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La conférence

Par Stéphane
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La conférence

Mes chers confrères, je vous salue.

Avant de commencer mon exposé, il me faut, comme le veut la tradition lorsqu'un mage est accueilli dans l'hémicycle de la Haute Ecole de Magie, remercier Ser Arkady Gorom, le vénérable doyen de cette université réputée comme l'une des meilleures de la côte Ouest. Que les Dieux veillent sur ce sage éclairé et lui permettent de garder jusqu'au dernier jour de sa vie, lointain nous l'espérons tous, toute l'intelligence qui lui donne la capacité d'être l'un des meilleurs archimages qui soient...

Il me faut ensuite me présenter à l'honorable assistance de magiciens qui me fait don de son auguste présence, afin que tous sachent de quelle insignifiante et ignorante bouche vont sortir les paroles qui peut-être bousculeront les idées pré-établies concernant les objets magiques en général, et les armes magiques en particulier.

Mon nom est donc Izimaël Lunerousse, et je suis Elfe. Il n'est nul besoin de vous préciser que je suis de sexe féminin, si j'en juge par la bave qui coule le long du menton de cet auguste magicien, au troisième rang devant moi (rires dans l'assistance). J'ai été l'élève de Maître Lunerousse, mon père, qui vit à Eternelle-Rencontre. Il a l'honneur d'être le magicien de la cour et aux dernières nouvelles que j'ai eues de lui, il a vaillamment participé à la défense lors du raid organisé par les orques contre notre île sacrée.

J'ai deux cent huit ans et je pratique la magie depuis près de cent ans, ce qui me rend, j'ose croire, aussi compétente que n'importe lequel d'entre vous pour discourir sur les phénomènes magiques de toute nature. C'est pour vous parler de l'un de ces phénomènes que je me présente aujourd'hui devant vous.

J'ai en effet au cours de mes études, développé une théorie sur la fabrication des armes magiques qui, bien que ne s'opposant pas complètement aux pratiques en vigueur, met à mal certaines idées préconçues. Je veux parler, comme les plus perspicaces d'entre vous l'ont deviné, à en croire les murmures furieux qui s'élèvent sur ma droite, de l'enchantement spontané par des êtres dénués de tout pouvoir, si ce n'est celui de leurs émotions. Laissez-moi, si vous le voulez bien, vous conter une histoire et en tirer mes conclusions.

Et si le magicien, là-haut, avec une robe bleue et une figure empourprée voulait bien s'arrêter de fulminer, je pense que toute l'assistance pourrait s'entendre conter une belle histoire sans que j'aie à élever trop la voix. Si l'assistance voulait bien également ne pas m'interrompre pendant mon récit, je prendrais cela comme la marque du respect dû à un invité de marque. Commençons, donc.

Notre histoire commence, non pas avec la création d'une arme, mais avec la rencontre de deux êtres que tout oppose. Wulser Morselame est un guerrier. Son nom, même s'il n'est pas encore très connu, se murmure de temps à autre dans les rues de Serbad, la cité marchande. Il n'a cure des rumeurs qui courent sur lui. Son existence toute entière est vouée à la guerre. Il a été mercenaire pour les hordes du ponant et a participé à quelques conflits locaux qui lui ont permis d'affiner ses talents de bretteur, et qui ont contribué à sa gloire naissante.

Il est d'une loyauté sans faille pour ses employeurs et l'honneur fait partie de son mode de vie. Les 2 particularités de Wulser sont, premièrement, qu'il a du sang Orc dans les veines, ce qui peut être considéré comme un facteur d'inaptitude au maniement de la magie, et deuxièmement, qu'il a décidé de servir le mal. Ce qui n'est pas vraiment exceptionnel en notre monde.

Au début de notre histoire, il travaille pour un autre guerrier, un Tauren cruel et sanguinaire dont le nom fait frémir les faibles et hésiter les forts. Arak-Dol est son nom, et il commande une troupe expérimentée dans la guerre mais fort peu versée dans les arts de la discrétion. Disons, à titre de comparaison que les cris de taureaux en rut ne sont que murmures comparés au timbre de voix de ces serviteurs du mal.

Wulser étant le plus discret d'entre eux, c'est lui qui est chargé des contacts avec les employeurs de la troupe, surtout quand il s'agit de se rendre en ville, son hérédité orque ne s'exprimant pas trop visiblement sur ses traits disgracieux.

L'autre personnage de cette histoire, vous l'aurez deviné, amateurs de contes et de tragédies, est une femme. J'utilise le terme de tragédie sciemment car cette histoire va mal finir. Très mal finir. Cette femme, donc, est humaine. Elle aussi travaille pour l'ombre, mais pas du mauvais côté. C'est plutôt un esprit libre qui se plaît à délester autrui de ses biens, usant pour cela de sa beauté, pourtant bien fade comparée à celle du haut-peuple, et de son agilité exercée.

Elle s'appelle Sonya et c'est une voleuse. Elle fait partie d'un petit groupe pas encore assez réputé pour attirer l'attention des grandes guildes et des autorités. Le groupe se cantonne à de petits larcins et de menues escroqueries qui n'ont d'autre conséquence que de laisser pantois le passant infortuné que les voleurs ont choisi pour cible. Même si Sonya a été obligée de tuer par le passé, elle n'aime pas ça et préfère fuir l'affrontement quand une échauffourée tourne mal.

Le jour où elle plonge sa main dans le sac de Wulser, elle n'a pas le temps de fuir, et son destin bascule. On ne s'étendra pas plus sur leur rencontre. Wulser l'attrape, tombe sous le charme de sa beauté, elle-même trouve le guerrier attirant, leur amour commence et s'épanouit. Le plus important vient après leur rencontre. On m'excusera d'avoir autant détaillé les protagonistes, mais je voulais mettre en avant le fait que des deux, aucun ne maniait la magie couramment. Et pourtant, une arme a bien été enchantée par la suite.

Et donc, l'amour change tout. Bien sûr, nous ne sommes pas dans l'un des livres romantiques que les humaines adorent et que certains des nobles magiciens de l'assistance ont peut-être déjà eu l'occasion de lire, par curiosité, bien sûr. L'amour les transforme, mais il ne les aveugle pas. La passion est là, présente à chaque instant et dans chaque regard échangé, mais cette passion est tempérée par la raison. Wulser et Sonya ont été amoureux dans le passé, ils n'en sont pas à leur première rencontre. Tous deux savent qu'ils viennent de rencontrer l'amour de leur vie mais n'en sont pas extatiques pour autant. Leur amour est simple et tranquille, et tout va pour le mieux entre eux.

Ce sentiment d'amour est si tranquille qu'il en devient discret, et personne dans leur entourage ne se doute de rien. Tout juste Wulser a-t-il tendance à rire plus souvent, et Sonya gagne un peu d'assurance. Sonya gagne d'ailleurs suffisamment d'aplomb pour tenter des coups plus gros, avec un certain succès. Un mois après sa rencontre avec Wulser, elle a pris la tête de sa bande et s'affirme comme l'une des étoiles montantes du crime. Wulser connaît les activités de sa maîtresse, tout comme elle connaît les siennes. Aucun des deux ne juge l'autre. Ils s'aiment, je le répète une fois de plus. Et nous voilà au coeur du sujet, à la conclusion de l'histoire.

Par un matin plutôt ensoleillé, un membre des Griffons, la principale guilde des voleurs de la ville, conclut un arrangement avec Arak Dol: une bande de la ville doit être éliminée, car elle prend trop vite de l'importance, ce qui inquiète la guilde. Wulser reste au camp pendant qu'une troupe de mercenaires part en ville.

Deux heures plus tard, les hommes reviennent avec une prisonnière. Vous pouvez imaginer le désespoir de Wulser quand il reconnaît Sonya. Bien sûr, ses camarades l'ont ramenée pour la violer, elle est si belle.

Il s'avance vers le groupe, qui est déjà en train de parler à Arak Dol. Elle, voit Wulser et le supplie du regard. Elle a été battue et le guerrier doit faire d'héroïques efforts pour ne pas se ruer vers eux épée au clair.

Il accoste Arak Dol et dit: 'Cette femme est ma femme.'

Son chef, surpris, le dévisage un instant avant de dire:

'Nous avons été payés pour la tuer'.

Puis, avec un sourire cruel:

'Si tu veux, tu peux la tuer toi-même'.

Sonya pleure, Wulser tremble. Dans son esprit, se disputent deux notions: La fidélité à Arak Dol, son chef absolu, et son amour nouveau pour Sonya, total, immense. L'un des hommes fait mine de toucher Sonya et c'en est trop. Wulser tire son épée et coupe la main du mercenaire. Il fait ensuite face à ses camarades et dit: 'Je vais la tuer moi-même, mais personne ne la touchera...'

Sonya est désespérée mais ne résiste pas quand il l'emmène un peu à l'écart. Là, sous l'ombre d'un arbre, il lui murmure qu'il n'a pas le choix, qu'ils la violeront, qu'ils ne peuvent pas fuir. Puis il l'embrasse.

En cet instant, quelque chose se produit.

Wulser ferme les yeux de sa compagne et avec une infinie tendresse, il lui plonge la lame dans le ventre. Son expérience des armes lui permet de la tuer sans douleur, ou presque. Quand elle tombe, il s'agenouille près d'elle et pour la première fois depuis longtemps, il pleure. Arak Dol s'approche et sur un ton étonnement doux, il dit 'Quand tu lui auras donné une sépulture, je tournerai le dos, et tu pourras aller te venger en ville.'

Wulser secoue la tête, ses larmes volent et brillent en accrochant la lumière du soleil. Avant que quiconque ait pu bouger, il se saisit de la dague de Sonya et se frappe violemment à la poitrine. Là encore, son art consommé de la guerre lui permet de toucher le coeur. Et il meurt.

Mon histoire est finie, magiciens et il n'aura pas échappé à votre immense sagacité que je n'ai à aucun moment prononcé les mots 'magie', 'enchantement', 'rituel', ou tout autre terme associé à la création d'un objet magique.

'Mais quel objet?', entends-je dans les travées, parmi les soupirs et les ronflements?

Il est dit que l'épée longue de Wulser a emprisonné l'âme de Sonya, et que la dague de la voleuse contient l'essence du guerrier. Il suffit qu'une personne porte les deux armes pour que les âmes puissent communiquer. Toute à la joie de se revoir et de pouvoir profiter de leur amour, la paire de lames fait en sorte que l'union dure le plus longtemps possible, et protège le porteur de diverses manières: aura magique, soins, capacité de combattre améliorée, et j'en oublie.

Tous ces pouvoirs, ils sont déjà présents dans d'autres armes. Mais dans celles-ci, dans les armes de Wulser et Sonya, il n'y a pas de magie. Il n'y a que de l'amour.
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