Fanfiction World of Warcraft

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Les chroniques de la non-vie

Par Léthé

Chapitre 1

Chapitre 2

Les Chroniques de la non-vie, Partie 3

Les Chroniques de la non-vie, Partie 4

Les Chroniques de la non-vie, Partie 5

Les Chroniques de la non-vie, Partie 6

Les Chroniques de la non-vie, Partie 7

La brume épaisse et malsaine qui lourdement empuantait l'air des Maleterres de l'Est était bien sûr là. Perché sur sa monture squelettique, Léthé se disait une fois encore qu'être non-mort avait parfois ses avantages: ne pas avoir à respirer les effluves immondes de cette brume poisseuse issue des chaudrons du Fléau par exemple. Maudits soient-ils! Un mouvement à la limite de son champ de vision le ramena à se focaliser à nouveau sur son environnement proche. Un raclement se fit entendre, griffes sur la roche. Il renvoya sa monture et dégaina ses armes. En contemplant l'aura rouge qui les nimbait, il se dit qu'un de ces prochains jours, il lui faudrait faire à nouveau appel aux services d'un enchanteur. Car ce n'était plus des bêtes qu'il affrontait depuis quelques temps aux Maleterres.

A nouveau le raclement. Il se déplaça légèrement en avant sur le monticule de terre sur lequel il était perché. Une silhouette humanoïde se profila devant lui, pas loin. Pour le moment, il n'avait pas encore été repéré. S'assurant qu'aucune autre de ces créatures ne se trouvait à proximité, il chargea. En quelques puissantes enjambées, il était sur la chose, qu'il gratifia d'un puissant coup sur le crâne. Bien que non-morte elle aussi, la créature fut quand même affectée par le coup, et pendant quelques secondes sembla totalement désorientée. Assez de temps à Léthé pour lui permettre de porter un coup vicieux qui pénétra l'armure de la chose, la rendant plus vulnérable. Puis ce fut l'habituel enchaînement de parades, esquives, coups vicieux sur les articulations et les points faibles de la créature. Celle-ci, anciennement un Troll, mais maintenant une créature non-morte corrompue soumise au Fléau, se battait à mains nues. Et bien. Mais pas assez pour Léthé, dont les mouvements étaient plus rapides. La créature succomba finalement sous les coups impitoyables de son bourreau. Léthé fouilla le corps du Troll. Quelques pièces d'argent. Toujours bon à prendre. Puis il entreprit de ramasser ce qui restait des morceaux des vêtements du Troll. Du tissu runique. Bon ça, bonne valeur commerciale. Puis, d'un coup d'épée pratiqué un nombre conséquent de fois, il ouvrit la cage thoracique de la créature pour accéder à l'emplacement du coeur. A la place de celui-ci se trouvait une pierre caractéristique, surnommée Pierre des Envahisseurs. L'Aube d'Argent vous récompensait pour ces pierres. Il l'extirpa du corps, et la mit dans son sac à dos. Il en avait une petite vingtaine, le bon nombre pour aller chercher sa récompense à la Barricade.

Mais cela attendrait. Il n'était pas venu ici pour cela.

L'ombre d'une bâtisse se profilait non loin. Prudemment, il s'approcha, aux aguets. Il savait par expérience que des Trolls non-morts pouvaient à tout moment surgir de la brume pour vous attaquer. Il enjamba une barrière rouillée, qui devait autrefois délimiter le cimetière attenant au tombeau de Jaedarr. De nos jours, cela n'empêchait plus quiconque d'entrer dans ce cimetière, ou d'en sortir... Il fit quelques pas, toujours prudent. Ce qu'il cherchait ne devait plus être loin... Il avança encore un peu, lisant à la va-vite les épitaphes sur les tombes. Finalement, un peu à l'écart par rapport au reste des tombes, il trouva celle qu'il cherchait: la tombe de Tirion Fordring. Il savait qu'elle était fausse, que nul corps ne gisait dessous. Il chercha du regard le monticule de terre qui l'intéressait. Là! Tiens, la terre semblait avoir été remuée il y a peu... Etrange. Il s'en approcha, prêt à creuser, lorsqu'un bruit métallique attira son attention. Il se retourna en dégainant.

Pour se retrouver face à un Elfe de la Nuit en armure de plaques, avec une épée à 2 mains. Par Sylvanas, que faisait-il ici? Léthé jaugea la valeur de son adversaire: le combat allait s'avérer difficile. Il avait là un Paladin expérimenté, donc pas facile... Ce dernier lui dit quelque chose dans cette langue incompréhensible utilisée par les gens de l'Alliance. Son attitude se détendit légèrement lorsqu'apparut non loin un Humain, tout aussi bien équipé que lui. S'il avait pu encore transpirer, Léthé l'aurait certainement fait. A deux contre un, il n'avait que peu de chances de s'en sortir indemne. Il vendrait cher sa peau de Réprouvé, foi de non-mort!

C'est alors qu'il aperçut une broche caractéristique au cou du Paladin. L'Humain portait la même, et Léthé aussi. C'était une broche magique fournie par l'Aube d'Argent à tous ses membres, pour leur permettre de se reconnaitre comme du même bord. Car l'Aube n'était ni pour la Horde, ni pour l'Alliance: elle était neutre, son adversaire juré étant le Fléau. Léthé se détendit un peu: ils n'étaient peut-être pas là pour chasser du Réprouvé... Les deux membres de l'Alliance discutaient entre eux, l'Humain pointant Léthé du doigt, puis la tombe. Que pouvaient-ils bien se dire? Avaient-ils aussi vu que Léthé portait la broche? Il l'espérait...

Léthé s'apprêtait à se remettre à creuser, tout en gardant ses armes à portée de main, lorsqu'un bruit de pas se fit entendre. Aussitôt, il reprit ses armes. Le Paladin et l'Humain se préparèrent aussi au combat. Ce qui approchait ne semblait pas être des morts, trop bruyants... Cinq petites silhouettes trapues émergèrent du brouillard. Des Nains! Les quatre premiers avaient des pelles et des pioches en main, et n'étaient armurés que de cuir renforcé. Le cinquième, visiblement leur chef, portait de la maille et une épée. Ils avaient tout du pilleur de tombes... Leur chef lâcha quelques mots dans la langue de l'Alliance, et tous chargèrent. Oups... Léthé se jeta dans la mêlée, et quelle ne fut pas sa surprise lorsque le Paladin et l'Humain firent de même. Pas contre lui, mais contre les Nains!

La mêlée fut confuse, les coups échangés d'une rare violence. Par Sylvanas, pour des pilleurs de tombes, ils cognaient fort! Mais cinq Nains, aussi forts cognent-ils, face à trois combattants expérimentés et équipés, ne firent pas le poids. Ce furent bientôt cinq cadavres de plus qui allèrent agrémenter le cimetière... Léthé essuya ses lames sur l'un des corps, puis entreprit de fouiller le corps le plus proche. C'était celui du chef des pilleurs, qui pour une raison inconnue avait persisté, durant le combat, à s'acharner sur lui. Si prise de guerre il devait y avoir, il y aurait droit. Il ramassa quelques pièces d'argent. Mais le plus intéressant fut ce qu'il trouva dans la gibecière du Nain: un marteau de guerre miniature en fer, délicatement ciselé, avec un "T" runique gravé sur le manche. Incroyable! Le marteau de Taelan, l'objet que Léthé était venu chercher ici! Voilà pourquoi la terre avait été remuée...

Il prit le marteau et le glissa dans une des sacoches de sa ceinture, en espérant que les deux membres de l'Alliance n'aient rien vu, occupés qu'ils étaient à fouiller les corps des autres Nains. Léthé se redressa. Les vivants aussi. Il ne prit pas la peine de les remercier pour ce qu'ils venaient de faire, car ils ne comprendraient pas. Il les salua de manière militaire, ce qu'ils comprendraient certainement mieux. Ils lui rendirent son salut. Puis il invoqua sa monture squelettique, et une fois juché dessus fit quelques pas pour s'éloigner. Il s'arrêta et jeta un oeil en arrière. Les deux hommes étaient en train de creuser la fausse tombe de Tirion Fordring. Ils avaient vraisemblablement dû penser que Léthé était là pour chasser les servants du Fléau. Sans doute espéraient-ils trouver le marteau de Taelan... Souriant intérieurement au coup de pouce que lui avait donné le Destin, Léthé lança sa morte monture au galop. Direction les rives de la Thonrondril, et la cabane d'un certain Tirion Fordring, considéré comme un traître par les siens.

Léthé se demanda ce qu'il lui faudrait encore faire pour la rédemption de cet homme...
La Monstruosité raccommodée s'effondra enfin, exhalant des vapeurs méphitiques de ses entrailles mises à l'air. S'il avait été capable de sentir les odeurs, Léthé en aurait certainement été pris de nausées. Mais comme lui-même était non-mort depuis une soixantaine d'années, il n'en avait cure. Il se dépêcha de prélever un peu de la pourriture vivante qui s'était développée par plaques sur le corps de sa victime. Léthé avait beau être mort lui-même, il y avait certaines substances qu'il se refusait à ingérer, même si la nécrophagie ne lui était pas inconnue. Après tout, cette pourriture n'était destinée qu'à nourrir les chiens de son nouveau maître d'armes, Nathanos Blightcaller, le Champion de Dame Sylvanas.

Cela n'était qu'une des épreuves de plus à subir, afin de pouvoir s'attirer les bonnes grâces du Champion. "Va tuer des Chiens pestiférés", avait-il ordonné. Léthé avait tué. "Va tuer des Chauve-souris pestiférées", avait-il dit. Léthé avait encore tué. "Va me chercher sept échantillons de pourriture vivante sur les servants du Fléau à la Croisée de Corin, puis broies-les dans ce bol avec ce mortier et fais-en de la pourriture coagulée. Mes chiens adorent cela comme nourriture!". Léthé était parti.

Cela faisait la sixième créature qu'il ramenait dans le trépas définitif. Il avait auparavant supprimé trois Goules gargouillantes (ce qu'il les aimait celles-là, avec leurs gargouillis ridicules), et deux Ombres hurlantes. La Monstruosité avait suivi. Plus que deux. Et vite, car la pourriture ne restait vivante qu'une dizaine de minutes après que l'on l'ait prélevée sur le corps de son hôte. Plus qu'une... et vite!

Un cliquetis d'ossements entrechoqués avertit Léthé du danger. Par réflexe, il se retourna, brandissant sa lame de Trash et sa hache de Rin'ji. Dans un fracas métallique, son épée bloqua celle de son agresseur. Celui-ci n'était autre qu'un Gardien du Fléau, un ancien Paladin revenu d'au-delà de la Mort pour servir le Fléau. Léthé les détestait ceux-là. Un Paladin vivant est déjà exécrable avec son sort de protection, et les morts-vivants ne font pas exception. De plus, contrairement à beaucoup d'autres morts-vivants du Fléau, les Gardiens avaient, on ne sait trop comment, conservé une partie de leur savoir du combat après leur mort, ce qui en faisait des adversaires redoutables. Tout comme nombre de Réprouvés en fait... Une dans mortelle s'engagea entre Léthé et son adversaire, chacun essayant de trouver un point faible chez l'autre pour y porter un coup. Attaques, parades, feintes, esquives, sorts de protection, coups visant les jointures de l'armure pour l'affaiblir, tout y passa. Et pendant plusieurs minutes de combat intenses. Mais Léthé, en plus d'avoir une armure complète d'Emeraude neuve et de bonnes armes, avait un autre avantage sur son adversaire. Il était plus qu'un bête mort-vivant: il était un Réprouvé au service de Dame Sylvanas, avec sa volonté propre. Il n'était pas un pantin du Fléau. Et c'est cette volonté d'en finir avec son adversaire qui lui permit de triompher du Gardien. Profitant d'une faille dans la défense déclinante de son adversaire, il en profita pour placer une succession de coups rapides et violents particulièrement vicieux. L'un de ses précédents maîtres d'armes avait appelé cette technique Exécution. Et elle fonctionnait très bien (correctement exécutée), même sur un mort-vivant qui ne saigne pas. Le Gardien s'effondra en une pile d'os et de morceaux d'armure, le lien magique qui le maintenait en vie définitivement rompu.

Aussitôt, Léthé se hâta de prélever sur les os un peu de pourriture vivante. Il sortit les 6 autres échantillons de son sac à dos. Aucune ne présentait encore cette ignoble teinte grisâtre qui indiquait qu'elle était morte. Il avait de la chance, mais il savait aussi qu'il ne devait pas en abuser, sous peine de de voir ses efforts ruinés. Il sortit aussi le bol et le pilon fournis par Nathanos. Il broya les échantillons un à un, comme on lui avait demandé de faire. Au fur et à mesure qu'il le faisait, la mixture commença à dégager des vapeurs horribles, acides. Mais il ne les sentait pas, donc quelle importance? Et même si elles semblaient être corrosives, ce ne seraient que quelques lambeaux de peau en moins sur son visage... Il irait un de ces jours s'immerger dans les torrents de baves/mucus/sécrétions vertes qui parcouraient Undercity, la cité des Réprouvés. Cela lui faisait un bien fou à chaque fois, et il s'en sentait généralement complètement guéri et ressourcé.

La mixture avait fini par coaguler, formant une sorte de pâte visqueuse de couleur brunâtre. Pas spécialement appétissant, mais bon, vu que c'était pour des chiens... Enfin, si l'on pouvait nommer "chiens" les deux molosses pestiférés, irradiant du gaz vert empoisonné, qui accompagnaient Nathanos. Il s'éloigna un peu de la Croisée de Corin, puis invoqua son cheval squelettique. Il prit la route, direction la ferme des Marris, là où était installé Nathanos.

Arrivé sur place, ce dernier ne le remercia même pas, et donna le brouet coagulé à manger à ses animaux de compagnie. Puis, d'un air satisfait, il se tourna vers Léthé. "T'ai-je déjà parlé de Crépuscaile, que je hais, et de Borelgore, le Ver géant?"

Léthé se dit qu'il allait encore devoir tuer pour satisfaire son maître. Mais qu'importe, il ne savait presque que faire ça, et il le faisait encore pas trop mal. Et il aimait ça...
« Pendant que vous collectiez les « provisions », quelques-uns de mes agents ont pu marquer les huit bâtiments du Fléau que nous devons démolir à Pestebois, au nord-ouest de la Chapelle de l'Espoir de Lumière. Il s'agit des Ziggourats et des Abattoirs du Fléau.

Voici le plan : je m'en vais vous donner dix bâtons de mon mélange spécial. Vous les porterez à Pestebois et les placerez dans les bâtiments du Fléau qui ont été marqués et sont destinés à sauter.

Smokey claqua des doigts.

Bing ! C'est pas plus compliqué que ça. »




Telles avaient été les paroles de Smokey LaRue, un brave Nain au service de l'Aube d'Argent, stationné à la Chapelle de l'Espoir de Lumière. Le petit malin ! Il avait bien deviné que Léthé était un ingénieur spécialisé en ingénierie gobeline, Et qu'il adorait lui aussi les explosifs... Aussi Léthé avait-il accepté avec joie cette mission pour l'Aube d'Argent. Quelle joie de pouvoir faire sauter les bâtiments du Fléau aux Maleterres de l'Est ! Pouvoir lui porter un bon coup de plus, affaiblir la production de la Peste du Fléau, issue des nombreux chaudrons disséminés en ces terres souillées et corrompues. Un programme relativement intéressant somme toute.

Léthé était donc parti aux Hinterlands, une contrée assez proche, peuplée de créatures relativement peu dangereuses, afin de miner du mithril et de la pierre solide, les principaux ingrédients nécessaires pour fabriquer les bombes explosives et les déclencheurs instables. Il avait estimé à quelques heures de minage aux Hinterlands, et il avait vu juste : il avait fait une fois le tour des frontières naturelles de la zone, et avait récolté suffisamment de mithril et de pierre solide. Il avait même miné un peu de vrai-argent et un tout petit peu de thorium. Que du bonheur ! Ensuite, il avait repris une chauve-souris direction Undercity, et avait acheté du tissu de mage à l'Hôtel des Ventes. Puis il s'était mis en quête d'un forgeron capable de forger le fameux bâtonnet en or. Il avait heureusement croisé son Régent de Guilde, Fleshgordon, qui lui forgea l'objet en peu de temps. Il était ensuite allé voir Michael Garett, le dresseur de chauve-souris d'Undercity, pour lui louer une monture capable de le transporter à la Chapelle de l'Espoir de Lumière. Là, il avait donné ses explosifs à Smokey, qui après un bricolage maison auquel Léthé (malgré sa bonne maîtrise de ingénierie gobeline) ne comprit pas grand-chose, lui avait fourni dix bâtons de son mélange explosif spécial. Attention toutefois, lui dit-il, car le mélange était TRES sensible aux flammes, donc éviter de l'y soumettre !

C'était il y a deux jours... Léthé avait ensuit invoqué sa fidèle monture squelettique, et avait chevauché au nord-ouest, direction Pestebois, le coeur du Fléau aux Maleterres de l'Est. Il y était déjà allé une ou deux fois, notamment pour aller chercher des termites pour saboter une scierie de la Croisade Ecarlate, et l'endroit l'avait impressionné. Tout là-bas était corrompu par le Fléau, du moindre animal à la moindre plante. Impossible de faire plus d'une centaine de mètres sans tomber nez à nez avec une Gargouille putride, un Chien pestiféré ou une Chauve-souris pestiférée. Sans parler des Larves putrides qui vaquaient en multitudes à leurs sombres vies, couvrant de leur mucus les champignons et moisissures corrompues qui partout croissaient sans limites.

Et le centre de Pestebois ! Des Gardes et des Champions du Fléau patrouillant sur les routes, accompagnées parfois de Monstruosités raccommodées, sans parler des innombrables spectres et revenants qui sans cesse hantent aussi les lieux, en compagnie de Chante-morts et de Goules cannibales. Un lieu de cauchemar, certes, mais un vrai vivier pour un guerrier comme Léthé qui adore tuer !
Deux jours qu'il jouait à cache-cache avec les pantins du Fléau. Passer l'entrée de chaque bâtiment avait été à chaque fois le plus difficile : apparemment, le Fléau avait décidé de poster systématiquement un soldat d'élite dans chaque entrée, ce qui ne facilitait guère la tâche. Heureusement, Léthé avait pu jusque là compter sur l'aide providentielle d'intervenants extérieurs, tous au service de l'Aube d'Argent : deux fois il eut le soutien bienvenu d'un druide Tauren, une autre fois il se retrouva épaulé par un mage Réprouvé, et la dernière fois il avait été agréablement aidé par un Elfe de la nuit, un guerrier apparemment... Il ne lui restait donc que quatre bâtiments à faire sauter, deux Ziggourats et deux Abattoirs. Justement, il y en avait un non loin de l'endroit où il se cachait. Il s'extirpa du tronc creux de « l'arbre » (allez savoir avec ces maladies du Fléau) dans lequel il s'était dissimulé pour regagner échapper à ses poursuivants, fort fâchés semble-t-il de voir leur Ziggourat flamber ! Il sortit sa longue-vue ornée de son sac à dos et examina sa cible. Rien ne bougeait alentours. Etrange... Il régla sa longue-vue, étonné de ne rien voir. Après une bonne dizaine de minutes d'observation, il dut se rendre à l'évidence : rien, aucun garde visible... Anormal. Mais bon, fallait tenter le coup quand même, piège ou pas.

Léthé accrocha sa hache à la ceinture et décrocha son bouclier du dos. Valait mieux assurer le coup. Il s'approcha à pas de loup, essayant d'être le plus discret possible, s'attendant à tout moment d'être pris dans un piège qui se refermerait sur lui. Il arriva dans l'entrée de l'Abattoir, en ayant dénombré trois ou quatre corps de Goules cannibales non loin. Il y avait eu combat très récemment ici. Mais qui ? Un autre membre de l'Aube d'Argent ? Une brouille entre les pantins du Fléau ? Il pénétra dans l'Abattoir mal éclairé, non sans avoir avant invoqué son petit Dragon mécanique en mithril, une réalisation ingénierie dont il était très fier. L'aide du dragon pouvait lui sauver la vie en cas de problèmes... Il descendit la volée de marches qui suivait l'entrée, puis arriva sur le palier qui donnait sur la pièce principale de l'Abattoir. Il se plaqua contre le mur et jeta un prudent coup d'oeil dans la pièce. Il y avait bien là les habituelles Abominations et Monstruosités raccommodées, mais cette fois-ci toutes déjà mortes. Et au centre de la pièce brillait la marque magique laissée par l'un des agents de Smokey. Léthé s'en approcha, les sens plus aux aguets que jamais. Il arriva à côté de la marque. Là, il prit le temps d'examiner encore une fois la scène du combat. Il remarqua quelque chose de brillant et de métallique qui dépassait sous l'une des Abominations mortes. Il examina la chose. Un gantelet d'armure de Vaillance. Un guerrier mort, sans doute au service de l'Aube d'Argent, ou alors venu chercher ici une gloire que jamais il ne trouverait... Léthé adressa une courte prière au mort, espérant que celui-ci ne se relève jamais comme pantin du Fléau. Puis il sortit l'un des bâtons explosifs de Smokey, le plaça sur la marque magique, puis l'alluma. Il sortit d'un pas rapide de l'Abattoir, et eut juste le temps de franchir son seuil lorsqu'une vague de flammes manqua presque de le calciner. Il fit encore quelques pas et se retourna pour contempler l'Abattoir en flammes. Joli spectacle ! Il s'éloigna rapidement, sachant que les pantins du Fléau allaient arriver très vite.
Plus que trois...
« Une femme, occupée à couper des légumes en dés pour la soupe du soir. Elle est vêtue de manière très simple. Sabots en bois, robe en lin verte, chemise de lin blanche. Un foulard de laine retient ses longs cheveux blonds. La lumière du soleil couchant, qui pénètre par l'unique fenêtre de la pièce, rend une atmosphère dorée à l'endroit. L'air est agréablement parfumé par un morceau de viande assaisonné qui grille lentement dans l'âtre de la cheminée. Un jeune garçon, d'une dizaine d'années, est assis devant la cheminée, et tourne de manière extrêmement consciencieuse la pièce de viande, afin qu'elle ne brûle pas. Parfois, il prend une cuillère en bois et l'utilise pour napper généreusement la viande avec une sauce aux herbes. Le garçon est heureux qu'on lui ait permis de s'occuper de cette tâche cruciale. Il est presque un homme à présent.
C'est jour de fête aujourd'hui : il y a dix ans, ses parents se mariaient, dans la chapelle d'Andorhal. Neuf mois plus tard, un troisième membre venait agrandir la jeune famille. Un homme entre alors dans la pièce. Il est grand, au teint hâlé, et bien fait. Il porte aussi des vêtements simples, et par-dessus une armure de cuir rigide. Une épée est ceinte à sa ceinture.

A son entrée, la femme se retourne, lui sourit, et vient l'embrasser. Le garçon fait pareil. Son père est revenu de son service de milice, enfin ! Une semaine d'absence, c'est long. Et exceptionnellement, il a reçu une permission pour rentrer chez lui afin de fêter son dixième anniversaire de mariage. Il embrasse sa femme et son fils, puis se rend dans la deuxième pièce de leur maison pour se débarrasser de son armure et arme. Après, il se rend à la rivière qui serpente non loin de leur ferme et se décrasse. Il rentre chez lui. Enfile des vêtements propres et retourne en cuisine, où la table est mise. Son fils et sa femme n'attendent plus que lui pour commencer. Il s'assied, et tous commencent à se régaler du repas de fête qui se trouve devant eux.

La lune éclaire leur chambre à coucher. Tout deux sont heureux, dans les bras l'un de l'autre. Ils ont l'impression de ne pas s'être vus et aimés depuis des mois, même si cela ne fait qu'une semaine. Dix ans de mariage, dix ans de bonheur. Il s'écarte délicatement de sa femme, pour ne pas la réveiller. Il se lève, enfile un pantalon et sort de la maison. Assis sur la souche sur laquelle d'ordinaire il débite son bois, il contemple ses champs, baignés de la lumière lunaire. Son front s'orne d'une ride de réflexion, lorsqu'il repense à cette dernière semaine de milice à Brill. Il n'en a pas parlé à sa femme, ne voulant pas gâcher la fête. Les membres de la communauté locale sont de plus en plus exposés au Fléau, et de plus en plus de morts-vivants sont vus, rôdant à la limite des terres. Certains hameaux proches auraient d'ailleurs été décimés par le Fléau... Aucune nouvelle récente de quelques fermes isolées... Pas bon signe.

Il est tiré de ses pensées par des cris de terreur provenant de la grange. Sans réfléchir, il se rue dans sa maison, dans sa chambre, et se saisit de son épée, rangée sous son lit. Il court vers la grange. Les cris sont devenus moins stridents, remplacés par des râles stridents d'agonie. Il ouvre la porte et entre. Ses quelques vaches et son âne sont bien là, mais horriblement mutilés : les tripes à l'air, les pattes sectionnées, les flancs griffés et...mordus ? Il prend pitié de son bétail, et tout en se demandant qui a bien pu commettre une telle atrocité, achève ses bestiaux. Il estime aussi le prix que va lui coûter le remplacement des bêtes. Cher...

Son fils hurle. Il sort en courant de la grange, sans même prêter une attention particulière à l'odeur particulière de mort qui flotte dans la grange. Il dépasse la cuisine et arrive dans sa chambre. Sa femme gît dans leur lit, sa gorge tranchée, une lame rouillée plantée au milieu du thorax. La moitié de son délicat visage semble avoir dépecé ou mordillé. Une forme indistincte est juchée sur l'échelle qui permet d'accéder aux combles. Il lui place un coup d'épée au niveau du genou, qui aurait dû lui trancher les tendons, le faisant tomber. Mais rien, la forme ne tombe pas. Son fils crie moins fort, et se met à gargouiller des propos incompréhensibles, pour finalement se taire. Il larde la forme de coups d'épée rageurs, les larmes aux yeux et la haine au coeur. La forme finit par s'effondrer, sectionnée en deux. Il grimpe sur l'échelle, s'attendant, avec raison, au pire. Son fils n'est plus qu'un amas de chair sanguinolent, réduit en bouillie par une créature impitoyable, à la force surhumaine, sans remords, et morte. Une Goule du Fléau. Il s'acharne sur cette dernière, vidant sa rage et sa tristesse sur ses restes. Sa famille n'est plus ! NON ! Il sort de sa maison, lâche son épée et tombe à genou, hurlant sa peine à la lune. Il ne remarque les autres morts-vivants que trop tard. Il prend un coup de griffe dans le dos, suivi d'une douleur incroyable lorsqu'il voit la pointe ensanglantée d'une épée ressortir par son sternum. Sa dernière vision est celle d'une Abomination, qui lève son bras, et qui abat sur sa tête son gigantesque tranchoir. Son maxillaire inférieur est séparé de son crâne, et il sombre dans un néant sombre à jamais... »

Léthé secoue sa tête. Quel est ce souvenir étrange, issu d'un temps dont il ne se souvient presque plus ? Il doit s'agir d'une réminiscence idéalisée de sa vie de mortel, avant qu'il ne tombe sous le coup du Fléau, ainsi que sa famille, et finisse par être tués par des morts-vivants... Il y a de cela une soixantaine d'années déjà ! Soixante ans qu'il s'était retrouvé au Glas, se relevant de sa tombe, libéré du joug du Fléau... Pourquoi ici et maintenant, alors qu'il vient de parler au fantôme de cette petite Pamela Redpath, qui lui demande de retrouver sa poupée ?


Les Maleterres réservent parfois d'étranges surprises...
La bannière du Fléau flottait au vent, plantée sur une tente de commandement brûlée, elle-même entourée de nombreux cadavres de Conjureurs, Chasseurs et Médecins de la Phalange Ecarlate. Quelques Chiens aussi, qui avaient voué jusqu'à leur fin un dévouement sans failles pour leurs fanatiques de maîtres. Léthé espérait que cette petite mise en scène détournerait momentanément l'attention des fanatiques de la Phalange Ecarlate sur les forces du Fléau présentes à Andorhal, plutôt que sur les Réprouvés présents à la Barricade. Ils avaient assez à faire avec les agents du Fléau sans en plus devoir s'occuper des Humains venant de Hearthglen, le dernier bastion humain encore debout aux Maleterres de l'Ouest.

Le Grand Exécuteur Derrington, à la Barricade, avait été très clair : « Avant Andorhal, nous devons faire face à la menace de la Croisade Ecarlate venant de Hearthglen. Ils ont établi leur camp entre le Champ de Felstone et les Larmes de Dalson. Nous risquons maintenant d'entrer en conflit avec le Fléau et la Croisade en même temps. Mon plan est de les monter l'un contre l'autre en vous envoyant détruire leur tente de commandement. Utilisez quelques Flammes en bouteille disposées dans cette boîte. Une fois détruite, plantez cette bannière du Fléau à côté. Avec un peu de chance, ils nous ignoreront et concentreront leur vengeance sur le Fléau. »

En bon soldat, il avait évidemment obéi. Monté sur son fidèle cheval squelettique, il avait suivi la route depuis la Barricade, évitant les nombreux Ours pestiférés et autres Araignées qui pullulaient aux abords de la route. Il avait dépassé le Champ de Felstone, peuplé de Goules jacassantes, d'Ecorcheurs squelettes et d'Ensorceleurs squelettes. Tous montaient la garde autour d'un énorme chaudron, attaché par de solides chaînes, qui exhalait une fumée pestilentielle si caractéristique aux Maleterres. Ainsi donc, le Seigneur du Chaudron Bilemaw avait été une fois de plus ressuscité par le Fléau ! L'Aube d'Argent allait une fois encore devoir envoyer l'un de ses agents pour le détruire, et neutraliser la mortelle substance contenue dans le chaudron. Qu'importe, l'Aube avait l'habitude. Heureusement pour elle, le Fléau ne cherchait pas encore à modifier la composition de son poison, et tant que celui-ci ne changeait pas, l'Aube avait de quoi fabriquer un contrepoison efficace. Combien de volontaires avaient donné leurs vies pour s'assurer du succès de cette mission ? Trop... Mais la fin justifiait les moyens, et il y avait toujours des volontaires qui se présentaient aux recruteurs de l'Aube, fussent-ils de la Horde ou de l'Alliance. Car nombreux étaient ceux qui avaient compris que le Fléau était l'une des vraies menaces existantes en Azeroth, et qu'à côté de ça, les rivalités Horde-Alliance étaient des broutilles. Enfin, c'était le credo de l'Aube, pas celui de Léthé... Il combattait les forces du Fléau, mais pour des raisons beaucoup moins nobles : lui adorait tuer, et tous ces ennemis non loin d'Undercity lui en donnaient simplement l'occasion !

Il avait dépassé, puis longé le fameux champ, passant entre les arbres maladifs et les buissons souffreteux aux baies empoisonnées. Là aussi, quelques Ours pestiférés, errant au hasard, leurs plaies purulentes visibles aux yeux de tous. Pas comme si cela avait une importance, sauf pour de rares Druides idéalistes...

Un peu plus loin, à l'écart, un espace légèrement dégagé, occupé par une tente de commandement, surveillée par plusieurs fanatiques de la Phalange Ecarlate. Léthé démonta de son cheval squelettique, et se dissimula derrière un arbre pour mieux observer l'endroit. Il valait mieux prendre son temps avec ce genre d'ennemis. Ils avaient le chic pour vous sortir des renforts de nulle part pour vous défoncer le crâne à coup de Marteau de Justice en deux temps trois mouvements...

Bon, alors... Trois patrouilles, chacune composée d'un Conjurateur et d'un Chasseur accompagné de son Chien. Et, près de la tente, un Conjurateur et un Médecin, apparemment occupés à ranger plusieurs caisses de ravitaillement. Technique simple : frappe et repli ! Léthé se savait capable d'affronter seul une patrouille : le Chien était quantité négligeable, le Chasseur pouvait s'avérer pénible, tout comme le Conjurateur avec ses sorts. Surtout s'il connaissait quelques sorts de soins. Bah, une petite difficulté supplémentaire, mais rien d'insurmontable. La nuit allait bientôt tomber, en plus...

Il prit la première patrouille par surprise, tombant des branches basses d'un arbre dans lequel il était monté pour se dissimuler. D'un coup puissant et précis, il avait tranché la carotide la Conjuratrice, qui n'avait eu le temps que de mourir lentement, ses incantations se noyant dans un borborygme rouge sang pulsant au rythme de son coeur agonisant. Le Chasseur eut juste le temps de dégainer pour défendre sa vie, son Chien étant occupé à lécher le sang jaillissant à gros bouillons du cadavre de la Conjuratrice. Quelques feintes et attaques vicieuses plus tard, tout était terminé. Léthé essuya ses lames. Il prendrait éventuellement soin de ses habits maculés de sang plus tard. Il avait encore à faire...
Il se posta un peu plus loin, derrière un gros rocher. Il s'assura du sens du vent, afin que le Chien ne puisse le repérer trop tôt. Il était bien placé. Des bruits de pas se firent entendre bientôt. Un Chasseur dépassa le rocher, et, au moment où il se retournait pour voir ce qu'était cette forme qui lui arrivait dessus, il se retrouva avec la lame de Trash de Léthé plantée dans la cuisse. Il s'effondra en hurlant, son Chien se lançant à l'attaque. Léthé manqua de lui fendre le crâne en deux d'un magistral coup de hache de Rin'ji. Délaissant le Chien à moitié mort, il en profita pour tuer le Chasseur de deux coups expéditifs. Il se retourna, et encaissa une décharge magique d'Ombre en pleine face. Le Conjurateur ! Il recula de deux pas, et fit mine de s'effondrer, vaincu. Il avait résisté à l'attaque magique, mais il s'en était fallu de peu pour qu'il y passe... Le Conjurateur, hésitant à utiliser encore une fois le même sort, s'approcha de Léthé pour vérifier qu'il était définitivement mort. Erreur. Léthé se mit sur son céans, et faucha le Conjurateur au niveau des genoux. Ceux-ci cédèrent dans un craquement d'os brisés, et le Conjurateur s'effondra sur Léthé. Il y eut un bref instant de lutte au corps à corps, et Léthé se releva, blessé. Il se pencha sur le corps du Conjurateur, et entreprit de lui dévorer les organes internes pour guérir ses propres blessures. Il n'avait jamais compris comment fonctionnait cette fabuleuse capacité que certains surnommaient, à tort, « cannibalisme » (lui préférait le terme nécrophagie), mais tant que ça marchait... Une fois son remontant fini, il se remit en route, le coeur joyeux.

La dernière patrouille mourut de nuit, sans vraiment comprendre ce qu'il leur arrivait. Léthé avait utilisé un système d'occultation gnome tout récemment fabriqué. Totalement invisible, il avait pris les deux humains par surprise, de face, et leur avait proprement tranché la gorge simultanément, avant de leur planter une lame qui dans le crâne, qui dans le coeur. Autant dire que le Chien n'avait été qu'une formalité...
Tout comme le dernier Conjurateur et son Médecin, seuls dans la nuit. Les caisses de ravitaillement avaient été saccagées autant que possible avant que la tente ne soit incendiée. Vengeance ! A mort le Fléau !

Quelque part, non loin, chevauchant dans les ténèbres, Léthé aurait souri s'il l'avait pu...
La poussière remplit ma bouche d'un goût qui normalement devrait me déplaire, mais ce n'est pas le cas. Je ne ressens rien de particulier, ni froid, ni chaleur. Je suis couchée, les bras le long de mon corps. Quand me suis-je endormie ? Je ne m'en souviens plus. J'essaie de me lever, mais ma tête heurte très vite un obstacle qui m'empêche de le faire. J'essaie une deuxième fois, en vain. Je tente d'écarter mes bras, mais eux aussi rencontrent un obstacle. Tout comme me genoux et mes pieds. J'essaie de me faire une idée de ce qui m'entoure... Je palpe du bout des doigts ce qui m'emprisonne. On dirait du bois... Il semble plus humide par endroits, comme si de l'eau suintait au-travers... Je tâte ce prison de bois, essayant ce comprendre où je me trouve... Une sorte de caisse. Un cer...

J'ai compris ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais ils ont commis une erreur : ils m'ont enterrée vivante ! Expulsant le peu d'air qui me reste dans les poumons, je hurle ma détresse au reste du monde, priant pour que quelqu'un m'entende. Je trépigne sur place dans le peu d'espace dont je dispose ; mon corps se convulsant spasmodiquement en une tentative désespérée d'attirer l'attention. Quel illogisme ! Si je suis enterrée, je dois l'être sous six pieds de terres au moins. J'aurais beau crier tout ce que je voudrais, personne ne viendra me secourir ici... Du calme, ressaisis-toi ! Réfléchis... Respire...Lentement, voilà... Un certain nombre de scénarios défilent dans ma tête, tous aboutissant à ma présence ici. Je crois bien que la folie me gagne tranquillement...

Je trouve une dague, posée sur mon flanc gauche. Etrange, je ne manie pas ça d'habitude... Les maîtres d'armes de Quel'Thalas ont pourtant essayé de m'initier à cela, mais je n'y suis jamais arrivée... Quel'Thalas ? Où est-ce ? Ce nom est indiscutablement associé à de magnifiques fêtes, peuplées de beaux jeunes gens, vêtus de leurs plus beaux atours et parés de leurs plus beaux bijoux... Des fêtes fabuleuses, malgré les temps fort troublés... En forçant ma mémoire, j'arrive presque à voir des visages et leur mettre de noms. Mais l'effort est trop intense, et je dois cesser... Bon, j'ai une dague. Avec délicatesse, je la sors de son fourreau, et teste son tranchant sur le gras de mon pouce. Je sens ma chair qui s'entaille, et crois deviner du sang qui coule... Elle tranche bien ! Je l'oriente vers le haut, et commence à donner des coups pour fendre ce bois qui m'emprisonne.

Soit la dague est d'un tranchant hors normes, soit le bois est méchamment vermoulu, car j'arrive à faire voler en éclats de bons morceaux de bois à chacun de mes coups. Je crains de ne trouver que de la terre au-dessus de moi, mais je continue. Le couvercle du cercueil finit par voler en éclats. Et, chose étrange, aucune terre ne vient m'asphyxier. Mon bras se tend au-dessus de moi, brandissant cette dague libératrice tel le drapeau de la victoire. Je m'assieds, et observe mon environnement.

Je suis assise dans un cercueil, qui est enterré dans le sol jusqu'au couvercle. Une flaque d'eau croupie non loin. Une torche projette une lueur blafarde un peu plus loin, laissant deviner une volée de marches qui montent. Vers ? Je me lève avec précaution, et jette un regard sur ma tenue vestimentaire. Je suis habillée comme la dernière des domestiques, d'une simple tunique en lin, crasseuse et loqueteuse, complétée par des braies du même genre, retenues par un vague ceinture. Je sens la terre sous mes pieds lorsque je m'extirpe du cercueil dans lequel je gisais il y a peu encore... Comment ont-ils osé m'accoutrer de l sorte, moi qui suis habituée au plus belles robes en soie et en dentelles ? Je me revois encore, dansant allègrement dans les bras de ce bel officier de Quel'Thalas au son de cette musique si fabuleuse que seuls savent jouer les Elfes. Il s'appelait...J'ai oublié... D'ailleurs, aussi incroyable que cela puisse paraître, je ne me souviens même pas de mon propre nom... Ni que quoi que ce soit d'autre d'ailleurs... Enfin pour le moment...

Je repousse une mèche vagabonde de mes cheveux. Mais... ma peau ! Elle n'est plus du tout la même ! Autrefois si belle, si éclatante, si parfaite ! Elle est maintenant d'une blancheur livide, presque cadavérique ! Quelle horreur ! Et mes mains ? La chair manquante laisse apparaître ici et la mes propres os, alors que magnifiques ongles ne sont plus que d'horribles morceaux de chair gris, certains n'existant simplement plus ! Comment est-ce arrivé ? Ai-je été maudite ? Ce n'est pas possible, je dois faire un cauchemar ! Je suis l'une des plus belles Elfes de Quel'Thalas, une courtisane enviée dont la beauté en a fait chavirer plus d'un ! Alors que maintenant, je suis devenue cette chose hideuse et répugnante...J'enlève les frusques dont je suis affublée pour examiner mon corps... Je manque de défaillir à la vue de mes côtes qui saillent sous la peau, la perçant même par endroits, sans que cela me gêne pour respirer... Des os sont ici et là visibles, lorsque la chair et les organes ont disparu. Je suis devenue une goule, ou un de ces morts-vivants dont parlaient certaines rumeurs il y a peu. Il y a peu ? Des impressions floues dans ma tête me disent que beaucoup de temps s'est passé depuis... Depuis...quoi ? L'une de mes rivales a certainement versé une substance douteuse dans mon verre au bal, je suis en train d'halluciner, couchée sur le sol, exposée à la risée de tous et toutes ! Quelle humiliation ! Je me vengerai !

Sans trop que je sache pourquoi, je décide de gravir ces marches qui montent. De gros rats, porteurs évidents de maladies, fuient sur mon passage. Cela me réjouit beaucoup. J'en blesse un en passant d'un coup de dague. Il se traîne, salement blessé. Je prends un insoupçonné plaisir à le regarder ramper devant moi. Il doit se savoir condamné... Il couine, mais pas longtemps, lorsque ma dague le décapite. Je saisis le corps encore chaud et le porte à mes lèvres. Une part obscure de mon être ne demande que d'absorber cette énergie vitale mourante. L'odeur du sang m'attire, mais quelque chose en moi me dit que ce rat n'est pas ce qu'il me faut... Je rejette la carcasse sanglante plus loin et continue de monter les marches.

Cinq volées de marches plus loin, je devine ce qui semble être une ouverture donnant sur le dehors. Cela me confirme mon impression première, en l'occurrence d'avoir été enterrée dans un genre de crypte ou mausolée. J'arrive sur le seuil, et me fige...

Il fait nuit. Le ciel étoilé est malgré tout voilé par une sorte de brume épaisse et malsaine. L'herbe alentours est grise, maladive. Un peu plus loin, je devine une silhouette humanoïde, portant une lanterne. Encore plus loin et en contrebas, d'autres lumières. Mon lieu de repos doit avoir été construit sur une hauteur. Je n'ai pas envie de me retourner pour voir si j'ai raison. Je n'ose pas... Au lieu de cela, je m'avance vers cette silhouette. J'ai un mouvement de recul lorsque je le devine à la lueur de sa lanterne : il est mort, comme moi, mais tout aussi " vivant " ! Il me dévisage, puis finalement, d'une voix grave, me lance un petit discours de bienvenue bien à lui : il me parle de Fléau, du Roi-Liche, de Sylvanas Windrunner, et finalement des Réprouvés, dont je ferais partie... Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris...

Je suis assise sur les marches rendues glissantes par la pluie qui tombe depuis une bonne demi-heure maintenant. Mes haillons me collent à la peau, comme mes cheveux. Je fixe un point devant moi, l'esprit en déroute... Ce n'est pas un rêve : je suis effectivement morte. Je ne me souviens plus que par bribes de ce que j'avais pu être de mon vivant. Peut-être que cela me reviendra un jour, comme mon nom. Oublié lui aussi, effacé de ma mémoire par le temps qui a passé... Il m'en faut un nouveau, qui aille avec ma nouvelle condition. Et il me faut quelque chose à faire, sinon je vais devenir folle dans cet état. Je me sens attiré inexplicablement vers cette demeure, où sont réunis plusieurs Réprouvés. L'un d'eux a un Diablotin à ses côtés. Ce petit Démon semble murmurer une invitation directement dans mon esprit... Viens ! Pactise avec les Démons ! Apprends l'art subtil de la démonologie !

J'ai trouvé ma voie. J'ai trouvé mon nom. Dès ce jour, les mortels apprendront à craindre ma venue, de peur que je ne leur vole leur âme... Tremblez, je suis parmi vous! Je suis...

GANGRENE!
Du haut d'une petite colline qui surplombait l'endroit, Gangrène la Démoniste, montée sur son palefroi corrompu et flanquée de Konnagma, son Marcheur du Vide, observait les ruines de Stromgarde qui se dressaient de l'autre côté de la route située en contrebas. Elle vit une patrouille montée de quelques individus sortir par l'unique porte de Stromgarde. Le lieutenant Valorcall était, comme de coutume, à la tête du groupe. Gangrène se demandait quel goût aurait sa chair, une fois qu'elle l'aurait tué... Elle le saurait bien assez tôt, vu qu'il faisait partie de sa liste de cibles ! Elle laissa donc les cavaliers s'éloigner au trot en direction du Refuge de l'Ornière, puis talonna son palefroi et descendit au niveau de la route. De là, elle s'engagea dans les ruines de Stromgarde.

Stromgarde avait autrefois été l'un des plus puissants bastions humains des hautes terres d'Arathi, alors sous la coupe du royaume d'Arathor. Grâce au Mur de Thoradin situé non loin, sa position stratégique en avait fait l'un des bastions de défense contre le Fléau venant de la Forêt des Pins Argentés, lors de la Seconde Guerre. Mais une fois celle-ci finie, et la Légion Ardente vaincue, Arathor s'effondra, sous les coups durs de la guerre civile. Stromgarde tomba aussi, victime des agissements du Syndicat, une puissante organisation criminelle qui en avait toujours voulu à Arathor d'avoir soi-disant trahi Altérac lors de la Guerre. Vérité ou pas, Stromgarde fut abandonnée et tomba petit à petit en ruines. Une tribu d'Ogres s'y installa récemment, luttant contre le Syndicat et les derniers survivants humains de Stromgarde pour leur territoire. Et là, dans ces ruines, se trouvait la tombe du Seigneur Ignaeus de Strom, ainsi que Trol'Kalar, la Tueuse de Trolls, son épée qu'il brandissait contre la Horde de son vivant.

Zengu, un puissant chaman Troll vivant à Trépas d'Orgrim, lui avait demandé d'aller chercher cette épée, afin qu'un héros de la Horde puisse la brandir contre les ennemis Strom Pike dans la vallée d'Altérac, un territoire extrêmement contesté situé non loin. Mais pour cela, il lui demanda d'abord de réunir les quatre différents morceaux du Glyphe d'Ignaeus, seul artefact magique capable de briser les protections magiques du tombeau des Strom. Le premier morceau, le Glyphe de Strom, avait été volé par l'un des membres du Syndicat se cachant quelque part dans les ruines. Le deuxième morceau, le Glyphe de Thoradin, avait été cassé en onze morceaux, répartis entre différents survivants de la cité. Le troisième morceau, le Glyphe d'Arathor, se trouvait quelque part sur la personne du lieutenant Valorcall, que Gangrène avait vu tantôt. Et le dernier morceau, le Glyphe de Trollbane, était en possession de Galen Trollbane, le dernier descendant des dirigeants de Stromgarde. C'est du moins ce qu'avait appris Zengu par des sorts de divination...

La tâche n'allait certes pas s'avérer aisée, mais Gangrène n'était pas du genre à reculer facilement, tout comme ses démons. Elle renvoya dons son palefroi corrompu dans les Limbes, et continua de suivre la route sur quelques mètres, pour arriver à une sorte de croisement. Depuis ce point, plusieurs choix s'offraient à elle : si elle prenait à gauche ou tout droit, elle entrait sur le territoire du Syndicat. Si elle prenait sur la droite, soit elle finissait chez les Ogres, soit chez les Humains. Elle décida de tenter le Syndicat en premier, car c'était là, espérait-elle, qu'elle aurait le moins besoin de chercher... Elle invoqua donc la puissante magie de l'Ombre pour se parer d'une armure démoniaque, puis lança un deuxième sort, nettement plus puissant, qui captura une partie de son âme pour l'enfermer dans une étrange pierre violacée, surnommée Pierre d'Âme par les initiés. Cette pierre avait l'incroyable capacité de ramener à la vie un corps mort récemment, en y insufflant justement cette partie d'âme, un rituel qui avait déjà permis à Gangrène de revenir des morts, même si pour cela il y avait un prix élevé à payer...

Elle fit encore quelques pas, et vit Konnagma se ruer en avant, pour libérer une puissante décharge d'Ombre sur une forme floue qui semblait se trouver non loin. Puis il engagea le combat contre ce tueur du Syndicat. Zengu avait signalé que les assassins du Syndicat avaient le don de se rendre presque invisibles pour traquer leurs proies, aussi Gangrène comptait elle sur les sens particuliers de ses démons pour les percevoir avant qu'il ne soit trop tard. Profitant que le tueur soit occupé à combattre Konnagma, elle invoqua sur lui les magies de l 'Ombre et du Feu, ce qui parut l'affecter, mais pas assez. Gangrène recula de quelques pas, et pointa sur le tueur une baguette magique. Au mot de commande prononcé en démoniaque, six petites boules d'Ombre, issues de la baguette, vinrent percuter le tueur, qui alors remarqua Gangrène. Il se rua sur elle, esquivant facilement Konnagma, l'arme au clair. Et s'écroula, mort, aux pieds de Gangrène, frappé de plein fouet par un rayon magique violet issu de la paume de la Démoniste. Une petite gemme, contenant l'âme du tueur, apparut dans la paume de Gangrène. Elle la rangea avec précaution dans une sacoche magique qu'elle portait à la ceinture. Les Démons, ainsi que nombre de sombres opérations magiques effectuées par les Démonistes, étaient friands en âmes... Et elle venait d'en récolter un fragment !

Un peu plus tard et quelques cadavres plus loin, elle trouva le Glyphe de Strom, dans la poche d'un Démoniste du Syndicat. Et de un, plus que trois ! Courage, car les suivants allaient être une autre paire de manches... Sur ses gardes, elle revint sur ses pas, revint vers l'intersection, et prit la route de droite, qu'elle suivit sur une dizaine mètres. Là, une portion de route encore pavée mais en partie défoncée descendait sur sa gauche, tandis que la portion de route qu'elle suivait se poursuivait tout droit. La route défoncée devait mener dans le territoire des Ogres, à en juger par la pique garnie des crânes et de têtes humaines plantée non loin. Charmant ! Elle avança encore, puis se figea à la vue de deux gardes, de part et d'autre d'une arche sous laquelle passait la route. Ils étaient en pleine discussion, et ne remarquèrent Konnagma que lorsqu'il fut sur eux. Ils tirèrent leurs épées au clair, et défendirent leur peau. Ils étaient de très bons guerriers, et Gangrène dut même tirer elle aussi sa lame au clair pour se défendre, en plus d'utiliser sa magie. Elle encaissa de bonnes blessures, qui auraient mis à mal tout être de chair et de sang normalement constitué, qui s'en serait remis après des jours de convalescence. Mais Gangrène était une Réprouvée, et en tant que telle possédait la capacité de manger les corps morts de certaines créatures, dont les Humains. Elle se goinfra sur les cadavres des deux soldats, et ses blessures les plus graves cicatrisèrent presque instantanément. Elle en profita aussi pour soigner son démon, en lui faisant puiser des forces dans l'Ombre avoisinante. Puis, ragaillardie, elle lança son démon contre l'Humain le plus proche, qui venait de surgir de derrière un pan de mur partiellement écroulé. Fatale erreur, car ce dernier n'était pas seul : juste derrière lui, dissimulé au regard de Gangrène par le pan de mur, se trouvait un adversaire redoutable, un Chasseur de Sorcières. Ce dernier, voyant un Marcheur du Vide s'en prendre à l'un des gardes, se mit en quête du Démoniste qui devait forcément se situer non loin.

Gangrène fut interrompue en pleine incantation lorsqu'un carreau magique lui déchira la cuisse. Elle chancela sous le choc, et réalisa qu'en plus elle venait d'être la cible d'un sort de paralysie. Mentalement, elle ordonna à Konnagma de se concentrer sur cette nouvelle menace, plus grande que celle représentée par un simple garde. Mal lui en prit, car le garde en question piqua un sprint pour s'éloigner, puis par un cri sonore et tonitruant rameuta deux autres gardes en faction plus loin. Les trois vinrent porter main forte au Chasseur de Sorcières, qui était engagé au combat contre Konnagma et Gangrène. Cette dernière, bien mise à mal déjà par son adversaire, réalisa qu'il lui serait impossible de s'en sortir vivante. Elle mit donc en application le plan des situations désespérées : elle ordonna à Konnagma de se sacrifier pour la protéger, ce qu'il fit de bon coeur, ne pouvant résister à l'ordre de sa maîtresse. Il disparut donc, et Gangrène se retrouva nimbée d'un puissante aura magique d'invulnérabilité. Sachant que cette protection n'allait durer que très peu de temps, elle recula jusque dans un bon coin pour mourir, toujours lardée de coups par les gardes. Et l'issue inéluctable se produisit : la bulle disparut, et Gangrène mourut, son corps mort s'effondrant aux pieds des gardes... Ces derniers crachèrent sur elle, avant de s'en retourner à leur poste, pavoisant à qui mieux mieux sur cet adversaire mort-vivant facilement vaincu, malgré sa magie.

Si les gardes avaient eu la capacité de voir le monde des Esprits, ils auraient vu la psyché de Gangrène penchée sur son corps. De fait, la Pierre d'Âme qu'elle avait invoqué tantôt lui permettait de se réincarner et de revenir à la vie. Où qu'elle aille dans le monde spirituel, Gangrène était liée magiquement à son corps, et ce lien lui permettrait de retrouver instinctivement son corps si elle s'en éloignait trop. Elle décida d'explorer un peu le territoire sous contrôle des Humains, avant de se réincarner. Même si sa perception du monde physique n'était pas parfaite dans le monde spirituel, au moins aurait-elle une idée de la disposition des lieux. En effet, une fois dans le monde spirituel, les vivants n'apparaissent comme tels que lorsqu'un esprit mort comme celui de Gangrène s'en approche. Il les voit alors sous leur forme physique, puis ils disparaissent, comme s'ils n'avaient jamais existé. Seuls d'autres morts, ou parfois certaines puissantes créatures supérieures, comme ces Anges qu'elle avait parfois entraperçus au-dessus de certains lieux consacrés, sont visibles par les morts. Les couleurs n'existent pas non plus dans le monde spirituel : tout y est nuances de gris, et les sons existants ne semblent être que des chuchotements faibles, de provenance indéfinie... Gangrène fit rapidement le tour des lieux, se rendant compte que finalement, elle aurait vraiment eu beaucoup de mal à réussir cet exploit seule. Enfin seule, pour elle, c'était avec l'un de ses démons...Elle rejoignit son corps, et prononça en démoniaque les paroles nécessaires à son retour dans son corps.

La douleur fut instantanée, tout comme le retour abrupt de tous ses sens. A chaque réincarnation, elle était toujours un peu déroutée par le fait de renvoyer son âme dans son corps... Heureuse que les gardes aient eu la bonne idée de ne pas fouiller sa dépouille, elle sortit une pierre gravée d'un symbole arcanique bleu, puis prononça quelques simples paroles magiques. L'air autour d'elle se chargea d'une énergie magique verte et tourbillonnante, et soudainement, elle se retrouva dans l'auberge d'Undercity, dans une chambre qu'elle avait louée il y a peu. Loué soit celui qui avait inventé ces fameuses " Pierres d'Auberge ", qui vous téléportaient dans un lieu magiquement prédéterminé, quelle que soit votre position sur Azeroth. Traitant mentalement Zengu des tous les noms d'oiseau qu'elle connaissait, pour lui avoir dissimulé la vraie difficulté de sa tâche, elle réfléchit à la suite des opérations. Primo, aller faire réparer sa maigre armure et son épée, qui tous deux avaient souffert des combats. Deuxio, chercher quelques volontaires pour l'aider dans cette mission. Cela ne devrait pas être trop difficile à Undercity, la Cité des Réprouvés. Et tertio, aller se venger des Humains, leur prendre leurs précieux Glyphes, leurs âmes, puis Trol'Kalar...
Pour la Horde !

Un sourire sadique apparut au coin de ses lèvres...
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