Fanfiction World of Warcraft

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La chronique de la chopine

Par Darwinfugu
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1 : Bois vert, SI7 et ragondin

Chapitre 2 : Une mission, c'est sacré...

Chapitre 3

Chapitre 4 : « La montagne noire, enfin... »

Chapitre 5 : Le donjon, c'est avec ou sans assurance ?

Chapitre 6 : Tenue correcte exigée

Chapitre 7 : Du rififi chez les nains

Chapitre 8 : Une bonne correction !

Chapitre 9

Chapitre 10 : Un plan bien huilé et phalanges de golem au menu

Bureau du SI7, Caserne de Stormwind
4ème heure après le lever du soleil et du passage des gandous
7ème jour de la saison de la 2e lune rousse en partant par la gauche, puis après c'est tout droit



Mathias Shaw - « Agent Darwinfouflou, veuillez entrer je vous prie. Mon cher, je n'irais pas par 4 chemins...mais une seule trajectoire semble convenir à votre comportement actuel...celle de mon pied dans votre postérieur elfik... »

M. Shaw, le boss du SI7 était entouré du « Kriss » son éternel larbin de service, gobelin sans vergogne assigné aux plus sombres tâches. Ils étaient tous les 2 visiblement préoccupés. A ces mots, Darwinfugu dressa les oreilles (qu'il avait grandes...). Lui qui n'avait jamais aimé la hiérarchie militaire, il allait en prendre pour son grade...

Il referma délicatement la porte et s'installa sur le siège que Mathias Shaw lui présentait. Il poussa un soupir furtif...et hop encore une volée de bois vert dans sa tronche...et de bon matin qui plus est...merde, c'était pas son jour...surtout avec la tôle qu'il avait pris hier soir à l'auberge du Poney Défringué.

Mathias Shaw - « Bon dieu, mais qu'est-ce que vous foutez ? Vous voulez saper la crédibilité de notre organisation ou quoi ?

Mathias Shaw tapota nerveusement la table...
Darw leva les yeux au plafond...
Mathias Shaw joua négligemment avec son [Déchireur de Gutgore]...
Darw regarda le plancher...
Mathias Shaw vérifia la propreté de son [Canon portatif nain]...
Darw regarda sous sa chaussure, voir s'il n'y avait pas un chewing-gum collé dessous...
Mathias se gratta nerveusement l'entrejambe (il avait chopé des parasites dans un lupanar proche de la caserne de Stormwind...mais ceci est une autre histoire...).
« Le Kriss » poussa un grognement qui mit fin à ce petit manège.

Mathias Shaw - « Vous ne voyez pas de quoi je parle...laissez-moi vous rafraîchir la mémoire. Je passerais rapidement sur les 4 bagarres de taverne des 2 dernières semaines, les multiples ardoises que vous y avez laissé, les vols de troncs d'église à Southshore et à Darnassus, « Buzz l'éclate » l'agent du SI7 pendu par les pieds que vous avez confondu avec un Défias, le bastonnage en règle de 2 paladins nains venus chercher des friandises le jour de la SanSaint... »

Darwinfugu - « Merde quoi...C'était pas des friandises qu'ils voulaient, mais mon pack de [Bière de Sombrelu... »

Mathias Shaw - « Suffit !!!...vous commencez à me casser les nouilles avec vos chinoiseries. Laisser moi finir... Il y a plus grave. Nous sommes au courant de vos activités illégales, Agent Darwinfougass : braconnage et trafic de peaux de ragondin avec les Nains Dark Iron... Rassurez moi...vous n'êtes pas sans savoir que les Nains Dark Iron sont nos ennemis ? Si... ? Quoi qu'il en soit, vous traitez avec l'ennemi... vous êtes à 2 doigts de vous retrouvez face à une cour martiale très partiale pour ça...Vous percutez mon cher ?...

Le Darw fit signe que oui de la tête même s'il n'avait pas tout compris...ben ouais un 35 ( 35 + 0 sans boeuf, peut-être qu'avec un peu de mouton ?...) en Intel c'est peu, surtout un matin d'après-beuverie. Autant brosser le chef dans le sens du poil...

Mathias Shaw - « Malgré tout vous pouvez éviter les emmerdes en nous rendant un menu service...

Ne vous inquiétez pas, ça me fait mal au fion de le dire, mais avec votre expérience des tavernes, vous êtes presque l'homme de la situation. Oh, vous n'êtes pas le seul soudard au SI7, mais « Bob l'éponge » est en train de s'essorer le foie dans un sanatorium des montagnes d'Alterac et « Jo 3 mains » s'est pété l'auriculaire en se cousant une paire de [Mitaines inimitables non mitées ]...Bref, en gros, vous êtes le seul agent disponible...

Vous devez nous ramener une arme assez spéciale. Nous voulons en équiper nos jeunes recrues...mais pour que nos forgerons puissent nous la fabriquer en quantité, il nous faut un original. On ne la trouve que dans une auberge du Mont Blackrock tenue par un gnome lépreux...et puisque vous n'en êtes pas à votre première connerie, je préfère vous prévenir de suite...cette fois-ci, discrétion absolue...
Approchez Agent Darwinguguss, voilà comment vous allez procéder... ».
Le chef avait été clair sur son destin au SI7 s'il échouait... « une corde et un noeud...» avait-il dit d'un air lugubre. Le Darw était ennuyé...Mathias Shaw n'avait pas été très loquace, mais le Darw n'était pas chaud pour aller attraper les veaux au lasso dans une ferme d'Austrivage pour le reste de sa vie (et pour un elfe, ça fait long). Mais bon, si le chef voulait ça...mieux valait se reconvertir en vacher qu'en condamné à mort pour haute trahison.

On lui avait donné une mission, il la remplirait au mieux de ces capacités. Le but de celle-ci n'était pas très clair pour lui, mais cela semblait important...et urgent. Un bon coup de collier...ouep y avait que ça à faire, un bon coup de collier et il pourrait reprendre des activités plus lucratives. Et comme pour allier la pensée à l'action, il apostropha une personne au fond de la pièce enfumée où il se trouvait :

Le Darw - « Oooh, où est le patron de ce bouibouis, bordel ? Vous me remettez la petite soeur de celle-ci ? J'ai l'impression d'avoir avaler une salière...Et pas une [Tourtel], sinon je t'ouvre le bide avec mon opinel rouillé et je fous le feu à ton estaminet à cagaudes. T'as compris, badabeu* ? J'ai soif et beaucoup de taf en attente, alors fais vite ».

René l'aubergiste - « Cornecouille mon bon monsieur, une soif comme la vôtre, j'en voudrais plus souvent dans ma taverne. Sauf votre respect seigneur, vous êtes la meilleure boge* que j'ai vue depuis longtemps...Vous êtes en train de décimer la famille » dit-il avec un grand sourire alors qu'il ramenait une bière à son meilleur cule* du mois.

Le Darw - « Allez, bouge-toi les miches au lieu de raconter autant de conneries, j'aurais eu dix fois le temps d'aller honorer ta poutrasse* de serveuse dans l'arrière salle (sic)...C'est ton jour aujourd'hui, j'irais pas plus loin...c'est ma dernière « petite soeur ». Je dois décaniller* dans l'heure de ton établissement à saccarots*... ».

Lorsqu'il sortit de l'auberge d'Austrivage, les soleils étaient déjà hauts dans un ciel limpide. Darw souriait. Ses oreilles frétillèrent au contact de la chaleur solaire. Le Darw évacua ses idées de baignade et de course éperdue tout nu sur le sable de la baie d'Austrivage...Il secoua la tête...Non, non, non. Allez hop, ni une ni 2, il fallait faire vite. Conscient de l'urgence de son affaire, Darw sortit tout l'équipement dont il avait besoin...

Eh oui, il fallait se dépêcher sinon les [Mérous de Southshore] auraient décampé dans quelques heures. Il avait tout ce qu'il lui fallait pour ramener de bonnes prises.

Le Darw n'était pas un pêcheur du dimanche. Il installa sa [Chaise pliante de Pagle] en bordure de mer profitant de l'ombre d'un pin. Il coiffa son superbe [Bob Ricard] qui lui permettait de se fondre dans la masse des autochtones, ces amateurs de pêche qui commençaient à se masser sur le port de Southshore. Armé de sa [Canne à pêche-opinel gyromécanique gnome], le Darw sortit de bons gros et gras [Asticots de goule élite] qu'il avait récupéré tantôt aux Maleterres et lança sa ligne.

Il allait pouvoir passer à l'essentiel maintenant. Sa besace était pleine, il fallait la délester un peu en prévision du long voyage qui attendait le Darwinou. Le Darw se fit péter une ou 2 bières tirées de sa [Réserve spéciale de Sombrelune] et fit griller quelques [Saucisses d'araignée] pour les accompagner. Merde, le pied quoi...

Les premières prises furent maigres : une [Etouffante], deux [Thons en boîte et à la tomate] et une [Caisse toute pourrie de la Gob Inc] qui contenait des [Vieux boulons rouillés à Tétanos]...Pas top, mais bon...peut-être que ce M. Tétanos lui donnerait une récompense pour ces vieux boulons...

Alors qu'il était perdu dans ses pensées, il sentit la ligne se tendre... « Ouh mazette...la grosse prise...ça envoie du gros là, miam ! »...Il moulina pour ramener la prise. La ligne était tendue à l'extrême. Il campa les 2 pieds, bien décidé à lutter pour ramener la seule vraie prise de sa partie de pêche. Le Darw eut un sourire carnassier. La lutte s'annonçait rude. Il moulina de la canne...perte de terrain...il donna un peu de jeu...la ligne se retendit ...perte d'équilibre...il moulina du bras pour ne pas tomber dans l'eau...

(Envoyez vos SMS pour la suite de l'histoire...
Tapez 1 pour que le Darw tombe à la flotte
Tapez 2 pour que le Darw prenne son bain mensuel
Ah...bon ben, c'est gagné...)

Le contact de l'eau froide lui fit l'effet d'une décharge électrique...comme la fois où il s'était pris une chaîne d'éclairs dans la goule par un connard de magicien indisposé par la présence d'un voleur indélicat dans son laboratoire...

Le Darw crut avoir des visions sous l'eau...Peut-être que le soleil avait tapé fort sur sa caboche...Ou alors la [Saucisse d'araignée] était un peu faisandée...Mais merde, c'était un conno de drood sous sa forme aquatique qui était en train de le traîner dans l'eau...

Pas de doute là-dessus, c'était pas un animal normal, il y avait un nom en bleu inscrit au-dessus de sa tête d'otarie en mousse. Ce maudit drood, suceur de racines et amateur d'asticots à ses heures semblait prendre son pied à le trimbaler de çi de là dans l'eau...Darw se promit de lui faire avaler ses bois de cerf qui lui servait de casque à ce merdeux de coureur des bois.

Le Darw avait le cul mouillé, certes, mais bordé de nouilles...Il se fit repêcher par la navette Auberdine-Les Paluns qui le ramena à bon port. Son instinct de couard lui fit tout de suite sentir qu'il y avait une nouille dans le potage. Un comité d'accueil l'attendait...ça sentait pas bon...tiens d'ailleurs, ça sentait l'ours mouillé...

Un druide en forme d'ours était en train de s'ébrouer sur le quai...il reprit forme humaine. Ah ben non tiens, c'était une druidesse. Et elle portait l'insigne du SI7...Merde. Elle attendait patiemment que Darw daigne descendre du bateau.

La drood, cenarian's fist - « Bonjour Agent Darwinfoufou, j'espère que l'eau n'était pas trop froide », dit-elle avec malice... « mais permettez moi tout d'abord de me présenter, agent Lessien dit « Nounours ». Nous vous avons à l'oeil depuis votre départ du SI7. Le boss est en train de sortir de ses gonds, pour sûr. Mais qu'est-ce que vous branlez bordel ??? Faut vous le dire comment : en darnassien des forêts ou en trogg des cavernes ? Vous voulez vraiment tâter de la corde, ou quoi ? »

Darw poussa un soupir...ça y est, encore cette histoire de lasso qui revient sur le tapis...il était pas fait pour garder des vaches...des moutons plutôt...pi il aurait fabriqué des [Veste en laine de bouc] dans un petit coin tranqui...

Lessien, la drood-nounours - « Oh, vous m'écoutez ? Je suis chargé par qui vous savez de vous « escorter » jusqu'aux profondeurs de la Montagne Blackrock...Vu que vous n'êtes même pas foutu d'y aller seul je vous servirais de guide »

Darw - « Eh oh, c'est bon hein, je peux y aller seul...j'ai pas besoin d'un garde chiourme... »

Lessien, tha drood's powa - « Vous n'avez guère le choix...c'est un ordre...Vous ne regretterez rien, je suis une aventurière aguerrie spé Restauration.

Spé Restau...miam ! y a bon ça...le Darw il est content...

Darw - «Cool, quand est-ce qu'on mange ? »



PS : Toi aussi tu veux parler le Darw ? Alors jette-toi sur ce petit lexique pour le prix modique d'une [Bière de Sombrelune]

Lexique

Badabeu : Benêt
Boge : hic...
Cule : Soudard
Décaniller : Décamper
Poutrasse : femme un peu trop maquillée
Saccarots : un peu saccageur, qui n'est pas soigné avec ses affaires
« Un pas de plus et je vous pète la grosse noix qui vous sert de tête avec mon [casse noisettes aplatisseur de gnomes] »...
...Ma foi, une approche un peu rude mais non dénuée de charme...se dit le Darw...

« Eh toua, le barbu aux grandes oreilles, qu'est-ce qui t'fait sourire p'vre pomme ?...tu t'fous de ma goule ? T'as envie qu' j'envoie ta tronche de blet se fendre la poire sur ce tronc d'arbre, p'têtre... »...

...Ah ben, dis comme ça oui, ça fait tout de suite moins chaleureux...Même si Darw appréciait beaucoup ces qualificatifs fruitiers non dénués de sens dans son cas.

L'homme qui se tenait devant eux n'avait rien de Toro le rigolo sur son kodo enchanté, un vieux dessin animé que Darw avait vu dans son enfance près d'Ogrimmar. D'aspect général, il avait tout du barbare, le kit complet même : la masse à deux mains, la hache dans le dos, les paluches d'un ours, une peau de bête, un string ficelle en boyau de ragondin des neiges,...

Il devait être issu des tribus septentrionales de barbares des Montagnes d'Alterac comme semblait l'indiquer ses cheveux cuivrés. Un Mingol. Insoumis tant à l'Alliance qu'à la Horde, c'était un peuple farouche à la structure matriarcale. Les femmes, naturellement douées pour les arcanes liées au givre, contrôlaient le clan. Celles-ci le dirigeaient, grâce à l'apport de la magie en modelant la neige et la glace, afin de faire obéir leurs maris, et leur faire jurer fidélité. Un truc pire que la menace du rouleau à pâtisserie. Et bien que les hommes étaient tous de vaillants guerriers, aucun ne se serait permis de dire un mot plus haut que l'autre envers une femme...de peur d'en chier des glaçons...

Mais revenons à nos moutons, car le propos içi n'est pas l'objet des recherches ethnologiques fort intéressantes du continent azerothien. Mais plutôt la rencontre des 2 agents du SI 7 avec un individu d'un abord très peu avenant et au langage fleuri...

Darw s'il avait pu faire un geste, ce serait gratté la glotte...signe chez lui de réflexion intense...Que pouvait donc bien foutre un barbare du clan des neiges à des lieux et des lieux de sa terre natale ? Pas normal ça...m'enfin.
Et tout d'un coup, il se souvient qu'eux aussi n'avaient rien à foutre là...



2 jours avant, sur le territoire de la couronne d'Hurlevent - estimation temps IRL basée sur le calendrier solaire du dieu BliBli-

Quelques jours auparavant, ils avaient quitté le port de Menethil pour prendre la direction de la Montagne Roche noire. Ils marchaient d'un pas assuré et progressaient rapidement guidée par la druidesse.

Harassés par des kilomètres de marche sur de petits cailloux pointus, les 2 agents avaient fait la rencontre plus ou moins inopportune avec une sorte de vieil ermite au détour d'une grotte crottée à flanc de colline. Une mousse brunâtre lui sortait des oreilles et son modeste abri puait les excréments et la citronnelle. Il insista pour leur expliquer pourquoi ça fouettait le phacochère décédé dans son antre. Et leur raconta une histoire invraisemblable que même un wawa avec 30 d'intel aurait eu du mal à avaler. C'est dire...

Sa grotte aurait été infestée par d'énormes moustiques que les cénariens appelaient Silithidus Mousticos. Qu'il était un ancien chaman draenei au service du cercle. Que cette grotte se prolongeait par des souterrains qui menaient vers le continent kalimdorien et qu'il devait rester içi pour surveiller un éventuel retour des insectes tueurs venus d'ailleurs.

Son haleine était âcre et exhalait des relents de [Bière naine au vinaigre]. Ceci devait expliquer le boisseau de conneries qu'il débitait à la minute.
Mais tandis que Lessien, captivée, écoutait le flôt ininterrompu de paroles mystiques, le Darw ne « pennait » rien au charabia salamalesque de l'ascète en slip de bain moisi...

Le Darw - « Bon t'as rien à grailler dans ta turne, vieux saccarot tout sec ? »

Nounours prit l'air renfrogné...

Lessien - « Toujours aussi aimable à ce que je vois...Notre hôte nous offre un instant de repos avec ces modestes moyens et toi tu ne penses qu'à becqueter et à te montrer rude envers lui».

Darw se pencha vers sa compagne d'aventures et lui chuchota :

Darw - « Tu vois pas qu'il est pété comme un coing. Il a le ciboulot cramé aux psilocybes roses bonbon ce sac à mites. Il a dû tourner la carte à force de vivre seul en vieux conno des cavernes qu'il est. En plus, il a l'air plus stupide qu'un gnoll manchot croisé à un... »

Lessien - « C'est bon...c'est bon !...Jamais tu l'as ferme...marre des insanités. On lui demande notre chemin des fois qu'il connaisse un raccourci et on décarre dans la minute. On a une mission des plus urgentes à remplir. Enfin je dis ça pour toi...

L'ascète avait suivi la conversation car malgré la mousse dans ses oreilles, il avait l'ouïe fine. De plus, Darw n'était pas un pro de la discrétion...Il avait abandonné la voie de la spé finesse, il y avait longtemps, et préférait avancer dans la vie avec ses gros sabots même s'il n'était pas un tauren.

L'ermite au slip de bain moisi - « Allez voir là-bas si j'y suis...leur avait dit le vieil homme visiblement vexé...Vous trouverez ce que vous cherchez...Pour sûr ».

« Tout moisi », c'était alors réfugié au fond de sa caverne et avait fait péter un bon bocal à anchois. « À la crevure », se dit à part lui le Darw... « que la grêle perce ton toit et que ta fille soit plus vierge... maudit affameur ».


L'agent Lessien subjuguée et le Darw affâmé y étaient donc allés d'un bon pas...des fois qu'il y soit vraiment. Mais ce là-bas se révéla n'être pas vraiment un raccourci :

Du promontoire où ils étaient parvenus, ils virent un immense lac où moults nains prenaient leur bain annuel. Ils laissaient une traînée noirâtre derrière eux. De la crasse. Toute la splendeur de l'hygiène naine...
Sur un panneau touristique, ils purent lire « Bienvenue au Loch Modan...Un trou humide, paumé et verdoyant...ses mobs pas élites du tout...ses nains bucoliques et sa fameuse spécialité locale de [Boudin]...Viendez au Modan ».


Un paysage enchanteur. Le soleil dardait ses rayons sur leurs visages. Et c'est le sourire aux lèvres qu'ils reprirent la route.

Darwinou se prit à chantonner une comptine orc apprise sur les champs de bataille pvp du bassin d'Arathi

Darw - « un pas d'vant l'aut', pour écrasez les nains, un pas d'côté pour emplâtrer l'humain...un pas d'vant l'aut', éclatons du gnome,...

Red Barbarian - « Un pas de plus et je vous pète la grosse noix qui vous sert de tête avec mon [casse noisettes aplatisseur de gnomes] »...
Tiens ça me rappelle quelque chose...comme un air de déjà vu, mais quoi...



Darw - « Non non m'sieur le barbare, pas taper...pas taper »

Darw frétilla de l'oreille gauche, la droite s'était un peu bouchée après un combat avec du slim dans les Hinterlands, et détecta un mouvement furtif à l'arrière.

L'agent Lessien l'avait senti également...et fût plus prompte que son compagnon à réagir. Darw suivit ce qui se passa du coin de l'oeil. A l'extrême limite de son champ de vision, il vit Nounours faire un brusque 180° pour tenter d'asséner un sévère coup de bâton sur la caboche du 2e malandrin. L'oreille gauche de Darw se dressa et identifia un bruit sourd...pas comme un bâton qui tape un crâne...non non plutôt comme un morceau de bois qui finit sa course dans un chemin bourbeux... « Floutch ». Enfer nain et corne de bouc...raté.

Darw hallucina proprement même s'il bava sur les compétences du mec. Ce type avait les réflexes d'un chasseur de mangouste croisé à un trappeur de ragondins, ça devait taper dans les 40 voire 50 % d'esquive, son truc là.

Il était de petite taille pour un humain et avait évité la trajectoire de l'objet contondant qui fondait sur lui avec une facilité déconcertante. Puis, toujours avec la même dextérité, il fit jaillir une dague de sa main droite et vint la placer au niveau des reins de Lessien. L'escarmouche fut brève...la bataille décevante...enfin bref un combat de druide quoi...nerf les drood :p. Enfin bon d'un autre côté, dans le même temps, le Darw avait réussi à bouger une oreille, « ce qui reste bien, mais pas top »...
Pour sûr, c'était pas des newbies de niveau 20, ces mecs, mais bon quand même...poukram...


L'homme à la Griffe de chat - « Un geste mal placé et la damoiselle ira sucer les pissenlits par la racine sous peu. Ma [Griffe de chat] s'en chargera avec délectation...Nuisible ou non, elle ne fait pas le discernement, jeune puceau darnassien. D'autant plus que tu serais bien emmerdé et bien peu inspiré de te battre à mains nues, l'ami... »

Merde, ce fils de trogg putride l'avait délesté de ses 2 armes...Comment avait-il fait pour ne pas s'en apercoir ? Ou le mec était extrêmement doué ou c'était lui qui avait reçu son [Certificat de voleur] dans un paquet de lessive aux fleurs de Darnassus. Bon ok, même si la deuxième affirmation était vraie...ça empêchait pas la première de l'être aussi... En tout cas, cette histoire puait à plein nez, le rhum explosif frelaté...

L'homme à la griffe de chat - « Nous n'en voulons pas à votre vie...seulement à votre or...alors soyez sages et vous verrez les 3 lunes d'Azeroth se lever ce soir. Veuillez nous excuser humblement du désagrément causé, mais sans ces méthodes coercitives, à n'en point douter, nous aurions essuyé un refus de votre part de nous livrer vos biens. Fafhrd, occupe-toi du légume à grandes oreilles ».

Fafhrd, le Mingol - « sapré bredin de souricier, c'est toujours toi qui fouillent les filles...moi aussi j'en veux du tant pis...la prochaine fois on change...aussi vrai que je tape fort... ».

Le souricier gris - « ok ok, t'emballe pas...on s'occupe de nos 2 clients et on décanille jusqu'à Lankhmar...on s'y chope une bonne auberge où on passera la nuit dans la soie et le stupre avec quelques jolies filles et 2 ou 3 fûts du meilleur cru de jaja du coin.

Le Darw se mit à baver. Encore.
Darw - « Neeeeeeed...nerf les mecs, détachez moi, j'suis comme vous...suis un vil voleur vicieux...tout pareil j'vous dis. Allez un beau geste quoi...on est de la même maison».

Lessien « mais merde, espèce de connard !!! (rhoooo Less tu t'emballes^^). Darw, tu fais quoi là ?!? Et moi dans tout ça, je deviens quoi... ??? Le SI 7 n'a qu'une parole envers les traîtres...

Le souricier gris prit un air amusé tandis qu'il récupérait la bourse de notre jeune amie drood - « Toi un adepte de la filoche et de la roublardise ?...Je dois dire que tu n'as pas prouvé grand chose de tes qualités tantôt...De toute façon, nous ne cherchons pas de compagnie supplé...»

Il s'interrompit net. Les deux malandrins étaient aux aguets...
Fafhrd - « Souricier, lance une cape d'ombre sur nous, quelqu'un approche... ».

L'homme tout de gris vêtu incanta un sort marmonné dans une langue inconnue de Less et Darw...Des filaments d'ombre sortirent de nulle part et encerclèrent peu à peu Fafhrd et le Souricier. Les volutes de noirceur se propagèrent et les englobèrent.

Et c'est dans un nuage d'ombre qui passait par là que le barbare aux cheveux cuivrés et l'homme à la griffe de chat disparurent, un grand sourire aux lèvres...


Merde, ils avaient raison...ça taillait la bavette sur le chemin devant eux...Bizarre, Darw reconnaissait l'accent rocailleux des nains mais la voix qui lui répondait était beaucoup plus mélodieuse...Le nain avait l'air sacrément pochtronné...Vous me direz quoi de plus normal pour un nain...euh, je veux dire une « personne de petite taille ».

Les deux zigues qui s'amenaient étaient cuirassés de lumière...houla...un coup de polish « Eau bénite ©» sur l'armure...ça sent le palouf ça...
Le spectacle d'une blondasse montée sur un destrier de guerre et de son acolyte 2 mètres en dessous harnaché sur un bouc au poil long, soyeux et aux effluves de rat crevé était plutôt surprenant de bon matin...Si vous aimez les pestacles d'horreur...

La blondasse palouf - « Bonjour nobles voyageurs...que la bénédiction de Tyr soit sur vous, gentils elfes, et que votre route soit exempte de tout tracas ».

Le nain répondit entre 2 hoquets dûs à son alcoolisation avancée qu'il n'aimait guère les elfes...

Le Darw - « Qu'est-ce qu'il a dit ? »

Lessien - « Aucune idée...j'ai été recalée à l'examen de langue naine à l'université de Darnassus...sûrement bienvenue aussi ».

Le Darw - «Hein...kètudis ? Arf...Foutue g'lée nouare dans les oreilles, j'tends jamais rien moua ».
La Montagne noire, enfin...
où vous apprendrez que les paladins peuvent être de vrais bredins, balancer des vannes à tour de bras et qu'une blonde peut faire preuve d'intelligence
où vous saurez également tout sur comment on peut devenir aveugle avec de la gnôle (le mode d'emploi et la bibine ne sont pas fournis)
où vous apprendrez à apprivoiser ces créatures étranges que sont les rôlistes en assistant à un jet de dé sur 100...(prenez un dé 10 et un dé 100)
où l'on arrive enfin à destination...quoique...



- Mini Palouf « Mais je vous reconnèèè vous, hic, z'êtes l'enflé khon a rrrencontrré avec Gunther Humebière à Austrivage lorrs de notrre collecte de dons p'dant la derrnièrreu fête de la Sanssaint !?! »

Ce gros sac à vin de palouf nain semblait avoir fait un effort surhumain (pour un nain, c'est déjà dur d'être à la hauteur, alors là...) afin d'articuler une phrase à la syntaxe correcte et dans un commun peu sûr.

Une analyse sémantique du terme « enflé » apprit rapidement au Darw que le soi-disant souvenir qu'il avait laissé à ce nain et à son compagnon ne devait pas être brillant. Et face à des guerriers de la lumière, vaut mieux être du genre rutilant, impeccable et clinquant...Bah tout le Darw quoi...

Grattage de glotte. Pourquoi ne pas tenter une reconnaissance olfactive, avec les nains, ça marche toujours pas mal...Le Darw huma l'air dans l'espoir de reconnaître plus au moins la « fragrance » du paladin... avant de reculer violemment en serrant les dents, « Poukram. Ouuuh, le salaud...il envoie du gros celui-là...Merde, mais y'a tout un cimetière de macchabées au complet entre ses chicots ou quoi... »

L'odeur, ou plutôt devrait-on dire le miasme, lui hérissa les poils de la fesse gauche...la droite avait été rasée en prévision d'une opération chirurgicale pour lui retirer une dague enfoncée dans la couenne du postérieur lors d'une rixe entre pitanches de taverne. D'ailleurs, le praticien avait fait de très jolis points de suture avec des boyaux de porc. Pour sûr, son boucher savait y faire...Euh, enfin bon, on s'égare là...Revenons à notre histoire trépidante.

Le maître du jeu - Mon cher Darw, il est temps de faire un jet de dés sur 100 pour savoir si tu peux obtenir des informations sur ce nain...
Darw - Eh oublie pas de compter ma compétence « Odorat développé », ça rajoute + 10 à tous les jets.

Darw lance le dé.

Darw fait 1.

Le maître du jeu - « Hahahaha toujours pareil, « fumble », « échec critique », z'êtes vraiment une équipe de bras cassés. La prochaine fois, amenez des cannes blanches, vu que vous êtes pas des lumières. Enfin...Heureusement que t'as pris « Odorat développé », sinon je te refilais une maladie en prime. Bon autant te le dire tout de suite : tu n'apprends strictement rien ».

Darw - « Eh merde... »

L'odeur fut si forte, qu'elle paralysa tous les sens de Darw pendant quelques instants. Et niveau information ...que dalle, que de chie, nada...autant cherchez un nain dans une baignoire...Le Darw ne remit carrément pas la tronche du zigue en face de lui, bien que sa face lui évoque une tranche de cake aux pruneaux. S'il fallait commencer à se rappeler la trombine de chaque dézingué qu'on avait croisé dans sa vie, on était pas sorti de l'auberge...surtout avec ces nains, indécrottables et immodérés amateurs de bière.

Le nain mena alors un petit conciliabule avec sa compagne de route. La paladine blonde hocha la tête, puis d'un air grave déclara :
Argantael, fist of god - « Pourriez vous, s'il vous plaît, déclinez votre identité ? »

Lessien, nounours powa - « Pour quelles raisons je vous prie ? »

Argantael, I'm the law - « En tant que fonctionnaires de la police divine, nous souhaitons tout simplement vous soumettre à un contrôle de routine, madame. »

Darw prit Lessien à part.

Darw - « Je le sens mal ce truc. Le nain me dit quelque chose, mais j'arrive pas à mettre la main dessus. Si ça tourne mal, on disparaît...pfiouuut...et on laisse ces quenelles entre elles ».

Lessien secoua négativement la tête. Mais déjà les deux paladins faisaient mine de descendre de leur destrier.

Argantael - « Dépêchons nous sommes pressés. »

Lessien - « Sans raison valable invoquée de votre part, nous ne pouvons donner suite à votre requê...

Haitar, le buveur de bières en série, explosa - « Parrkeu ton kopain là, il est en état d'arrrestation... !!! »

Nomdidiou, j'adore quand un plan se déroule sans aggro, mais là, la situation sent le pied de talbuk faisandé mijoté dans son cubitainer de jaja frelaté. Fidèle à son plan, Darw disparut dans l'ombre d'un coquelicot qui bordait la route. Balèze...Bah quoi, c'est vrai. Réussite critique sur un « Camouflage dans l'ombre », nanèreu...

Lessien - « Nooon, Darw ! »

La tête du paladin s'affaissa tandis qu'il se mit à osciller légèrement d'avant en arrière, visiblement sans connaissance. Darw resurgit près de la blondasse bien décidé à en découdre et à frapper le premier. Passé le moment de surprise, la paladine mit la main à son arme, une superbe [Masse de St Sulpice trois fois bénie par la puissance de Tyr, Casimir et de la ménagère de moins de 50 ans].

De plus et optionnellement la tête en métal est amovible et permet d'obtenir un efficace et esthétique [Rouleau à pâtisserie concasseur de morts vivants et de maris indélicats]. Pfff, je vous jure, qu'est-ce qu'on peut pas faire aujourd'hui avec cette belle ingénieurie gobeline. La description traîne en longueur ? Nerf les paloufs et leurs armes en mousse ? Certes, certes, vous avez raison, reprenons...

Argantael - « Pour l'amour de Tyr, qu'est-ce que vous faites ? »

Darw arbora un sourire hideux, porteur de sombres intentions - « Je t'emmène ramasser des pâquerettes ma douce...ou sucer leurs racines, je sais plus trop » et s'élança en poussant son cri de guerre « Dabouuuuuuuuuu !!! Gérooooooooni... ».

Alors que les premiers coups allaient être échangés, les deux combattants abaissèrent leurs armes, stoppés net dans leur attaque. La druidesse avait surgi entre eux à la vitesse du félin, résolument décidée à s'interposer et à empêcher un désastre.

Lessien, le regard triste mais ferme, se retourna vers Darw - « Non, je ne peux pas te laisser faire ça. Les choses ne doivent pas prendre cette tournure.

Puis s'adressant à la paladine « Rangez votre arme, s'il vous plaît, et laissez moi vous expliquer ».

Après quelques instants de méfiance réciproque, les deux duellistes firent disparaître leurs armes. Darw s'éloigna quelque peu du groupe, les oreilles en arrière, aux aguets du moindre mouvement. Malgré la blondeur de sa chevelure, la paladine de Tyr évalua assez justement la situation. De bonne grâce, elle écouta Lessien lui apprendre qu'ils étaient tous deux des agents du SI7 en mission. Par conséquent, ils bénéficiaient d'une protection juridique et devaient être traités comme des membres officiant pour le gouvernement d'Hurlevent. Pour appuyer ses dires, Lessien présenta sa carte officielle et se porta garante pour le sieur Darwinfugu. Tout semblait en ordre.

Le paladin nain revenu de sa stupeur, n'en crut pas ses oreilles qu'il avait courtes et poilues.

Haitar - « Lui un SI7 ?!? Vous vous foutez de ma goule ? Euj' l'ai vu traîner dans les rades les pûû krrades d'Austrivage. Po possible ! Nous a même foutu des coups de pieds au cul parke kon a eu eul malheur d'lui d'mander une [Bière de Sombrelune]...

Darw - « Ah, c'était donc vous...Dans ce cas, dérober serait plus juste... » rectifia le voleur.

Haitar grommela en nain dans sa barbe, visiblement énervé et outré de l'issue que prenait cette rencontre : - « En tauleuu, tu f'rrras moins 'eul mariole, 'spèce de conno des montagnes d'engeance dégénérée de trogg lépreux et boursouflé d'elfe eud merde...».

Darw - « Pov nazgul en tong...vais t'en foutre moi, ouais...un coup à te déchausser les dents et te péter la mâchoire. Tu pisseras tellement le raisiné par la gueule qu'on croira qu't'es une fontaine à picrate...Saccarot de palouf ... ». Pour ponctuer cette superbe tirade, le Darw tira du plus profond de ses entrailles, un immonde glaviot, qu'il cracha aux pieds du paladin.

Argantael, éberluée, coupa court à une nouvelle dispute s'annonçant à l'horizon - « Très bien en votre qualité d'agent en service, nous ne pouvons rien faire actuellement contre vous ». Se tournant vers Lessien, elle poursuivit : « Cependant, les actes inqualifiables dont nous avons été témoins de la part de l'agent « la Chopine » ne peuvent rester impunis. Cela ne pourrait être. Voici donc ce que je vous propose :
Nous vous accompagnerons jusqu'à votre destination afin de surveiller les agissements du sieur Darwinfugu (pendant ce temps dans la tête d'Argantael : « parce qu'on a rien d'autre à foutre de toute façon »).

Nous nous joindrons à vous pour parcourir les sombres tunnels de la Montagne Noire afin que la lumière divine puisse repousser le mal qui y demeure (« et que les coffres des orcs viennent nous remplir les poches de pognon »).

Une fois votre mission terminée, l'agent « la Chopine » devra se mettre à notre disposition pour être jugé équitablement sous le chef d'inculpation suivant : « agression contre la personne de fonctionnaires assermentés et sacrés » (« et parce que j'aime pas ta tronche de nèfle »).

Lessien - « Bien. Qu'il en soit ainsi. »

Darw, à part lui - « Tu peux toujours te brosser la couenne, la suceuse d'hosties...on verra tantôt si tu peux me foutre le grappin dessus, poufiasse... »

Argantael, dressant l'oreille - « Comment ? »

Darw - « Je ne crois pas que l'on me laisse le choix. Il en sera donc fait selon vos désirs, votrrrre magnificience ».

La paladine ne releva pas, déjà occupée à remonter à cheval. Quelques instants plus tard, tous reprirent la route, les uns sur leurs chevaux, les autres en se servant de deux énormes appendices plus communément appelés des « panards ». Très pratique pour les longues randonnées.
Le voyage fut ponctué de quelques insultes volant de çi, de là entre Haitar et Darw...Ils avaient une réputation à tenir. Les nains n'aimaient pas les elfes, les elfes n'aimaient pas les nains. Et ce, depuis la nuit des temps. C'était la tradition. Certaines étaient belles et bonnes, remémorant la grandeur des temps anciens ; d'autres particulièrement bêtes et connes comme celle que nous venons de mentionner. Mais on les gardait parce que soi-disant : « C'était la tradition ».

Quoi qu'il en soit, cela mis un peu d'animation pendant le voyage surtout lorsqu'ils traversèrent les mornes territoires quasi désertiques des Steppes Ardentes.

Les dissensions reprirent bien sûr, notamment quand notre petit groupe croisa la route d'un colporteur au teint rubicond pour ne pas dire rougeaud. Si son nez avait été un légume, il aurait été assurément un superbe chou-fleur dopé au lisier de porc. Lorsque celui-ci, ayant vite fait de jauger la clientèle à qui il avait à faire, leur proposa quelques bobonnes de [Gnôle qui rend aveugle], Darw et Haitar s'y jetèrent dessus sans crier gare. Des coups bas, des insultes fleuries, des casseroles, des tomates et des bouts de gomme volèrent. Mais elles firent bientôt place à une douce hébétude car les deux zigues avaient un peu trop forcé sur la bibine. Le colporteur n'avait pas menti...cette eau de vie était forte, trop forte.

Paladin comme voleur furent sous le coup d'une cécité temporaire qui marqua le dégel des relations et le début de papotages incessants entre druidesse et paladine. Des trucs de filles quoi. Elles avaient enfin la paix et comptaient bien en profiter pour tailler la bavette. Pour la première fois, un calme royal entre les deux mâles du groupe s'était établi du fait de l'arrêt de leurs chamailleries de gnoll prépubère. Mais plus important, fini de jouer à celui qui a la plus grande...Je parle ici, bien entendu... d'intelligence. Puisque comme nous l'avons vu plus haut...les deux protagonistes ont un langage châtié et de la plus haute tenue.

Si bien qu'à force d'avoir tous les deux, les yeux rougis et larmoyants, brûlant de milles chardons ardents, soumis à la « torture » d'une conversation féminine (sic^^), ils se sentirent unis dans une même galère (enfin un peu,...faut pas déconner non plus, ça reste un nain, l'ôt zouave !).

Leur progression fut lente et leur repas frugal basé essentiellement sur les restes d'araignées de lave qu'ils chassaient en progressant : [Gratin d'intestins d'arachnide], [Soupe de fiel à la lave et ses mouillettes de pattes croustillantes], [Yeux d'araignée sur son lit de Fleur de feu], bref des trucs pas franchement folichons pour les estomacs délicats. Des jours, des semaines même passèrent...des collines, des monticules mais rien ressemblant de près ou de loin à une véritable montagne.

Ce jour cependant arriva. Ils avaient presque recouvré la vue lorsque dans le lointain se découpèrent les premiers sombres contreforts du massif rocheux entourant le pic de la Montagne Noire. Ils progressèrent et débouchèrent au niveau d'une voie pavée d'un métal couleur d'obsidienne semblant absorber toute lumière. Un métal que seuls d'antiques forgerons nains savaient travailler et dont le secret avait été perdu depuis des temps immémoriaux. Enfin, ils foulaient du pied le berceau des nains Sombrefer. Les deux paloufs mirent pied à terre et rendirent grâce à Tyr, la druidesse à Elune, le rogue à ses pieds qui l'avaient supportés jusque-là. Ensemble, ils levèrent les yeux au ciel...

Deux visages monumentaux de nain Sombrefer les toisaient de toute leur hauteur. Les gigantesques portes de la Montagne Noire s'ouvraient devant eux...
Enfin...oui, à force de persévérance, ils allaient pousser les hautes portes de la mythique cité des nains sombrefer...enfin...

« Ding...ding...diiiing... » C'est trois notes cristallines résonnèrent dans leur caboche dès qu'ils eurent tous pénétré plus avant dans la cité noire...
« Bienvenue au "Mont Rochenoire". Veuillez prendre un ticket et faire la queue comme tout le monde, s'il vous plaît ».

Les aventuriers se dévisagèrent un court instant, interloqués par cette voix venue d'outre espace...

Argantael - « Foutredieu, depuis quand fait-on la queue pour entrer dans un donjon ?... »

Incrusté dans le mur, ils virent clignoter devant eux un petit compteur fait d'une surface lisse et brillante. Le Darw, en tête du groupe, put lire : « En position 79 dans la file d'attente...Veuillez patienter... » tandis que l'appareil ronronna en imprimant le ticket dont chacun devait se munir. Ticket ? Position, file d'attente ? C'est quoi tout ce charabia ? Y a eu une mise à jour du donjon ou quoi ?
Une belle bande de courges...pour sûr...ou alors p'être ben des flétans à ailerons argentés aux yeux ronds comme des billes. Vu qu'ils étaient encore indécis sur la décision à prendre, la voix retentit à nouveau, plus insistante...

Voix de nulle part ou d'ailleurs - « Veuillez avancer s'il vous plaît. Je vous rappelle qu'il est interdit d'obstruer le couloir de la file d'attente. Je me permets également de vous signaler qu'il est interdit de fumer dans le hall d'accueil et que les petites gens de moins de 70 cm non accompagnés d'un adulte ne sont pas acceptés».

Unis comme un seul homme, nos amis mirent un pied devant l'autre. Mais d'où pouvait bien provenir le son ? Apparemment du plafond. Tous levèrent la tête. Fixée à la paroi, une grosse boîte noire de forme rectangulaire déversait son flot de paroles. Une fine membrane vibrait...Etrange...

Darw - « J'ai déjà vu un de ces machins lors du concert de trash'n roll des « Dwarves » pendant le festival de Cabestan, le « Da Rockin'Gob' »...Etonnant de trouver de la technologie gobeline chez les nains sombrefer... »

Lessien - « J'ai entendu dire que depuis l'ouverture de la porte des ténèbres vers l'Outreterre, la Montagne Rochenoire est beaucoup moins prisée par les aventuriers...Ca fait peut-être partie d'une modernisation du site, d'un plan de restructuration et de revalorisation ou d'une stratégie commerciale visant à appâter le chaland... »

Darw - « Les nains sombrefer dans le tourisme...pfff, c'est n'importe quoi...pourquoi pas en train de vendre des [Chouchous et autres saloperies] sur la plage de Baie du Butin...

Argantael - Soupirant et pensant ne pas être entendue... « Quoique...un nain huileux et poilu en slip de bain traînant une chariotte...huuum... »

Le groupe - « ?xXx*¥mkr/%+¨ ?!?!? »... décrochement violent de mâchoire...

Coincé dans la file d'attente, Haitar au teint rubicond et au nez turgescent rougissait, même si la différence n'était pas évidente à déceler à l'oeil nu, et se faisait, petit, tout petit...facile pour un nain vous me direz, mais bon...Et préférait briquer le manche de son arme plutôt que d'avoir à croiser le regard de ses compagnons...

Mais laissons de côté un instant les moeurs étranges des paladins...

Une file d'attente conséquente mais fluide s'étalait devant eux...Une bande de hordeux s'amusait à balancer deux mecs de l'Alliance dans la lave furieuse de la montagne, à quelques centaines de mètres en contrebas...Darw regarda du coin de l'oeil la réaction des deux paladins...Rien...Que dalle...Le regard aussi vide que celui d'un murloc d'eau douce... « Tu parles de paladins en mousse, c'deux là... m'avis, qu'j'aurais aucun mal à me débarrasser d'eux au moment opportun».

Ils progressaient rapidement dans la file. Fort polis, un troll mage et un guerrier orc leur avaient même cédé leurs places. Leurs compagnons de route n'étant pas encore arrivés, il était hors de question pour eux de commencer le donjon sans un groupe étoffé...

Ils aperçurent un panneau clignotant et une ligne blanche au sol... « A partir de la ligne, votre temps d'attente sera de...21 minutes...bip...bip...19 minutes... ».

Ils croisèrent une hôtesse sombrefer en petite jupette - révélant des cuisses puissantes aux somptueux poils, très aguichante la cagaude - euh...hum...qui leur tendait des prospectus de l'autre côté de la barrière. Disponibles en plusieurs langues, il s'agissait des différentes attractions proposées sur le site.

Darw prit le dépliant traduit en darnassien et put lire :

« Bienviendue au royaume des Nobles et Ténébreux Nains Sombrefer...

Crevure de suceur de gland de chêne...R'tourne parler aux nécureuils dans tes arbres miteux q't'aurais jamais du quitter. Va emmerder Cénarius le grand noob à poils drus au lieu de venir nous faire chier içi. 'Spèce eud' bâtard gnoll eud' nèfle prépubère...Et p'dant qu't'y es, fais lui bouffer ces bois eud cerf à ce conno des bois...T'façon, on vous chie dans... »

« Bien, bien, bien... ». Le Darw stoppa là sa lecture. Il n'était pas sûr d'en apprendre plus sur ce donjon s'il poursuivait plus loin. Quoique les images des geôliers nains et d'un superbe pal disponibles aux niveaux inférieurs avaient l'air fort intéressantes...

Tout en compulsant les plans des différents donjons proposés et l'historique de ce clan de nabots, ils apprirent également que les nains sombrefer avaient été repoussés dans les tréfonds de la montagne par les orcs de la Main noire, car peu portés sur l'hygiène, et leurs maîtres, les draconiens de l'Aile noire, qui occupaient les logements les plus spacieux, précieux et chicos des étages supérieurs.
Eh oui, depuis l'invention de l'[Ascenseur gyro-mécanique gnome], la hiérarchie sociale à l'intérieur des bâtiments s'était inversée : les maîtres s'élevaient en hauteur ce qui n'étaient pas pour déplaire aux dragons qui souhaitaient prendre leur envol depuis le sommet de la montagne. Hum...Enfin bon bref...La fantastique histoire sociale de l'habitat de la montagne Rochenoire sera pour plus tard...Reprenons...

Heureusement, le dépliant destiné aux nains était beaucoup plus complet avec notamment une liste de sites exceptionnels et valant le détour :

- « Visitez la prison et la salle de torture des nains sombrefer avec son fameux supplice de la chèvre et ses geôles accueillantes. Viendez pour l'ambiance, restez pour la vie (qui risque d'être courte ^^). »,

- « Amateurs de sauna, ne manquez sous aucun prétexte le « Coeur du magma » et venez nouer de chaudes relations auprès du clan du seigneur Ragnaros, les « allumés de la bougie » (Aventuriers avertis. Résistance au feu fortement conseillée),

- « Assistez à un moment unique que nous offre mère Nature : l'éclosion de bébés dragonnets dans la nurserie du Hall de la Main Noire tenue par Solakar Voluteflamme. Vous êtes priés de ne pas déranger les oeufs. En conséquence, rangez vos pets et vos gnomes. Ne leur donner rien manger, même du nain. D'avance merci ».

Quelques autres sites étaient indiqués, dont celui du Repaire de l'Aile Noire qui parlait vaguement « de poutrage », de mad bombers : « Viendez vous éclater avec notre GO, Vael... » et de wawas, « adeptes de SM et de la course à pied ». Enfin, il indiquait clairement le lieu de la destination de nos jeunes amis, cette fameuse auberge de BRD, le « Blue Funkin' Dwarf ».

Cette petite lecture avait bien occupé leur temps. Ils étaient désormais tout proche d'une rangée de guichets portant les panonceaux « ACCUEIL » quand dans un vacarme d'enfer arriva un destrier et son cavalier...Une entrée fracassante et tonitruante...

Une employée de l'accueil voulut s'interposer : « Je vous rappelle que les montures sont interdi...Ooooh excusez moi, baron... ».

Le dit baron descendit de son destrier qu'il rangea prestement dans la poche de son [Sac à dos en peau de troll] et sans ménagement commença à doubler les quelques personnes qui se trouvaient devant les guichets...De nombreuses personnes protestèrent et vitupérèrent. Y compris le Darw : « Oooh, face de mort... ». Il sentit alors un regard noir sur lui, celui du baron Rivendare, puisqu'il s'agissait du seigneur de Stratholme en personne.

Employée de l'accueil - « Baron, je vous prie de prendre l'entrée réservée aux VIP, s'il vous plaît. Vous savez très bien que cela crée du remue-ménage dans le cas contraire... »

Baron Rivendare - « Qu'il vienne le remue-ménage, qu'il vienne »...dit-il d'un air arrogant et portant la main au pommeau de sa lame noire...Aucun volontaire au suicide ne se présenta dans l'assistance et tous baissèrent la tête...Paladins y compris. Le baron Rivendare révéla un sourire carnassier « Dépêchons mon petit, je suis pressé. Je viens prendre le thé chez le général Drakki et je suis déjà en retard... ».

Employée de l'accueil - « Très bien, seigneur. Le général porte à votre attention que le sombre maître Gandling est déjà arrivé avec moults jolies et girondes étudiantes de sa ténébreuse école de nécromancie... ».

Les yeux du baron se mirent à briller et à scintiller de milles feux.

Baron Riri le lubrique - «N'en dites pas plus. J'y cours mon petit...héhé...j'y cours. Laissez tomber le thé, faites donc monter trois bouteilles du meilleur jaja issu des cépages d'Hurlevent...vous mettez ça sur ma note ».

A ces mots, tournant les talons et faisant virevolter sa cape noire, le baron disparut sous le porche de l'entrée du Hall de la Main noire...

Cinq bonnes minutes s'écoulèrent avant qu'ils n'atteignent enfin un des guichets. Un laps de temps qui permit au paladin nain de fignoler le curage de nez qu'il avait entrepris tantôt. Apparemment, il y avait du gros oeuvre à faire. Cependant, cela ne sembla pas gêner outre mesure la guichetière qui, connaissant bien son métier, souriait de toutes ses dents.

Employée de l'accueil - « La société Blackrock's Dungeons © vous souhaite la bienvenue. Sémiramis, à votre service...Que puis-je pour vous ? »

Lessien - « Bien le bonjour. Nous désirons entrer dans le donjon des profondeurs de la Montagne Noire ».

Sémiramis, la guichetière zélée - « Très bien. Pour combien de personnes ? »

Lessien - « Eh bien, actuellement nous sommes quatre. Dont un nain...Je vois sur vos affichettes que les nains et petites gens bénéficient d'un demi tarif ...».

Sémiramis, fist of administration - « Oui effectivement...donc 3 entrées pleines et 1 demi tarif pour les « Profondeurs de la Montagne noire ». Je constate que votre groupe n'est pas au complet...Nous pouvons vous proposer des guides pour vous mener dans l'instance si vous le souhaitez ».

Darw - « Ah ben oui tiens, c'est pas con ça...volontiers...plus vite on aura fini, mieux ce sera. »

Sémiramis, gratte papier forever - « Très bien, nous rajoutons donc un guide...Le donjon, c'est avec ou sans assurance ? »

Darw ricanant - « Hein ?...Une assurance ?!?...Peuh...ça sert à quoi ? On est des aventuriers endurcis... ». Derrière lui, ses compagnons acquiesçaient. « Ouais, ouais on roxxe grave nos mères nous...Vos nains, on les fume un par un... ».

Coïncidence ou non, c'est ce moment précis que choisit un groupe de joyeux lurons rejouant la scène des feux du solstice d'été pour débouler de l'entrée du repaire de l'Aile noire déguisés en torches humaines.

Mais déjà, un groupe d'intervention de sapeurs-pompiers nains était prêt à réagir...Traînant un tuyau sur leurs courtes pattes, ils lâchèrent la purée sur le gros des newbies. Une mousse onctueuse vient les recouvrir et étouffer les flammes qui commençaient à leur entamer la couenne.

Sémiramis se retournant vers Darw - « Vous êtes sûrs ? ...Personne n'est à l'abri d'un accident...ou d'un incendie...dans le coin, c'est plutôt fréquent d'ailleurs...Si c'est la première fois que vous venez, je préfère vous proposer notre produit et insister sur son efficience. Nous aimons à satisfaire notre client et ne souhaitons pas qu'un petit wipe ou autres déconvenues gâchent son plaisir...

Argantael, fist of bravoure - « Vi vi, mettez donc en 4... ». Derrière elle, ses compagnons acquiesçaient. « Ouais, ouais...j'ai jamais eu de chance avec les boîtes d'allumettes t'façon... Et pi, c'est plus prudent...».
« Euh sinon à part ça, l'entrée est bien peu chère me semble-t-il... »

Sémiramis, marchande de tapis - « Oui en effet, oh ne vous inquiétez pas... Nous préférons pratiquer des prix d'entrée bas pour que vous puissiez apprécier à leur pleine valeur les oeuvres de l'artisanat local. De nombreux stands vous serons proposé notamment la sculpture sur elfes réalisée par des nains...des nains qui savent bien sculpter...mais nous avons aussi des nains qui savent bien peindre...A coup sûr, vous tomberez amoureux du travail hors pair de nos artisans forgerons...leurs réparations sont toujours un travail d'orfèvre...

De plus, je porte à votre attention le fait que tout aventurier doit remettre 15 % de son butin à notre société à la fin de l'instance...Ceci afin bien entendu de remettre en état l'intérieur du donjon que vous aurez abîmé. Merci de votre compréhension ».

Darw manqua s'étouffer... « 15 % !!! Eh ben, vous vous emmerdez pas dans le coin... »

La madame de l'administration ne releva pas la remarque...

Sémiramis - « Puisqu'il est bientôt l'heure de ma relève de poste, je me propose de vous servir de guide à travers le magnifique donjon que vous avez préselectionné.

Sémiramis se retourna vers une de ses collègues de bureau et lui dit en souriant.

Sémiramis - « Allez Josette, ramasse ta gamelle et viens plutôt me remplacer au lieu de bâfrer pendant les heures de boulot... »

L'orquette leva les yeux de son pavé de gnome pygmée sauce au poivre et ramena ses petites fesses émeraude sur le siège tenu auparavant par Sémiramis...

Josette - « Bon c'pas tout ça...t'r'viens verrrs quelle heurrre, ma biquette ? T'sais qu'le syndicat rrrefuse que nous fassions des heurrres supplémentairrres...J'veux pas d'emmerdes avec le délégué syndical moua alors ne mettez pas trop de temps à revenir du donjon.

Sémiramis - « Non non Josette, ne t'inquiète pas. Le groupe que j'accompagne est constitué de la fine fleur des aventuriers... N'est-ce pas ? »...Sémiramis se retourna pour avoir l'assentiment du groupe...euh le groupe...youhou ? Vous êtes où ?

Pendant ce palabre entre les deux administratives, le groupe s'est quelque peu distendu et dispersé...Les deux paladins gisaient par terre en train de ronquer comme des porcs, pelotonnés l'un contre l'autre...La drood était partie chercher d'hypothétiques [Fleurs de feu], tandis que le Darw étudiait l'indice de pénétration dans l'air d'un nain que des hordeux étaient en train de balancer par la balustrade...

Sémiramis dans un souffle à sa collègue... « Wouah putain la merde, la grosse cagasse...des bras cassés première catégorie... »

Une fois le groupe d'aventuriers regroupé et prêt à en découdre, Sémiramis reprit la parole : « Par ici Mesdames, Messieurs, nous commençons la visite...Passés cette arche de pierre, vous entrez pleinement au coeur de la civilisation sombrefer...Admirez cette magnifique architecture aux formes épurées se mêlant harmonieusement au travail du fer. Les nains sombrefer font parties des meilleurs forgerons de notre temps. Vous avez très certainement entendu parler de la Confrérie du Thorium...Ah tenez...Sur votre gauche, vous voyez...si si penchez vous un peu...regardez bien...vous voyez ? Vous pouvez observer un premier groupe de nains enragés par votre présence arrivant au pas de charge...Prêts à en découdre ?...Schling...»
L'énorme masse ébranla le granite à quelques centimètres de la tête du Darw. Grumpf ! Depuis quand les nains savent-ils viser ?
A croire que ces vagues cousins des nains de Forgefer sont forts agiles au maniement du maillet.

Bruit feutré. Claquement sec de puissantes mâchoires.

D'une pirouette, l'agent du SI7 esquiva la charge d'un chien de guerre.

Il se débarrassa du molosse avec ses fameuses [Boulettes fumées du désert], nourriture préalablement bourrée de somnifère. Dommage de les gaspiller maintenant...elles auraient pu être utiles pour se dépêtrer des deux paladins.

Le Darw scruta les alentours immédiats afin de repérer les adversaires les plus proches. Et les plus faibles...Ben tiens...

Profitant qu'un petit détachement passe à portée de bras, il déchaussa les chicots pourris d'un vieux prêtre galeux en l'assommant avec sa [Chope brise-crâne]. Son compagnon décocha au Darw un fantastique coup de savate dans les guiboles qui fit mettre un genou à terre au plus grand des bredins. Un rictus de victoire sur les lèvres, le guerrier sortit sa [gyroépée mécanique] de son fourreau. Malheureusement pour lui, il dut se tromper de fonction ou de bouton lorsqu'il cliqua, car ce n'est pas une lame rutilante qui apparut mais une scintillante râpe à fromage.

L'effet de surprise et d'incompréhension passé, ce fier sombrefer portant braies se retrouva successivement cul nu après que Darw eut tranché son ceinturon en même temps que ses bourses, enfin la bourse bien pleine qui pendait à son côté...Pantalon tombé au bas de courtes jambes à la forte pilosité désormais flageolantes, le nain ne vit rien venir ou trop tard. Calculant la meilleure trajectoire, le Darw l'ajustait tranquillement avec une bouteille de mauvais picrate de Comté du Nord...

L'arcade sourcilière naine explosa sous le terrible impact de l'objet contondant, raisiné et jaja râpeux s'entremêlant dans une joyeuse sarabande de douleur, bourrant et labourant littéralement la tronche de babet du guerrier sombrefer. Celui-ci recula sous le choc, dérapa sur son slip jauni à l'élastique fatigué, propulsé dans les airs sur quelques dizaines de centimètres pour finir lamentablement sa course cul crasseux contre terre noire. Ses yeux rougeoyants de haine s'éteignirent peu à peu puis se révulsèrent. Il bascula en arrière. Sans connaissance...

Subrepticement, le Darw jeta un nouveau regard de biais. Comment pouvaient donc bien s'en sortir ses compagnons ?

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L'agent « Nounours » était en difficulté, acculée à un mur de basalte, cernée de tous côtés par quatre monstrueux nains à la peau vérolée et semblable à l'ébène. Ils s'agitaient tels de minuscules parasites en vociférant dans une langue honnie par la lumière. L'un d'eux s'élança et fut cueilli par une gigantesque patte qui n'avait rien d'humain. Le nain alla s'incruster dans le sol quelques mètres plus loin.
Lessien s'était transformée en une bête immonde mi-panthère mi-ours et, comble de l'abomination, affublée d'une souriante tête de gnome des sables. Poukram ! Visiblement, elle avait raté sa métamorphose ou quelque chose l'avait fait échouer. Peut-être que cet univers minéral n'était certainement pas propice aux incantations liées à la nature. Le Darw espérait qu'il en serait autrement pour les so(r)ts et les charmes divins de ses compagnons suceurs d'hosties. Charmes divins ? Gné... ?!? Faudrait pas pousser...

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Les paladins se tenaient dos-à-dos pour se protéger mutuellement, leurs regards fiers lançant des défis à des adversaires en surnombre. Brandissant leur noble marteau de lumière pour pourfendre les viles engeances d'une terre ténébreuse et corrompue, ils...euh...attendez un instant...hum...ah, ben non c'est pas ça...

Les paloufs se tenaient dos-à-dos, ligotés lamentablement dans une corde magique noire de jais, le regard baissé, saucissonnés comme de vulgaires jarrets de porc pendus au clou. Leurs masses consacrées de type [Concasseur de morts-vivants et de belles mères indélicates] gisaient au sol, inutiles. Haitar avait été « ajusté » dans le dos d'Argantael pour que les liens soient efficaces. « Peck, peck peck... » lui criait, moqueur, un de ses gardiens tout en lui lançant une poignée de terre huileuse et nauséabonde au visage. Haitar battait des arpions frénétiquement comme un merlu tressautant au contact de l'air libre. Prouvant une fois encore les nombreuses compétences hautement utiles et vitales du paladin en milieu hostile... Nos deux très chers amis...

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La guide du groupe ne s'en sortait pas trop mal. Excellemment bien même. Pffff...Quoi de plus normal après tout, elle a l'habitude, elle ! Quoiqu'il en soit, le Darw n'avait jamais vu de telles techniques. Plutôt impressionnantes d'efficacité...

Brandissant son bâton devant elle, la mage se tenait en position de combat, bien décidée à ne pas se laisser approcher. Telle une tempête de neige fond sur l'alpiniste égaré, un groupe de 7 nains se prépara à charger la blanche oie, euuuuh, l'adepte de magie blanche. Sémiramis marmonna une incantation dans une langue inconnue.

Eclair discret courant au bout des doigts. Vrombissement de l'air.

Un léger bruit ouaté se produisit lorsque les flux magiques déchaînés contre les nains vinrent les frapper de plein fouet. Les trois premiers adversaires qui se jetèrent sur elle finirent métamorphoser en [Tomes 1 et 2 du « Code du travail »] et en [Annexes du « Code des eaux et forêts » en 2478 pages]. Les nains devenus livres s'écrasèrent au sol en soulevant un petit nuage de poussière sous les yeux horrifiés de leurs compagnons d'armes. A défaut de livres, ces derniers étaient ivres de colère. Jaloux de leur promotion sociale qui venait de les faire passer du statut de « simplet » à celui de « docteur es administration » le temps d'un battement de cils ? Pas si sûr après tout...

Une chose était certaine, ils étaient furibonds...
Mais ?...

...Qu'est-ce qui m'arrive bordel ?
J'essaie d'avancer...
Mes jambes ne veulent plus répondre
Et refusent de me porter.
Je vacille tandis que...
La souffrance me vrille la caboche...
Mal au crâne...Putain de mal au crâne...
Un sang chaud vient inonder mes épaules.
Mon sang...satané raisiné...
Un coup bas vient de m'exploser le cuir chevelu sur plusieurs centimètres.
Comme si j'avais pas encore reçu assez de coups sur ma tronche de babet.
Des éclairs de douleur viennent zébrer mon esprit lacéré...
Mon champ de vision s'obscurcit...
Je m'effondre comme un talbuk mortellement blessé.
Impossible d'échapper à ce puits de ténèbres qui m'engloutit.

Alors sombrons...


Attendez !
Mais attendez voyons !
Juste une dernière chose avant que je ne m'effondre comme le dernier des pochards de taverne...

Mais que s'est-il donc passé pour que, bien malgré moi, j'en arrive là ?
Ecoutez moi attentivement, j'ai le souffle un peu court et la voix trop faible pour continuer...
Tiens, mon oreille saigne ?
Dernier éclair de lucidité avant de sombrer...

Je me souviens...

_______________


- Un peu plus tôt à proximité du mitard sombrefer dans les entrailles de la montagne Rochenoire -



« Renvoyez-moi ces fils de furbolgs des cavernes dans leur putain de trou à rat dont ils n'auraient jamais dû sortir !...Et si un seul d'entre vous a la mauvaise idée ne serait-ce que de reculer d'un pas, je l'abats de mes mains comme le chien galeux qu'il est !... ».

Eh bien...Voilà qui met dans l'ambiance...

Le chef de l'escouade sombrefer était nettement plus grand que le reste de la simple piétaille à laquelle il aboyait ses ordres. Il tapait largement un bon mètre cinquante. Selon les normes métriques en vigueur chez les nains, ceux-ci l'auraient sans hésitation affublé du qualificatif de « titan ». Ce géant dérisoire arborait un port altier et méprisant tandis que son ego dégoulinait sur une fierté débordante de guerrier d'élite. Un air supérieur pour un nain ? Mordante ironie...

Il tirait nerveusement sur la longue tresse d'une barbe couleur de feu et devait certainement en arracher quelques poils à chacun de ses passages vigoureux et prononcés. Curieux contraste que composaient son teint rubicond et sa rousseur - traits on ne peut plus communs chez les nains - alors que son arme massive et ses pièces d'armure étaient constituées d'un métal noir de jais. Le même qu'ils avaient vu tantôt sur les pavés à l'entrée de la montagne. Du sombrefer. Un insigne honneur pour ce peuple que d'obtenir un don aussi important de ce métal rare. Cela laissait supposer une position sociale relativement aisée. Voilà un guerrier dont il faudrait certainement se méfier dans un très proche avenir.

Il jouait négligemment avec son imposante francisque au fil aiguisé et peu reluisant, tandis que d'un air rusé, il observait le piètre reste du groupe qui était venu affronter la puissante nation naine.

Ici, c'était le patron et il en avait pleinement conscience. Mais bah ! Sur combien ? Quelques centaines de mètres carrés tout au plus ? Général en chef d'une bande de bras cassés et autres culs-de-jatte avinés constituant l'avant-garde systématique d'une armée autrement expérimentée...Chef d'un miteux mitard brûlant d'un ardent désir de reconnaissance de ses pairs, d'être reconnu à sa juste valeur militaire...Assurément...

N'empêche l'individu était armé et dangereux...
Manquerait plus qu'il pue le bouc...



Sur ses ordres, un détachement de quatre nains se dirigea vers l'agent « la Chopine », peu versé dans les arcanes du combat à partenaires multiples.

Infiltration...Discrétion... Esquive...Fuite...Ca c'était bon.

Pour le reste...

Fort heureusement pour lui, un de ses adversaires se prit les pieds sur l'un des corps qui traînaient à terre. Il ne put éviter l'obstacle, ni le franchir. Ses courtes jambes ainsi qu'une armure de plates l'en empêchèrent. Et allez vous relever avec plus de cinquante kilos sur le dos...

Cela n'entama aucunement la détermination des trois autres. Ils se ruèrent sur le Darw en poussant des cris de guerre d'une rare violence verbale. Concentré, Darwinfugu n'y prêta pas plus attention. De toute façon, il ne comprenait rien à la langue et aux moeurs naines. Les tavernes naines, oui ! Mais, sans leurs légitimes propriétaires...

Le choc entre les quatre hommes était imminent.

La tension des muscles du Darw devenait insoutenable.

Une goutte de sueur perlait sur son front pour aller mourir d'un saut vertigineux sur son menton.

Mentalement, il anticipa le combat.

3...

2...

...

Un éclair aveugla les adversaires tandis que le vrombissement important d'un air saturé de magie se fit entendre. L'un des nains restants venait de se métamorphoser en poinçonneuse étiquetée « service d'archives ». Le regard des nains trahissait leurs doutes à cet instant crucial. Le Darw, lui, eut un sourire narquois qui déforma ses traits. Vil...Son instinct de prédateur reprit le dessus. Vicieux...La seconde qui suivit, il avait disparu dans un éphémère nuage pailleté aux éblouissants reflets d'argent...


1...

La tête non casquée du nain le plus proche, celui au tarin plus proche de la courge que de l'appendice nasal, s'affaissa. Il dodelina brièvement d'avant en arrière avant de s'effondrer en soulevant une fine nuée de poussière. « On t'a jamais dit de sortir couvert, pauv' babet... » persifla le Darw entre ses dents.


0...

« Merde ».

Un imprévu...

Un éclair diaphane et fugitif traversa l'entrée du mitard.

Encore et toujours cette impression désagréable d'air saturé de magie.

Bruit blanc assourdissant à la fréquence excessive...

Tympans au bord de la rupture...

Acouphène...

Puis l'explosion. Comme une délivrance...

Le choc de la déflagration surprit les deux adversaires.

Un pan important d'une paroi de basalte veinée de sombrefer venait de s'effondrer dans un fracas d'enfer sur l'agent Lessien. Celle-ci poussa un hurlement de rage mêlé de douleur qui fit vibrer l'air ambiant de sombres présages.

Le SI-7 forme bien ses troupes. Si ces nabots n'avaient pas compris l'étymologie du mot berserk, les voilà désormais servis. Ils vont certainement beaucoup plus facilement cerner la puissance d'un « guerrier-ours » quand ils auront la tronche enfoncée dans le sol de quelques centimètres...

Toujours protégé par les ombres, personne ne vit le sourire mauvais et carnassier qu'affecta Darwinfugu...Il chercha prestement Sémiramis du regard, afin de vérifier si l'on pouvait lui imputer la responsabilité de l'éboulement, et auquel cas, une belle bourde. Apparemment, non. Elle était déjà aux prises avec un chien de guerre qui s'acharnait sur sa robe de soie pourpre...Alors qui ?

Scrutant du côté du chef de l'escadrille, il crut discerner le coupable. Une mage de guerre se tenait à sa dextre.

« Merde ».

Encore...

Il fallait réfléchir. Et de préférence vite. Même en combattant vaillamment, ils finiraient par succomber sous le nombre et le flot incessant de nains appelés en renfort du tréfonds des geôles. Décarrer d'ici...Trouver un moyen de fuir...

Mais tout d'abord, il avait un nain à finir.

Le dernier adversaire, visiblement peu rassuré, fixait intensément les ombres autour de lui, cherchant à percer leurs mystères et éventuellement la localisation de l'assassin qui s'y était évanoui.


La lame du Darw ouvrit une large estafilade au niveau des trapèzes du nain, sectionnant net muscles et attaches d'armure.

Les armes du soldat tombèrent à terre. Mais quand on entame une valse avec le démon, il faut s'attendre à finir cette danse mortifère.

D'un ample mouvement décrivant un arc de cercle descendant, la lame de sa senestre vint entamer la chair noirâtre du combattant au niveau du tendon d'Achille. Le rubis de sang vint distraitement éclabousser le dos de l'agresseur. Le râle guttural se transforma en gémissement plaintif et caverneux...

Privé d'une de ses jambes, le nain s'écroula lourdement. Alors qu'il gigotait mollement au sol, baignant dans une mare d'humeurs et de sang mêlés, le Darw essuya négligemment ses dagues sur un morceau d'étoffe de sa victime.


Tandis que ses deux compagnons restants s'étaient regroupés et luttaient farouchement pour ne point céder un pouce de terrain face à un groupe de sept solides nains, Darw en profita pour se glisser furtivement parmi les ombres. En jargon militaire, on appelle cela plus communément un « repli stratégique ». Adossé à la paroi d'une quelconque roche magmatique, plissée à l'extrême sous l'effet de la chaleur lors de sa genèse, le Darw prépara méticuleusement ses lames...Grâce à ses savantes décoctions létales, « pas la peine d'en mettre un max »...Un peu de marc à café, un filet de jus de mandragore, une pincée de poudre d'escampette, un soupçon de culpabilité, un...
Attendez voir un instant...Euuuh, comment dire ça...je crois que le rocher veut prendre la parole...
Hein ?

Le rocher - « Pardon, 'scusez moi d'vous déranger m'sieur... »

* un ange passe *

Darw - « Gné ?...Kèkecé ?... »

Le caillou - « Bien le bonjour...c'est moi qui parle...là, à vos pieds ».

Darw - « V'là que j'déraille ! Qui me parle ? C'est toi, Dieu de l'apéro ? L'heure du « dernier jus menthe-pastis de la fin des temps » serait-elle arrivée ? »

Matachka chuchotant du mieux qu'elle peut - « Oooooh ! Là...au sol...c'est moi là !... »

* l'ange repasse *

Darw, indécis avant de jeter un regard à terre - « Euh ?... ?... ? »

Matachka - « Pourriez-vous me rendre un menu service ? J'ai perdu mon groupe à la suite d'un inopportun accident de type domestique que je qualifierai de « chute malencontreuse dans la lave. »

* Fatigué, l'ange trépasse. Forcément *

Matachka - « Ben quoi ! C'est domestique pour les sombrefer, ça ! Vous avez vu la gueule de leur turne des fois...»

Darw - « Vous savez...vous n'arrivez pas vraiment au bon moment...du moins, pour avoir une description détaillée par l'auteur...Trop d'action ! Trop de choses se bousculent, vous comprenez ? Je crois qu'il n'aura pas le temps de peaufiner sa description et ira à l'essentiel ».

_______________


L'auteur - Certes. J'allais le préciser.

- Premier élément de description - C'est une elfe.

- Second élément circonstancié - Elle est perdue.

- Troisième élément superflu - Elle est chasseresse...Une coureuse des bouéés quoi... ».


Le Darw furetant par-dessus l'épaule de l'auteur - « Euh, c'est pas un peu court quand même ? »

L'auteur - « Non. »

« Ah si, j'oubliais...sa spécialité : feindre la mort, comme en ce moment.
Tiens, ça m'fait penser, vous connaissez la différence entre un bon et un mauv... »

Le Darw - « C'est bon, c'est bon. Je te laisse deux secondes mon poulet. Je reprends le fil de l'histoire. »


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Rien n'avait changé.

Les nains sombrefer refoulaient toujours du goulot. Enfin, je veux plutôt dire qu'ils ne cessaient d'arriver par petits groupes des goulots d'étranglement et boyaux souterrains que comportaient ces cavernes. Ben tiens...

Lessien et Sémiramis ne cessaient de lutter. On pouvait cependant noter un mauvais coup porté à l'épaule de l'agent du SI-7 et une ouverture généreuse de la robe de Sémiramis qui dévoilait...grumpf...

L'elfe feignant la mort gisait encore lamentablement au sol. RAS.

Ah. Par contre, on pouvait noter un très subtil changement de comportement du Darw.


Darw sous l'effet d'un sort d'intelligence et d'une malédiction de bienséance (10 secondes de débuff. Note pour plus tard : penser à en mettre une dans la tronche d'une guide-mage pour m'imposer ça !) - J'apprécierai que vous soyez brève et concise...Comme vous pouvez le constater, je suis légèrement occupé. Vous cherchez la sortie, c'est ça ?

Matachka le rouge aux joues - « Voui... »

Darw, chasseur de goulots « Hum, rappelez moi, les p'tits chasseurs ne sont pas censés être doués d'un sens extraordinaire de l'orientation ? Retrouver son chemin ? Pister un tauren à des lieues de distance, accroupi et humant, le nez dans leurs bouses ? »

Matachka coureuse des bois déboussolée - « Euh. C'est un peu réducteur. Comme je le dis toujours, "Pour moi, les chasseurs, ce sont des êtres libres, sauvages et puissants". »

Décrochement de mâchoire...

Darw moqueur - « Puissant ? Fouabenbondiou ! Ben alors, tu fais quoi par terre, là ? Tu cherches des asticots pour ton animal familier ? Tu voudrais pas nous aider plutôt ? «

Matachka - « A ton avis pourquoi je fais la morte ? En plus, j'ai des engagements avec mon groupe ! »

Darw - « A la sortie ?...Bah peu importe...
Et au fait ! J't'aime ben bien toi ! Allez une p'tite énigme dédicacée : "Pourquoi les chasseurs tirent-ils sur les panneaux de signalisation ?" »

Matachka mode réflexion on - ...

Darw primesautier - « Pour que les aveugles puissent les lire... »

Matachka mode familier agressif on - « Eh oh, c'est pas bien de se moquer des infirmes... »

Darw - « Oui, oui c'est ça ! On leur dira...pauv' chasseurs ! Mouhahahah ! Bon, c'po tout ça hein ! A la revoyure la coureuse des bois ! J'ai du nain à dépecer au couteau à beurre ».


Tournant les talons, le Darw retourna au combat un sourire jusqu'aux oreilles.
« FEUUU ! »

L'escarmouche n'en finissait plus dans les obscurs couloirs tapis au plus profond de la montagne. Une rage froide vibrait à l'intérieur des coeurs qui battaient encore. Une hargne aveugle habitait les combattants, abrutis par la violence et la liqueur de prunelline, un alcool fort que l'on donnait aux guerriers sombrefer avant de monter au front des hostilités.

Trois coups secs éclatèrent et rebondirent sur les murs des cavernes en un écho étourdissant. La salve qui venait d'être tirée par un petit groupe de fusiliers fit mouche. Plusieurs fois.

Une balle.

Le nain qui croisait habilement le fer avec Sémiramis s'effondra se tenant l'épaule de son bras valide. Sacrés tireurs ces nabots ! Une belle bande de bras cassés...De vrais fils de chasseurs...

Deux balles.

L'agent Lessien poussa à nouveau un grondement de mauvaise augure et enfonça la tête de son adversaire d'une dizaine de centimètres dans son armure, tandis que ses pieds s'enterrèrent dans le sol meuble. En un instant, elle avait repris sa forme elfique et se tenait le côté. Ses vêtements s'imbibaient lentement mais inexorablement de sang...

Trois balles.

Le Darw sentit son épiderme se déchirer tandis qu'un objet oblong et chauffé à blanc se frayait un chemin pavé de chairs.
Son épaulière avait volé en éclats.

Il recula sous le choc de l'impact et entendit distinctement l'omoplate exploser sous la percussion de la balle.

La douleur était insoutenable. Un instant, il manqua défaillir. Mais son instinct de survie prenait toujours le dessus dans ces situations-là. L'agent du SI-7 porta la main à sa sacoche de poudre éclipsante...Elle l'avait déjà tiré de plusieurs mauvais pas dans des rixes de taverne. C'était pas un nain qui lui ferait la peau auj...

Le Darw cria à pleins poumons, plié à nouveau sous la douleur. Haletant dangereusement, suant littéralement sang et eau, il sentait son raisiné battre à ses tempes en faisant un vacarme assourdissant.

Une quatrième balle ?

Un projectile venait de traverser sa cuisse en sectionnant de nombreuses fibres musculaires. Il s'effondra. Ses pensées s'accélèrent comme sous le coup d'une poussée d'adrénaline. Pour moitié confuses. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Trois balles tirées. Une seule sur moi et deux blessures à l'angle de pénétration ubuesque et à la géométrie improbable.

Dans quelle merde on s'est fourrée encore ?...Un coup des services secrets sombrefer ? du Front de Libération Troll ? Un nouveau développement à la fameuse « théorie de la balle magique » ?

Putain. Je délire complet là.
Le Darw fut secoué d'un brutal et incoercible hoquet sanguinolent. Les dents rougies, sa bouche s'emplit d'un goût prononcé et entêtant de fer. Respirer devenait difficile.
Il ferma les yeux. Pour enterrer la douleur. La mettre six pieds sous terre.
Oublier. Faire le vide. S'effacer aux yeux de tous.
Se fondre dans l'ombre. Douces ténèbres environnantes.
Protectrices. Salvatrices.

Ses membres ne s'évanouirent pas progressivement, ses mains ne se dissipèrent pas non plus dans une étrange et faible lueur diaphane...
Non, rien de tout ça. Il disparut soudainement.

Caché à la vue de tous, Darwinfugu comptait bien utiliser un quelconque élixir de régénération dont sa besace était largement pourvue. Outre ses talents reconnus et recherchés de distillateur de picole, spiritueux et autres gnôles, il était également passé maître dans l'art obscur de l'alchimie. Mais avant que le Darw ne pût esquisser un geste, il se sentit inondé par une douce chaleur irradiant les deux plaies béantes qui parcouraient son corps profondément blessé.

La druidesse...

Lessien en mauvaise posture tantôt ne portait apparemment plus aucune blessure de ses combats. Elle lui souriait, le regard désarmant et débordant de bonté. Cet être proche de la nature demandait l'aide des esprits de la terre pour invoquer un sort de restauration.

De fines particules de sable vinrent recouvrir ses plaies.
Tu es né poussière...
Au fur et à mesure que se dissipait cette gangue apaisante, ses blessures se refermèrent comme s'efface un mauvais cauchemar.
Tu retourneras poussière...mais ton temps n'est encore pas venu.

Mouvement brusque et agile des jambes et du bassin.

Le Darw était à nouveau sur pieds, galvanisé par des forces nouvelles. Il fit un signe de tête en direction de la druidesse en guise de remerciement. Une nouvelle fois, certainement pour la dernière, ils repartirent à l'assaut. Ou plutôt se furent les nains qui tentèrent...

Le nain Lambda dans un langage commun peu sûr mais incroyablement phonétique - « É vou'spèsse eud'battar j'vè vou pourir la goule moua ! Suce ô intru ! Suiv... »

Hurlement de rage...

De ceux qui résonnent d'une colère glaciale, implacable et déterminée.

...provenant d'une voix féminine...
Aïe...Cela change tout...
Des fois que ça soit un ongle cassé...misère...


Un court instant, le temps sembla figé. Tout comme les différents protagonistes de cette histoire. Même le nain quelconque qui souhaitait sonner la charge sur les zigues d'en face avait fermé son nid à chicots.

Darw observa du coin de l'oeil la mage esquisser un geste. Elle avait le poing fermé et blanc comme si le sang s'en était retiré. Elle prit la parole. D'une voix de convaincue.

Sémiramis, magister es lettres - « Si ce n'est pas malheureux de voir ça ! M'en vais t'apprendre l'orthographe, moi ! La prochaine fois, tu feras peut-être attention à ce que tu mets dans tes bulles de dialogue. Sombre crétin ! »

La mage déploya lentement ses doigts fins et agiles.

Bwouf !

Au premier abord, la scène pouvait paraître tout à fait saugrenue voire ahurissante et pourtant elle commençait à devenir étrangement familière à nos compagnons.

Le sombrefer, qui s'était exprimé tantôt et au mieux de ses capacités dans un langage qu'il ne maîtrisait pas, venait de se volatiliser pour réapparaître sous la forme d'un livre.

Et tandis qu'au sol le petit nuage de poussière se dissipait, le Darw pu reconnaître le bouquin à sa couverture caractéristique pour l'avoir pratiqué maintes et trop de fois à son goût.

Un Bescherelle...

Cette femme est un monstre...
Le nain fondit sur lui.

D'un geste habile et gracieux, l'agent du SI7 l'attrapa par le colbak, le souleva à hauteur de visage et entama de lui infliger une terrifiante série de baffes dignes d'une matrone courroucée, colérique ou menstruée...

Le nain fondit réellement cette fois-ci, mais en larmes...

Il se liquéfia littéralement aux pieds du roublard, recroquevillé sur lui-même, se remémorant certainement un épisode malheureux de son enfance où sa mégère de génitrice lui avait envoyé une avoinée de première en travers de la tronche. Des souvenirs de beuverie adolescente où, une fois rentré chez lui, il avait dégueulé tour à tour, sur le chien, le chat, le tapis, bouché l'évier en pierre taillée, raté la marche et trouvé sa mère l'attendant fermement en haut de l'escalier.

Bref, encore une sombre histoire de picole des plus communes mais, ô combien, marquante lors des premiers émois du jeune nain adulescent.

Le Darw jeta un dernier regard satisfait sur la petite victime prostrée à ses pieds puis se détourna vers ses compagnes de bataille. Vers Sémiramis plus exactement...

_______________


Darw entamant une envolée lyrique digne d'un artiste sans ailes - « Euh, jolie mamzelle, j'aimerai savoir une chose... J'ai j'mais vu pareil talent chez un d'vos collègues charlatans, éleveurs d'pigeon pour chapeau, prestidigitateurs agités du bocal, thaumaturges de tour d'ivoire, enchanteurs à la voix chevrotante, sorciers-docteurs avaleurs d'couleuvres et arracheurs de dents, mages frigides ou torches humaines. Vous v' z'êtes j'mais mis le feu au derche, à... ».

Sémiramis maniant avec dextérité son bâton tortueux de noyer - « Bon... Et si vous en veniez au fait ?... »

Darw finissant sa lancée - «...à votre propre cul...euuuh ».

Vite, réfléchis Darw, réfléchis...
Avant que la phrase soit mal interprétée...
Reprends le fil de tes pensées bon dieu...dépêche-toi, n'diou...
Avant qu'elle te mette un taquet dans ta face de nèfle...


Darw - «Euh...Hum...Vous avez fait quelles études vous déjà ? »

D'un mouvement sec et précis, Sémiramis assena son bâton, en bois véritable d'arbre-monde vendu par les meilleurs contrebandiers du Consortium, sur la tronche déjà violacée par les coups d'un apprenti geôlier. Son noble tarin turgescent ne fut plus qu'un lointain souvenir.

Sémiramis « décontrastée » - « Et bien, voyez-vous, je suis issue d'une ancienne famille constituant la branche administrative secrète du Kirin Tor. Depuis toute petite, je rêve d'explorer des montagnes de dossiers et les obscurs méandres de la sorcellerie. J'ai allié les deux. En faisant, tout d'abord, mes armes d'ensorceleuse de direction à l'académie des arts arcaniques d'Hurlevent jusqu'à obtenir un diplôme faisant de moi un magister... ».

Une main à sa sacoche de poisons, le Darw accueillit le guerrier qui le chargeait avec une décoction poisseuse d'yeux de murloc bouilli et de gonades poilues de taurens mâles - produits hautement prurigineux et eczémateux au contact de la peau. Se tenant le visage à deux mains, le guerrier en armure de plaques, les ongles profondément enfoncés dans des chairs le démangeant, en avait désormais sur la gueule...de belles plaques rouges sang...

Sémiramis, petite-fille de Garcimore Ier - «...Puis, j'ai intégré l'ENA, la prestigieuse école des « Ensorceleurs et Nouveaux Administrateurs ». Je vous le concède volontiers, cette dernière est clairement technocratique, mais celle-ci forme l'élite des mages gestionnaires. J'ai pu me forger une discipline d'acier et passer maître dans les arcanes liées au service d'accueil mais également d'archives administratives. Ma branche de spécialisation m'a permis d'acquérir de solides pouvoirs tels que la « poinçonneuse de la mort » ou un puissant sort d'endormissement dit de la « file d'attente ». Ne m'en veuillez pas de ne tout dévoiler ici, je garde quelques poires pour la soif, mais sachez que je suis également une adepte de la voie du givre... ».

La froideur, tu m'étonnes...
En totale adéquation avec l'administration...
Change rien ma belle, t'es parfaite...


Darw - « Ca vous dit pas un boulot de maîtresse du monde, vous ? »

Sémiramis - « Je crois que le poste est déjà pris par une démoniste. La carrière demandant trop de sacrifices... »


_______________


« IL SUFFIT !!! »

L'exclamation claqua sèchement.
Le cri tonitruant se répercuta de nombreuses fois sur les murs froids et noirs avant de s'éteindre peu à peu. Il avait quelque chose de terrifiant. Un instant la clameur des combats s'interrompit pour faire place à une attente teintée d'angoisse. Tous étaient pendus à ses lèvres. Heureusement pour eux, ce n'était pas un réprouvé à la bouche pourrie, ils en seraient tombés raides.

Ils restaient là, mâchoires entre-ouvertes, dans l'expectative d'une crise de colère, dans l'attente d'un mauvais coup. Qui ne vint pas, ou plutôt pas tout de suite.

Celui qui venait d'aboyer était le grand guerrier nain, harnaché de son armure de sombrefer. Le meneur de cette bande de couards.


Le chef du détachement nain prenant un ton narquois et obséquieux - « Chers hôtes, je crois que nous n'avons pas encore eu l'insigne plaisir d'être présenté. Je me nomme Misenbière. Mais d'autres me surnomment « le Décapsuleur », car j'ai une singulière manie de jouer avec les têtes de mes victimes...Pour vous servir. »

Tout en s'adressant au groupe restreint d'aventuriers - les paladins avaient été évacués Tyr sait où - il passait négligemment et avec une perversité malsaine son doigt ganté sur le tranchant de sa francisque.
Il se fendit d'un sourire mauvais avant d'éclater d'un rire gras, rocailleux et profond...Tout à fait abominable.

« Ecartez-vous ! », dit-il brutalement à quelques uns de ses hommes encore valides devant lui. Puis se retourna vers la personne qui lui tenait office de bras droit. La mage de guerre.
« Prêtre mage, créez une barrière ».


Muhra - « Bien, lieutenant ».

Mouvements rapides dans l'air.
Tracés cabalistiques.
Vrombissement, signe physique que l'atmosphère se charge de magie.
Jusqu'à saturation.
Petit geste désinvolte comme pour rejeter toute l'énergie accumulée.

Puis rien...


Ou plutôt le Darw ne le perçut pas immédiatement.
Pourtant, un mur arcanique opalescent obstruait désormais l'entrée du mitard.
Leur seule retraite possible...
Infranchissable tant que la naine serait debout.
Cependant, ce sort demandait beaucoup de puissance et canaliserait son attention pour le maintenir. Autant de concentration qui ne se transformera pas en vagues de soins pour le lieutenant Misenbière.

Tant mieux.


Soudain, une agitation inattendue monta des couloirs menant aux geôles.

« Lieutenant, lieutenant ! Attendez...! ».
La sentinelle était visiblement essoufflée...

La bidasse, matricule 13 - « Les renforts...les renforts que vous avez fait mander sont là, mon lieutenant ! Le maître-golem vient d'arriver ! »

Pour accompagner le geste à la parole, il céda le passage à sa droite, à un nain particulièrement petit, preuve d'une ascendance assurément gnomique dans sa famille. Chaussé d'une fine monture de binocles, l'individu, certes peu imposant, arborait un calme souverain et un soupçon de rictus d'autosatisfaction. Il savait qu'on avait besoin de lui sur le terrain, et il appréciait toujours grandement ses occasions de se mettre en valeur. Ses mains étaient couvertes de glaise et d'une sorte de substance graisseuse s'apparentant certainement à de la famille des huiles.

Misenbière « le décapsuleur » - « Bien ! Très bien même ! Nous allons pouvoir commencer les festivités ! »

Se retournant vers le maître artisan à l'art si particulier. « Faites votre office et qu'on en finisse vite. »

Quasfiel, le maître-golem - « Oui, mon lieutenant. Je vais me faire un plaisir non dissimulé de les massacrer...».
La statuette ridiculement petite les toisait de toute sa stature lilliputienne. Issue de l'inventivité gnome et de la maîtrise naine du fer, elle serait néanmoins un puissant engin de destruction dans les minutes qui allaient suivre. Un bijou de mécanique possédée. Une perverse conception d'ingénieurs pointilleux, sans autre âme que celle de celui qui lui insuffle la vie. Et un véritable travail méphistophélique d'orfèvres dérangés.
Grotesquement insignifiante encore. Pourtant elle serait bientôt difficilement ébranlable.

Tel un cobra d'ébène jaillissant de son panier, le maître-golem venait prestement de la sortir de sa culotte en cuir, plus précisément de la poche au fond à gauche. De son autre main, il fit apparaître une poudre argentée dont il arrosa copieusement la statuette noire et rivetée. « L'engrais » comme les sombrefer l'appellent.

On n'entendit rien. Si ce n'est le cliquetis des armes et des armures...
On ne vit aucunement mieux. En tout cas qui soit notable concernant cette statuette...
Plusieurs secondes passèrent lentement, comme suspendues.

Puis un léger chuintement fut perceptible aux oreilles attentives.
Le maître-golem arborait un sourire mauvais tandis que l'excitation suintait par tous les pores de sa peau grisâtre en se manifestant par un excès de sébum. Encore un coup des hormones ça...L'épiderme était furieusement picoré de-ci, bombé de-là par une inflammation des glandes sébacées. « Putain », pensa le Darw, « on nous envoie un morveux boutonneux. »

Le sifflement assourdi se fit plus prononcé. Il se mua progressivement en une vibration grave et son intensité se décupla. Désormais, les ondes sonores emplissaient la salle avec une vigueur renouvelée à chaque battement de coeur.

Un bruit de moteur prit le pas sur l'ensemble...
Un coeur mécanique pulsant régulièrement...
Le maître-golem venait d'insuffler vie à sa machine...
L'extension de sa haine...


La magicienne prit un air contrarié, comme sous le coup d'une subite prise de conscience.

Sémiramis « clé de douze » - « Attention ! Il me semble reconnaître le battant mécanique à bivalves et bien huilé d'un golem de combat « Ferrailleur-P4 ». Ils font partie des modèles les plus agressifs que fabriquent les sombrefers et ne sont confiés qu'à des « manieurs de glaise » compétents et ayant une longue pratique dans la possession de machines de guerres ».
Elle ajouta dans un souffle. « Ne le sous-estimez pas surtout. Les maîtres de golems sont considérés comme des privilégiés ici et ont une éducation guerrière très poussée...».

Darw facétieux - « Encore un pistonné quoi... »

Haussement d'épaules accompagnée d'une moue dépitée caractéristique à la jante...euh pardon à la gente féminine devant l'insondable humour masculin.

Lessien visiblement soucieuse - « Comment vous pouvez savoir qu'il s'agit d'un « Ferrailleur » ? »

Sémiramis « mains dans le cambouis » - « Et bien, j'ai également une formation en mécanique générale et ai participé à de nombreuses courses en charrettes turbo tractées dans les Salines. Et je peux vous affirmer qu'il ne s'agira pas d'être dans le gaz avec ce moteur à explosion en face de nous».

Darw taquin- « Tout baigne dans l'huile alors... »

Haussement de sourcils conjointement menés par les deux jeunes femmes.

« Ca roule... »

Déboîtement d'épaules... « Le cas semble irrécupérable, docteur ».

Sémiramis - « Bon... »
« Trèves de plaisanterie, nous avons très peu de temps pour nous organiser face à ce foutu rouleur de mécanique et à son dégénéré de chef...

Voilà ce que je vous propose... »

_______________


Un murmure...
Un vent de murmures.

« Dyro,Cenaridd, dy nawdd;
ac yn nawdd, nerth;
ac yn nerth, ddeall;
ac yn neall, gwybod;
ac o wybod, gwybod yn gyfiawn;
ac o wybod yn gyfiawn ei garu;
ac o garu, caru Duw.
Duw a phob daioni ! »

En un souffle...
Une mélopée.


Paumes tournées vers le sol et tête dodelinante, la druidesse se tenait dans un état second, la conscience accaparée dans un plan éthéré, les yeux mi-clos.
Ses lèvres dessinaient des arabesques veloutées tandis que des harmoniques sans âge, puisant dans une sagesse druidique plus qu'ancestrale, se propageaient imperceptiblement dans l'air.
Une prière de protection.
Un appel aux forces de la nature.


Darw - « Eh dis, elle fait quoi là déjà ? »

Sémiramis - « Hum...vous avez déjà fait le tour de votre bocal, le poisson rouge ?

Darw - « Non, fugu, mamzelle, f-u-g-u... »

Le Darw eut un sourire malicieux.

Sémiramis - « Arrêtez de jouer au con, la vie n'est pas une boîte de chocolats à la praline. Surtout en ce moment. »

Darw - « Pour sûr ! Les pralines, c'est moi qui vais les envoyer dans la tronche de ces babets d'en face ».


La prière se poursuivait imperturbablement.

« Accorde-moi, Cénarius, le refuge ;
Et dans le refuge, la force ;
Et dans la force, la compréhension ;
Et dans la compréhension, la connaissance ;
Et de la connaissance, la connaissance de ce qui est bon ;
Humble serviteur de la nature que je suis ;
Accorde-moi ta protection ainsi qu'aux miens ;
Prodigue moi ta science,
Fais moi don d'un abri,
Dispense moi ta puissance,
Et disperse au loin mes ennemis.»



L'intercession de la druidesse avait réussi. Une onde chaude et bienfaisante enveloppa le groupe. Malgré les difficultés précédentes à incanter dans ces profondes cavernes, elles avaient répondu à l'appel de Lessien. Elles...Le regard des divinités liées à la terre mère s'était posé sur eux trois.
Touchés par la grâce, ils se sentaient submergés par une vivacité nouvelle.
Marqués par la nature, ils étaient plus agiles, plus rapides, plus puissants...

Avec une facilité déconcertante, le Darw envoya bouler un nain éclopé qui, en se tortillant par terre, tentait de lui mordiller le mollet avec les trois chicots qui lui restaient dans la bouche. Son corps fit un bruit mou lorsque sa tête rencontra le sol pour la seconde fois.


Mais ses compatriotes n'étaient pas restés inactifs comme de pauvres arsouilles. Un groupe constitué de cinq robustes individus les contournait par la gauche et se déployait en arc de cercle. Pourtant, chose étrange, ils n'attaquaient pas, se contentant d'observer. La réponse à cette attitude se comprit dans les instants qui suivirent.
Ils attendaient pour ramasser les morceaux...


Darw fit une moue désabusée, pourtant le spectacle frisait le « peu commun » et le « plus que notable ». Mieux qu'un reportage animalier sur l'hypothétique dahu ivre des montagnes surplombant Forgefer, un nain sauvage à la patte plus courte que l'autre selon certains milieux ethnographiques autorisés. Ils assistaient à un moment rare, la naissance d'un golem de combat...
La statuette motorisée se mit à croître à vue d'oeil. En un formidable grincement sinistre, le golem mécanique déploya ses entrailles ferrugineuses et saturées d'huile de vidange. Il atteignit rapidement la taille standard et nomenclaturée par les ingénieurs gnomes, c'est-à-dire, un bon trois mètres cinquante de hauteur qui en faisait, ma foi, un solide bestiau en acier trempé jusqu'aux os de son squelette métallique.

Apparemment, chacun y allait de sa petite incantation dans cette histoire. Tout le monde a besoin de réconfort et de soutien avant une épreuve - même s'ils sont de l'ordre du superstitieux et du mystique. Le maître golem n'en était pas exempt. Lui, le soutien, c'était plutôt chez son popa et sa moman...

Quasfiel l'incantateur - « Pour la gloire de mon père, je jure de ne pas commettre d'impair !
Sur la tête de mon paternel chauve et le chapeau de ma mère, la cantatrice poilue !
Solennellement, je promets de vous enfoncer six pieds sous terre et vous mettre mon poing dans le... »

« Ta gueule le nabot ! », pour ponctuer cette interjection la dague de lancer du roublard alla se ficher dans la cuisse d'un des nains sur sa gauche. Le bougre n'avait esquissé aucun geste hostile, mais cela avait eu le mérite de faire taire le « manieur de glaise ». A défaut de dague cette fois, Darw planta son regard dans celui d'acier de Quasfiel.

Darw se fendit d'un sourire mauvais et calculateur - « Oh le fils de beausseigne*, ferme ton claque-merde et viens plutôt te battre ! J'ai envie de m'amuser avec ton jouet ».

Quasfiel, tout aussi sombre et souriant - « Soit. Tu seras le premier à mourir, putain de fils maudit d'elfe et de petit-fils glaireux de trogg asmathique !».

Darw eut un rire moqueur et sardonique - « Hinhinhin, comment tu sais ça toi ? Y a eu des indiscrétions... »

Darwinfugu sortit ses dagues.

_______________


Même préparé, l'agent fut surpris par la charge, non pas verbale du nain, mais physique du mastodonte boulonné. Assez véloce malgré son poids imposant, le golem faisait vibrer le sol à chacun de ses pas. Un pied d'acier amoureusement briqué régulièrement se dressa pour balayer le Darw d'un geste raide mais chargé d'une énorme puissance. La machine laboura le sol comme s'il s'agissait de beurre laissé au soleil. Le voleur esquiva facilement en se jetant de côté. « Puissant, mais est-il agile au point de m'atteindre ? ».
Il recula de quelques pas, prêt à accueillir une nouvelle charge.

Le golem ne se fit pas prier. Un quart de tour de côté plus tard, il fondit sur l'elfe. Une nouvelle fois, il décocha un coup de pied.
Trop lent.
Darwinfugu était déjà hors de portée du choc mortel. Une nouvelle fois, la terre meurtrie trembla.
Le coup de poing l'aurait cueilli à l'épaule, sans un réflexe éclair. La machine avait lancé sa main gantée de fer dans la direction de l'agent du SI-7 et raté de peu. Ce qui n'était pas pour déplaire à notre ami peu enjoué à recevoir plusieurs tonnes de poussée en travers de la tronche. « Ah, enfin un peu d'originalité...allez, camarade nain, surprend moi ! »

_______________


Pendant ce temps, Sémiramis avait lancé un trait de givre sur les membres du groupe qui protégeaient le maître Quasfiel et faisaient barrage de leurs corps. Le sombrefer congelé, droit et raide comme un I avait un faciès crispé, marqué par la surprise. Ces nains avaient l'air encore plus con, gelés...
Cependant, ce n'était pas son réel objectif. Elle cherchait manifestement une ouverture pour atteindre directement le maître de la machine et priver cette dernière de son âme. La magicienne regarda avec inquiétude son client, l'agent du SI-7. La proie...Le jeu du gros chat et de la petite souris finissait généralement mal si celui-ci tardait à trouver son dénouement. Il fallait donc agir vite, oui, mais bien.

Sémiramis, hurlant au-dessus du bruit de la machine de dévastation - « Monsieur ! Il vous faudra l'occuper un peu plus ! Gagnez nous du temps !... ».

_______________


Lessien, à nouveau transformée en ours, chargeait le groupe de nains qui s'était développé sur leur flanc gauche, avec toute la fureur sourde, froide et déterminée qu'elle avait emmagasiné tantôt.
Elle venait de dévisser la tête d'un guerrier moustachu. La mâchoire du nain sus-cité fit un bruit sinistre au contact de la gigantesque patte griffue. Il s'effondra dans son raisiné et cracha quelques dents. En voilà un qui ne sucera pas son pouce de sitôt dans les rues de cette noire cité.
C'est ce moment-là que choisirent deux guerriers nains pour lui entamer le cuir...

_______________


Le golem frappait inlassablement, insensible à la fatigue physique. Coups de pieds, coups de poings, pleuvaient invariablement. D'une brutalité et d'une agressivité véritablement déstabilisantes.
Il chargea à pas lourds sur le voleur, les deux poings en position de marteau, avant de les abaisser pour frapper sa cible avec une violence inouïe. Mais le Darw n'avait aucunement l'intention de débuter une carrière d'enclume. Il se jeta à nouveau sur le côté pour faire un roulé-boulé avant de se redresser prestement. La poussière soulevée lui piqua brièvement les yeux. Un nouveau bond en arrière plus loin, il épousseta son visage maculé et ses manches poudreuses. A l'endroit qu'il occupait précédemment, la terre était tassée sur une dizaine de centimètres...


Lorsque celui-ci se détourna pour faire face au roublard, Darwinfugu nota un subtil changement dans le comportement et l'aspect du golem. Des yeux orangés, couleur de lave, allumaient désormais et ornaient tel un joyau mortifère cette froide figure de fer, la rendant encore plus sinistre.

La deuxième chose qu'il releva fut que les mouvements de la machine semblaient moins saccadés, plus sûrs. Une nouvelle posture, tout sauf raide ou syncopée. On entendait distinctement le coeur mécanique battre plus rapidement. Le Darw jeta furtivement un regard du côté du « manieur de glaise ». Haletant, il avait le visage inondé de sueur et le souffle visiblement plus court. Bien. Très bien même... Le voilà beaucoup plus affairé à garder le contrôle de son monstre mécanique.
Le maître de golem venait d'enclencher un mode de combat plus poussé. Nécessitant de nombreuses ressources psychiques et une attention importante. Repousser ses limites et jouer avec le démon, ça se paie comptant...
On arrête pas le progrès avec ces machines. Néanmoins, transformer ces mécaniques en guerriers berserks, c'était vraiment jouer à l'apprenti sorcier. Vous verrez qu'un jour elles vont nous remplacer et demander leur indépendance...Pour sûr...

Le golem, alerte et prompt, malgré ses plusieurs tonnes de ferraille sur le dos, franchissait l'espace qui le séparait du voleur avec une relative aisance...Darwinfugu eut juste le temps de se décaler légèrement pour éviter le premier poing qui fendit l'air dans sa direction.
Puis ce fût l'apocalypse.


Tout du moins, si l'on considère que la fin du monde pouvait ressembler à une avalanche de coups portés par un golem furieux. Un poing gros comme une tête fonçant à travers l'espace pour venir réduire à néant, en charpie ou en bouillie, son adversaire. La vélocité, avec laquelle la créature de fer frappait, était ahurissante.
Le Darw enchaîna à la hâte et dans une précipitation fiévreuse, une série d'esquives instinctives car la pluie de coups s'abattait avec la dangerosité de hallebardes acérées et l'intelligence du prédateur. Ses pas de côté, parades et dérobades ne lui donnèrent plus aucun temps de répit, le coup suivant arrivait à la vitesse du lion des Tarides. Tournoyant sur lui-même, il semblait entamer une danse morbide avec le golem lancé frénétiquement à pleine allure et au maximum de puissance.

Haletant comme un soufflet de forge, l'agent du SI-7 s'enquit rapidement de la suite des opérations avec la délicatesse et le flegme qui le caractérisaient...

Darw « Bordel de badabeus ! Qu'est-ce que vous attendez là, merde ! ?...Butez-moi cette engeance nauséabonde de gnoll ! »

_______________


Sentant l'urgence dans la voix du bredin, Sémiramis ne se fit pas prier. Profitant de la première réelle opportunité pour atteindre le « manieur de glaise », elle se concentra brièvement. L'extrémité de ses pognes devient d'un bleu opalescent tandis que des cristaux de glace se formaient et s'agrégeaient autour de ses doigts fins. L'éclair de givre partit avec une rapidité déconcertante, droit sur le dresseur de golem. Et elle visait son coeur. Pas moins...

Les mains tendues pour résister au flux arcanique, la magicienne projeta vers l'avant toute l'énergie accumulée. Une formidable décharge de givre fit brièvement reculer Sémiramis. Le point d'impact allait être littéralement désintégré.

Mais alors que le trait glacial allait toucher sa cible, un éclair métallique vint le frapper de plein fouet. Ebahie, Sémiramis crut avoir la berlue. Pourtant, elle venait bien de la voir de ses propres yeux. La francisque.
La hache à double tranchant du lieutenant Misenbière....Son sort venait à l'instant de se briser sur sa lame. Il l'avait lancé pour contrer son incantation, oui, lancé, et avec une facilité déconcertante qui plus est. Mais au lieu d'être allée s'écraser au sol quelques mètres plus loin, son arme enchantée avait docilement réintégré les mains du noble sombrefer.


Le lieutenant nain eut un large sourire de satisfaction qui lui découvrit des canines carnassières. Puis s'esclaffa d'un rire gras et sarcastique.

Misenbière mis en bouche - « Mouhahahahahah ! Pauvres et misérables insectes ! Je crois qu'il est plus que temps que je me dégourdisse les jambes en vous transformant en fricassée de mou pour mes chiens de guerre ! Vous savez...La chair humaine, ils apprécient viscéralement ça ! Certainement un goût pour le carnage qui les prend aux tripes. Enfin, assez parlé de mes p'tits boudins d'amour...
Aujourd'hui, c'est boucherie... »

Il s'élança dans la mêlée la francisque en avant.
La semeuse de mort.
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