Fanfiction World of Warcraft

Retour à la liste des Fanfiction

Réémergence

Par Lothan
Les autres histoires de l'auteur

Réémergence

Comme à son habitude à cette heure avancée de la soirée, le roi Varian Wrynn était dans son lit à baldaquins, en train de lire. L'ouvrage qu'il tenait, contant la terrible bataille de Khaz Modan durant la Seconde Guerre, avait été rédigé par la fameuse historienne Mae Blêmepoussière.
A la lueur de sa petite chandelle de chevet, il s'instruisait, comme n'importe lequel des centaines dequidams qui composait son peuple - même si en ces temps troublés, peu pouvaient s'acheter des bâtons de cire.

« Monseigneur ! appela un garde en frappant violemment contre la porte. Monseigneur, vite, vous devez venir ! ».

Varian écarquilla les yeux en entendant le garde l'appeler de manière aussi irrévérencieuse, ce qui ne l'empêcha pas de passer rapidement sa robe de chambre et d'ouvrir.

« Allons, que se...
-Monseigneur, vite ! le coupa le garde. Il faut venir ! ».

Le roi n'en revenait pas de se voir couper la parole ainsi, d'autant plus que Richard était aussi respectueux que bon combattant - même si sa présence faisant cruellement ressortir l'absence de Bolvar.

Varian suivit Richard qui courait à une vitesse respectable malgré son armure de plates, et les deux hommes arrivèrent dans une petite salle de réunion. Deux gardes surveillaient d'un air ébahi sept hommes en piteux état, qui mangeaient avec avidité un reste de ragoût. En voyant le roi de Hurlevent devant eux, les hommes s'inclinèrent bien bas, mais l'un d'eux se releva d'un air digne et se porta à la rencontre du vainqueur d'Onixiya. Sa cape de pourpre brodée d'or était déchirée, laissant apparaître un tabard vert sur lequel avait été peinte une ancre.

« Monseigneur, salua-t-il. Je suis gré à tous vos hommes d'avoir accueilli les miens après tout ce quenous avons subis, et... ».

Il fut interrompu par l'arrivée de Jaina Portvaillant, précédée d'un garde. La mage, elle aussi dans un simple appareil, fronça les sourcils en voyant le symbole du Royaume Maritime.

« Qui êtes-vous ? demanda t-elle, pleine de curiosité.

- Sans doute ne me connaissez-vous pas, mais je m'appelle Emilio Bouzamondo, et suis depuis le souverain légitime de Kul Tiras ».

Varian et Jaina ouvrirent de grands yeux, et un éclair déchira les cieux, faisant écho à cette déclaration.

« Je... je ne suis pas sûr de comprendre, finit par articuler Varian.

- Je vais vous expliquer, annonça l'homme en s'asseyant sur un tabouret de bois. Depuis quelques mois, de violents tremblements de terre ont secoué l'archipel, manquant de nous détruire tous. La tour de l'horloge est le seul bâtiment à être resté véritablement intact. Et récemment, des attaques d'élémentaire ont fait des ravages parmi la population.

- Comme en Kalimdor, et dans les Royaumes de l'Est, souffla Jaina, les yeux grands ouverts.

- Le Conseil des Marchands s'est alors énervé, poursuivit Bouzamondo, et le roi Tandred - Jaina réprima un hoquet à la mention de son frère - a rassemblé nos trois meilleurs navires pour quérir l'aide du royaume humain d'Azeroth. Cependant, deux semaines après, les corps de certains marins ont été rejetés sur la berge, ainsi que des débris. Ça a été la panique totale, surtout que nous avons dû essuyer l'attaque de nagas ; heureusement, la milice... ».

Le jeune homme s'interrompit en entendant Jaina sangloter. Varian lui passa un bras autour des épaules dans une vaine tentative de réconfort, mais ce fut Bouzamondo qui se rendit utile ; il se leva, serra Jaina contre lui et lui dit :

« Votre frère a fait bien plus qu'honneur à la réputation qui est celle de votre famille, dame Portvaillant. Si son règne fut court, il a apporté en ces temps troublés et de reconstruction une paix relativement appréciable.

- Poursuivez, je vous prie, demanda Varian avec sa sociabilité habituelle ».

Bouzamondo hocha la tête, puis il but quelques gorgées à son verre d'argent avant de déclarer : « La situation est vite devenue intenable. Le Conseil des Marchands, avec son comportement digne d'un gobelin, a failli faire dégénérer la situation ; heureusement, j'ai reçu assez de soutien pour être nommé provisoirement à la tête de Kul Tiras, et j'ai mené plusieurs attaques audacieuses mais payantes contre les nagas. Cela nous a donné le temps de reconstruire nos villes ».

Le roi se tut quelques instants, une expression de douleur sur le visage. Puis il reprit difficilement : « Peu après, mon père est mort. Il vivait sur l'île de Val-soleil, à la retraite. Mais au petit matin, juste après le lever du soleil, un tremblement de terre nous a tous secoué, et Val-soleil a été engloutie dans les profondeurs abyssales.

- Comment ça, « engloutie » ? voulut se faire préciser Varian.

- Je... je ne l'explique pas, répondit Bouzamondo, tout autant troublé. Plus une ruine, rien. Comme si elle avait été attirée par un mal très ancien. Désormais, on ne trouve plus ici qu'un gouffre sans fond, même pas une plage. Malgré cela, le peuple m'a donné le titre de prince, et j'y ai fait honneur du mieux que j'ai pu.

- Un mal très ancien, murmura Jaina, les yeux dans le vague. Brann et Peine m'ont parlé de la possible existence d'une... d'une chose maléfique dans les ténèbres marines. Une chose comme Yogg-Saron ».

La mage regarda un instant Varian, et ceux-ci pensèrent immédiatement à l'étrange mal qui rongeait Vash'jir, mais également à la créature de cauchemar qui sommeillait autrefois dans les profondeurs mystérieuses d'Ulduar...

« Cependant, les attaques des élémentaires et des nagas ont repris, même s'ils ne semblaient pas alliés, poursuivit Bouzamondo. J'ai décidé qu'il était temps pour Kul Tiras de sortir de son emmurement et de demander de l'aide à l'extérieur.

- Bah j'en connais d'autres comme ça, lança Varian d'un ton nonchalant, faisant référence à l'arrivée aussi récente et inattendue d'émissaires gilnéens.

- Varian, ça n'est pas le moment, le réprima sèchement Jaina. Excusez-nous, prince, poursuivez.

- Merci, dame Portvaillant. J'ai rassemblé nos dix meilleurs guerriers, nos meilleurs matelots, et, que son nom puisse être honoré à tout jamais, Kendar Froidemain. C'était notre plus puissant mage, malgré son attitude froide et distante. Nous avons pris la mer sur le Fierté de Tandred, notre meilleur bateau à vapeur - j'ai d'ailleurs remarqué qu'Hurlevent aussi a fait de remarquables progrès technologiques, et cela me fait plaisir. Quoiqu'il en soit, nous avons fait un voyage tranquille, et nous étions presque en vue de la terre lorsque nous avons remarqué des remous inquiétants. Nous avons ensuite été attaqués par des créatures marines sans noms, et sans visages.

- Les Dieux Très Anciens, grommela Varian, une expression furieuse sur son visage. Ils ont laissé leur marque et leurs serviteurs dans...

- Varian ! Nous n'avons aucune preuve, pour l'instant, le reprit Jaina. J'en parlerai à Thrall afin qu'il... non, ne me fait plus jamais cette tête lorsque je parle de lui.

- Poursuivez, s'il vous plaît, pria le roi, ne désirant pas être embarqué dans une énième conversation sur le chef de la Horde - même si des rumeurs affirmaient qu'il avait quitté son poste.

- Kendar a tout de suite identifié la nature magique de nos assaillants, et s'est sacrifié héroïquement afin de nous permettre de prendre les chaloupes et de s'échapper. Mais malheureusement, comme vous pouvez le constater, seule la nôtre a pu atteindre vos côtes ». Varian se leva brutalement, et alla à la fenêtre voir la pluie marteler les échafaudages qui entouraient les futures extensions de sa demeure. Son expression était préoccupée au plus haut point.

« Varian ? demanda Jaina d'un ton neutre.

- Ça va, répondit-il d'un ton qui suggérait le contraire. Mais les évènements se précipitent bien trop vite ! D'abord Gilnéas qui revient vers nous avec les Réprouvés à leur porte, et maintenant Kul Tiras au bord de l'effondrement, sans compter nos propres problèmes internes !

- Ce dernier problème aurait pu facilement être évité, répliqua Jaina d'un ton cinglant. Mais tu étais bien trop occupé à guerroyer en Norfendre pour te rendre compte de la situation de ton peuple.

- La menace du roi-liche était bien trop importante, tu le sais très bien, rétorqua le roi avec un regard chargé de sous-entendus. Sans compter que Theramore aussi a subi l'attaque des nécropoles.

- Et regarde où en est ton royaume ! rétorqua Jaina. Des gens errent dans les campagnes, n'ayant même pas de quoi se nourrir ! Et les Orcs Rochenoire qui ont envahi Elwynn et les Carmines, comptes-tu les laisser piller librement ce sur quoi tu es censé régner ? ».

Varian ne répondit pas, une grimace sur son visage préoccupé. Il se passa un moment avant que Bouzamondo déclare : « Peut-être ma patrie n'est-elle pas réputée pour ses cultures agricoles, mais nous avons d'autres ressources qui vous seront fort utiles, du moins je le pense.

- En ce moment, naviguer vers Kul Tiras n'est pas une chose très sûre, lui annonça Jaina avec un triste sourire.

- Ma dame, je dois savoir ce qui est arrivé à mon peuple, répliqua le prince. Je comprends bien que des bouleversements agitent le monde, mais...

- Nous verrons cela en temps voulu, coupa Varian. Prince, des quartiers vont vous être assignés, à vous et vos marins, en attendant la marche à suivre ».

Trois semaines plus tard.

Bouzamondo se trouvait sur une hauteur du Port de Hurlevent, contemplant le majestueux Kraken à vapeur, qui ramenait au compte-goutte la majorité des vaillants soldats ayant combattu le roi-liche en Norfendre. Un navire récemment sorti du chantier naval, le Croc de Lothar, était chargé de vivres en vue d'une longue mission : se rendre aux coordonnées fournies par Bouzamondo afin d'y retrouver les survivants de Kul Tiras.

Le prince était vêtu d'une longue cape de velours bleu, avec des manches en hermine, et portait en dessus de ce vêtement royal une armure de mithril délicatement ouvragée. A sa ceinture pendait une longue épée à la lame coupée en son milieu. Grâce à une sphère de cristal placée au bout de la coupure de la lame, l'épée luisait d'une dangereuse lumière violacée. On aurait dit une réplique plus élégante de l'arme de Varian Wrynn. Le visage de Bouzamondo était noble, légèrement hâlé en raison du soleil qui illuminait sa patrie - ou du moins en des temps moins troublés.

Ses yeux, légèrement en amande, étaient d'un marron tirant sur le noir, et sa bouche pulpeuse mais pas trop, toujours prompte à sourire. Son visage était assez rond, et bien rempli. S'il était grand, sa stature était nettement moins importante que celle de son homologue azerothien, ce qui ne l'empêchait pas d'être un excellent combattant à mains nues.

« Belle fin d'après-midi, non ? demanda Varian Wrynn en se plaçant à côté de son nouvel allié.
- Oui, répondit Bouzamondo sans grande conviction.
- Je dois avouer que je peine à vous trouver, lança le roi en guise de conversation.
- Je passe beaucoup de temps à la bibliothèque, mais également avec Richard, car j'ai beaucoup de choses à apprendre sur les évènements de ces dernières années.
- Oui, tout cela a été assez mouvementé. Même si je n'ai pas été très présent.
- Oui, Richard m'a raconté le complot des Défias contre vous, sourit le prince. Bah, ce qui compte, c'est que vous soyez là. Et puis grâce à vous, Norfendre a été en grande partie pacifié, et l'Alliance a bien progressé.
- Malheureusement, j'ai peur que tout cela ne soit pas aussi simple, soupira Varian. Nous n'aurions pas défait Arthas sans l'aide de la Horde et du Verdict des Cendres, et aujourd'hui, mon royaume est sur le point de s'effondrer.
- Comment ça ?
- Les cultures sont insuffisantes pour nourrir la population, et nous n'avons pas assez d'hommes pour repousser les multiples adversaires qui se massent à nos portes. Sans compter que la Horde, elle, ne décline pas, bien au contraire. D'après les rapports de mes alliés, ces chiens d'Orcs ont lancé un vaste plan d'attaque afin de conquérir tout Kalimdor.
- Richard m'a effectivement parlé de graves problèmes humanitaires, en particulier dans la Marche de l'Ouest.
- Depuis l'arrivée de Défias, ça n'est plus vraiment une région autosuffisante, et nous craignons l'émergence de graves émeutes.
- Peut-être... peut-être pourrais-tu convaincre un maximum de ces gens de t'enrôler dans l'armée d'Hurlevent, hasarda Bouzamondo. Comme ça, eux auraient la garantie de nourriture régulière et d'une vie décente, et toi, tu aurais de quoi défendre ton royaume, et participer à de nouvelles
conquêtes.
- Mmmmh... pas bête. En plus, même à Hurlevent, on me reproche les dépenses liées aux travaux d'agrandissement.
- Eh bien, pour être franc, ces reproches sont fondés, dit le prince en coulant un regard en biais vers Varian.
- C'est vrai, avoua le roi. J'ai... j'ai peut-être manqué de clairvoyance, et me suis trop précipité ; en même temps, j'ai dû vaincre la fille d'Aile de Mort avant de faire route vers Norfendre, tout en maintenant la Horde à distance.
- Aile de Mort, répéta pensivement Bouzamondo. Je me souviens des ravages qu'il a occasionnés lors de la Seconde Guerre, même si ce sont surtout les Dragons rouges qui nous ont fait souffrir. Mais je me demande ce qu'est devenu le béhémoth cuirassé... ».

Varian acquiesça, et les regards des deux hommes se perdirent dans le vague.

Onze jours plus tard.

Leurs capes royales flottant derrière eux, Varian Wrynn et Emilio Bouzamondo dévalaient les marches du Port de Hurlevent, fendant le brouillard de fin de matinée. La fin de l'année approchait - et avec elle, l'arrivée du Voile d'Hiver - , mais le froid mordant ne ralentissait pas les deux souverains.

Amarré de manière assez approximative à un quai, le Croc de Lothar était majestueux, comme avant, mais il semblait pourtant... différent. Si avant il inspirait la fierté aux Humains et la terreur à leurs ennemis, il était maintenant nimbé d'une aura de frayeur et de folie malsaine.

Assis près de caisses de nourriture, les membres d'équipage ne parlaient pas, leurs yeux exorbités perdus dans le vide. Leurs vêtements, faits de soie et de tisse-mage, n'avaient pas été changés depuis plusieurs jours, et les visages des matelots étaient émaciés.

« Mais qu'est-ce donc que ça ? s'exclama Varian. Il n'y a pas de traces de combat ! ».

Mais Emilio ne répondit pas. Il regardait avec effroi le capitaine du Croc de Lothar, Danforth Meldian. Un tatouage en forme de serpe avait été dessiné sur sa tempe gauche. « Capitaine ? lança Varian. Bon sang, mais répondez ! Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Gnnnn.... gnnn... dans les eaux... gnnn... dans leurs... gnnn... yeux.
- Quoi, qu'est-ce qui s'est passé ? s'énerva le roi de Hurlevent.
- Ce tatouage, murmura Bouzamondo. Est-ce qu'il l'avait avant ?
- Non, je... je ne crois pas, répondit Varian, perplexe. Pourquoi ?
- Kendar Froidemain avait exactement le même. Et ce capitaine a les mêmes traits que mon ancien mage.
- Gnnn... vous... allez... balbutia Meldian en se tenant le ventre. Vous allez tous mourir ! ».
Cette dernière phrase, prononcée sur un ton aussi grave que terrifiant, jeta le désarroi sur tout le monde.

« Votre fin est proche, ainsi que celle de ce monde ! ».

Les yeux de Meldian brillaient d'une inquiétante lueur verte, et on aurait dit que ses muscles subissaient une croissance accélérée. Ses beaux - quoique sales - vêtements se déchirèrent, de même que sa peau. Du sang noir et du pus aspergèrent gardes et matelots se trouvant à proximité. Le visage même de ce qui avait été Meldian s'étira, et deux longs crocs remplacèrent ses incisives inférieures. Ses mains disparurent pour laisser place à de longs tentacules, et ses ergots apparurent tant sur ses pieds que sur ses coudes.

« Par la Lumière ! s'écria Varian en dégainant son épée. Soldats de Hurlevent, à l'attaque ! ».

Bien que terrifié par cette indicible transformation, les hommes dégainèrent leurs armes et passèrent à l'attaque. Bouzamondo resta un moment paralysé devant cette horreur sans visage, puis il sortit son épée enchantée et passa à l'attaque. Sa lame se planta dans un des flancs du monstre, faisant jaillir une giclée de sang vicié. Le prince grimaça lorsque ses beaux vêtements furent souillés de la sorte, et il pivota en tendant sa lame.

Cette chose avait beau être une abomination sans nom, elle obéissait sans doute aux lois de la nature et de l'anatomie musculaire. Ainsi, lorsque l'épée lui sectionna les tendons jambiers, elle s'effondra dans un horrible gémissement. « Et voilà, fils de démon, grogna Bouzamondo ».

Sa lame grésilla lorsqu'elle fut levée au-dessus du cou boursouflé, et l'Humain s'apprêtait à abattre la chose lorsque cette dernière leva son faciès de cauchemar avant de déclarer d'une voix horriblement calme et prophétique :
« Cela ne sert à rien, petit homme. Ton peuple est perdu, ce qui lui est arrivé n'est qu'un prélude au destin d'Azeroth. Vos rares survivants se feront massacrer par les navires de la Horde qui vont bientôt accoster.

- Je ne le permettrai pas, grogna Bouzamondo. Dussions-nous demander leur aide, jamais je ne laisserai tomber ma patrie ».

Et sans plus de cérémonie, il décapita la créature.
Aucun commentaire - [Poster un commentaire]
Il n'y a pas de commentaire. Soyez le premier à commenter cette histoire !

Poster un commentaire

Vous devez vous identifier pour poster un commentaire.
Nombre de visites sur l'accueil depuis la création du site World of Warcraft : 372.226.723 visites.
© Copyright 1998-2024 JudgeHype SRL. Reproduction totale ou partielle interdite sans l'autorisation de l'auteur. Politique de confidentialité.