Fanfiction World of Warcraft

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"On recherche : Harpie"

Par Aldebalaran#475
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1 : La terre tremble

Chapitre 2 : Recueillement

Chapitre 3: La Harpie Éternelle (Par Ellonlutha)

Chapitre 4 : Piège de Haut-vol (Par Ephira)

Chapitre 5 : L’élue d’Aviana

(Rédigé par Aldebalaran)

Le soleil ardent des Mille Pointes frappait le front transpirant de la jeune harpie. Malgré l'atmosphère aride de cette partie de Kalimdor, Elina volait le plus vite possible. Ses ailes bleutées contrastaient avec la roche ocre des milliers de piliers de terre qui donnaient son nom à cette région. La gorge sèche, des crampes aux épaules, elle continuait de filer aussi vite que le vent. Elle avait besoin de calme pour communiquer avec les esprits. Cela faisait maintenant quelques jours qu'Elina ressentait des perturbations venant de tous les plans élémentaires. Étant la chamane attitrée de son nid, elle se devait de prendre en considération ces modifications, elle devait demander aux esprits de quoi il en retournait. En tant que chamane, Elina avait une place prépondérante dans le clan. Bien qu'elle était très jeune, ses capacités - qui ne sont plus à démontrer, lui ont valu cette place d'importance. De ce fait, elle avait horreur de partir seule en abandonnant son clan mais là, la situation l'exigeait. D'autant qu'Elina avait conscience de cette jeunesse, qu'elle considérait comme un défaut d'expérience ce qui lui valait un manque de confiance en elle. D'habitude, prendre la décision de partir plusieurs jours du nid afin de communier avec les esprits engendrait beaucoup de doute en elle, mais cette fois elle ne s'était posée aucune question.

Elle apercevait enfin l'endroit qu'elle cherchait. Le plus haut pilier des Mille Pointes, là où l'air est le plus frais et où le vent pourra sécher sa peau d'azur perlée de gouttes de sueur. Elle se posa au centre de la colonne rocailleuse, secoua un peu ses ailes, enleva les quelques plumes qui s'étaient détachées durant sa folle course puis s'assit en croisant les jambes, les coudes posés sur ses genoux. Elle ferma les yeux puis appela. Elle appela au hasard, qu'importe l'esprit, il devait répondre à ses questions et vite. Personne. Elle augmenta la force de son appel, une goutte de sueur vint lui piquer les yeux, une autre dégoulina de son nez pour tomber sur sa main. Elle cherchait, elle cherchait, toutes ses pensées étaient focalisées sur le monde des esprits, là où elle en apprendrait plus. Une puissante brise la frappa de plein fouet mais Elina ne bougea pas d'un cil. C'est alors qu'un esprit vint à sa rencontre.

Elle lui posa tout un tas de questions d'emblée, elle était anxieuse, paniquée, angoissée, et l'esprit confirma ses craintes. D'autres esprits se joignirent au premier lorsque celui-ci commença à détailler ce qui se passait, ce qui se passe et ce qui allait arriver ! Une force d'un autre âge allait resurgir, un être colossal comme Azeroth en voyait rarement et il ravagera tout sur son passage. Empli de haine et de folie, ce Léviathan noir a su patienter avant d'être oppressif, et lorsqu'il le sera, les fondations d'Azeroth trembleront sous ses ailes.

- Quand cela arrivera-t-il, amis esprit ? s'enquit alors la jeune harpie effrayée par ce discours apocalyptique.
- Maintenant.

Elina rompu alors le lien, la gorge encore irritée par l'air aride et toujours essoufflée par sa course, elle reprit la direction de son nid à la même allure qu'avant. Le vent soufflait toujours plus fort portant et favorisant la harpie dans sa course, les esprits lui venaient en aide. Était-il trop tard, se demanda-t-elle. Quelle est donc cette ancienne terreur qui va surgir pour détruire le monde ? Avant qu'elle ne puisse se poser une autre question, un tremblement de terre d'une ampleur jusqu'alors jamais vue fit trembler les piliers de pierre des Mille Pointes. Un hurlement tonitruant, résonna tel le tonnerre dans tout Azeroth, accompagnant le tremblement ; les premières colonnes rocheuses cédèrent sous l'impulsion. Elina accéléra. Des failles commencèrent à déchirer les falaises et les sols. Le vent qui aidait la harpie devint chaotique, changeant de direction toutes les secondes. Elle fut désorientée et soudain un second hurlement encore plus fort que le précédent trancha jusqu'aux fondations d'Azeroth infligeant une horrible douleur à ses tympans ce qui l'hébéta quelques temps. Elle regarda sous ses pieds pour apercevoir que c'était la débandade dans les gorges, toutes les créatures s'affolaient et couraient dans tous les sens. Elina reprit ses esprits et poursuivit son chemin vers le nid. Une intense chaleur la fit suffoquer. Une chaleur sèche qui s'amplifia accompagnée par une odeur nocive, mélange de souffre, de terre asséchée et de chair carbonisée. Cela sentait la mort tandis qu'une ombre commença à se dessiner sous les yeux d'Elina. C'est alors que toute lumière disparu, la jeune harpie regarda vers le ciel pour apercevoir la silhouette d'obsidienne d'un dragon devenu monstre voilant les rayons du soleil. Elle ne saurait dire la taille du béhémoth, ne sachant évaluer la distance qui la séparait de la bête. Soudain la silhouette plongea vers sa direction. La chaleur et l'odeur devinrent insupportables tandis qu'Elina poursuivait son chemin vers le nid. D'un battement d'aile du géant, elle fut projetée contre une des pointes rocailleuses. Du sang s'ajoutait aux gouttes de sueur dégoulinant de son front, le paysage familier devint flou puis noir. Elle sombra dans l'inconscience écoutant le chaos ambiant engendré par les hurlements, les tremblements et respirant l'infâme odeur sulfurée de peau brûlée.

Elle fut réveillée par une odeur tout autre. L'odeur d'êtres vivants cramés avait laissé place à celle du sel et Elina ne sentait plus le souffre mais l'iode. La fournaise et le chaos avaient été remplacés par le froid et le calme. Car oui elle avait froid. Elina reprit lentement conscience et constata que ses ailes et tout le bas de son corps étaient dans l'eau. Elle releva la tête et aperçue l'ampleur du cataclysme qui s'était déroulé ici. La zone des Mille Pointes, autrefois constituée d'une immense gorge aride et asséchée où se dressait des piliers terrestres était devenue une vaste étendue d'eau. Les gorges avaient été remplies et seules les plus grandes colonnes émergeaient de l'eau pour former de toutes petites passerelles rocheuses. Mais le pire, c'était la quantité de cadavres qui flottaient maintenant sur la région des Mille Pointes. Des centaines d'animaux ou d'habitants avaient été pris au dépourvu par le tsunami et s'étaient retrouvés noyés. D'autres avaient eu la "chance" de mourir plus rapidement qu'asphyxiés dans l'eau. De nombreux corps avaient été purement et simplement roussis, cuits, réduits en cendres et flottaient parmi les noyés. Encore vaseuse, Elina se releva, sécha ses ailes et vola lentement en direction de son nid. A défaut d'être surprise, elle eu le coeur déchiré quand elle vit les corps de ses soeurs dans le même état que les autres. Désespérée et désemparée, elle commença à fouiller les décombres. L'eau était extrêmement salée - de par la présence d'un sol contenant beaucoup de sel dans cette région, ce qui raviva la douleur des nombreuses entailles qui parcouraient son corps.

Ses larmes virent s'ajouter à l'eau de la mer tandis qu'elle découvrait les corps d'Aviala, Miriana, Nathu et tellement d'autres. Elle connaissait toutes les harpies de son nid sans exception, et elles avaient toutes péri sans exception. L'odeur de l'iode commença à lui piquer le nez et les yeux, elle ne désirait pas passer une seconde de plus au milieu des cadavres de ses anciennes camarades aussi elle battit des ailes et s'envola. Mais alors qu'elle jeta un dernier rapide regard sur ce qui fut son nid, elle remarqua une lueur briller sous l'eau. Elle décida d'aller voir, slalomant entre les corps de harpies. Elle plongea en direction de ce qu'elle avait vu, le prit dans ses mains et remonta. Qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle découvrit que ce qu'elle venait de pêcher était un oeuf de sa couvée. Peut être le seul survivant de cet odieux carnage. Elle songea à qui aurait pu survivre à ce massacre et se dit que si un oeuf avait pu survivre peut être qu'une harpie en bonne santé aurait pu également. Elle inspecta alors chacune de ses soeurs mais plus elle comptait et prononçait le nom dans sa tête plus elle fut attristée. Aucune n'avait survécu. Il ne restait plus qu'elle et l'oeuf.

Cela ne pouvait être vrai. Il y a quelques heures à peine ce nid regorgeait de vie. Ces harpies avaient des rêves et des ambitions, des haines et des amours. Maintenant il n'en restait rien, aucune trace. Tout avait été balayé en quelques secondes. Désespérée d'être l'unique survivante de cette tragédie, Elina se posa sur une des plateformes rocheuses qui émergeait à peine de l'eau. Elle mit l'oeuf à l'abri auprès d'elle et se recroquevilla, pleura encore et encore. Elle ne voulait pas que cela soit vrai, elle voulait retrouver ses soeurs et reprendre sa vie d'avant. Elle fini par s'endormir, espérant qu'à son réveil tout serait normal et que rien de tout ça ne s'était passé, que ce n'était qu'un cauchemar.

A son réveil, rien n'avait changé, l'odeur d'iode était toujours là, les corps gisant de ses soeurs aussi. Elle continua d'errer sans but avec l'espoir illusoire de trouver une harpie encore vivante. Tel un fantôme, elle planait en pleurant en ce lieu de chagrin où seule la mort était encore présente. Elina ne mangeait plus, se contentant de tourner en rond là où son nid était auparavant, ne prenant soin que de l'oeuf. Elle resta là pendant plusieurs jours et prit la décision d'enterrer ses soeurs. Pendant encore plusieurs jours, Elina extirpait de l'eau les corps meurtris de celles qui partageaient sa vie avant. Au début, ce rituel mortuaire la chagrinait encore plus. Puis ça ne l'attristait plus tant que ça, elle avait pris "l'habitude" d'enterrer ses soeurs. Elle pensait qu'elle devenait folle à faire toujours et toujours cette précession pour une harpie différente chaque heure. Elle ne mangeait toujours pas, buvait peu et quand elle parvenait à s'endormir, c'était pour faire et refaire toujours le même cauchemar. Lorsque la dernière harpie fut enterrée, Elina ne ressentait plus rien pour ce lieu. Epuisée, elle s'empara de l'oeuf, prit de la hauteur - difficilement car depuis le début elle a le bout de l'aile droite brisée, puis jeta un dernier regard aux Mille Pointes. Elle se rendit compte que le cataclysme avait bouleversé tous les paysages, ici comme ailleurs. Elle avait peur de partir et d'abandonner définitivement ce lieu. Elle alla se poser de nouveau sur sa plateforme, hésitante.

Soudain, Elina eut une nouvelle vision des esprits. Aile de Mort rôdait toujours en Kalimdor et il continuait de réduire des régions en cendres. Décidée, elle quitta ce lieu pour aller ailleurs, sans savoir où, elle voulait juste ne plus voir ce cauchemar réel sous ses yeux. Il fallait qu'elle trouve un quelconque abri et peut être même quitter Kalimdor. Car Aile de Mort était revenu et les fondations d'Azeroth allaient encore trembler.
(Rédigé par Shlomite)

Tout était noir, et froid.

Le rire de ses soeurs, si clair, cristallin. Elina le cherchait dans les méandres de ce labyrinthe aux couleurs de cendre, à l'odeur d'iode.
Puis les voilà, dans une lumière soudaine, leurs ailes déployées dans un bruissement, leurs envols brusques et pourtant harmonieux, la majesté de leurs vols lorsqu'elles éclipsaient insolemment les lueurs du soleil.

Ses soeurs partaient emportant avec elles la lumière, les sanglots mouillaient les yeux d'Elina, avant de couler le long de ses joues creuses, créant des reflets sur son visage aux teintes bleues.

Puis le vent, ou était-ce l'obscurité elle-même, lui murmurait doucement :

«Tu n'es pas toute seule mon enfant »

Une chaleur entourait son corps affaibli par la tristesse de son coeur, et réchauffait son âme. Cette chaleur se répandait dans les dimensions, déroutait l'obscurité, prenait de plus en plus de terrain, laissant sur son passage des couleurs vives, ici du rouge, là de l'orange. La lumière l'accompagnait. Bientôt l'univers rayonnait, et au milieu des espaces lumineux, la voilà.

Son visage était grave et beau, ses cheveux et ses ailes étaient d'or foncé et de blanc d'acre; mais il n'y avait en elle aucun signe de l'âge, sinon dans l'intensité de son regard ; car ses yeux étaient aussi pénétrants que des lances à la lumière des étoiles, et cependant profonds, puits de souvenirs enfouis. Ainsi était Aviana, la messagère des dieux, la patronne de ceux qui recherchent le savoir et les connaissances, la gardienne des divins secrets, la déesse des mystères et tout ce qui vole : Aviana, la déesse d'Elina.

« Viens dans la lumière, lui dit Aviana, viens accomplir ta destinée »

Puis l'obscurité revint, sa vision se peignit ici et là de traits de pinceau noir, tantôt épais, tantôt minces jusqu'à recouvrir le monde d'Elina.
Puis elle ouvrit les yeux. Le paysage des Mille Pointes lui revint, ces Mille Pointes nouvelles, ce phoenix naissant des cendres de l'ancien, de Ses cendres, de Ses soeurs.

Elina prit l'oeuf entre ses mains, et sentit sa chaleur, cet être vivant à l'intérieur ne devait connaître cet endroit. Elina ne pouvait plus réfléchir. Il lui fallait partir, quitter cet endroit, ne plus y penser, oui, se voiler la face, oublier, là était la voie de la guérison, le baume du salut.

Alors, Elina dans un bruissement d'ailes prit son vol puis gagna le ciel.

Nulle part où aller. Ce rêve lui revenait, Aviana était venue à elle, lui avait confié son destin, elle devait l'accomplir. Aussi, naturellement prit-elle le chemin de sa déesse, la route que toute harpie connaît. Cette route longue et difficile, tel un pèlerinage, qui mène aux pieds
de ce que les harpies appellent le Grand Arbre, le havre d'Aviana, sa dernière demeure. Cette route, Elina devait l'arpenter, pour découvrir son but, et pour fuir son passé.

Ainsi voyagea-t-elle, toujours vers le nord, se référant aux astres pour se diriger. L'oeuf dans ses mains, elle arpentait les différentes régions qui la séparaient de son but.

Tout d'abord un paysage désertique apparut à elle. Des ronces énormes, puis d'étranges animaux qu'elle n'avait jamais vu. Pourtant, toujours la présence de la Horde et de l'Alliance. Ceux-ci s'adonnaient encore et toujours au jeu de la guerre, de la domination et du sang.

Elina n'avait jamais quitté sa région des Mille Pointes. Pourtant à chaque étape, elle devinait l'avant en constatant l'après. D'immenses canyons pleins de laves avaient été créés, des dénivellations conséquentes ici et là, et quelques surprises dont la présence d'un oasis luxuriant en plein désert. Elle put ainsi considérer les dégâts cataclysmiques - elle n'avait pas peur des mots - qu'avait occasionnés le Dragon Noir.

Partout lui venaient les gémissements des élémentaires, leurs plaintes lui déchiraient le coeur. La Terre et le Feu pleuraient.

Après quelques jours, le désert fit peu à peu place à une végétation toujours grandissante. Toutefois, là où aurait dû commencer la lisière d'une forêt se trouvaient des arbres coupés, des machines bûcheronnes aux mains d'Orcs et de Gobelins, sous la bannière Rouge caractéristique de la Horde.
Et toujours ces plaintes élémentaires. Elle pouvait entendre l'Eau qui lui murmurait ses maux, et partout autour d'elle le Vent sifflait ses craintes.
Elina ne savait que faire. Elle ne pouvait les aider, ne savait guère comment. Elle ne pouvait que les écouter, les plaindre. Elle se savait des pouvoirs chamaniques depuis le jour où elle avait entendu ces voix qui depuis l'éclairaient, la conseillaient, ces voix qui lui prêtaient parfois une puissance qu'elle n'aurait jamais imaginée. C'était pour elle des guides spirituels.

Les voir ainsi aujourd'hui lui brisait le coeur, ce qu'il en restait. Son sang bouillonnait de voir ainsi ce mercantilisme, ce mépris de tout qui vit et donc de tout ce qui Est. Aussi piqua-t-elle en plein vol sur un Gobelin éloigné du groupe, elle s'en fit sans aucune difficulté un bon repas pour une journée ou deux. Elle se fit une joie d'avoir enfin de la bonne chair entre les dents. La tristesse avait noué son estomac, elle ne s'était pas rendu compte du tenaillement de la faim. Elle souffrait moins. C'était déjà ça.

Puis son oeuf et elle reprirent le voyage. Au bout de quelques temps ce déboisement prit fin. La forêt s'intensifia et prit de l'altitude. Des pins à n'en plus finir, la nature était dense ici-bas, une lumière douce et bleutée la parcourait. Elina se sentait enfin apaisée. Toutefois, cela ne dura pas.
Lorsqu'enfin, elle discernait l'allure géante du Grand Arbre, une odeur de fumée commença à lui chatouiller les narines.

Un spectacle cataclysmique se dévoila à ses yeux horrifiés : à nouveau le déboisement, un déboisement bien pire que celui des Orcs, le déboisement par le feu. Elina avait appris à connaître auprès de ses guides le Seigneur du Feu Ragnaros. A présent sentait-elle son effroyable présence. D'énormes élémentaires en colères brûlaient des arbres millénaires. La forêt aux pieds du Grand Arbre était devenue cendre.
Et dans cet enfer brûlant fourmillaient des créatures humanoïdes, des Elfes et des Orcs, des Nains et des Trolls. Tous aidaient à la destruction, tous portaient ce tabard avec cet emblème représentant un marteau aux couleurs crépusculaires.

L'ennemi grouillait au sol et au ciel. Des dragons noirs et menaçants quadrillaient la zone. Elina commençait à prendre peur. Elle tenta alors de se fondre entre les arbres. Elle avança de plus en plus vers le centre du Grand Arbre. Elle en distinguait enfin les racines nombreuses et énormes. Au centre se tenait un bâtiment Elfique entouré d'un lac calme. L'ensemble dégageait sentiment de paisibilité en totale opposition avec l'enfer à l'extérieur, un enfer dont cette bâtisse semblait être le lieu de la résistance. En effet, des dryades et druides aidaient à calmer la nature tout en défendant leur place forte. De nombreux êtres les aidaient, de toutes races. Le Grand Arbre était devenu un véritable champ de bataille.

Enfin Elina distingua l'endroit qu'elle cherchait, le Refuge des Saisons, le sanctuaire d'Aviana, l'endroit qui gardait les restes de sa déesse.
Elle pénétra sans bruit à l'intérieur de cette maison Elfique. Devant elle, un Elfe de dos :

« On ne détecte pas que par le son, jeune harpie »

L'Elfe se retourna et lui fit face, son bâton à la tête de corbeau à la main.
Le druide la détailla de la tête aux pieds. Elina n'avait pas franchement l'habitude qu'un humanoïde lui parle sauf pour lui dire « ne me tuez pas » ou encore « recule sale monstre ! ». Devait-elle l'attaquer ? Elle serra l'oeuf un peu plus dans sa main. Non, son vol avait péri, elle était la seule à pouvoir la faire revivre. Aussi triste et en colère qu'elle soit, elle devait prendre sur elle et éviter d'attaquer cet elfe.

Elle l'observa en plissant les yeux. Il semblait être un adulte mûr mais elle savait qu'on ne pouvait pas s'y fier avec les elfes. Il semblait de taille moyenne et Elina arrivait au niveau de ses épaules. Ses yeux blancs lumineux, propres aux elfes, dévisageait la harpie avec une lueur d'amusement et de curiosité. Elina se posa au sol.

« Venez-vous vous recueillir sur l'autel d'Aviana, jeune harpie ? »

La Harpie hocha la tête en restant sur ses gardes. Elle avait décidé de ne pas l'attaquer mais lui peut-être avait-il décidé l'inverse.

Il passa sa main dans sa chevelure laissée en friche puis glissa sa main dans son petit bouc tout aussi négligé. Il s'appuya ensuite de nouveau sur son bâton. Sa tenue était tout aussi simple que sa coiffure, il ne portait qu'une simple robe et était pied-nu.

« Ne craignez rien. Venez, je vais vous conduire au tombeau de notre grande Aviana. »

Il se mit en marche sans regarder si Elina le suivait. Elle lui emboîta le pas. Tout en marchant, il se reprit la parole.

« Je m'appelle Turiel, je suis le gardien de la tombe de votre Déesse. Je suis également un druide de la Serre. »

Elina hocha la tête. Elle savait que les druides de la Serre pouvaient se transformer en oiseau et qu'ils priaient Aviana également. Au moins, elle devait le reconnaître, cet elfe avait compris où placer sa foi. Elle marmonna rapidement et avec chagrin :

« Elina, du vol des Volplumes, dernière représentante de son vol avec cet oeuf. »

Le druide tourna la tête vers l'arrière en affichant une mine compatissante.

« Notre monde souffre en ces temps troublés. Vous avez due vous rendre compte dans votre long voyage qu'Azeroth est agité. De nombreuses forêts brûlent à travers le monde chassant peuples et bêtes qui l'habitent.

- Si seulement Aviana était là, elle saurait nous défendre, répondit-elle simplement. »

Le druide hocha la tête, se taisant soudainement en prenant un air songeur. Il s'écarta du chemin pour la laisser pénétrer dans une petite pièce au fond du refuge des saisons. Elina rentra dans la pièce. Elle était simplement aménagée. Un petit autel était couvert d'offrandes diverses et variées : nourriture, pièces anciennes et récentes, idoles en bois... Elle posa l'oeuf à ses côtés. Que pouvait-elle offrir à sa déesse ? Elle toucha son beau plumage et tira violemment sur une de ses plumes qu'elle plaça sur l'autel. Elle se mit ensuite à genoux en implorant sa déesse de la guider vers un avenir meilleur, vers un endroit en paix. Alors qu'elle avait les yeux fermé, Elina sentit le vent siffler dans ses oreilles, ou bien était-ce un murmure.
« Ramène-moi, mon enfant. »

Elle redressa la tête en ré-ouvrant les yeux. Elle jeta un coup d'oeil au druide. Il semblait toujours autant perdu dans ses réflexions.

« L'elfe a dit quelque chose ? »

L'elfe sortit de ses pensées puis la dévisagea. Sa déesse venait-elle de lui parler ?

« - Elle vous a parlé ?

- Elle m'a demandée de la ramener. »

Le druide hocha la tête.

« - Nous l'entendons parfois quand le vent souffle au sommet de la cime des arbres mais jamais aussi distinctement. Aviana doit vraiment compter sur vous. Plusieurs druides ont déjà essayé de la ramener mais en vain jusqu'à présent : elle a peut-être décidé qu'enfin il était temps pour elle de revenir.

- Comment la ramener ?

- Il faut que je rentre en contacte avec elle pour cela. Il me faut un objet lui ayant appartenu... »

Le druide s'était mis en marche vers la sortie, Elina le suivit. Il s'engagea dans un autre tunnel que celui qu'ils avaient pris à l'allée. Ce refuge des saisons était un vrai labyrinthe. Il arriva dans une petite pièce. Les murs étaient couverts de casier où étaient entreposés des rouleaux de parchemin. Il passa sa main le long des casiers et attrapa un rouleau. Il le déroula et le lut. Il secoua la tête, rangea le rouleau et en attrapa un autre.
« Je crois que j'ai quelque chose. »

La Harpie s'approcha et regarda par-dessus son épaule. Le parchemin était couvert de petits signes et de gravures. Le druide montra quelques petits signes.

« Je pense qu'il faut retrouver un oeuf d'Aviana. D'après la légende, elle aurait eu un nid dans les branches de l'arbre monde. On raconte que personne n'a retrouvé sa progéniture. Peut-être devriez-vous y faire un tour. De nombreux druides ont essayé ainsi que de nombreux aventuriers mais la déesse ne souhaitait pas leur réussite. Mais si la déesse est entrée en contact avec vous, elle va vous aider à la ramener. »

La Harpie hocha la tête. Le druide lui expliqua ensuite où se trouvait l'arbre monde. Il s'agissait apparemment du Grand Arbre. Elle ignorait son vrai nom jusqu'alors mais le druide semblait savoir de quoi il parlait. Elle passa la nuit près de la tombe de sa déesse en restant sur ses gardes. Elle ne lui faisait pas confiance : druide de la serre ou pas, il restait un elfe. Sa nuit fut troublée par d'affreux cauchemars d'inondation. Elle voyait son nid disparaître sous les eaux mais ne parvenait pas à avancer assez vite pour sauver ses soeurs.

Le lendemain matin, le druide la raccompagna jusqu'à la sortie du refuge des saisons. Elina vola un moment dans la direction que lui avait donné l'elfe. Sans trop savoir pourquoi, elle savait que c'était la bonne direction. Ses sens chamaniques n'étaient pourtant pas alertés et ça la troublait énormément. Le druide lui avait donné un sac où elle avait glissé l'oeuf mais en plus d'avoir la bandoulière elle le tenait dans sa main. Il ne fallait en aucun cas qu'il tombe. Elle atteignit rapidement le majestueux arbre. L'arbre était immense. Il était tellement grand que les elfes avaient même construit une maison sous ses racines. Elina n'avait jamais rien vu qu'aussi immense. Elle se posa un moment pour se reposer et analyser ce que lui disait cet étrange sens. Elle reprit ensuite son vol vers l'arbre. Son sens l'alerta qu'il fallait qu'elle pénètre dans l'arbre. Comment ? Elle ne voyait aucune entrée et le druide n'en avait pas fait mention. Elle suivit la paroi de l'arbre et s'arrêta au moment où elle eut l'impression d'être devant l'entrée. Que de l'écorce, aucun trou très profond. Elle tâta la paroi avec un de ses pieds. L'écorce semblait solide mais pourtant peu épaisse tandis qu'ailleurs elle semblait épaisse. Une cachette derrière l'écorce ? Elle chercha un peu mieux avec son pied. La tâche était ardue. Elle devait voler et tenir le sac en plus de ça. Elle finit par détecter un trou étrange. Elle glissa son pied dedans puis tira dessus et un panneau glissa sur le côté dévoilant une cachette peu profonde. Elle était assez peu profonde pour ne pas gêner l'arbre. Cette cachette ne pouvait donc être trouvée que par quelqu'un qui volait : l'arbre était beaucoup trop haut pour qu'on puisse grimper. Elle s'engouffra dedans. La paroi était lisse et décorée d'anciennes peintures. Un nid, au fond du trou, trônait contre la paroi. Il semblait ancien mais également bien conservé. Un unique oeuf à l'intérieur attendait depuis des lustres. Elle l'attrapa avec prudence et le glissa dans le sac avec l'autre.

Elle s'envola ensuite jusqu'au refuge des saisons. Le druide l'attendait à l'entrée avec un tas de rouleaux à côté de lui qu'il lisait. En entendant les battements d'aile, il se leva immédiatement.

« Alors, vous l'avez trouvé ? »

La harpie hocha la tête. Le druide tapa dans ses mains avec enthousiaste.

« Bien, c'est à mon tour de jouer. Mon maître druide et père m'avait parlé d'un rituel pour invoquer les dieux. Il ne m'en avait pas parlé dans les détails mais j'ai retrouvé un rouleau qui l'explique en entier. »

Il tendit la main et semblait attendre quelque chose.

« Donnez moi l'oeuf, je dois faire le rituel seul avec lui. Me faites-vous confiance ? »

La harpie sentait qu'elle pouvait lui faire confiance mais c'est tout de même avec réticence qu'elle posa l'oeuf dans sa main.

Le druide s'isola ensuite à l'extérieur du refuge des saisons près d'un autel en pierre et la Harpie resta à attendre près de là.

Au bout de plusieurs heures, une vive lumière emplie la zone et Elina entendit distinctement :

« Je renais ! Enfin ! »

Elina jeta un coup d'oeil par-dessus un buisson. Une harpie entièrement blanche, entourée d'un halo lumineux, se tenait près de l'autel. Le druide était agenouillé à ses pieds et semblait pleurer, pas de tristesse mais de joie. Il semblait marmonner tout bas mais Elina n'était pas assez près pour l'entendre. Aviana lui souffla également quelques mots puis elle leva les yeux vers le ciel et déclara d'une voix plus forte.

« Ce monde a encore besoin de ses dieux. »

S'il était généralement admis qu'il n'existait pas en Azeroth de meilleur chasseur que Hemet Nesingwary, il y avait un domaine dans lequel il ne pouvait égaler Darsok Vivedague : la chasse à la harpie.

Non content de massacrer ces créatures à tours de bras, il lui arrivait parfois même de recruter de jeunes aventuriers pour les entraîner avec lui dans ses expéditions punitives.

Dans les tavernes les plus mal famées d'Orgrimmar, il se murmurait que, si l'Orc haïssait à ce point les harpies, c'était parce qu'elles avaient enlevé et dévoré son père alors qu'il n'était encore qu'un jeune garçon au teint vert pomme. Nul ne doutait que cela ne se fût déroulé ainsi : les harpies aimaient à choisir leurs reproducteurs parmi les mâles ennemis, c'était bien connu.

Aussi, en apprenant qu'il existait au Mont Hyjal un autel consacré à la déesse des monstres qu'il exécrait plus que tout, Vivedague avait sauté dans le premier zeppelin en partance, bien décidé à brûler une bonne fois pour toutes ce temple de l'horreur.

Cependant, une fois arrivé au sanctuaire, il avait choisi de revoir ses objectifs à la hausse. Tapi dans un bosquet, il avait repéré une harpie bleue : collées par la saleté et abîmées, ses longues plumes azurées ne pourraient même pas lui rapporter une poignée de pièces d'or à l'hôtel des ventes. Cette créature, songea-t-il avec mépris, ne valait même pas la peine qu'il se donnerait à la capturer. Mais ce n'était pas pour elle qu'il changerait ses plans.

En revanche, il dut étouffer une exclamation de ravissement lorsque, dans le ciel cotonneux, s'éleva une femme ailée au plumage blanc comme neige et lumineux, dont la beauté éclipsait même celle du soleil. Sa respiration s'emballa.

« Aviana... »

Presque immédiatement, le désir de la capturer s'empara de son coeur. Elle serait son plus beau trophée, le triomphe de sa vie, l'accomplissement de sa carrière, sa gloire, sa fierté ! Et, si seulement il parvenait à la prendre vivante...

Avec un sourire féroce, il s'éloigna à pas lents. Attaquer maintenant lui coûterait la victoire. Mieux valait retourner à l'auberge et sélectionner dans ses valises le matériel adéquat. Vivedague ne pouvait se permettre d'échouer. Non. Plus maintenant.

***

Aviana, revenue à la vie, savourait une sensation qu'elle avait manqué d'oublier : celle du vent glissant sur ses plumes alors qu'elle filait à tire d'aile dans les nuages. Bien sûr, elle volait également hors du monde physique, mais cela n'avait jamais été aussi grisant. Les yeux clos, elle s'abandonna un moment au plaisir simple de se laisser porter par les courants ascendants.

Sa bonne humeur se ternit lorsqu'elle remarqua comme la région souffrait, ravagée par le feu. Elle se laissa choir à travers le ciel pour se rapprocher des arbres calcinés. Une larme cristalline roula le long de sa joue lorsqu'elle songea à Cénarius, à l'amour qu'il portait à cette forêt...
Perdue dans ses pensées, elle laissa échapper un croassement de surprise lorsqu'un harpon frôla ses rémiges avec un sifflement aigu. Repliant les ailes d'un mouvement brusque, elle perdit encore de l'altitude. Une lueur de colère flamboya dans ses yeux tandis qu'elle scrutait le terrain, à la recherche de son agresseur.

Quand un second harpon fusa et traversa son épaule, elle hurla de rage et commença à tomber. Si l'arme avait seulement traversé la chair, elle aurait guéri presque instantanément, mais le métal froid et acéré restait fiché dans la blessure, maintenu par des tridents. Tenter de l'arracher risquait lui coûter son aile. Furieuse, elle vit le sol se rapprocher, et s'efforça de remonter en agitant les bras vainement, les traits déformés par une grimace de douleur.

***


Assise sur le toit du refuge, Elina goûtait un repos bien mérité. Pour un instant, elle s'était autorisée à oublier ses problèmes et en profitait pour sécher au soleil ses plumes, qu'elle avait lavées. Tandis qu'elle observait sa déesse dans les airs, un corbeau vint se poser à ses cotés. Ébouriffant son plumage, la harpie émit un cri rauque pour chasser l'intrus. Plus amusé qu'effrayé, l'oiseau pencha la tête ; Turiel repris forme humaine et lui adressa un sourire complice :

« Elle est superbe, n'est-ce pas ? Je n'arrive pas à croire qu'après toutes ces années... il ait suffi que vous veniez pour qu'elle nous permettre de la ramener.

- Je ne vais pas rester. Elle m'a dit de partir vers le nord, vers les terres gelées d'un continent appelé Norfendre. Ce monde n'a pas fini de souffrir, mais elle pense que c'est là-bas que se trouve mon destin. Et l'avenir des Volplumes.

D'un geste protecteur, elle serra contre elle son oeuf tacheté, si fragile et pourtant, plein de promesses. A ses cotés, Turiel semblait l'observer avec un brin d'envie.

Le cri de haine et de souffrance que poussa Aviana retenti tant dans son coeur que dans ses oreilles, et Elina laissa échapper un sifflement furieux en ressentant le martyre de sa souveraine. Comme elle, Turiel avait réalisé que la déesse était en mauvaise posture. Les yeux levés, il la cherchait dans le ciel et pâlit en remarquant le flot d'ichor argenté qui s'écoulait de sa blessure, alors qu'elle se débattait.

Des arcs électriques courant le long de ses ailes, Elina les déploya, prête à rejoindre Aviana pour voler à sa rescousse. Mais, avant qu'elle n'ait eu le temps de décoller, Turiel abattit sa main sur son épaule sans douceur.

« N'agit pas stupidement, harpie. Reste ici.

- Il faut qu'on l'aide ! On ne peut pas rester plantés là sans rien faire !
- C'est une déesse, rétorqua le druide, furibond, qu'est-ce que tu penses faire pour réussir là où elle a échoué ?! Elle fait deux fois ta taille ! Si un seul de ces harpons venait à te toucher, tu n'aurais pas la moindre chance de t'en tirer vivante ! »

Les lèvres retroussées, Elina le repoussa d'un geste brusque :

« Et alors ? Je devrais rester là, à la regarder se faire descendre en vol ? J'ai vu trop de gens mourir ! Je ne laisserai plus tomber personne sans agir !

- Et moi, siffla Turiel en s'emparant vivement de l'oeuf, je ne te laisserai pas faire de ce petit un orphelin alors qu'il n'est même pas encore né ! Si tu y vas, Aviana se sentira juste obligée de te protéger ! Tu vas seulement la gêner. Reste ici. »

Sans répondre, Elina se rassit, la mâchoire crispée d'angoisse. Pourquoi fallait-il toujours que tout soit si compliqué ?

***

Un genou au sol, Darsok, l'oeil collé au viseur, pointait son canon sur le poitrail immaculé d'Aviana. Encore quelques mètres et la déesse serait à portée. Le doigt sur la gâchette, il retint sa respiration, calcula l'angle de tir, le recul, et fit feu.

L'objet décrivit une parabole parfaite à travers le ciel, se déployant en vol avec un claquement sec. L'immense filet en thorium ensorcelé - soudainement rappelé au sol par les inéluctables lois de la gravité - s'abattit sur le dos de la harpie blessée, immobilisant ses longues ailes d'ivoire dans ses mailles serrées.

Sans la moindre grâce, et avec un gémissement affligé, Aviana s'écrasa aux pieds de l'Orc, empêtrée dans le piège lesté de lourds poids d'élémentium.

Alors que Darsok s'approchait de sa prise pour l'admirer, une voix narquoise fit remarquer :

« Il l'a eue. J'avais raison, et tu me dois trente pièces d'or. »

Dégainant brusquement ses dagues, Darsok s'interposa entre sa proie et les deux humains, un homme et une femme, qui émergeaient du couvert des arbres.

Tous deux vêtus de longues robes noires et mauves, le regard sombre et les yeux cerclés de tatouages, ils ne payaient pas de mine. Pourtant, l'instinct de Darsok l'avertissait que ces gens étaient dangereux : d'étranges frissons glacés courraient le long de son épine dorsale.

« Les rumeurs disaient vrai, concéda celui qui venait de perdre une belle part de sa solde. Aviana est ressuscitée. Et la bonne nouvelle, c'est qu'on n'aura même pas besoin de se donner de mal pour la capturer. Le patron Cho'gall, il va être content. »

Sans parvenir à comprendre pourquoi il était terrifié, Darsok crispa les doigts sur ses dagues et se pencha légèrement, prêt à défendre son trophée, et sa vie. Spontanément, il avait deviné que les sectateurs ne partiraient pas sans lui avoir pris les deux.

« Lâche tes armes ! ordonna sombrement la femme, le visage sévère. Lâche-les, ou je m'occupe personnellement de te trancher les mains pour régler le problème. »

Quelque chose dans sa voix poussa Darsok à obéir. Capituler était si contraire à sa nature qu'il se demanda si elle ne lui avait pas jeté un sort pour l'y contraindre. Ses lames glissèrent au sol avec un tintement métallique qui fit sourire l'humain ; un sourire malsain et sinistre.

« J'aime mieux ça. Qu'est-ce que tu en dis, Corla ? On en reste là et on se quitte bons amis ?

- Non. Tue-le, exigea la femme, intransigeante.
- Pourquoi ça ? Qu'est-ce que tu crois qu'il peut aller raconter que l'ennemi ne sait pas déjà ?
- Ce n'est pas le problème. Mon cher, je te sens encore réticent à nos méthodes : cela pourrait t'attirer des ennuis. Comprends-moi bien : je me moque pas mal de ce qu'il pourrait dire à qui que ce soit. Il est là, désarmé, et j'ai envie qu'il meure. Rien de plus compliqué que ça. »

Emmêlée dans son filet, Aviana respirait doucement. Lorsque son regard croisa celui de Darsok, elle lui adressa un sourire cruel :
« Peut-être que tu m'as piégée, Orc, mais tu n'imagines pas ma satisfaction à l'idée que tu souffriras autant que moi de cette décision. ».

(Par Ellonlutha) 


Elina tournait en rond et jetait de fréquents regards vers le ciel. Que faisait cet elfe de malheur ? Il avait décidé de disparaître au moment où sa déesse avait le plus besoin de lui. Il lui avait également interdit de bouger. Qui était-il pour lui donner des ordres ? Elle tapa du pied et secoua les ailes comme pour s'envoler puis cessa une nouvelle fois. Il avait raison et ça l'énervait encore plus : elle ne pouvait pas agir sans réfléchir car elle avait trop à perdre. Elle regarda l’œuf posé à ses pieds. Elle devait attendre. Elle recommença à faire les cents pas. Cependant cette fois, elle ne termina pas son trajet. En effet, à peine eut-elle fait quelques foulées qu'elle entendit des battements d'ailes. Elle se retourna rapidement et observa l'immense corbeau qui descendait vers elle. L'elfe se retransforma rapidement.

"- Je l'ai trouvée, elle est dans un des camps du marteau du crépuscule.

- Très bien, allons-y alors et massacrons-les pour cet affront !

- Attendez une minute ! Ils sont beaucoup plus nombreux que nous, nous n'avons aucune chance. Ça serait totalement stupide et irresponsable de foncer tête baissée !"

Elina sentit grincer sa mâchoire sous l'effet du mécontentement. Cet elfe avait encore raison...

"- Qu'est ce que vous proposez ?

- J'ai peut-être une idée..."

*

La lame d'acier était plaquée contre le cou de l'orc par l'homme en robe. La femme s'éloignait dans son dos en traînant le filet contenant Aviana. Elle semblait peiner. L'homme en robe hésitait. Il n'avait jamais tué de victime de sang froid et encore moins un parfait innocent. Son entrée dans le marteau était récente. Il avait évidement dû passer plusieurs épreuves mais il avait réussit. L'idéologie de ce culte lui plaisait mais il avait vite remarqué que les membres de celui-ci étaient des ordures. Il ne voulait en rien leur ressembler mais pour de nombreuses tâches il n'avait pas eu le choix. Il fit un geste brusque avec sa lame et poussa l'orc par terre. Ce dernier atterrit lourdement sur le sol.

La dénommée Corla, qui avait fait une pause, le regarda en souriant et hochant la tête. Il courut presque pour la rejoindre et se mit à l'aider. Elle cessa de tirer le filet et se mit dans le sens de la marche.
Derrière eux, l'orc s'était retourné sur le dos et frottait sa gorge avec énergie. Il avait bien cru y passer et il était largement soulagé de n'avoir aucune égratignure. Il se remit lentement debout en savourant pleinement cette chose aussi simple que de se lever qu'il avait failli ne plus pouvoir faire.
Bien, maintenant il devait récupérer ce que ces deux individus lui avaient volé : sa gloire était en jeu.

*

Non-loin de là, Elina et Turiel, cachés derrière un buisson, observaient un camp du marteau du crépuscule. Ils avaient tous deux revêtus une des robes du culte récupérées par des mercenaires. Elina avait également ajouté une chemise sous sa robe pour cacher en majeure partie ses ailes. Elle observa Turiel. Cet elfe était fou, elle en était presque sûre. Mais il avait aussi raison et c'était sans doute pour ça qu'elle avait décidé de le suivre dans ce plan dément. Elle se leva pour le suivre alors que celui-ci avait commencé à contourner le buisson. Ils descendirent vers le camp. Personne ne leur prêta réellement attention jusqu'à qu'ils arrivent devant une petite bonne femme qui tapait un pied sur le sol. Elle les foudroya du regard.

"Qu'est ce que vous faites là, vous, à errer comme des nigauds ? Qui m'a encore fichu des recrues pareilles ? Vous êtes nouveaux c'est ça ? En tout cas bonjour les apprentis, même pas fichus de se bouger un peu. Il faut qu'on vienne vous chercher dans votre lit ? Vous n'êtes plus chez môman ! Si vous voulez faire vos preuves allez-donc me chercher un croc de chien du magma et plus vite que ça !"

Turiel hocha vigoureusement la tête et parti en courant vers l'extérieur du camp. Un peu hésitante, Elina le suivit après s'être prit un nouveau regard noir de la femme. Elle rattrapa le druide en sautillant. Ses vêtements la gênaient, elle n'avait pas l'habitude d'en porter surtout au niveau de ses bras. Elle lui attrapa le bras et le tira vers elle.

"- On ne va quand même pas leur obéir ?

- Si, ne t'inquiète pas, c'est pour le bien du plan. Quand nous serons rentrés totalement dans le culte nous pourrons plus facilement circuler dans le camp et donc approcher la cage. Nous pourrons donc délivrer Aviana."

Son raisonnement se tenait mais elle trouvait que c'était trop facile. Ils marchèrent un moment sur la terre brûlée. Ses pieds sentaient à chaque pas à quel point le sol avait souffert. Ses sens chamaniques étaient en alerte constante ce qui lui donnait l'impression d'avoir de la fièvre. Elle suivait Turiel qui semblait en colère dès qu'il posait les yeux sur la végétation ravagée. Ils s'arrêtèrent à de nombreuses reprises pour observer le paysage. Alors qu'ils contournaient un rocher, ils entendirent un grognement. Turiel poussa Elina contre le rocher en lui faisant signe de ne faire aucun bruit. En jetant un coup d'œil derrière l'obstacle, ils aperçurent une bête hideuse endormie. Sa bouche, entrouverte et hérissée de crocs immenses, laissait couler un peu de magma et rien qu'à cette distance Elina sentait le rayonnement de la chaleur. Turiel montra 3 avec ses doigts en pointant vers la bête. Elina hocha la tête. Elle leva les bras vers le ciel et murmura tout bas : "Esprit du vent, entend mon appel : accorde moi force et rapidité". Une petite brise se leva et elle sentit ses plumes s'agiter. Elle retira sa chemise et la robe pour pouvoir bouger à son aise. Turiel attendit qu'elle soit prête puis se mit à compter tout bas "3...2...1". Ils s'élancèrent de l'autre côté du rocher : Elina par le ciel, Turiel en le contournant. Il frappa d'un puissant coup de bâton le chien du magma qui se réveilla en sursaut. Elina fonça sur lui, les serres en avant, et lui laissa deux belles blessures près de ses yeux. Elle échappa ensuite agilement à son coup de dents dans sa direction puis lui lacéra les flancs. Turiel, quant à lui, lança un sort dans sa direction. Un éclair sortit de son bâton et vint foudroyer le chien. Il s'écroula rapidement sous l'assaut des deux compagnons. Ils s'arrêtèrent ensuite un moment pour souffler puis arrachèrent les crocs. Elina se rhabilla ensuite et ils regagnèrent le camp. La petite femme notait des choses sur un cahier quand ils arrivèrent. Elle leur lança un regard méprisant.

"C'est pas trop tôt. J'ai bien cru que vous vous étiez perdus et que j'allais devoir envoyer deux incapables pour vous chercher. Bon... C'est quoi ces machins ? Ouais, ça peut aller. Vous avez mérité le titre de recrue. Fichez-moi le camp maintenant. Je veux vous voir à l’entraînement avec les autres demain. Allez, dégagez."

Elina et Turiel ne se firent pas prier. Ils s'éloignèrent rapidement en observant les alentours. A présent, ils avaient le libre champ pour explorer le camp.

*

Darsok observait tranquillement la piste. Oui, pas de doute, elle menait bien dans ce camp. Il leva la tête vers un piton rocheux qui surplombait la plaine dévastée. De là-haut, il pourrait repérer facilement sa cible. Il s'élança alors dans son ascension. Il manqua plusieurs fois de tomber mais il progressait assez vite. Il fut bientôt assez haut pour voir le camp dans son ensemble. Il continua à monter jusqu'à atteindre une plate forme assez grande pour qu'il puisse s'y asseoir sans risquer de tomber. Le camp était plus petit qu'il croyait. Il repéra assez rapidement la zone où avaient été placées les cages. Il repéra plusieurs cultistes à proximité et entreprit de les compter. Il pesta tout bas contre ceux qui bougeaient, partaient, revenaient et faussaient ainsi ses comptes. Il réussit tout de même à en compter une petite dizaine surveillant les cages ou s'affairant non loin de là. Il repéra deux nouveaux cultistes s'approchant des cages. L'un d'eux portait un bol. Ils discutèrent un moment avec les deux gardiens. Ceux-ci les laissèrent passer. Ils s'en allèrent après que les autres eurent prit leurs armes et eurent posé le bol à proximité de la plus grande cage -celle qui contenait sûrement Aviana. Ils se mirent en faction et commencèrent leur tour de garde. Darsok entreprit de réfléchir à un plan pour les occuper et récupérer son dû. Il sortit de ses pensées en voyant du mouvement. L'un des gardiens essayait d'ouvrir la cage pendant que l'autre surveillait. La capuche de celui qui s'affairait contre les barreaux tomba en dévoilant une tête de harpie : la harpie bleue ! Darsok hoqueta en voyant sa future gloire s'éloigner à nouveau. Il entreprit de descendre pour essayer de couper la route aux sauveteurs d'Aviana.

*

Elina essayait d'ouvrir la cage. Elle n'était pas habituée aux serrures et peinait à tourner la clé. Ils s'étaient mis dans une sacrée panade. Les deux gardes dont ils avaient prit la relève ne tarderaient pas à se rendre compte qu'il n'était pas l'heure de la fin de leur service et se douteraient de quelque chose d'autant plus qu'ils n'avaient été remplacés que par des simples recrues. Turiel avait réussi à les convaincre de la normalité de la chose en se comportant comme quelqu'un de parfaitement au courant de ses droits mais la ruse ne tenait qu'à un fil. Elle parvint enfin à tourner la clé et entendit le déclic de la serrure alors que la porte de la cage en élémentium crissait doucement sur ses gonds. Turiel se précipita derrière elle en la bousculant à moitié et attrapa Aviana. Il la plaça sur son dos en mettant ses bras autour de son cou et se transforma en corbeau alors qu'Elina se débarrassait de ses vêtements. Ils s'envolèrent alors qu'un des cultistes venaient de les apercevoir. Alors que le camp disparaissait de leur champ de vision, ils entendirent un hurlement orc au loin "Je vous retrouverai !". Ils n'avaient pourtant pas vu beaucoup d'orcs parmi les cultistes et encore moins de gradés. Aviana se remettait lentement de ses émotions. La captivité dans cette cage sans doute enchantée lui avait pompé ses forces mais en tant que déesse elle savait régénérer rapidement. Ils arrivèrent rapidement au sanctuaire. Aviana, encore faible, réussit à descendre d'elle même du dos de Turiel. Elle posa sur eux des regards à la fois calculateurs et fiers. Elle brisa le silence de sa voix rauque.

"Je vous remercie fidèles disciples et vous donne en guise de ma gratitude ma bénédiction. Toi, jeune harpie, je te récompenserai en te conseillant de rejoindre le grand Nord. Tu n'y trouveras pas la paix mais tu quitteras le chaos. Quant à toi, druide, j'ai une mission à te confier."

Elle posa longuement son regard sur Elina qui comprit rapidement le message : mission confidentielle. Elle les laissa seuls en savourant le cadeau de sa déesse : un foyer, un moyen de refaire son vol. Une fois Elina partie, Aviana se tourna vers le druide.


"Druide, veille sur cette harpie. Elle a un destin incroyable. Aide-la mais ne lui dit rien de ta mission pour ne pas influencer le destin. Je te fais gage de ceci. Sers-toi de cette amulette qu'en cas de nécessité."

Elle lui tendit un caillou rouge accroché à une ficelle. Le druide la prit avec délicatesse et la passa autour de son cou. Il s'inclina bien bas sans ajouter quoi que ce soit. Sa déesse lui avait confié une mission et il comptait bien l'honorer.

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