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Le cycle d'Azeroth : Le Journal des Larmes

Par Drellath

Présentation

Introduction

Prologue

Suite...

Qui était Drellath ?

Jour 1

Jour 2

Jour 3

Jour 4

Jour 5

Jour 6

Jour 7

Jour 8

"Drellath ? Un mythe, une légende rien de plus..."
Témoignage d'un habitant d'Azeroth.

"Je ne saurais dire si l'on m'en a parlé en bien ou en mal."
Témoignage d'un habitant d'Azeroth.

"Un individu exceptionnel."
Témoignage d'un habitant d'Azeroth.

"Pour rien au monde je ne voudrais avoir affaire à lui."
Témoignage d'un habitant d'Azeroth.

Les témoignages divergent selon les individus, mais il est un mot qui revient chez tous: "Maudit!"

Drellath, orc chasseur au service de la Horde comme beaucoup d'entre nous, a eu une enfance pour le moins troublante.

Elevé dans les profondeurs d'Ashenvale sous l'oeil attentif d'un elfe de la nuit, il apprit l'art délicat mais sauvage de la chasse ainsi que le respect de l'oeuvre de mère nature. A l'écart des champs de bataille, il n'en connaît pas moins les conflits qui sévissent entre la horde et l'allliance. Son existence se déroule paisiblement jusqu'au jour maudit où un évènement malencontreux le contraindra à quitter sa forêt d'adoption pour rejoindre ses congénères dans la grande cité d'Orgrimmar.

Plus jamais sa vie ne reprendra un cours normal.

Voyages, rencontres, Drellath parcoura le vaste monde d'Azeroth pour découvrir la vérité mais il semble poursuivi par le mauvais sort, perdant nombre de ses compagnons dans des circonstances étranges. Malchance? Ennemis? Ou obscure malédiction?

En quête de réponses Drellath devra fouiller dans le passé lointain d'Azeroth, dissimulé sous des siècles d'Histoire et de mensonges. Ainsi commence la longue descente de notre monde vers l'ombre.

Avec les écrits du Journal des Larmes, c'est l'Azeroth d'aujourd'hui, d'hier et de demain que nous vous proposons de découvrir.
Une auberge quelque part dans les vastes terres d'Azeroth à la tombée du crépuscule. Dans la salle éclairée par la lumière des lanternes les habitués et les voyageurs de passage se réunnissent autour d'une table pour parler. La discussion est animée, on parle de guerres, d'alliances, de trahisons. Parfois sont évoqués les temps d' "avant", oui, avant que le monde ne tombe une nouvelle fois dans les ténèbres. Les esprits s'évadent dans le souvenir des anciennes nations tombées, des ruines autrefois villes grandioses. Parfois intervient l'aubergiste, un grand tauren au poil sombre. Très respecté par ceux qui le connaissent, tous savent ici qu'il a eu plus que sa part de violence et de désolation, mais nul ne devine sa véritable histoire. Ses traits sont marqués par le temps et les conflits. Il se montre pourtant toujours accueillant, toujours jovial, si bien qu'il possède grands nombres d'amis. Ce soir il raconte l'histoire des guerres trolls et tout ceux présents restent suspendus à ses lèvres, sans se soucier de la grêle qui commence à tomber au dehors. Soudain un courant d'air, la porte s'ouvre laissant place à une silhouette encapuchonnée. Le visiteur rentre sans faire attention aux regards rivés sur lui. Il avance jusqu'à l'aubergiste sa capuche dissimulant son visage. Celui-ci sourit et se prépare à l'accueillir. L'individu s'assit au milieu des autres clients de l'auberge. Sans enlever son manteau, il demande d'une voix douce:

- Je crois qu'il serait temps pour vous d'aller dormir messieurs.

Puis, il ajoute avec insistance:

- Je souhaite parler seul à seul avec l'aubergiste, se retournant vers celui-ci, je suis venu pour le Livre.

Le visage du tauren se fait soudain grave et d'un geste il invite les personnes présentes à quitter la pièce. Lorsqu'ils se retrouvent enfin seuls, il s'adresse à l'individu:

- Il devait venir... Après toutes ses années. C'est lui qui t'envoie ?

L'inconnu esquisse un sourire énigmatique.

- Si on veut... Ca ne fait pas beaucoup de différence. Vous l'avez ?

L'aubergiste part fouiller derière son comptoir, il ren ressort un vieux livre écorné à la couverture poussièreuse.

- Il me l'avait confié si il devait revenir. Son journal, il l'avait déjà commencé avant qu'on se rencontre. Il peut paraître banal mais après avoir passé une vingtaine de pages on commence vraiment à rentrer dans le coeur de l'histoire. Tant de secrets sur notre monde enfermés ici... Comment savoir si je peux vous faire confiance ?

Sans attendre de réponse, il pose le lourd volume sur la table et souffle sur la couverture laissant apparaître en lettres dorées: Le Journal des Larmes, de Drellath.
Attention.

Vous êtes prévenus. Vous êtes sur le point d'accomplir une action importante.

Êtes vous prêt à tourner cette page ?

C'est une décision que vous devez prendre ici et maintenant. Ne vous pressez pas, réfléchissez. Je ne dois pas être ouvert à la légère. Moi objet inerte, simple amas de feuilles de papier, je peux contenir votre bonheur comme votre malheur.

Si vous êtes seul vous trouverez en moi un ami.

Si vous êtes aventurier vous découvrirez de nouveaux horizons.

Choisissez.

Je ne vous force à rien.

Sachez seulement que certaines histoires ne peuvent être quittées lorsqu'on y a pénétré. Un fois de plus vous pouvez accomplir le pacte qui vous lie à moi. Le Pacte des larmes et du sang.

Prenez votre décision. Mais ne vous pressez pas, vous avez le temps tellement de temps.

Si jamais vous êtes sûr de votre choix je vous attendrai à la page suivante, mais je vous le répète: réfléchissez.
Parfait. Ainsi tu as choisi cette voie.

Ne regrette rien. Je te ferai découvrir des mondes que tu n'aurai pu entrevoir qu'en rêve. Je commencerai par une simple histoire. Mon histoire. Je me présente mon nom est Drellath.
L'inconnu marque une pause dans sa lecture et tourne sa tête encapuchonnée vers l'aubergiste:

- Drellath... Il me semble avoir déjà entendu ce nom. Comme un mythe, une légende... Mais personne ne sait vraiment quelque chose de lui. Je ne saurais dire si on m'en a parlé en bien ou en mal, parfois j'ai l'impression qu'il n'a jamais existé.

- C'est vrai, dit le tauren en posant une chope de bière devant son interlocuteur, les êtres exceptionnels laissent étrangement peu de traces dans la mémoire des gens. Leur souvenir finit par disparaître après avoir été maintes fois déformé au fil des contes. Je crois bien que ce livre reste la seule preuve de sa vie parmi nous.

- Parlez moi de lui. Vous le connaissiez bien ?

- Comment dire... Il parlait assez peu de son passé, mais je me suis laissé dire qu'il avait été élevé par les elfes. Surprenant n'est-ce pas ? J'imagine que c'est là bas qu'il a dû recevoir ce goût immodéré pour la nature. Comme chasseur il différait réellement des autres, toujours prêt à épargner ses proies si c'était nécessaire. Cétait là notre point commun, il ramenait l'équilibre naturel par la force et moi je préférais les voies plus mystérieuses de la Terre mère.

- Vous étiez druide ?

- C'est cela, mais comment avez vous...

L'inconnu attrape le bras de l'aubergiste et ramène la manche en arrière, dévoilant un dessin tracé à l'encre. Un arbre au formes sinueuses dont les branches prennent un aspect singulier: l'une ressemblant à une gueule béante, une autre à un tourbillon, et une troisième à une main recourbée en signe d'apaisement.

- Les trois voies de la magie druidique murmure l'inconnu en relâchant le bras du tauren, l'arbre bestial, l'équilibre et enfin la guérison. J'ai aperçu ce tatouage quand vous m'avez tendu le Livre. C'est la troisième fois que je rencontre un druide d'un tel niveau dans ma courte existence. Mais je vous en prie continuez.

L'aubergiste ramène son regard bien loin derrière les murs de la vieille bâtisse, et reprend le cours de son histoire:

- Nous étions très liés, tous les trois... Je me rappelle que Drellath était toujours émerveillé durant nos voyages, il faut dire qu'il avait longtemps vécu à Ashenvale avec son maître elfe.

Le tauren pousse un soupir.

- Je ne suis pas tout à fait sûr de la raison qui l'avait poussé à quitter sa forêt d'adoption, il était assez discret sur ce point. Mais vous devriez trouver des réponses dans ce livre.

- Vous ne l'avez jamais ouvert ?

- J' y ai pensé mais il avait insisté pour que je lui promette de ne jamais l'ouvrir, et vous savez la vieillesse efface les défauts de la jeunesse comme la curiosité. Néanmoins après tant d'années, je pense qu'il ai temps que j'obtienne moi aussi des réponses.

Il tourne la page.
Ashenvale... Refuge éternel des elfes et des ombres. Cette forêt est aujourd'hui la dernière frontière séparant les territoires arides de la Horde et ceux plus mystérieux des Kaldorei. Lieu magique où arbres et fleuves laissent encore entendre leurs murmures chantants. Cette forêt, ancienne et secrète, se distingue par ses paysages sombres aux reflets bleus et violets. Elle abrite de gigantesques arbres aux formes étranges; quiconque y pénètre se verra ensorcelé par ces gardiens silencieux et immuables.

Toujours cachée dans l'ombre, la bête m'observe, immobile. Malgré la semi-obscurité omniprésente je devine sa nature: il s'agit bien d'un ours. D'instinct je regarde autour de moi, cherchant une issue mais les arbres me bouchent toute sortie. Je tente de maîtriser mes émotions, de rester impassible. Sans un bruit l'animal commence à se mouvoir. Je ne peux m'empêcher d'admirer la grâce avec laquelle il s'avance vers moi. A nouveau l'inquiétude me saisit mais la bête ne semble pas d'humeur belliqueuse. Au contraire son comportement est étrangement calme; sans se soucier de ma présence l'ours continue ses activités nocturnes. Un rayon de lune vient éclairer sa fourrure claire et j'entrevoie un instant l'animal en son entier. Splendide oeuvre de la nature que cette créature. Ses yeux mauves se tournent dans ma direction et je me sens comme happé par une aura de force et de sagesse.

Je détourne mon regard, l'occasion est trop belle. Mais alors que je je bande mon arc un doute m'assaille: ai-je le droit d'attaquer l'animal sans que ça soit par défense ou par besoin ? Tout ce que m'a appris mon maître m'inspire en ce sens. J'abaisse mon arc, vaincu. Devant moi l'ours émet un grognement amusé comme si il comprenait mes préoccupations. Tant pis, je ne peux chasser pour mon simple orgueil. C'est la première règle à respecter si je veux demeurer l'égal de ma proie.

Pris par le sommeil je décide de m'allonger contre un arbre pour attendre le lever du jour. Demain je rentrerai.

A l'aube des temps seuls étaient les elfes, humains, nains et autres natifs du monde d'Azeroth. Puis des terres perdus de Draenor surgit la Horde corrompue des orcs, rendue sanguinaire et dévastatrice par les pouvoirs sombres de la Légion Ardente. Les combats qui s'en suivirent ravagèrent les deux continents, marquant le début d'une nouvelle ère de guerre et de sang. Des êtres maudits foulèrent ce monde de leurs pieds, réveillés par la fureur des conflits. Cela tous nos livres et contes font mention, mais certains évènements furent occultés de la mémoire des peuples libres de notre monde.


Les Oubliés de l'Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.
Traditions sauvages:

Par tous les temps, la chasse a consisté l'une des plus anciennes traditions retrouvées chez l'ensemble des civilisations. Permettant à la fois de rétablir l'équilibre naturel et de contrôler les créatures de mère nature. Cependant aujourd'hui, cette culture est reniée au profit du progrès chez bien des races. Nous ne devons pas oublier d'où nous venons et continuer à respecter les croyances de nos aïeux.

Les Oubliés de l'Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.

Je suis surpris de voir à mon réveil que l'ours est toujours là. Assis à quelques mètres de moi on pourrait croire qu'il me surveille tant il me regarde fixement. Je repense à mon maître; ne m'a t-il pas dit que je pourrai adopter un animal à la fin de mon apprentissage ? Peut-être pourrai-je prendre cet ours.

Je me rends compte que je viens de penser à haute voix. Une lueur d'intelligence semble passer un court instant dans le regard de l'animal. A t-il compris mes paroles ? C'est peu probable, il doit simplement réagir au son de ma voix. Encore une fois je me prends à prêter une âme à une créature dont les gestes sont dictés par l'instinct le plus primaire. Cependant le regard fixe de la bête me met mal à l'aise. Elle semble me jauger. C'est agaçant de se sentir observé par si différent de soi...

Je décide de repartir, mon maître doit s'inquiéter. Je me relève péniblement, mon corps porte encore les traces de ma nuit passée dehors. Je rattache mes dagues à ma ceinture et passe mon carquois en bandoulière sur mon épaule droite. Mieux vaut être prudent. Dans mon dos l'ours émet un grognement sourd, peut-être me dit-il adieu. Je commence à m'éloigner à grands pas quant une vive douleur me prend à la tête. Sous la surprise je m'effondre au sol le sang battant contre mes tempes. Que se passe t-il ? La douleur s'intensifie à chaque seconde, irradiant l'ensemble de mon corps. Ma respiration se bloque, je suffoque. Tout en me tordant sous l'effet de la souffrance je croise le regard de l'ours toujours assis derrière moi. Son comportement a changé, il retrousse à présent ses babines dans une attitude menaçante. Je pense un instant que mes cris l'effraient mais une idée plus inquiétante commence à germer dans mon esprit. La douleur s'estompe soudain, laissant place à une sensation de vide. Je me relève péniblement pour faire face à l'animal. Je me saisis lentement de mon arc, prenant garde à ne pas rendre la bête plus nerveuse. Je commence à tendre la corde et aie juste le temps de tirer avant que l'ours furieux ne me charge. La pointe acérée se plante dans le cuir épais de la créature mais ne semble pas la ralentir. Vite je réitère la manoeuvre avant qu'elle ne soit sur moi. Cette fois je fais mouche. La flèche s'enfonce avec un sifflement vers l'emplacement du coeur. L'ours se fige étonné et baisse les yeux vers la tache pourpre qui s'étend sur son poitrail. Je ne suis cependant pas rassuré. L'animal repose sur moi son regard, secoué par ce qui semble des tremblements incontrôlables. Il est en train de rire... S'ensuit une scène dont le souvenir devrait me hanter toute ma vie. Dans un scintillement de lumière blanche l'ours se redresse, rapetisse pour prendre la forme de... d'un elfe ! Je regarde avec stupéfaction l'être qui se tient face à moi. Un elfe... Ce doit être l'un de ces druides dont mon maître m'a déjà parlé. Il les décrivait comme nos amis et nos frères. Je n'ai cependant pas le loisir de rester plus longtemps plongé dans mes pensées; là bas mon "frère" entame une incantation que je devine d'intention meurtrière. Je ne lui laisserai pas le temps de me surprendre une nouvelle fois. Alors qu'il ferme les yeux pour se concentrer, je me précipite sur lui, dague au poignet et lui porte deux coups à la gorge. Nous roulons tous les deux sur le sol, sans même que le druide ait pu esquisser un geste pour se défendre. Interrompu dans son sort, il s'affale ses yeux mauves s'attardant sur moi. Cette fois il ne pourra pas se régénérer... Un instant je suis tenté d'abréger ses souffrances mais le souvenir de ma douleur passée m'ôte tout reste de pitié. Je le lâche donc et tourne le dos au mourant. J'ai conscience de ne pas agir avec honneur mais il est parfois tellement plus agréable de faire souffrir... Mais... Ces pensées... Sont-elles vraiment les miennes ? Je secoue la tête pour évacuer les idées néfastes quant une voie s'élève dans la pénombre. Voluptée et fragile, elle déclame des mots inconnus. Je crois reconnaître l'ancienne langue des elfes employée bien avant l'invasion de la légion. Le druide ! Je me retourne précipitamment mais il est trop tard. Les derniers mots de l'incantation retentissent comme un roulement de tonnerre et un vent froid m'enveloppe aussitôt. Une malédiction... Maudissant l'elfe je m'écroule sur le sol avant de sombrer dans l'inconscience.
" J'ai parlé à mon maître de ma mésaventure en forêt. Il m'a examiné mais dit n'avoir décelé aucune trace d'une malédiction quelconque. Il a paru étonné d'apprendre l'agressivité du druide à mon égard, il dit ne rien savoir. J'ai l'impression qu'il me cache quelque chose."

Oui, c'est sûr. Au fur et à mesure que je relis ces lignes ma certitude ne cesse de se renforcer. Cela paraît évident à présent. Depuis que je lui ai narré la rencontre de l'autre jour le vieil elfe semble distant et me lance parfois des regards étranges. Peut-être m'en veut-il seulement pour avoir tué l'un de ses semblables, pourtant... Je sens qu'il y a autre chose. Malgré ses dires il ne m'a pas semblé surpris d'apprendre la présence de druides si près de nous. Les connaissait-il ? Non je me fais des idées. Mon maître n'aurait jamais permis quoi que ce soit qui puisse mettre ma vie en danger. Et puis je connais son ressentiment vis-à-vis de ses congénères. Néanmoins... Autre chose me trouble. Quelle était cette étrange incantation prononcée par le druide avant d'expirer ? Si il est bien mort d'ailleurs. Mon maître est parti chercher le cadavre mais n'a rien trouvé d'autre que du sang séché sur les herbes. Pas de corps, pas de certitude. Quant à ce sort je suis pourtant sûr d'avoir ressenti ce malaise si caractéristique des malédictions. Me serais-je trompé ? J'aimerais le croire.
" Toujours ce mal de tête, cette affreuse migraine qui me poursuit. Ma fièvre n'est pas descendue malgré les soins prodigués par mon maître. Mes crises de délire sont terribles, je vois des visages hurlants, grimaçants qui me parlent dans ma tête. Je ne veux pas mourir."
Est-il prêt ?

- C'est-à-dire... Il est peut-être trop tôt pour agir.

- Nous ne pouvons plus attendre. Le druide a t-il réussi ?

- Nous ne sommes sûrs de rien.


Je me réveille en sueur. Il me semble avoir entendu des voix. Mes crises de délire qui reprennent ? Je tâte mon front, il est froid. La fièvre est tombée. Je me sens parfaitement rétabli. Trop peur-être, à dire vrai je me sens tellement bien que s'en est presque inquiétant. Mais bon. C'est étrange je n'entend pas mon maître. Il devrait pourtant être là. Il doit être sorti pour chasser.

Je me lève avec lenteur et retire les bandages qui m'enveloppent la tête. Rien. Aucune trace de ma subite "maladie". Je crois soudain entendre quelque chose. Raaa. Encore ? Raaa. Qu'est-ce que... Il semble que le bruit provienne de la pièce d'à côté. Je passe ma tête dans l'encadrement de la porte et m'arrête tétanisé. Je baisse les yeux tant le spectacle est insoutenable. A quelques mètres de moi git le corps d'un elfe, lacéré par ce qui semble des griffes énormes. L'espace d'un instant, l'image d'un ours s'impose à mon esprit. Une boule se forme dans ma gorge, bloquant ma respiration. Mon maître... Un flot de larmes coule le long de mes joues et je me remémore tous ces moments passés ensemble. Ma première chasse... Nos éclats de voix... Son sourire fier lorsque j'accomplissais ses directives avec succès...

La boule de tristesse au fond de ma gorge éclate soudain, libérant un hurlement de rage. Je tombe à genoux devant le cadavre supplicié. Raaa. Un cadavre ? Non... Je perçois une faible respiration, comme un râle qui s'échappe du corps mutilé. J'ai un frisson de joie, il est en vie ! Avec difficulté, les yeux vert émeraude s'entrouvrent pour regarder vers moi. Aussitôt les lèvres desséchées du blessé s'agitent, tentant de prononcer des mots d'abord inaudibles.

- Dre... Drell... ath.

- Qui a fait ça ? Les druides ?

Mon maître esquisse un sourire triste.

- Tu... Tu dois partir. Loin. Si ils te trouvent ils te tueront.

- Qui "ils" ?

- j'ai été... Bien puni de croire... Ma mission est un échec.

- Quoi ? Quelle mission ?

- Ecoute. Tu dois rejoindre Durotar, la cité d'Orgrimmar. Tu y seras en sécurité.

- Je ne peux pas partir sans vous !

Je saisis la main de l'elfe et la serre, mais il repousse mon étreinte.

- Non... Je vais mourir. Tu dois parler à...

Je devine qu'il peine déjà à trouver ses mots. Je rapproche ma tête pour mieux l'entendre mais il est trop tard. Il est mort.

Je reste un moment à contempler le corps sans vie de mon maître. Puis soudain, mu par le sentiment de devoir lui rendre un dernier hommage, je le soulève pour le porter à l'extérieur. Tout est calme, la nature elle-même semble donner son ultime adieu au vieux chasseur. Sous un de ces grands arbres dont il prenait grand soin je l'enterre. Je sais que c'est ce qu'il aurait voulu. Retourner à la terre. Pendant que j'improvise une maigre prière funèbre, je me dis qu'il y avait encore tant de choses que j'ignorais de cet individu exceptionnel. Pourquoi s'être séparé des siens par exemple. Et puis... Cette fameuse mission qu'il a évoquée avant sa mort. Quelle étais-ce ? Demain je partirai pour Orgrimmar. Peut-être y trouverai-je la réponse à mes questions.

Malédictions:

L'art des malédictions fut apporté au début par les démons de la légion ardente. Jugés dangereux ces pouvoirs furent par un commun accord, prohibés de la communauté magique. Les sorciers qui en usaient alors étaient vite condamnés au bûcher pour éviter la corruption de ce monde. Cependant il se trouve aujourd'hui des individus assez avides pour faire ressurgir les anciennes terreurs du passé.


Les Oubliés de l'Histoire, Aneth, Le Livre des Malédictions.
"Mon premier voyage hors d'Ashenvale. J'avoue mon appréhension à quitter ces lieux pour des terres inconnues. Comment vais-je être accueilli ? On verra bien."

Marcher. J'ai l'impression de me répéter ce mot dans ma tête depuis des heures. Encore un pas en avant sous le soleil brûlant. Je regrette l'ombre de la forêt à présent. Ces terres semblent si différentes... Lorsque j'ai dépassé le rempart -dernière limite d'Ashenvale- le paysage a commencé a changer. Je ne reconnais même plus les animaux; bruits et odeurs me sont inconnus. Encore un pas. Mes muscles se contractent sous l'effort. Je lance un regard vers l'horizon, seuls quelques arbres de grande taille subsiste sur cette terre couleur sable. Epuisé par ma longue marche, je m'approche de ces géants pour profiter de leur ombre. Mais des animaux à la fourrure dorée somnolent déjà sous leurs gardiens. L'un d'eux pousse un long rugissement me signifiant de partir. Il ne me poursuit pas, mais demeure les yeux rivés dans ma direction veillant à ce que je m'éloigne au plus vite des siens. Ce n'est rien je trouverai sûrement un abri plus loin. Encore un pas.
"La chaleur semble s'être quelque peu atténuée et la région se fait plus accueillante. La nuit a cependant été éprouvante, contrastant par sa fraîcheur avec mon calvaire de la veille. Je n'ai pu fermer l'oeil avec toutes ces bêtes qui rodent."

Les difficultés du premier jour passées, il n'est pas si désagréable de traverser ces nouveaux territoires. La faune et la flore toujours aussi étranges à mes yeux sont passionnantes à observer. Je marche maintenant avec allégresse, la nature s'étant faite plus clémente à mon égard. En guise de repas, une sorte d'oiseau à longues pattes capturé le jour même. Cette chair est la bienvenue. Je continue de suivre la route qui me guide jusqu'à un embranchement. Un panneau indicateur indique deux directions à suivre: à droite la Croisée des Chemins, à gauche Durotar. Je lève les yeux vers la seconde direction. Un mince filet de fumée noire s'élève à l'horizon, révélant la présence du village dans le lointain. Je suis tenté d'aller observer ce lieu célèbre. Qui en effet n'a pas entendu parler de la Croisée, bastion de la Horde et centre de toutes les voies aériennes et terrestres du pays. Mon maître m'a tant parlé de ce petit village, résistant continuellement aux attaques répétées des elfes et de leurs alliés. Le souvenir du vieux chasseur me trouble et je me hâte sur la route menant à Durotar. La lumière du jour commence à s'estomper et les hurlements des bêtes s'éteignent avec le crépuscule.
J'entends le chant familier des eaux. Je ne dois plus être loin de le rivière marquant mon entrée en Durotar. Des formes inhabituelles se dessinent à l'horizon. Je marque une pause avant de m'aventurer plus loin. Un avant poste orc se tient à quelques mètres, gardant le pont permettant de traverser les rapides. Des gardes marchent le long du fleuve, fiers dans leurs armures scintillantes. Je n'ose approcher. C'est la première fois que je dois entrer en contact avec mes congénères et j'avoue que cette idée m'inquiète plus que je ne l'avais imaginé. Je me résous cependant à avancer vers eux. Aussitôt les gardes m'entourent et s'enquièrent de mon origine. Suis-je un aventurier de la Croisée ? Ai-je été en contact avec des animaux malades récemment ? Je réponds par la négative. Rassurés ils s'écartent pour me laisser passer. Je demande alors la direction d'Orgrimmar. Un grand orc à l'aspect patibulaire s'avance vers moi. Il esquisse un geste en direction des gardes en direction des gardes qui retournent à leurs occupations. Les pauvres ne doivent pas avoir beaucoup de distractions par ici. L'orc m'invite à l'accompagner dans ses quartiers pour discuter. Nous nous installons confortablement tandis que mon hôte présente des excuses pour le comportement méfiant de ses subordonnés. Un maladie serait en train de se propager dans le nord des Tarides -c'est le nom de la région que je viens de traverser- et tout voyageur doit être examiné pour éviter que la contamination ne s'étende. Je lui demande l'origine du mal mais il me répond qu'elle est inconnue.

- Certains de mes orcs pensent que ce sont les elfes mais je n'y crois pas.

- Pourquoi ?

Il est rare de rencontrer un orc qui ne soupçonne pas immédiatement les elfes.

- Pourquoi ? Ce n'est pas leur genre. Même pour nous atteindre les elfes ne perturberaient pas ainsi l'équilibre naturel, non pour moi c'est autre chose.

Il me regarde d'un air soupçonneux.

- Dites moi, vous posez beaucoup de questions, d'où venez vous déjà ?

- Il ne me semble pas vous l'avoir dit. De très loin c'est tout.

- Bien. Vous me pardonnerez mon indiscrétion mais... On ne peut pas laisser n'importe qui se rendre à la Cité. Heureusement vous ne semblez pas une menace, je vous propose donc de passer la nuit ici. Je vous donnerai une lettre demain pour que vous puissiez entrer à Orgrimmar. Calumet ?

Il me tend une longue tige de bois en souriant.

- Il a été confisqué à un voyageur tauren et je dois avouer que je m'en réjouis. Vous devriez essayer ça vous calmera, vous me semblez assez tendu.

Je porte l'objet à mes lèvres par politesse et tire une bouffée. Le garde fait de même puis souffle un nuage de fumée rose. Ce n'est pas désagréable.
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