loin, un cri retentit.

Les trolls, comprenant enfin ce qu'il venait de se passer, prirent leurs armes et tentèrent d'arrêter Jungung. A mesure qu'ils s'approchaient d'elle, elle faisait tomber sa hache. Inlassablement, sans pitié. « Douleur, mort, cruauté » De plus loin, elle voyait l'armée de mort arrivée. Les seigneurs de l'épouvante et leurs sbires se mirent à leur tour au travail.

Les femmes essayaient de gagner du temps pour permettre aux enfants de se mettre en sécurité dans les bois. Les goules attrapaient les fuyards et les mangeaient alors qu'ils vivaient encore. Certains trolls arrivaient à mettre à terre quelques uns des assaillants. « Ignorance, colère, peur » Mais à peine les cadavres avaient-ils le temps de toucher le sol que de nouveaux se relevaient et venaient les remplacer.
Un troll tenta sa chance contre Jungung. Alors qu'il allait réussir à lui porter un coup, son arme fut arrêtée par le bras d'un guerrier. « ténèbres, mensonge, sang » Le guerrier, d'un coup de massue, l'assomma. Dès qu'il tomba à terre, les goules arrivèrent et l'étripèrent. Le troll poussa un hurlement de douleur et se tut.
Le guerrier se retourna vers la trollesse et la regarda. Jungung, le regard vide ne le vit qu'à peine. « mort, solitude, souffrance » Elle leva de nouveau sa hache, prête à frapper.

-Aaahhh !
-Tu es enfin réveillée ?
-Un rêve, ce n'était qu'un mauvais rêve... Merci mon dieu....
-Oui, tu devais faire un cauchemar, tu n'arrêtais pas de bouger.
-Je me vois partir du village pour aller chercher le corps de mon père. Je revois cette armée de mort avancée. Je me vois dans leur camp. Je me souviens de la conversation que j'ai eue avec l'un de ces chevaliers. Et après... Le cauchemar est arrivé.
-Te souviens-tu de ce cauchemar ?
-Je tuais sans relâche les miens. Une voix n'arrêtait pas de me dire des choses dans ma tête, je croyais devenir folle. Et plus je massacrai et plus la voix se faisait réelle.
-Pourquoi ne pas t'être arrêtée de tuer dans ce cas ?
-Si je ne faisais rien, je savais que j'allais devenir encore plus folle.
-Ah bon ? Et c'est pour çà que tu les as tous tués ? Même-moi ?
-Non, ce n'était qu'un mauvais rêve. Je ne t'ai pas tué Warshara....
-Si, tu l'as fait.....
-Haha, mais non, ce n'était qu'un mauvais rêve. Regarde mes mains, il n'y a pas de sang dessus......
Portant ses mains devant ses yeux, elle réalisa et se réveilla.

A ses pieds gisait le corps de Warshara. S'agenouillant près de lui, elle prit sa tête dans ses mains. Commençant à réciter une prière aux Loas, elle pleura toutes les larmes de son corps. Une ombre arriva à ses côtés. L'elfe sortit son épée de son fourreau et la brandit en l'air en criant à son armée que plus rien ne vivait aux alentours. Jungung le regarda faire.

-Bien trollesse, grâce à toi, on sait qu'il est facile de manipuler des êtres inférieurs. Tu nous as bien été utile.
-Je voudrais être morte.....Je voudrais être morte.....Je voudrais être morte....
-Qu'est-ce que tu dis ? Tu veux mourir ? Allons, de toute façon avec ou sans ton aide, ils auraient tous péri. Dis-toi qu'ils sont morts heureux d'avoir été tué de ta main.
-Je voudrais être morte.....Je voudrais être morte.....Je voudrais être morte....
-Bien, si c'est ce que tu veux. Je peux bien t'accorder ça, après tout, tu nous as bien servi, même si c'était contre ton gré.

Prenant une dague qui traînait par terre, il s'approcha de Jungung et lui transperça le coeur. Elle mourut aux côtés du seul être qui lui était cher. Avant que l'oubli ne l'englobe, elle entendit de très loin, les dernières paroles du chevalier.
-Ce n'est pas une mort, c'est une renaissance....

-Ca y est, elle revient parmi nous.

Retrouvant peu à peu ses esprits, Jungung resta allongée sur le sol un moment. Des larmes coulaient sur ses joues.
-Pourquoi m'avoir montré ça ? Que me veux-tu à la fin ? Te venger ?
-Non, la vengeance ne les fera pas revenir. Et je pense que tu as subi une punition pire que toutes celles que je pourrais imaginer.
-Alors quoi ? Pourquoi tu m'as fait ça ?
-Pour que tu saches ce qu'il s'est passé.

Tant bien que mal, elle s'assit face au prêtre et le regarda droit dans les yeux. Il n'y avait ni pitié ni méchanceté dans le regard de Zapoï.

-Comment as-tu survécu ?
-La vieille m'avait envoyé chercher des herbes loin du village. Quand je suis revenu, tout était finit. J'ai accompli les rites pour nos amis et brûler le village. Il ne doit plus rien en rester aujourd'hui.
-Ma famille....mes amis....tous morts de mes mains.....hahaha....Jamais je ne pourrais me le pardonner.
-Si tu devras le faire. Moi-même, je t'ai déjà pardonné mais tu resteras à jamais une étrangère pour moi. Jamais plus je ne te considérerais comme faisant partie de ma famille. A partir d'aujourd'hui, tu es une parfaite inconnue pour moi.

Sur ces mots, il se leva et se dirigea vers sa monture. L'elfe le suivit sans un mot et monta sur la sienne. Jungung les regarda faire, sans rien dire.

-Juste une chose avant de te laisser à tes regrets. Il manquait deux corps après l'attaque. Le tien et celui de Warshara.
-Et ? As-tu retrouvé son corps ?
-Non. Et son esprit ne m'est jamais apparu. Il n'ait pas au royaume des morts. Il veille encore sur toi, crois-moi.

Avant de monter sur son raptor, il fit un signe de tête à la goule. Il se tourna alors vers Jungung.
-Un jour, quand nos chemins se croiseront de nouveaux, tu me raconteras ce qu'il t'est arrivé. Et je te dirai comment j'ai survécu jusqu'à aujourd'hui. Mais en attendant, tu seras seule avec tes regrets et tes chagrins.
-Je ne suis pas seule, le clan est ma famille.
-Alors prends-en soin.

Sur ces mots, il repartit comme il était arrivé. Sans un bruit, ombre parmi les ombres. Jungung se tourna alors vers son étrange compagnon.
-Tout ce temps tu veillais sur moi alors que j'ignorais ton existence.....Merci.....
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