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Le gouffre de Helm version appartement

Par White Bear

Le gouffre de Helm version appartement

Once upon a time...

- « Ecoutes Tim, sois sympa, ouvres nous, on vient avec de la bière, y'a même ta préférée.. »

Celui qui venait de parler s'escrimait en vain avec son compagnon depuis une heure à parlementer devant une porte aussi bien hermétiquement close qu'inexpressive. La personne aux talents de diplomate peu couronnés de succès était un jeune homme au visage allongé, de blanc vêtu et s'appuyant sur une canne pour supporter le poids de sa mauvaise jambe. La personne près de lui tenant précieusement les packs de bières cités dans le monologue était également jeune mais là s'arrêtait la ressemblance, avec ses cheveux noirs en pagaille et son air de joyeux fou.

- « Ecoutes Ben, dit le porteur de bières, peut-être qu'il n'est pas là après tout. On pourrait partir et déguster tranquillement toutes ces bières, non ?

Mon cul oui ! Ca fait 2 semaines qu'il est pas allé en cours d'après ses collègues, son téléphone est coupé, et il y'a une montagne de cartons de pizza dans le couloir. Et ce que tu entends aussi bien que moi, c'est son pc, et je pense pas qu'il lui a appris à jouer tout seul mon ptit Rémy !

- OK, OK. Bon, lui aussi c'est fait avoir comme Simon et Olivier alors...

- Ouaip, mais je vais pas me laisser faire cette fois ! Surtout que Tim n'a pas la formation de Gamer Pro comme eux, donc y'a une chance de le sauver. Pose donc ces bières, on va pas te les voler, et aides-moi à enfoncer cette lourde ! »

Aussitôt dit, nos deux compères unirent leur force et se précipitèrent vers la porte de l'appartement, de toute la fougue de leur jeunesse et de leur volonté de sauver leur ami. Hélas, fougue et volonté n'ont que peu faire devant les lois de la réalité et essentiellement ceux de la physique et c'est un double choc retentissant qui eût lieu, leurs épaules contre le bois, qui suivi de peu un « Aîe !!! » commun avec maintes insultes qu'il serait inutile et fortement vulgaire de citer ici.

- « Mais elle est doublée en fer ou quoi sa porte ? Je me suis démis l'épaule au moins, se plaignit Rémy. La prochaine fois, tes idées tu te les fous au...

- Tu parles, il avait juste prévu le coup oui ! Il a dû mettre du mobilier derrière la porte, pour l'enfoncer, hormis le bélier ou la faire sauter...

- Navré, j'ai oublié mon attirail du parfait artificier, ironisa Rémy.

- Au lieu de dire des conneries, descends avec moi dans la rue, j'ai peut-être une autre idée... »

Dehors, c'était un samedi soir comme tant d'autres sur la bonne ville de Lyon : ses passants harassés de fatigue qui rentraient chez eux, les voitures filant à toute allure en évitant de faire un « strike » parmi les piétons, les boutiques qui commençaient à fermer leurs stores, les gens qui se baladaient avec une échelle de plusieurs mètres,....

Ah bah non, ça c'est pas ordinaire tout compte fait de se promener avec une échelle.

-« Putain, elle est lourde !

- Ouais, souffla péniblement Ben, mais au moins ça sera efficace. Il ne peut quand même pas avoir prévu qu'on passerait par sa fenêtre...

- La prochaine fois, pense à prendre un grappin, c'est quand même plus discret....

- Tu crois que les pompiers avaient des grappins dans leur stock toi ?

- Ah ouais...A propos j'espère que les pompiers n'en auront pas besoin ce soir...

- Mais noooon, le rassura Ben, après tout s'ils ont une urgence, ils passeront par les escaliers cette fois, ça leur fera du bien un peu d'exercice. Allez, aides moi à la poser contre sa fenêtre. »

Maladroitement et après bien des efforts, ils finirent par poser le bout de l'échelle contre les fenêtres de l'appartement visé et c'est Ben, après que Rémy qui semblait très concentré sur un appartement d'un immeuble en face, qui monta gravement mais sûrement les marches, très précautionneusement.

Il en était aux ¾ quand soudainement la fenêtre s'ouvrit et une sorte de crochet, bricolage douteux entre des cintres en plastiques et des manches des balais en bois vint agripper le bout de l'échelle posée, et commença à la pousser...

Certes il serait sadique et cruel de raconter le visage de stupeur de Ben qui passa d'un rose assez vif (on se les caillait dehors) à un blanc de craie en une milliseconde, à la façon dont il dégringola de l'échelle en poussant maints hurlements et insultes décernés à un certain Tim et à toutes ses générations suivantes, au son de sa chute contre le toit d'une voiture qui était fort imprudemment garée par là, et à toutes ces petites choses qui font que le malheur des uns font bien rire les autres...

Mais ce n'est rien comparé à la réplique sincère de Rémy devant un tel événement, près de Ben encore allongé sur le toit de la voiture, le dos en compote et mi-geignant, mi-maudissant :

- « Ca a pas marché ? »

Une heure plus tard, nos compères étaient toujours au même point, fumant clopes sur clopes dans la rue et se partageant les bières qu'ils avaient amenées en guise d'appât pour faire sortir le joueur de sa tanière.

- « Bon, réfléchissons. Il a du penser à faire des courses pour un régiment donc on l'aura pas en faisant le siège devant chez lui. Même si on coupe son arrivée d'eau, il a assez d'alcool pour tenir des semaines et quand à l'électricité, j'ai entendu dire un voisin qu'il avait fait amener il y'a quelques temps un groupe électrogène de secours. Bon je crois que c'est foutu pour y entrer alors, tu en penses quoi Rémy ? Hé Rémy ! Tu m'écoutes oui ?

- Femelle...murmura Rémy, le regard fixe et les lèvre tremblantes »

L'objet de son regard vivait au dernier appartement de l'immeuble en face de l'assiégé, et même si l'on dénote que tous les goûts sont dans la nature, et que la beauté intérieure prime sur celle extérieure, n'importe quel homme sur terre possédant le sens de la vue n'aurait pu que s'écrier « Whaouuuu !!! Mais quelle bombe, je vais te la... ». Rémy semblait comme hypnotisé devant cette créature de rêve négligemment penchée à son balcon (il y'en aurait des choses à dire à propos du propre balcon de la fille !) et Ben aurait eu du mal à critiquer son compagnon, surtout que cela venait de lui donner une idée...

- « Allez Rémy, on va la voir ?

- Voir femelle ? Répondit l'intéressé, les lèvres encore plus tremblantes, un léger filet de bave coulant sur son menton d'ailleurs, et les membres frémissants (tous, sans exception...).

- Oui, j'ai quelque chose à lui demander... »

Après avoir abandonné l'échelle devenue inutile sur le trottoir, ils se dirigèrent vers l'immeuble de la demoiselle de rêve, et gravirent maints marches d'escaliers au pas de course, motivés chacun pour des raisons bien différentes.

- « Pfffiuuu....attends...reprends mon souffle...Ok, c'est bon.

- Et maintenant, on fait quoi ?

- Ben, on sonne, quelle question... »

Après un léger « Dring ! », suivi du son de quelques pas légers dans l'appartement, la porte s'ouvrit sur un charmant spectacle. On ne peut douter que Dieu soit un homme, devant cette création du Paradis qui se tenait devant leurs yeux ébahis : une paire de jambes interminable mise à nue par un simple short collé à sa peau qu'on devinait tendre et douce, un débardeur léger mettant en avant une poitrine porteuse de promesses sensuelles, et se finissant par un visage d'ange aux cheveux flamboyants frémissant dans l'air devenu rapidement suffoquant pour les deux hommes, avec des yeux myosotis semblant implorer que l'on prenne cette personne dans les bras. C'est d'une voix terriblement sensuelle et pourtant si innocente qu'elle s'adressa à eux :

- « Bonjour, vous désirez...quelque chose ?

- Oui mademoiselle, répondit Ben d'un grand sourire, Rémy, tu peux y'aller.

- Gniurk Zog ? répondit l'intéressé.

- Puisque je te le dis...

La jeune fille n'eut pas le temps de saisir ce qui se passait que déjà Rémy s'était élancé, ressemblant étrangement au personnage Taz, le diable de Tasmanie des dessins animés, l'avait pris sous son bras (ce qui lui laissait une main de libre qui était loin d'être inoccupée, à la recherche de nouveaux territoires pourrait-on dire...) et amenait sa conquête ou sa proie selon le point de vue, dans une pièce plus « adaptée » de l'appartement.

Ben, restant seul, referma tranquillement la porte de l'appartement et ouvrit largement la porte-fenêtre du balcon. L'appartement étant au dernier étage, il surplombait largement la place mais son regard n'était attiré que vers la fenêtre d'un appartement, celui de l'immeuble en face quelques étages plus bas. Après avoir déroulé quelques bonnes longueurs de corde sur le balcon (« ces pompiers sont décidément bien équipés » songea-t-il, les remerciant en pensée) et y avoir accroché un poids quelconque au bout (un morceau de pied en chêne provenant d'un fauteuil Louis XIV de l'appartement où il se trouvait), il bricola un système de poulie avec des cintres tordus (qu'est ce qu'on peut faire décidément avec un foutu cintre !!!). Pendant ce temps, de multiples bruits divers et variés provenait de la chambre à côté, et quelques éclats de voix étaient discernable, faisant largement sourire Ben, car étant d'origine féminine (« Ooh...oh ouii... Marteau pilonnes moi...Ouiii...Vas-y...Mon homme de Cro-Magnon...OUIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!! »).

L'affaire paraissant nettement bien engagée de ce côté-ci (« quel enflure » pensa-t-il), Ben se dirigea lentement vers le balcon, faisant tournoyer dans sa main la corde avec la longueur de bois accroché, visa soigneusement son but et lança d'une main sure et ferme son bras, tel l'athlète aux Jeux Olympiques concourant pour la médaille d'or du lancer de poids.

Après 12 essais plus tard, avoir traversé 3 vitrines de magasins, défoncé 3 voitures, assommé 5 passants et un cycliste qui avait le malheur de passer par là, il finit par y arriver et c'est enfin la (bonne) fenêtre qu'il parvint à atteindre. Sans perdre un seul instant, il arrima la corde à la grille du balcon, accrocha son système de poulie qui lui paraissait alors comme un bricolage infect qui ne tiendra jamais le coup en ce moment-là, ferma les yeux et se précipita dans le vide en poussant un retentissant cri de guerre :

- « WHAHOUUUUUUOUAAAHHHHHHHHHHHMMMMMEEEEEEEEEEEEEEERD...»

Une fenêtre fracassée plus tard, Ben roulait dans la pièce parmi les morceaux de bois et les bouts de verres éparpillés. Il se releva précipitamment pour tomber nez à nez au propriétaire des lieux, un jeune homme à l'épaisse tignasse noire et aux yeux verts courroucés, un long katana à la main, à la pointe dirigée vers l'estomac du pauvre Ben qui aurait payé bien cher pour être à la place de Rémy en ce moment.

- « Ecoutes Tim, on peut discuter...

- Un Hordeux sur le territoire de l'alliance ! Attack ! » Lui fut répondu, en même temps qu'en véritable forcené, il se fendait pour pourfendre l'indésirable.

Plus par chance que par agilité, Ben évita d'un cheveu la lame mortelle, il se maudissait de ne pas s'être souvenu à temps que depuis quelques années Tim faisait de l'escrime et possédait quelques armes blanches dont ce katana qu'il avait affûté semblait-il...

- « Tagazoooook !!!! »

Tim fendit l'air de son sabre et Ben plongea derechef de côté, évitant de justesse la désagréable sensation de ne plus avoir la tête sur les épaules. La situation devenait critique, enfermé avec un fou dangereux armé et sans aide, les plus proches renforts ayant le nez dans la...C'est dans ces moments comme ça, où tout semble perdu et que la seule alternative qu'il reste est de choisir le dieu à prier en espérant que la mort serait rapide, que l'esprit humain fonctionne à une rapidité surprenante et assez relativement efficace. Les plus perspicaces des professeurs vous le diront, certains élèves ne travaillent pour de bon quand seulement ils sont coincés et acculés comme des rats dans un piège. Tout cela pour dire que Ben eût un éclair de génie :

- « Tim ! Attention ! Un item épique, il faut lancer les dés ! » S'écria Ben en dernier espoir.

La ruse contre toute attente marcha, et l'assaillant fut décontenancé un laps de temps suffisant pour permettre à Ben de se relever et de courir non pas vers Tim, toujours et dangereusement armé de sa lame, mais envers l'ordinateur où fonctionnait LE sinistre jeu corrupteur.

- « Nooooooon !!!!!! » Hurla le possédé, laissant tomber son arme et plongeant sur Ben pour l'empêcher d'accomplir son forfait.

Ils roulèrent emmêlés au sol, se servant de leurs poings et de leurs pieds pour lutter contre l'autre, n'hésitant pas à se mordre et à hurler leurs colères respectives. L'un luttait avec toute l'énergie de sa folie, l'autre avec l'énergie du désespoir à seulement un mètre de son but.

Combien de temps cela dura, nul ne le saurait dire. Des secondes ou des minutes, le temps n'était que lutte et ne comptait plus pour ces deux personnages. Soudain, Tim des éclairs de rage dans les yeux, projeta Ben dans la pièce d'un traître et douloureux coup de pied. Ce dernier, sonné pendant quelques précieuses secondes, ne distingua pas clairement ce que saisissait son ami possédé et ce ne fut quand celui-ci se pencha près de lui qu'il distingua très nettement la lame d'un autre katana, plus petit que le précédent, mais assez grand pour l'égorger d'un coup de lame.

- « Murloc...Je dois récupérer des yeux de murloc pour ma quête...Ma précieuse quête... » murmurait Tim alors qu'il approchait la pointe de la lame vers les yeux roulant d'angoisse de Ben. A deux doigts de gagner un point commun avec Ray Charles bien malgré lui, et cela ne concernait pas de jouer du piano comme un Dieu, il battit des mains à la recherche d'une aide matérielle et ses doigts se refermèrent sur un manuel de droit. Il n'hésita pas une seconde et s'en servit comme projectile envers Tim qui prit de plein fouet le lourd ouvrage de plusieurs kilos.

Vacillant sur le côté, il laissa à Ben le champ libre qui se précipita et d'un geste brusque, débrancha la prise de courant, plongeant dans le noir le moniteur où se déroulait de terribles images qu'il eut le temps de trouver si attirantes, avant qu'elles ne disparaissent, lui faisant recouvrir la raison.

Derrière lui, Tim avait eut le temps de se relever, l'arme toujours à la main, mais elle était désormais inutile. Devant l'extinction de son ordinateur, son visage avait pris une couleur de craie et tout doucement il se recroquevillait sur lui-même, laissant échapper de ses mains le couteau clinquant sur le sol. Il pleurait à chaudes larmes. Ben se rapprocha délicatement près de lui et passa un bras autour de ses épaules, murmurant des paroles apaisantes :

- « Là, c'est fini...Chut...Il est parti le méchant jeu...Plus d'hordeux...On t'a amené des bières et de la pizza...Allez, on va sortir rejoindre H dehors, là où il y'a tout plein d'air...

- Bière ...? Dehors...Manger... ?

- Oui, je te le jure. Le cauchemar est fini, tu verras... »

Ils sortirent côte à côte de l'appartement dévasté, Ben soutenant Tim rendu faible par les privations alimentaires et dont la rage meurtrière s'était envolée. Un dernier bruit résonna dans l'appartement, attirant l'attention de Ben : c'était la chute d'un coffret de jeu vidéo sur le sol, dont le titre semblait s'inscrire en lettres de feu dans l'esprit de Ben, brusquement saisi à son tour d'un vertige qu'il ne pouvait contrôler, qu'il ne voulait contrôler. Seuls trois mots. Trois mots pour toujours.

« World ».
« Of ».
« Warcraft ».
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