Fanfiction World of Warcraft

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Lae, Démonologue Patentée

Par Lae

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Le minuscule être noir, entouré comme à l'habitude d'une aura verte, se tenait devant le gigantesque démon qui venait de le convoquer. Opinant du chef nerveusement à chaque phrase de son interlocuteur, sautillant d'un pied sur l'autre rapidement sans arriver à cacher son impatience, il attendait le verdict éminent. Après un discours tout en longueur, usant de moult métaphores et autres paraphrases et citations empruntées aux plus grands, Belzébête, frère ingrat du plus grand démon parmi les démons, prenait son temps pour faire tomber sa sentence. Sachant que c'était à lui que revenait depuis des millénaires la tâche peu gratifiante de s'occuper des démons mineurs, celui-ci avait acquis à travers les âges un air à la fois las et hautain, et il pensait tirer une gloire toute personnelle en s'embourbant dans de longues phrases qu'il croyait philosophiques.

Comme tout vient à point à qui sait attendre, même si pour cela il doit attendre plus que longtemps, Belzébête termina de babiller et leva la main droite, signe qu'il avait pris sa décision.

"Volmir ! Tiens en place un instant et écoute mes bonnes grâces."

Le démon mineur, rarement appelé directement par son nom, sursauta et se stabilisa, d'un équilibre que la nervosité rendait plus que précaire.

"Volmir..." Le démon secoua lentement la tête d'un air paternaliste. "J'ai décidé de t'attacher à une âme humaine et de t'obliger à la servir, en punition de tes bravades répétitives et guère variées".

Le petit démon fit une moue pitoyable et croisa les bras d'un air lamentable, aux antipodes de son aspect narquois ordinaire. Son simulacre de tristesse et de déception laissa Belzébête de marbre et ne trompa personne dans l'assistance.

"Voici ta maîtresse."

De la paume du grand démon jaillit un tourbillon de fumée pourpre qui se propagea en un cercle parfait sur le sol. Ondulant comme un reptile paresseux, les vapeurs se tassèrent peu à peu et prirent un aspect laqué, miroitant... puis peu à peu transparent. Au travers de cette fenêtre impromptue sur l'autre monde, on pouvait distinguer un être courant au milieu de la neige. On aperçut un peu mieux les traits de l'individu au détour d'une butte, ainsi qu'une tignasse ramenée en arrière en trois amas de cheveux excentriques. La femme était courte sur pattes. Ou plutôt pas très haute sur jambes. Enfin, dirons nous, plutôt petite de taille. Bref ! C'était une Gnome.

Massacrant la faune environnante et piétinant allégrement la flore, elle jetait des éclairs à tout va et se retrouvait, regrettablement régulièrement dirons nous, à terre, le nez dans la neige molle.

L'assemblée partit d'un grand éclat de rire, couvrant les grommellements rageurs de Yazkol qui trouvait la boutade du plus mauvais goût. Belzébête battit des mains d'un air alangui, ramenant la foule au silence.

"Volmir. Au nom de nous tous, je te souhaite bon courage". Et la foule se remit à rire hystériquement.


_______________


« Mon nom est Lae. »
*scriiiitch - scribouillis*

« Je m'appelle Lae. »
*scriiiitch - scribouillis*

« Moi, c'est Lae. » Ah, tout de suite, ça sonne mieux !

« Il y a des choses qu'il faut que je vous raconte. Je veux dire, elles ne peuvent pas rester secrètes comme ça ! Et puis, je sais bien qu'on m'a demandé de ne rien dire, mais depuis quand je sais garder un secret ?! Tout a commencé dans une taverne... »

_______________


« On va commencer par mon problème. Je mesure... pas grand-chose... et... »

La petite femme regarde autour d'elle d'un air entendu, se penche rapidement sous la table pour y débusquer un potentiel intrus, et retourne à sa conversation.

« Bon, on est bien d'accord, tout ceci reste entre vous et moi ?! »

Lae fixe son interlocuteur un long moment, fait craquer ses doigts, et reprend d'une voix à peine audible.

« J' ...-me... l-... ...-rei-... !!! Mais chut, hein ?! »

L'homme assis en face d'elle reste un moment perplexe. Un long silence s'installe entre les deux convives, le bruit de la taverne et des discussions en tout genre n'en devenant que plus présents. Au bout d'un moment, il se penche vers la Gnome et choisit soigneusement ses mots...

« Quoi ?!!! »

Lae sursaute.

« Oh ! Je croyais que vous assimiliez la nouvelle !!! »

Elle roule des yeux.

« J'aime les... »

Lae fait un grand geste des deux mains au niveau du visage, et replonge dans son mutisme.

« Les... Joues ? »

L'homme fronce les sourcils. Plus rapidement cette fois, la femme agite ses bras au niveau des yeux puis des oreilles, pour finir par un grand geste en hauteur. S'ensuit un grand blanc dans leur conversation...

« J'AIME LES KALD'Z'OREILLES !!! »

A l'instant où Lae crie ces mots, la taverne plonge dans un silence surpris, et quelques têtes se tournent vers la table de la Gnome. Elle reprend d'une petite voix faible.

« Et si on allait discuter ailleurs... »

_______________


« Bon oui d'accord, c'était pas un secret intéressant. Pis, c'était pas le secret que je voulais vous raconter !

On dit de moi que je suis une grande Gnomette. Une Gnome qui veut vivre chez les grands, avec les grands, comme les grands. Bon, je m'incline face à cette description. Depuis toujours j'ai eu la... folie des grandeurs ! Et puis, maintenant que vous connaissez mon secret, vous comprenez sans doute un peu mieux !

Je ne vais pas commencer mon histoire comme tout le monde par le début. Gnagnagna, je vais au cours de Démonisme, j'ai un étalon de feu que j'ai appelé Joli Jeumpeur, et j'ai mis des sous à la banque en pensant à ma retraite quand je serais vieille ! Ca, tout le monde pourrait vous le raconter.

Moi, je suis là pour vous parler de la vie vue d'en bas, et les gens que j'ai croisés m'aideront sûrement à mieux vous en faire le portrait. Mais bon, faudra être un peu patient, parce que c'est l'heure du cours de bidouille Gnome, et si je suis encore en retard je vais me faire passer au rayon réducteur !

A la revoyure ! »
Non coupable !

Je ressors à peine d'un procès rocambolesque qui vient de se tenir à la cathédrale de Stormwind ! On y jugeait à corps et à cris un homme coupable d'avoir tenté d'zigouiller le dirigeant de la flamboyante Horde, un z'Homme dénommé Jorian, surnommé par plein d' personnes « Jorian l'Oubli ».

J'ai rencontré Jorian il y a quelques semaines, à Booty Baille...



** Quelques jours plus tôt **

Assise sur le bord d'un tabouret de bar, une femme haute d'à peine quelques centimètres beugle... Umm... chantonne d'une voix gaillarde.

"Il est deux heures du mat'...
A Booty Baillllllle...

J'ai les oeils qui piquent...
Les cheveux en pailllllle...

Les oreilles qui bzzzitent...
Après la batailllllle...

Il est deux heures du mat'...
A BOOTY BAIIIIIIILLE !!!"


Une outre de bière naine à moitié vide à la main, Lae encourage les quelques buveurs avachis à reprendre en choeur avec elle. Peu convaincus, ceux-ci restent le nez dans leur hydromel, sans même jeter un coup d'oeil à la Gnome.

« C'pas possible d'être aussi peu jovial !! Chantez donc z'un peu, les z'amis ! »

Elle se relève et saute en bas de son tabouret de bar, puis commence à gravir les marches de l'auberge. Jetant au passage une pièce à l'Aubergiste Skindle, elle lui fait un clin d'oeil appuyé.

« Dommage qu'tu sois un peu tout vert, Sklindlele ! On croirait un peu une d'ces marmelades toutes visqueuses qui trainouillent dans Gnomeregan ! »

Sous l'oeil outragé de l'hôte, elle s'enfuit dans les étages supérieurs. Arrivée en haut des marches, quelques phrases attirent son oreille... Une voix forte, à l'accent prononcé. Un pirate, à n'en pas douter, une racaille des mers, un homme habitué à mener un équipage, sans nul doute. Une autre voix, hésitante, parfois chevrotante. Lae pense immédiatement à un malade, ou un indécis. Peut-être les deux ?

« Laissez moi relire mes notes... Un... Un instant... »
« Nous n'avons que peu de temps ! Ressaisissez vous, Jorian ! »

Ainsi c'est cet homme. Jorian, Jorian l'Oubli. Nombre de fois elle a entendu ce nom chuchoté, dans les diverses tavernes qu'elle a fréquentées. Un homme qui oublie tout ce qu'on lui dit, un étranger que peu connaissent mais dont beaucoup parlent.

« Et vous pensez que nous... Pouvons nous rendre en Kalimdor ? »
« Je vous l'ai déjà dit Jorian ! Nous le pouvons, à condition que vous me trouviez cette carte ! »

Qu'est-ce que c'est que cette discussion ? Habituée à avoir les oreilles qui traînent, Lae comprend immédiatement qu'elle est en train d'assister à un entretien pour le moins louche. Elle se penche un peu plus par la porte entrebâillée, et reconnaît les deux compères. L'un des deux, un homme portant une dague à chaque côté, et une mallette à portée de main, est vraisemblablement Jorian. Son attention se porte sur le second homme, un solide gaillard, un bandeau sur l'oeil. Etonnée, elle reconnaît Taak Rogers, chef d'équipage des Buccaneers, et laisse échapper un sifflement surpris.

L'instant d'après, Taak se retourne vivement et se dirige précipitamment vers la porte.

« Vous n'avez rien entendu, Jorian ? »

Lae a à peine le temps de se glisser derrière un des poteaux soutenant l'auberge, que la porte s'ouvre à toute volée. Taak sort d'un pas décidé et observe le palier vide. Retenant sa respiration, Lae se fait toute petite. Au bout de quelques instants, l'homme retourne dans la chambre et referme énergiquement la porte.

Au bout de quelques minutes, après s'être assurée qu'aucun danger ne persistait, la Gnome ressort de son abri et se dirige à tâtons vers la porte fermée.

« J'entends plus rien d'tout ! Han !! Quelle manie d'fermer les portes, j'te jure ! »

Collant son oreille au chambranle, elle arrive à retenir quelques mots épars.

«Stormwind... Bibliothèque... Barque... Pièces d'or... »

Incompréhensible. Bien décidée à en savoir plus, Lae appuie son oeil contre la serrure... et la porte s'entrouvre dans un grincement strident. Se précipitant derrière son poteau fétiche afin de se camoufler, elle entend les pas rapides de l'homme derrière elle.

« Excusez-moi ! »

Lae relève le bout du nez, puis tombe face à face avec l'homme qu'on nomme Taak Rogers.

« Euh... Voui ?! »
« Je peux savoir ce que vous faites là ? Vous nous espionnez ? »
« Euh... C't'à dire... J'ai perdu mes lunettes et j'me d'mandais si elles étaient pas tombées par là ! »
« Moui. Que je ne vous y reprenne plus ! »

Comprenant le message - suffisamment appuyé par le regard noir de Taak - Lae redescend les quelques marches vers l'auberge.

« Comment attirer son attention ?! L'a l'air bien seul, c'Jorian... Comment, comment... »

Lae farfouille dans son sac, et y trouve une rose qu'elle a cueilli sans y penser le matin. Fière, elle sort la fleur de son sac, et attend fermement en bas de l'escalier, la rose serrée dans son poing.

Quelques instants plus tard, les deux hommes, leurs affaires terminées, descendent à leur tour les marches. Lae attrape la jambe de pantalon de Jorian pour attirer son attention.

« M'sieu ! M'sieu ! »

L'homme jette un regard circulaire dans l'auberge, ne comprenant pas d'où vient l'appel. Puis, attiré par son pantalon qu'on tiraille, il remarque la petite femme à ses pieds, et s'agenouille.

« M'sieu ? Vous aimez les fleurs ?! »
« Je... Je ne sais pas. »

Lae hésite un instant.

« Ben... Tenez, vous verrez... »

Elle lui tend la petite rose rouge et il la prend machinalement, puis la porte à son nez.

« A bientôt, M'sieu !! »

Lae s'éloigne timidement, touchée par l'innocence de cet homme. Elle entend les quelques mots prononcés par Taak, et lui lance un regard vengeur.

« Mais ! Elle vous fait du charme ! »

Puis Lae quitte l'auberge.


** Aujourd'hui **

Voici les quelques souvenirs que j'ai de Jorian, que j'ai recroisé à quelques occasions. Un homme bon, au coeur pur, mais qui oublie tout. Incapable de faire le mal, incapable même de le concevoir.

Impossible de la part de quelqu'un qui aime les fleurs !!

Aujourd'hui, la foule a jugé Jorian l'Oubli non coupable, à l'issu de ce procès rocambolesque dont je vous parlais plus tôt. La justice du peuple a prit le pas sur la justice de la ville, et le juge même s'est plié à la décision de la foule, qui scandait sans vergogne :


« Non coupable ! Libérez Jorian ! »

Un peu plus tard, après avoir glissé une note dans sa poche, j'ai recroisé Jorian dans les rues de la ville, libre. Il ne semble pas se souvenir de moi, comme je m'en doutais. Mais son visage s'est éclairé quand je lui ai offert une fleur des champs, que j'avais cueillie plus tôt. S'il se souvient au moins de mes fleurs, que demander de plus ?

Mais je me demande...


« P't'être qu'il aime bien l'Gnomettes ? »

*soupire en rêvant*
« On dit de moi que je suis une grande Gnomette. Une Gnome qui veut vivre chez les grands, avec les grands, comme les grands... »

Lae est petite de taille, mais grande de coeur et d'esprit. Depuis toujours attirée par ce qui l'entoure, l'esprit vif et pointu, elle est avare de découvertes et de rencontres.

Par une chaude nuit d'été, au coeur d'une ville mécanisée et moderne, a vu le jour un minuscule personnage aux cris perçants et au rire gargantuesque. Certes, les temps étaient fastes à cette époque, les Gnomes et leur cité robotisée se sentaient maîtres du monde, mais si leurs créations facilitaient la vie de milliers d'individus, les jalousies à leur égard en étaient d'autant plus exacerbées.

Comme il est étrange de grandir dans un monde de savants fous, où chacun tente d'impressionner son voisin à coup de prouesses techniques et d'inventions surdimensionnées.

Nourrie par un Biberontronic 4400, robot ultramoderne de son époque, changeur de couche intégré, toutes options, Lae s'est habituée très jeune à ce qu'elle prit l'habitude d'appeler « la Bidouille ». Une enfance simplifiée par ces golems mécaniques et autres boulons sur pattes.

Comme tout Gnome qui se respecte, elle a à son actif quelques centaines d'inventions, toutes plus bancales les unes que les autres. A 4 ans déjà, elle offrait à ses parents un cendrier en terre cuite turbo-dynamisé, avec éjection des cendres et vaporisation d'un parfum d'ambiance, qu'elle avait appris à construire à la petite école.

« Bonne Fête di Mama, Mama ! »

Air dubitatif des parents, regards plein d'amour, et fierté Gnome de voir sa progéniture manier si bien la clé plate.

On ne choisit pas non plus sa voie bien tôt, chez le petit peuple. Ainsi, pendant de nombreuses années, Lae se contente de vivre aux crochets des gens de Gnomeregan, nourrie par les amis de ses amis, logée chez la famille de sa famille, et passant surtout son temps à apprendre, à découvrir, et à faire des connaissances.

Une obsession juvénile de cette paire de couettes est la grandeur. Adolescente, allant à l'encontre des cours sur le Rayon Réducteur Gnome, elle passe des heures à détailler des plans minutieusement afin de trouver une solution pour inverser la machine, et agrandir sa taille. L'invention de l'Agrandisseur de Monde par un des éminents professeurs de son université bouleverse ses plans. Mais ce n'est pas le reste du monde mais bien elle-même, qu'elle veut agrandir.

L'expérience rocambolesque de ses Echasso-matic Bidulotronique v1.114 marque à jamais les gens de son quartier, lorsqu'ils voient une jeune fille d'à peine quelques centimètres déambuler dans les rues sur des tiges métalliques de plusieurs mètres. C'est également plusieurs points de sutures et de jours d'hôpital qui ponctuent l'expérience.

Le grand coeur de Lae, avide de grands horizons, lui vaut bientôt une certaine popularité au sein de son cercle d'amis. Elle attire les regards par ses facéties et son rire communicatif. Toujours un mot bien placé, et une « blagounette » appropriée, comme elle aime à les appeler.

Les regards masculins se font bientôt plus insistants, mais Lae ne s'en rend pas toujours compte. Attirée par le haut, elle délaisse ses compagnons de petite taille, et rêve sur ces peuples étranges et étrangers dont elle entend parfois parler.

On lui parle de gens vivant en harmonie avec la nature, et dont les oreilles seules font plus que sa taille ! On lui parle aussi d'un peuple d'où vient le mot « humanité », où les hommes sont grands et forts. Lae rêve de les rencontrer et les séduire.

Lors de l'horrible attaque des Troggs et la terrible guerre radioactive qui s'en suit, Lae s'enfuit et rejoint comme nombre de ses congénères le peuple des « Tout Barbus », costauds gaillards qui les accueillent en leur gigantesque citadelle.

Lae rêve. Lae observe. Lae rencontre enfin les peuples.

Et tente toujours maintenant de les séduire !
Les cheveux légèrement agités par la brise, Lae observe le vide en dessous d'elle. Les vagues caressent les côtes de la ville, les pontons craquent sous le poids des passants, et le calme règne.

Dans la ville neutre de Booty Bay, rares sont devenus les affrontements depuis qu'une trêve fragile a été signée par Thrall avec les forces de l'Alliance. Au loin, les champs de bataille font encore parfois rage, mais ici les habitants semblent vivre dans une relative sérénité.

Lae agite ses pieds dans le vide, et se rassoit plus fermement sur le mat qui surplombe la ville. Elle n'a jamais été sujette au vertige, et même à une telle hauteur elle garde la tête sur les épaules. Elle chantonne une mélodie et se détend en regardant les navires aller et venir, déposant des dizaines de voyageurs et des centaines de marchandises, et refaisant le trajet en sens inverse.

Elle lisse sa robe et évoque mentalement les jours derniers, les souvenirs gravés à jamais dans sa mémoire, les aléas des rencontres et des combats. De nombreuses découvertes ont été faites par sa Société, et c'est avec fierté qu'elle en porte l'écusson. Chaque jour, ses membres combattent contre l'ignorance et la naïveté, cherchant à percer les secrets du monde qui les entoure.

Ses objectifs personnels lui trottent également dans la tête, une liste mûrement réfléchie de rêves et d'envies qu'elle répète à voix basse à chaque réveil, en essayant de les accomplir un à un.

Gagner en puissance, gagner en connaissance, découvrir une région puis une autre. Des artefacts, des secrets, des hommes et des femmes, des cultures.

Des objectifs plus privés lui tiennent aussi à coeur, et c'est avec difficulté qu'elle y songe ou même les partage. Peu connaissent son véritable fond et son sourire ingénu éloigne la plupart des soupçons.

Toute à ses réflexions, elle n'entend pas les pas qui s'approchent d'elles.

- B'soir ! Permettez que je m'asseye ?

Elle se retourne et découvre un Gnome âgé, aux cheveux ébouriffés et à l'art affable. Il indique du doigt une place près de Lae.

- Bien sûr, je vous en prie, le mat est à tout l'monde !



Le Gnome s'assoit et le calme revient.

Les Gobelins mènent la ville de main de maître, sous le soleil accablant de la jungle de Strangleronce. Une métropole commerciale de grande envergure, qui fournit toute la région en vivres malgré les nombreux bâtons dans les roues. Car la vie n'est pas toute rose, sous ce soleil. Les pirates envahissent les plages avoisinantes, et la faune se rebelle contre l'espèce humaine. Même la race Gobeline se révolte contre ses pairs et exploite les terres au nord pour en extraire toute vie.

C'est un dur combat que mène chaque jour le Baron Revilgaz pour maintenir ses hommes à flots, et la ville à la surface.

Le ventre de Lae commence à gargouiller. Le Gnome à côté d'elle s'agite un instant, et son ventre se met à gronder peu après.

- J'ai faim aussi...

- J'ai rien amené à manger... Et puis je n'aime pas vraiment la cuisine de l'auberge, du poisson, du poisson...

Lae soupire, mais son compagnon ne se démonte pas.

- Je connais une échoppe qui vend de la nourriture exotique !

- Exotique ?

Lae écarquille les yeux, la curiosité aiguisée.

- Oui, ils font de la cuisine Orque, Troll et même Tauren !

- Je tenterais bien Orque, j'ai entendu dire que c'est épicé !

- Je vais chercher ça !

Le Gnome s'éloigne rapidement et le silence se fait à nouveau, seulement brisé par le remous de l'océan.

Les rencontres se succèdent et ne se ressemblent pas. Toutes les races arpentent le pays et se croisent sans vraiment se connaître. Lae a eu l'occasion de parler avec des Elfes, discuter avec des Nains, disserter avec des Humains et s'entretenir avec ses congénères Gnomes. Chacun est mobilisé, mais l'effort de paix rencontre une forte opposition de la part de nombreux combattants. Les discussions sont houleuses lorsque l'on aborde la direction que doit prendre l'Alliance, quelle position elle doit adopter face à la Horde, quelle solution doit elle trouver contre le Fléau...

Chacun tente à sa façon de faire changer le monde qui l'entoure.

Le coeur de Lae bat plus fort. Elle aussi tente de faire changer les choses, de faire évoluer les mentalités, de révéler ce que de nombreuses personnes tiennent à garder secret.

Sa race lui pèse parfois. Peu nombreux sont ceux qui prennent une Gnome au sérieux, l'assimilant rapidement à une enfant, la rangeant dans une case mentale de naïve. Comme elle aimerait mener les foules.

Et son coeur bat aussi pour d'autres desseins bien plus personnels. Etre plus grande lui permettrait d'accéder à de nombreux buts cachés...

- Le dîner est serviiii !

Le Gnome revient rapidement au bout du mat, et dépose à ses pieds de nombreux petits plats fumants. Il tend une fourchette à Lae et soulève un couvercle au hasard.

- Délice de parade ! Un met succulent et plein de surprises !

Une odeur étrange et envoûtante s'échappe de l'assiette. Le petit homme plante sa fourchette avidement, et porte un morceau à sa bouche. Il avale rapidement, et sourit.

Une petite fumée bleue commence soudain à s'échapper de ses oreilles, doucement puis plus rapidement. Lae repose le morceau qu'elle s'était servi et écarquille les yeux de plus belle.

*POUF*

Une explosion de lumière, et soudain se trouve face à elle un homme en habit de pirate.

- Aaar ! Drôlement épicé !!!

- Eeeeuh...

- C'est l'plat d'Parade, l'jeunette ! Ca vous r'tourne les trippes pour sûr !

Le Gnome-pirate éclate de rire. Surprise, et la curiosité titillée, Lae plante à nouveau sa fourchette et avale goulûment.

Silence. Dans son ventre, Lae sent la bouchée qui descend doucement vers son estomac. Rien ne se passe. Lae fait une moue dépitée et s'apprête à se resservir quand elle est soudain entourée d'une aura de lumière verte. Un bruit assourdissant se fait entendre et laisse tomber sa fourchette, qui tombe, qui tombe...

Lae pense vite. Elle tombe de bien trop haut, cette fourchette. Elle jette un coup d'oeil vers ses jambes désormais démesurées.

- Je... Je suis humaine !!



Lae exulte. Tous ses plans, tous ses projets, enfin !!! Elle se met à danser avec le pirate.

- Vive le délice de parade !! C'est une révolution ! C'est une...

*POUF* *POUF*

Les Gnomes toussent. Quand la fumée se dissipe, ils se regardent dans les yeux. Le petit homme prend la parole :

- Ah oui, c'est le problème de la cuisine Orque, ça ne dure pas longtemps...

Lae soupire. C'était trop beau. A leurs pieds, les plats ont été piétinés par leurs danses. Irrécupérable.

Elle se rassoit et soupire. Il en sera donc ainsi, et c'est sous son vrai jour qu'elle continuera à mener son combat. Confiante, Lae sourit. Sous ses pieds, la ville continue son activité. Les gens passent, les vendeurs hèlent les passants.

Le regard de Lae se perd à nouveau dans l'horizon.


(HRP : Merci à Jorian de m'avoir donné l'idée pour ce petit texte. Merci également à Grizlee, le vrai Gnome de l'histoire, pour ce petit moment de roleplay improvisé !)
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