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Lève-toi pour me servir

Par Lothan
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Lève-toi pour me servir

La Cour des Crânes avait beaucoup changée, pendant cette journée. Alexstrasza et son groupe avaient tout incinéré, et aucun cadavre ne pouvait désormais plus le servir. Sur la corniche ouest, les catapultes des Réprouvés avaient été en majorité détruites, de même que leurs servants. Le Bastion Fordragon et l'Avant-garde Kor'kron étaient déserts. Autour de lui, les goules s'activaient pour reprendre l'endroit, et il vit un groupe d'abominations transporter le corps sans vit de Saurcroc le Jeune vers la Citadelle. Le chef orc pouvait bien attendre.

Impérial, le roi-liche avança vers le seul cadavre qui n'avait pas complètement brûlé, grâce à sa détermination ou à la Lumière - peut-être les deux. Le maître du Fléau se savait affaibli par les machines de Putrescin, mais il lui restait largement assez de forces pour ce qu'il souhaitait accomplir. Il s'agenouilla, puis retourna le cadavre ; celui-ci était manifestement celui d'un humain, mais ses avant-bras et ses jambes étaient en feu, malgré le froid de la nuit. Son armure était complètement détruite, bien que quelques morceaux fussent encore accrochés à sa chair incandescente. Son visage était méconnaissable, et son crâne dépourvu de cheveux. Le roi-liche ramassa la dépouille, puis il retourna dans sa demeure. Le Citadelle de la Couronne de Glace.

Le sommet de la Citadelle était qualifié de « Pointe céleste » par les Vrykuls, non seulement à cause de la puissance qu'il représentait, mais aussi par sa taille. Sur la plate-forme qui jouxtait l'escalier menant au Trône de Glace, le roi-liche posa le cadavre de l'humain, puis il se releva en le contemplant pendant de longues minutes. Finalement, il porta la main à son fourreau et dégaina Deuillegivre. L'arme maudite étincela malgré l'absence de lune, et le roi-liche dit de sa voix grave :

« Que l'étincelle de vie qui t'habitait revienne en toi. Que ma lame t'insuffle la vie, et qu'en retour tu donnes la mort. Que tu quittes le royaume des défunts pour me servir, Bolvar Fordragon ! ».

Le roi-liche leva sa main gauche, et des langues d'énergie violettes la quittèrent pour pénétrer dans le corps brûlant de l'officier de l'Alliance. Le Trône de Glace trembla au moment où la puissance nécromantique du roi-liche quitta Deuillegivre pour atteindre Bolvar de plein fouet. Celui-ci remua légèrement, et tressaillit en sentant de l'air froid s'accumuler autour de lui. Un chevalet de glace venait de se matérialiser sur la plate-forme et, encore instable, Bolvar s'effondra dessus alors que des entraves de magie l'entouraient.

« Bolvar Fordragon, tonna le roi-liche, tu es maintenant au service du Fléau ! Oublie ton dévouement au service de l'Alliance et des vivants, car tu es maintenant leur ennemi ! Je faire de toi le Chevalier de la Mort qui t'occuperas de ce colisée que la Croisade d'Argent construit !

-Jamais... je ne... te servirai, Arthas, grogna Bolvar d'une voix faible ».

Le roi-liche recula légèrement, surpris d'être défié. Puis un large sourire apparut sur son visage d'humain, et il plaça sa main sur la poitrine de l'ancien Généralissime, lui arrachant un cri.

« Je mettrai le temps qu'il faut, Bolvar Fordragon, mais tu sera mien. Je t'en fais la promesse ».

Le vent fouettait son visage, mais il ne ressentait plus rien, à part la douleur. Les trois dernières semaines avaient été éprouvantes, mais la douleur que lui infligeait le roi-liche n'était rien comparée au vide qu'il ressentait sous son pectoral gauche. Il se lamentait intérieurement d'avoir échoué à vaincre Arthas, et désespérait de ne plus sentir la chaleur des vivants. Sa seule compagnie était un escadron de gargouilles qui surveillaient le Trône de Glace, lorsque le roi-liche s'adonnait à des activités mystérieuses dans les entrailles de la Citadelle. Il avait cru entendre les cris d'un
dragon torturé, mais il s'en moquait.

« Toujours disposé à me résister ? demanda une voix narquoise mais terrifiante ».

Le roi-liche contourna le chevalet de glace, puis il regarda au loin, vers le nord-est.

« Mes espions m'affirment que la Croisade d'Argent est particulièrement active, et qu'Achérus est bel et bien tombé aux mains de ce traître de Darion. C'est dommage ».

Bolvar n'avait aucune idée de ce dont parlait son tortionnaire, même s'il avait entendu dire, avant la bataille du Portail du Courroux, que des Chevaliers de la Mort commandés par Darion Mograine s'étaient rebellés.

« Pourquoi me résistes-tu ?
-Mon roi m'a confié une mission, et j'ai échoué, cracha Bolvar. La dernière chose à faire serait de te servir, Arthas.
-Je ne suis pas Arthas Menethil, fit le roi-liche d'un ton goguenard. Je t'apparais comme tel, mais ça n'est qu'une enveloppe. Je suis Arthas, mais je suis aussi Ner'Zul. J'ai plié le prince de Lordaeron à ma volonté, et je ferai de même avec toi.
-Gaspille donc ton temps sur moi, mais sache que les champions de la justice viendront à toi, et ils te détruiront pour tous tes crimes ! ».

Le roi-liche ricana, puis il planta brusquement Deuillegivre dans le ventre de Bolvar. Ce dernier hurla alors le feu d'Alexstrasza était consumé par la vague d'ombre qui émanait de la lame maudite, ravageant sa force physique. Mais son esprit résistait à la volonté de fer du roi-liche. L'écho malsain propagé par Deuillegivre le lançait terriblement, et sa vision se brouilla. Il entendait difficilement les paroles de son tortionnaire, mais il se concentrait surtout sur la tâche de maintenir la corruption du roi-liche le plus loin possible de son esprit.

« Ta ténacité n'est qu'un obstacle que je détruirai, dit Arthas en enfonçant un peu plus Deuillegivre dans le corps de Bolvar. Tu seras mon meilleur jouet, l'instrument final de la destruction de la Croisade d'Argent ! ».

Cela faisait maintenant trois mois qu'il avait été capturé, et sa détermination s'amenuisait peu à peu. La morsure impie de Deuillegivre était inscrite dans ses entrailles, et il sentait clairement que son esprit n'allait pas tarder à céder.

« Je ne... peux... plus, souffla Bolvar.
-Si. Tu dois tenir ».

La voix grave qui venait de parler n'appartenait pas au roi-liche. Sans que les gargouilles ne la remarque, une silhouette venait de se matérialiser devant le chevalet de glace. Des volutes de fumée blanche tournoyèrent jusqu'à former un corps humanoïde, puis plus de détails apparurent : l'homme avait de longs cheveux blancs - bien que tout son corps le fusse - bien coupés, et une petite barbe.

Ses yeux sans couleur respiraient la sagesse et l'autorité, et une couronne de mithril sertie de joyaux reposait sur sa tête. Sa carrure était noble.
« Roi... Terenas ? demanda Bolvar d'un ton faible.
-C'est bien moi, Bolvar Fordragon. Ne crois pas que la Lumière t'a abandonnée. A l'heure où tout le monde pense que ton destin était de tomber sous les coups traîtres des Réprouvés, je t'assure que quelque chose de bien plus grand t'attends.
-Je... ne peux... tenir plus... longtemps.
-Tu le dois ! s'exclama le fantôme de Terenas. Les champions de la Croisade d'Argent attaquent en ce moment même la Citadelle de la Couronne de Glace, et ton calvaire sera bientôt terminé. Tu dois tenir ».

Alors que l'ancien roi de Lordaeron s'évanouissait, le maître du Fléau apparut, Deuillegivre dans son fourreau.

« Bolvar ! tonna t-il. Je ne peux attendre plus longtemps pour te soumettre !
-L'éternité ne te serait pas suffisante pour me plier à ta volonté, Arthas ».

Le roi-liche ne répondit pas, et quelqu'un s'avança à côté de lui. C'était manifestement un Orc, mais son teint était très pâle. Son armure était celle d'un Chevalier de la Mort, mais Bolvar parvint à distinguer le tabard qui le recouvrait.

« Saurcroc ! s'écria t-il en voyant le symbole de l'Avant-garde Kor'kron.
-Bolvar, répondit l'Orc d'un ton égal. Il ne sert à rein de résister. Ton destin est de servir mon maître ».

Deux fois en une journée qu'on lui parlait de destin. Bolvar ferma les yeux, puis il dit :

« Ton père était fier de toi, Saurcroc, et ta bravoure t'a honoré jusque dans la mort. Mais ne laisse pas celle-ci te dominer.
-C'est trop tard. Notre pitoyable alliance a prouvée que la puissance incommensurable du roi-liche ne peut être vaincue.
-En effet, fit Arthas en regardant le ciel. Porte-mort, retourne à ta tâche. Nos invités vont bientôt être là, et j'attends que tu les accueilles comme il se doit ».

Saurcroc eut un sourire prédateur, puis il détacha sa hache de son dos et quitta le champ de vision de Bolvar.

« Bien, commença le roi-liche. Tu es remarquablement tenace, mais je sens ton esprit flétrir aussi sûrement que les fleurs qui reposent dans les ruines de Lordaeron.
-Jamais je ne céderai, répliqua Bolvar d'un ton déterminé. L'injustice de tes actes me permet de
maintenir mon esprit dans le droit chemin.
-Alors la... ».

Le roi-liche fut interrompu par un Chevalier de la Mort. Celui-ci était manifestement humain, et il était grand et droit.

« Maître, dit-il en s'agenouillant, les forces conjointes de l'Alliance et de la Horde s'approchent de la Salle des Reflets.

-Ainsi, ils ont pénétré si loin dans mon domaine, fit Arthas d'un ton pensif. Je vais aller voir de quoi il retourne. Quant à toi, ajouta t-il à l'attention de Bolvar, ça n'est qu'une question de temps ».

Alors que le roi-liche et son sbire quittaient la plate-forme, accompagnés par les gargouilles, Bolvar ferma les yeux et se concentra. Même si la magie impie de Deuillegivre circulait dans son corps, l'imprégnant de puissance nécromantique, l'ancien Généralissime sentait la chaleur pure de la flamme d'Alexstrasza, lorsque la Lieuse-de-Vie avait incinéré la Cour des Crânes.

Grâce à la puissance de son esprit, il isola le feu du dragon et le façonna de manière à détruire le chevalet ; celui-ci fondit un peu, et les fils de magie de l'ombre commencèrent à se déchirer. Pendant plusieurs heures, il rassembla l'énergie qui lui restait pour combattre la puissance du roi liche. La détermination de Bolvar était telle que le chevalet implosa, projetant l'ami de Varian Wrynn plus loin. Il se releva tant bien que mal, puis tressaillit lorsqu'une lame lui traversa le bas du dos pour ressortir par son abdomen.

« Tu pensais pouvoir m'échapper ? tonna Arthas en se gaussant. Tes amis approchent, mais ton action est la preuve du désespoir qui t'habite. Mais puisque tu tiens tellement à t'échapper, je vais te laisser une place de choix ! ».

Par la seule force de son esprit, invoqua des chaînes qui s'enroulèrent autour des chevilles et des poignets de Bolvar. Puis les entraves s'accrochèrent aux deux pointes de saronite qui étaient devant le Trône de Glace, et l'ancien Généralissime gémit de douleur.

« Je t'ai relevé d'entre les morts, dit le roi-liche. Et tu va me servir ».

Plus bas dans la Citadelle, les champions de la Lumière approchaient
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