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L'enfance de la Chopine

Par Darwinfugu
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Episode 1 : Scène de la vie ordinaire - Le p’tit pot de Mè’e gwand

Scène de la vie ordinaire : L'ingrédient secret de Mè'e gwand

Le soleil commençait à poindre à l'horizon, poudrant les nuages de nuances rouges et ocres. Cabotin, l'astre de lumière venait négligemment tremper ses rayons dans le lac de Tombeciel, qui ainsi, n'avait pas démérité son nom. De légers reflets irisés scintillaient nonchalamment à la surface de l'eau. Le vol d'une libellule ou le jaillissement d'un crapaud venaient parfois troubler cette quiétude du matin naissant.
La journée s'annonçait radieuse sur la basse forêt d'Orneval.

Installés négligemment dans les herbes plus ou moins folles à proximité de ce milieu lacustre, des doigts de pied en éventail dépassaient très ostensiblement d'un petit rideau d'ajoncs. Malgré l'aube encore naissante, ces panards à la physionomie elfique se dégourdissaient, au gré de la brise fraîche.
Le jeune elfe, une ficelle accrochée à son gros orteil gauche, profitait du moment. La pêche de bon matin, il n'y avait que ça de vrai !...Hormis peut être une petite lichette de l'alcool fruité que sa « gwand mèwe » lui laissait boire de temps en temps lorsqu'il se montrait particulièrement débrouillard ou qu'il ramenait le scalp et l'escalope d'un tauren.
Un bon jour pour la chasse aux bovidés ou toutes bêtes plus ou moins ensauvagées de ces contrées. Pour sûr ! Darwinfugu en eut l'eau à la bouche. Il commençait à avoir les crocs.

Sifflotant un air joyeux, l'elfe se la coulait douce tandis que miroitaient avec insistance les réverbérations du soleil. Tout à ses réflexions - de lumière - le Darw ne vit pas venir la prise.
Un coup sec tendit la cordelette.
Le poisson exerçait désormais une pression importante sur son pouce d'orteil. Darwinfugu poussa un juron et s'élança aussitôt pour attraper la corde afin soulager son pauvre appendice de voûte plantaire. La pression se relâcha. Il sentit son sang battre lourdement dans son orteil.

La douleur s'estompant, il s'agissait désormais de sortir le bestiau de son milieu naturel aquatique. Heureusement, « Gwand ma » lui avait appris un truc infaillible. Enroulant progressivement et précautionneusement la corde autour de son poignet, le Darw ramenait lentement la prise à la surface de l'eau. Cette dernière se débattait pour s'extraire de l'appât fait à base de crosnes. En plus d'être succulents avec un poulet arrakoa, ces légumes avaient la formidable capacité de passer parfaitement pour un gros et gras ver de goule. « De poisson friand à poisson frit, il n'y a qu'un pas ! » lança radieusement Darwinfugu.

Le jeune elfe tendit la main gauche vers un imposant gourdin à la tête assez plate qu'il avait laissé au sol à ses côtés. Continuant à enrouler la corde, celui-ci commença à apercevoir sa prise remonter à la surface du lac. « Zut, un poisson de vase ». Darw s'approcha à pas de troll de la limite miroitante de l'eau, en brandissant son instrument contondant. Notre pêcheur en herbe maintenait tant bien que mal sa prise au plus près de lui. Puis frappa un coup. Il s'apprêtait en remettre le couvert lorsque les paroles de sa « Gwand ma » lui revinrent à l'esprit : « Tu peux assommer ta pwoie pou' l'attendwi', l'assoupli' ou la wendwe docile. Mais pas twop quand même, hein ! Sinon tu pe'ds toutes les pwotéines ! »

Jetant son gourdin attendrisseur, Darw attrapa le poisson mortellement blessé avec son épuisette. Réunissant ses affaires, il prit la poudre d'escampette pour suivre la piste forestière qui s'ouvrait sur un sous-bois odorant.

Les joues légèrement rosées par la course, Darwinfugu revint à la cahute qu'il partageait avec sa grand-mère, brandissant fièrement sa prise.
Visiblement, cette dernière l'attendait. La vieille traînait son pied-bot comme on porte un fardeau ancien, résignée et fataliste.

La vieille au pied bot - « Où que t'as encowe twaîné, p'tit sacwipan ?! »

P'tit Darw penaud - « Désolé, gwand-mèwe Taka'. J'ai perdu le pain en revenant de la boulangerie. Mais r'garde c'que j'ai ramené ! » fit-il en brandissant sa prise.

Takatanké « test d'aggro » - « T'as égawé le pain, p'tit mojo fwelaté !? »

La vénérable ancêtre s'approcha du jeune elfe, tout en se retroussant les manches.

Takatanké « aggro fixée » - « Il t'a pwis de vouloi' faiwe du pain perdu, peut êt'e ? C'est pas c'qu'on avait pwévu pou' le wepas ça ! Sûwement pas mon twollounet...Viens plus près ».

Prenant son élan, la vieille dinde lui mit une sérieuse avoinée sur la fesse gauche. « PAF ! ». La série de claques - une dizaine - laissa une marque rouge et nette sur la peau du petit Darwinfugu.

Darw'ta gueule - « Aieuuue ! »

Takatanké - « Et woilà ! Un pain d'pewdu ! Dix de wetw'ouvés ! »

Puis la vieille partit d'un grand rire franc et massif. Se faisant, elle découvrit un sourire où apparaissait une dentition carnassière aiguisée et tachée par une vie passée à chiquer.

Taka, chipolata flamboyante - « Allez viens mon canawd en sucwe. Tu dois pwend'e ton p'tit déj' pwésentement. Je t'ai fait des saucisses d'awaignée avec des topinambouws comme tu les aimes ».

Tandis que la vieille faisait installer son pupille sur un simple rondin de bois. Elle prit une antique écuelle de bois à l'aspect rugueux. Darwinfugu grimpa avec agilité sur le billot haut d'un bon mètre cinquante.

Darw chipoteur - « Oh nan, j'aime po ça ! Je pouwais pas avoi' un peu de steack saignant de tauwen à la place, mémé ? Pi j'aime po les topinambouuuuuureeuus ! »

Taka, « etwe sage » - « Tu veux etwe un gwand guewie' ?! Alows faut mange' !»

Ramenant une imposante « mawmite » au fumet alléchant, « Gwand ma » déposa le tout à même le sol. De ses quatre doigts longs et effilés, elle servit deux généreuses louchées dans la gamelle du Darw. Les oreilles en arrière, l'elfe prépubère renifla le tout d'un air suspicieux et prudent puis observa l'intérieur de son écuelle. Des morceaux de topinambours fraîchement ramassés du matin dépassaient du bouillon au goût corsé. La vieille avait pris la peine d'agrémenter son plat de diverses herbes autochtones, une saucisse plantée en travers sur un bout de bois. Le fumet était réellement alléchant !

« Allez mwange ! »

Le Darw ne se fit pas prier et se jeta littéralement sur la nourriture malgré ses réticences précédemment énoncées. Levant la tête quelques secondes de son écuelle, Darwinfugu soucieux de son estomac et de ses repas futurs demanda :

Darw curieux - « Eh ! Dis, gwand-mèwe, comment on cuisine les tauwens ? »

Taka - « Bois d'abow' ton lait de Mulgow'e pi ton jus de cannebew'ge pour avow' les dents fow'tes et sowlides ! Comment q'tu veux mastiquer de la viande cowectement avec tes p'tits chicots ?! Hein mon blet ! ».

Darw - « D'accord mémé ! »

Arrachant un morceau de saucisse de sa pique de bois, l'elfe replongea dans son écuelle quelques instants avant que ne ressurgissent à nouveau de profondes interrogations existentielles pressantes.

« Eh ! Dis gwand-mèwe, comment on fait cuiwe les bébés ? »

« MWAAANGE ! »
« Dix feuilles de férule fétide...», le jeune elfe leva un sourcil songeur, un petit bout rosé de langue dépassant nonchalamment de la commissure des lèvres. Passé un bref temps d'hésitation, il se souvint les avoir mis tantôt dans la besace pleine qui pendait lourdement à son côté. Rasséréné, il continua d'égrener sa liste mentale.

« Trois onces de sang de titan...», incertain de ses souvenirs cette fois-ci, le Darw fouilla frénétiquement son sac de cuir pour en ressortir une laitue sauvage fraichement ramassée, « Ca, c'est bon aussi...».

« Cinq branches de fenouil puant ? » L'elfe se prit le menton entre son pouce et son index l'air interrogateur. Il fronça les sourcils quelques secondes avant qu'un large sourire de satisfaction illumine son visage. « Chez le vieux Görk ! Y'en a toujours près d'son potager ! »

S'assurant que ses affaires étaient solidement calées et qu'il n'en perdrait pas en route, Darwinfugu s'élança dans les sous-bois, se frayant un chemin entre les fougères printanières.

Il avait de la chance. La ferme de leur vague voisin orc n'était pas très éloignée. Quelques solides enjambées à travers la forêt le mèneraient rapidement à son point d'arrivée. « Ou de chute... » ne put s'empêcher de penser le p'tit Darw, «...l'est guère commode le vieux bouffeur d'fayots, surtout quand on lui tire ses "prééécieux" légumes... ».

L'elfe fut secoué d'un frisson incoercible en se remémorant les sévères coups de pied au derrière qu'il avait ramassé par le père Görk. Il en profita pour se masser machinalement l'arrière-train, assuré d'avoir accompli ainsi le plus sûr des rituels de protection.

La punition administrée consciencieusement par l'orc avait pourtant été largement méritée. Il faut dire que mettre le feu à son poulailler avec des pétards de la dernière fête lunaire pour effrayer ses stupides volatiles n'était pas une des idées les plus brillantes du jeune elfe...Quoique la fois où il avait pissé dans son puits n'était pas mal non plus...

Nonchalamment nichée au milieu d'une longue et étroite bande de terrain déboisée, la ferme du père Görk n'était pas très grande. Darw tendit l'oreille. Du point où il se trouvait, on pouvait entendre des bruits de coupe de bois. Mais rien de très proche.

Rassuré, l'elfe jeta un regard alentour embrassant son objectif des yeux. Ces lanières de terres paraissaient étranges à Darwinfugu, lui qui avait toujours vécu en plein forêt avec sa « gwand mè'e ». Celle-ci lui avait confié un jour que c'était le « mowde de cowlownisation choisi paw les o'cs ». Ces derniers taillaient dans le vif de la forêt d'Orneval pour y installer leurs habitations et leurs champs. Et apparemment, cela ne faisait pas que des heureux.

Occasionnellement, les Sentinelles se rappelaient volontiers à leur bon souvenir en incendiant quelques maisons ou en lançant un raid sur la scierie de la tribu Warsong. Le père Görk était justement un ancien bûcheron maintenant retiré, se contentant de vivre paisiblement de la culture de son potager. Un bien joli potager, il fallait le reconnaître. Entretenu avec soin et minutie.

Jetant un regard prudent à gauche puis à droite, Darw aperçut enfin ce qu'il convoitait : une belle rangée de « fenouil puant » au milieu d'autres herbes aromatiques. Le jeune elfe se coula silencieusement dans le jardin pour subtiliser quelques branches du végétal sus-cité. Il fît quelques pas dans une terre riche et aérée. Après avoir écrasé un carré de mâches en bon saccarot* qu'il était, il arracha un plan de cette fameuse aneth puis le glissa prestement dans sa sacoche.

Darwinfugu sourit intérieurement, heureux d'avoir fait son affaire le plus discrètement possible. « Et hop, ni vu, ni connu, j't'embrouille l'vioque ! Héhéhé, Darw 1 - Le vieux 0... ».

Avant de s'enfuir sans demander son reste, il aperçut plusieurs buissons chargés de groseilles rouges et juteuses. Leur peau lisse et tendue, gorgée de soleil, l'attirait irrésistiblement. Et il n'était pas ce genre de personnes à pouvoir résister à la tentation d'une bonne bouffe pleine de promesses...Jaugeant le danger, le Darw décida qu'il pouvait sans crainte aller s'empiffrer.

Un bruit. Comme un léger grincement.

Aux aguets, le goinfre dressa l'oreille, la figure abondamment barbouillée de jus sucré et de pépins. Lorsqu'il comprit, il resta d'abord paralysé une fraction de seconde par la vision.
Le vieux...! L'ancêtre...! Le botteur de culs...!
Le père Görk débraillé était en train de remonter la braguette de son miteux pantalon terreux, un journal glissé sous le bras. Sifflotant un air joyeux et libéré d'un poids certain, « César » Görk venait de couler un monumental bronze dans ses latrines extérieures.

« Chxxx de gnoll ! », le Darw n'était pas décidé à se laisser avoir bêtement pour une histoire de fèces* parce qu'il avait négligé de surveiller ces lieux d'aisance. Finissant de ranger sa paire fessière, le vieil orc, à peine sorti des gogues et à nouveau décent, éructa sauvagement à la vue du voleur de légumes et s'élança à la suite de l'elfe.

« BRAAAAW !!! 'spèce d'bon à rien ! 'core en train d'chaparder chez mô ! J'te préviens q'si je t'attrape, j'te pend par la peau des fesses ! ».

Décidément, tout tournait autour de l'arrière-train dans le coin. Il n'en fallut pas plus à Darwinfugu pour prendre la poudre d'escampette en direction des sous-bois protecteurs.

« Maudit gamin ! R'viens ici ! R'viens ici tout d'sit ! »

En réponse au mouvement de fuite éperdue du jeune galopin, le fermier se saisit de plusieurs légumes abimés sur son tas de compost. Une volée de navets pourris alla s'écraser contre quelques troncs d'arbres, volant littéralement en éclats dans un bruit spongieux.
De rage, celui-ci projeta sa fourche - qu'il venait de saisir - dans la direction de Darwinfugu, en sachant tout à fait que cela serait totalement inutile pour l'arrêter. Autant apprendre l'humilité à un elfe de sang que d'essayer d'attraper le Darw en milieu autochtone.
L'instrument de jardinage alla se ficher avec force sur plusieurs centimètres dans l'écorce d'un pin sylvestre à l'orée de son potager. Mieux valait ça que d'entamer une tendre couenne...

Darw courut comme s'il avait le diable aux trousses, ce qui était peut-être le cas après tout. Hors d'haleine, il ne s'arrêta qu'une fois sûr de ne pas avoir été suivi.

« Pfiouu...j'ai bien cru que j'allais m'faire raboter l'cul par ce vieux babet desséché d'bûcheron ».

Après avoir pris un peu de repos, l'elfe vérifia une dernière fois alentour et s'engagea sur le chemin forestier qui menait à la hutte familiale.
Il avait des ingrédients à ramener pour le repas.

Lorsqu'il déboucha sur la clairière qu'il occupait avec sa vieille parente, il constata que la gigantesque marmite de sa grand-mère avait été retirée du feu. On distinguait encore des braises rougeoyantes à proximité directe. De paresseuses volutes de fumée s'échappaient du récipient qui semblait chargé de généreuses promesses.

Le jeune elfe, l'appétit ouvert par toutes ses « courses » effrénées dans la forêt, s'approcha du fumet alléchant. Pour sûr, marché forestier ou courir dans les bois, ca creuse !

Lorsqu'il fut à deux pas, il huma l'air, les narines frémissantes. Satisfait de ce que ses récepteurs olfactifs avaient ramené comme information, il s'élança joyeusement vers la marmite. Aimanté par la nourriture qui cuisait doucement, il agrippa les bords en fonte du récipient, puis jeta un regard à l'intérieur.

Darwinfugu fut saisi d'horreur. Une immense main étreignit furieusement son coeur d'une angoisse profonde.
« Le voisin...! Le bûcheron...! Le gros dégueulasse...! »
Crâdork, leur puant voisin de la cahute pouilleuse la plus proche était en train de mijoter dans le pot de sa grand-mère ! Les yeux clos et les membres écartés, celui-ci surnageait allègrement du bouillon.

Alors c'était ça ! Sa grand-mère trolle était en réalité une ignoble cannibale, une mangeuse de chair plus ou moins humaine ! Comme si on pouvait considérer Crâdork comme de la viande comestible en plus ! Devant l'insondable gouffre qui s'ouvrit devant lui, Darw ne put réprimer un cri et un petit sanglot déchirant.

Takatanké - « Qu'est-ce qui se passe encowe ?!? Hum... »

La vieille venait de sortir en trombe de sa cahute, aussi vite que pouvait lui permettre sa jambe souffrante. Elle était vêtue d'un tablier de cuisine maculé de multiples taches et tenait un imposant hachoir à viande dans sa main droite, encore dégoulinant de matières viscérales fraiches. L'elfe marqua un net recul, prêt à tourner les talons. Mais également prêt à laisser une chance à sa « gwand mè'e chéwie » de s'expliquer.

Takatanké - « Mais ? Déjà là to' ? Ben alows mon mignon, c'est don' toi qui fait tout c'boucan ? Tu tiens donc à 'éveiller notwe invité ? »

Darw ne comprit pas tout de suite. Un grommellement sur sa droite, suivi d'un léger clapotis. Darwinfugu entendit nettement qu'on remuait dans la tambouille. Des vaguelettes de bouillon vinrent s'écraser sur les bords métalliques de la marmite.

L'orc du menu - pourtant massif - qui, quelques instants auparavant, semblait mijoter avec le reste des aliments, venait de se redresser et adressait un clin d'oeil complice au jeune elfe.

Crâdork - « Zalut, gamin ! » fit-il d'un ton enjoué.

Interloqué, Darwinfugu ne sût trop quoi répondre, ni même envisager sa terrible méprise. Sa stupeur passée, il tenta de comprendre.

Darw - « Mais mémé, qu'est-ce qu'il fout dans ta marmite ? »

Takatanké - « Su' un autwe ton, jeune homme ! » dit-elle d'une voix impérieuse.

Darwinfugu fut saisi d'idées plus ou moins saugrenues. La pire qu'il puisse imaginer était que sa grand-mère avait invité Crâdork pour barboter dans son « jacuzzi pewsonnel ». Elle qui avait gardé une sexualité plutôt débridée malgré son grand âge, avait-elle pris le monsieur ici présent pour amant ? Pas possible ! Elle ne se farcirait pas ce grand sale. Il pue des pieds, a les oreilles dégoulinantes de cire, transpire comme deux ou trois...Il a même un furoncle mal placé ! Et puis, la farce d'orc, faut pas se voiler la face, c'est pas bon ! Et la face de Crâdork, c'est une farce ! Alors quoi ?...

Takatanké s'esclaffa, coupant court à aux idées absurdes, galopantes et délirantes de son pupille. Comme toute bonne sorcière du voudoun, elle lisait parfaitement les pensées et les émotions.

« Stop stop stop !!! Awwête le film, mon p'tit mojo !!! »

Puis reprenant plus calmement, « Célestin Cwâdo'k est tout simplement venu me donner un coup de main pour ma wecette de cuisine. C'est tout ».


Crâdork - « Ben zust'ment m'dam, faut qu'z'reste encore longtemps à infuzer dans l'bouillon ? Ou ben z'peux décarrer ?»

Takatanké - « Non, non ! Tu peux sowti' mon mimi CwaCwa, le bouillon est pwesque à point là ! »

Sans demander son reste, l'orc s'était extrait de la rutilante marmite avec un désagréable bruit de succion. La mixture semblait désormais nettement plus épaisse. Par bonheur, Crâdork avait conservé son caleçon, le temps de la macération.

Takatanké - « Tiens, pwend ce seau d'eau et va te laver. Et n'oublie pas de wécupéwe' tes vêtements, hein ! Je suis pas blanchisseuse, pwésentement ! Quand tu t'seras bien brosser l'cul, tu pourras revenir manger de la raie au bouillon.»

Satisfait, l'orc s'éloigna de la cahute d'un pas lourd et lent. L'elfe en profita pour reprendre la main et évacuer ses appréhensions.

Darwinfugu - « Mémé ! »

Takatanké - « Quoi encowe ? »

Darwinfugu, fine bouche - « Dis moi que c'est pas vrai...Tu veux pas nous faire bouffer le jus de ce gros dégueulasse ? »

Takatanké, fin gourmet - « Bah ! Bien sû' que si mon calou ! C'est plein de fowtifiants, de vitamines, de sels minéwaux et tou' et tou' !...Y a même d'minuscules bestioles cuites que Cwâdowk a wamené avec lui, ca fewa plein de bons ingwédients tout ça ! Et d'tout' façon, j'avais plus de sel pou' mon bouillon, alows... »

Darwinfugu critique gastronomique - « Prendre Crâdork pour un Cub'ork de bouillon, c'est...c'est...hum...Et puis, Gwand mè'e, on a pas pêché d'raie d'abord ! J't'ai ramené qu'des poissons de vase ! »

Takatanké toquée - « C'po gwave ça ! L'impowtant c'est qu'il y cwoi' caw c'est son met favowi. M'enfin, j'le soupçonne d'pas savoi' faiwe la difféwence entwe un poisson de vase et une waie...Le pépè'e a toujouws été un peu limité ».

La vieille trolle ponctua sa tirade par un mouvement avec l'index sur sa tempe droite pour signifier que l'orc était un sacré bienheureux. Et un vrai badabeu*.

Takatanké - « Bon, on a que twop pewdu de temps là, p'tit mec ! »

D'un air inquisiteur, Takatanké inspecta son protégé, semblant s'intéresser de près à ce qu'il avait ramené de ses courses et diverses cueillettes. Sortant un à un les ingrédients convoités afin d'apposer la touche finale à son célèbre bouillon, Takatanké montrait de plus en plus de satisfaction.

Takatanké - « Cawottes fowestièwes...Aneth...Laitue sauvage...Une paiwe de gonades de fowbolgs...Baguette de pain, enfin,...Baies de suweau...On diwait que la wécolte a été bonne ! Tu es en twain de deveni' un hewbowiste compétent mon p'tit ! Un vwai couweu' des bois...»

Intriguée, le regard de la vieille s'arrêta sur une queue vaguement animale au fond du sac de l'apprenti.

Takatanké - « Mais qu'est-ce que tu m'as encowe wamené ? Une queue de satywe ? J'te l'ai dit mille fois, le « satywe puant » est un champignon, nom d'un babet tuwgescent ! Me wamène pas une autwe de ces howweuws la pwochaine fois, hein ! Va me jeter cette chose inutile de suite ! »

Sa tournée d'inspection terminée et véritablement comblée, la sorcière voudoun tourna les talons en direction de sa hutte. La vieille apprêta légumes, herbes aromatiques et composants divers et variés à l'intérieur de sa bicoque puis revint les bras chargés de toutes ces victuailles. S'approchant de la marmite, elle tendit les bras et laissa choir tout son chargement dans l'épais bouillon.

Le Darw fut pris de hauts le coeur lorsqu'elle touilla le tout. Et pourtant il n'avait pas l'estomac fragile. Mais l'idée de boire ce jus infâme, mélange de sueur, de matières grasses ou de tout autres sucs corporels, le révulsait et lui coupait l'appétit.

Devant la déception et l'horreur que son bouillon semblait inspirer au jeune elfe, Takatanké porta une grosse louche de soupe à ses lèvres. « Pawfait ! Quelques hewbes pou' wectifie' et on wajoute les topinambouws ».

Darwinfugu - « Mémé...C'est vraiment bon ? Moi, j'aurais plutôt penché pour le bouillon de culture que pour de la vraie cuisine...Parce que...»

Elle l'interrompit en lui glissant la louche entre les dents puis versa un peu de liquide dans son usine à débiter des boisseaux de fadaises.

Takatanké, toque d'or - « Tout doux jeune mécwéant. Le secwet d'une bonne wecette, c'est le bouillon ! Goûte et sache que ce plat a weçu les twois étoiles du guide "Godet mielleux" alo's un peu de wespect s'il te plaît pou' l'ouvwage et l'expéwience des anciens ! »

L'elfe réprima un hoquet de dégoût, ses traits tirés par l'effort de repousser l'eau corsée qui s'insinuait dans sa bouche.Puis l'impensable survint.
Le petit chipoteur apprécia. Signe apparent et indiscutable, ses oreilles frétillèrent.

Darwinfugu, fondu - « Fouanondidiou mémé ! Mais, ton bouillon est divin...C'est bon ! C'est bon ! C'est bon ! »

Takatanké, « le chef » - « Alows, c'est pas du jus de chaussettes, hein ? »

La vénérable ancêtre alla chercher trois écuelles de bois et des cuillères pendant que Darw surveillait la fin de cuisson. Le bouillon glougloutait tranquillement.

Sur ces entrefaites, un Crâdork - un peu - plus frais vient s'installer sur le troisième billot mis en place pour l'occasion. Sur l'invitation de la trolle, l'orc déboucha une bouteille de picrate volée aux humains, et en versa une rasade à chacun des convives. Le regard du Darw s'illumina.

Le jeune elfe avait réellement l'estomac dans les talons et, brandissant son assiette devant lui, attendait impatiemment qu'on le serve. Triomphante, la vieille lui servit une large platée en se disant que ce n'était évidemment pas tous les jours faciles d'élever un gamin.

« Mange petit ! C'est bon po' c'que t'as ! Et rappelle toi...Le gwas, c'est la vie ! »
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