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Histoire de Shlomite - Tome 2

Par shlomite#255
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1: De sombres évènements

Chapitre 2 : Services Secrets

Chapitre 3: La défense s'organise

Chapitre 4 : Un rêve étrange

Chapitre 5 : L'hôpital

Chapitre 6 : L'exode

Chapitre 7 : La Bataille d'Ironforge

Chapitre 8 : Un nouvel espoir

Chapitre 9 : L'avion

Chapitre 10 : Le ballet aérien

Chapitre 11 : Retrouvailles

Chapitre 12 : Silvermoon

Chapitre 13 : Discussions sous une tente

Chapitre 14 : Tensions

Chapitre 15 : Le voyage

Chapitre 16 : Tout était dit

Chapitre 17 : Le Naufrage

Chapitre 18 : VanCleef

Chapitre 19 : L’île de Brume-Azur

Chapitre 20 : L’Exodar

Chapitre 21 : Le verdict de Velen

Chapitre 22 : Une bataille décisive

Chapitre 23 : La bataille de Stormwind

Bref rappel du 1er tome : Voulant faire redevenir son fils Elenith devenue Réprouvé, Humain, Shlomite parcoure le monde se fait des amis éternels aussi bien dans la Horde d'Orgrimmar que dans l'Alliance. L'Archidruide Fandral Staghelm permet finalement la transformation d'Elenith en Humain.

_______________


Une semaine après les évènements qui se sont déroulés dans le premier tome.

Darnassus, minuit, un brouillard épais embrume la ville à peine endormie.

Le village portuaire de Rul'théran, rempart de l'arbre Teldrassil, foyer des Elfes de la Nuit, et de leurs capitale Darnassus, est calme, mais les Sentinelles sont toujours vifs, et l'oeil aux aguets. Encore une de ces nuits où rien ne va se passer pour Lockshock le garde. Il lui reste encore pas mal d'heure à tirer pour la relève à l'aube. Mais heureusement, la déesse Elune a munis le ciel d'une flopée de scintillantes étoiles, et fournissent, en leurs vue, un des passe temps favoris du garde Elfe de la Nuit. Soudain, une étoile filante apparait et capte immédiatement l'attention du garde. Mais, il se rend rapidement compte que celle-ci se dirige vers la Terre, elle grossit, s'agrandit, devient flamme, et, tel un projectile, s'abat, avec un fracas retentissant sur la falaise Sud de l'Ile Teldrassil. D'énorme bloc de magma jaillissent de toutes parts, le port est sous les flammes. La paisible cote est désormais ruine.

Le jeune Lockshock a tout juste le temps de s'abriter en contrebas.

Un long cri grave retentit alors et déchire silence nocturne. Lockshock s'approche prudemment de ce qu'il pense être une météorite quand soudain les énormes blocs enflammés autour de la zone d'impact commencent lentement à s'élever. Ils se réunissent pour former une vague forme humanoïde enflammé de trente mètres de haut: c'est un Infernal...

Une pluie de météorites s'abat, et quelques instants plus tard, c'est une centaine de Infernaux qui envahissent la plage tranquille de Teldrassil.
Un long cor retentit en provenance de la Mer Voilée, quelques secondes plus tard, ce sont des centaines de zeppelins qui déchirent la brume épaisse des cotes, tandis, que des milliers de bateaux battant le pavillon rouge caractéristique de la Horde émergent du brouillard.
Les Infernaux répondent à cet appel par un long râle en directions du ciel, et se dirigent vers les falaises en ignorant totalement la jeune vigie. Celui-ci cour alors sonner l'alerte dans ce qui reste du paisible port. Il emprunte alors le portail de téléportation qui relie Rul'théran et Darnassus, et s'en va avertir lui-même les autorités de la situation.

Encore une fois, les tambours de guerre résonnent.

Les bateaux noirs de la Horde, fantomatique dans le brouillard, survolés par les zeppelins, continuent à avancer, lentement, assurément, certain, décisif.

Déjà, des cris d'effrois résonnent dans l'enceinte de la ville. Les infernaux, de leurs bras puissant, détruisent tout sur leurs passages, les sentinelles, aidés du mieux qu'il peut de Lockshock, se battent de tout leur courage, mais ils sont vite dépassés. Les zeppelins sont au-dessus de la ville et déversent des flots de guerriers de tous les peuples de la Horde. Les bateaux ont sans doute déjà accostés, car des combattants de la Horde commencent à affluer du portail de téléportation. Des milliers de soldats pénètrent dans la capitale Elfique. Trolls, Taurens, Orcs, Réprouvés, personne ne manque à l'appel. D'énormes blocs enflammés, provenant de catapultes basés sur le rivage, s'abattent sur les temples et habitations de Darnassus. Le Temple de la Lune est détruit

Les Défenseurs et les Gardiens de Darnassus, ces grands arbres géants du passé, se battent à armes égales contre les infernaux. La grande prêtresse d'Elune avertie, Tyrande Whisperwind, tel une tigresse déchainée se bat avec fougue, courage et une détermination inébranlable.
Mais les dés sont déjà jetés... Lorsque tous les peuples de la Hordes se sont réunis avec pour but de prendre une ville, aussi puissante soit-elle, capitale ou non, toute résistance est inutile. Mais, jamais les Elfes de la Nuit n'abandonneront leurs cher Arbre Teldrassil et leur capitale Darnassus. Aussi, c'est avec rage et détermination que Tyrande, Lockshock, et toutes les sentinelles se battent pour défendre leur chère cité.
Lockshock, armé de ses puissantes shurikens, se défend avec force et détermination.

Cependant affluent et affluent les combattants, en masse, tel un troupeau en furie. C'est un véritable carnage, partout sang et morts se multiplient, les uns aprés les autres, les Elfes tombent, leurs arbres brûlent. La ville est sous les flammes. Une fumée noire s'étend dans le ciel violet resplendissant d'étoiles de Darnassus. L'assaut de la Horde est un réel succès. La ville est prise en moins d'une heure.

En effet, Tyrande est bientôt encerclée. Seule une poignée d'Elfe de la Nuit de la garde royale résistent encore à l'envahisseur. Lockshock se bat, déchire et lacère l'ennemi, mais c'est largement insuffisant...

Bientôt, et venant de derrière, un Infernal lui assène un gros coup de roche et l'envoie valser dix mètres plus loin, la violence du coup l'assomme.

Une demi-heure plus tard, Lockshock peine à ouvrir les yeux. Autour de lui s'étends un vaste champ de ruine, tout n'est plus que dévastation, cendre et chaos. La ville qu'il chérissait tant n'est plus. Une profonde émotion d'injustice et de haine nait en lui.

Alors qu'il s'apprête à se relever, des voix se font entendre:

- Mission accomplie, chef, la Grande Prêtresse et l'Archidruide ont été capturés, Darnassus et Kalimdor appartiennent désormais à la Horde.
- Parfait, massacrez jusqu'au dernier Elfe. Je n'en veux plus un seul ici, cette terre sera pour eux un souvenir. Je m'en vais avertir Thrall de la réussite de la mission.

Etendu par terre, la sentinelle feint la mort. Le moment opportun, il profite de son camouflage Elfique pour quitter Darnassus puis Teldrassil.

Quelques jours plus tard, de violents combats éclatent un peu partout dans le Royaume de l'Est...
Le lendemain de l'attaque de Darnassus.

Je me réveille comme tous les matins au chant du coq dans ma petite maison à Goldshire dans la forêt d'Elwynn. Une journée comme tant d'autre à priori...

Je me lève, m'étire et vais préparer le petit-déjeuner d'Elenith. Soudain, je me souviens qu'il y a une semaine, soit deux jours après notre retour dans ma maison, il m'annonce:

- Mère, j'ai bientôt 19 ans, il faut que je prenne mon indépendance ! Je t'aime bien, mais comprend moi, après ce que j'ai vécu, une vie 'chevaux, boulot, dodo' ne me convient pas.

Et après vaine discussion de ma part, vingt minutes plus tard, manteau mis, il quitte la maison en direction de la ville qu'il estime "pleine de vie", "grouillante" d'aventuriers et d'aventures épique et grisante: la capitale naine Ironforge.

Je le comprends... Ce n'est pas avec moi qu'il va trouver ce qu'il cherche, qu'il va devenir, ou redevenir ce qu'il est. Il faut qu'il prenne son envol, qu'il découvre ce qu'est la vie, et qui seraient meilleurs professeurs que ces bon-vivants de Nains, aimant la bonne bière et la bonne chair ? Je suis donc seul chez moi... Que vais-je encore m'inventer comme activité aujourd'hui ? Refaire le ménage ? Faire la chasse aux insectes ? Vérifier si les lits sont toujours fait ?... Mais quel ennui ! Est-ce donc cela la vieillesse ? Assise sur un canapé, feu dans la cheminé, un Tolkien à la main ? Plutôt mourir, oui !

Ces derniers temps ont-ils ravivé en moi la flamme grisante et flamboyante de l'aventure ?

En tout cas aujourd'hui, je ne vois pas de quêtes épiques ou d'aventures aux multiples combats à l'horizon. L'avenir s'annonce plat... et j'ai bien tort de penser ainsi, car:

- Toc, toc, toc.
- Entrez.

La porte s'ouvre, et découvre, habillé du conventionnel et habituel ensemble du Garde de Stormwind, un homme porteur d'un message cacheté du sceau SI:7, Service Secret de la capital Humaine. Une fois sa lettre remise, le garde s'en va.

La lettre dans les mains, je m'assois à table et la contemple. Qu'est-ce ? Une nouvelle mission ? Du SI:7 ? Qu'est ce que cela signifie ? Que me veulent-ils ? M'ont-ils choisie pour une mission dangereuse ? Mes talents sont-ils reconnus par les Services Secrets ? Je sens monter en moi une bouffée de fierté et d'orgueil.

J'ouvre. Je lis la lettre à l'intérieur.

Je suis convoquée par Maitre Mathias Shaw, pour cette après-midi, une heure.

Ca parait urgent.

Je me prépare, et, le moment venu, me dirige vers Stormwind, traverse le quartier commerçant, la vieille ville et enfin, le siège du SI:7. A l'intérieur, les gens marchent vite, certain courent, pressés, des rapports à la main. On sent une certaine hâte, la hâte des grandes nouvelles, mauvaises ou bonnes. Quelque chose d'important semble avoir eu lieu.

Shaw est en pleine discussion avec un Elfe de la Nuit. Je reste à l'écart et tend l'oreille. Mais bien évidement, aucun son n'arrive. Et heureusement, car je suis quand même au siège du Service Secret de Stormwind... Au bout de cinq minutes, la discussion se clôt, et Shaw m'aperçoit, il me fait signe de venir, et me présente l'inconnu:

- Shlomite, voici Lockshock, arrivé ce matin de Teldrassil. Il a une histoire à vous raconter.

Son histoire terminé, Shaw me regarde avec un regard ferme et sans faille, comme pour m'inciter à parler, à avouer des choses, comme si j'étais liée à cette histoire. Mais je ne le suis pas:

- En quoi cela me concerne t'il ?

Le chef du S:I7 me regarde, expire longuement, puis se lance:

- Shlomite, après une absence d'un an, vous nous revenez de Kalimdor avec un fils âgé de 19 ans. Vous qui ne prenez habituellement aucune vacance, vous êtes absente pendant un an. Et dans le rapport que vous nous avez rendu, vous nous dites que vous êtes "parti visiter la forêt d'Ashenvale". C'est vrai que cette forêt est intéressante du point de vue faune et flore, mais, voyons Shlomite, vous n'êtes pas herboriste et vous avez une sainte horreur des animaux sauvages ! Rappelez-vous l'affaire des 12 singes ! Et, une semaine aprés votre arrivé, Teldrassil est attaqué, Shlomite, je ne crois pas aux coïncidences, du moins, j'ai appris à ne plus y croire. Alors ! De vous à moi, en passant par Lockshock, qu'avez-vous fait ?

- Mais, mon cher Mathias, m'accuseriez vous de mentir ?

- Ma chère Shlomite, dit-il avec un grand sourire aux lèvres, vu la guerre que nous avons sur les bras, je n'hésiterai pas à vous mettre aux fers, car nous savons, vous et moi, que vous avez menti !

Je sens mon ventre se retourner. Il sait que j'ai menti, mais je ne pouvais tout de même pas faire de mon fils un sujet de cirque, un cobaye à expérience pour les multiples alchimistes. Mais, là, il faut que je parle, d'ailleurs tout ce que je dirai sera confidentiel. Je parle au chef des Services Secrets tout de même !

- Très bien, je vais tout vous dire.

Et je lui parle de tout, de Brill, d'Elenith, de la mission des Stormpike, de l'odyssée effectuée, de Booty Baye, de l'attaque du zeppelin, d'Orgrimmar, de Thrall, de Sylavannas, de l'Archidruide, de la cérémonie.

Au fur et à mesure que je parle, je repense à ce qu'a raconté Lockshock. Il y a forcément un lien, c'est évident. Mais pourquoi attaquer Darnassus ? Quel est le lien ? Pourquoi l'enlèvement de Tyrande et de l'Archidruide ?

Ca a l'air d'être le début de quelque chose de terrible...

Et moi qui rêvais d'aventure...
Deux jours, plus tard, sous un soleil d'été:

Un bruit à la porte me réveille de la petite sieste que je m'étais prévue. Je me lève lourdement, m'étire, et d'un pas las, vais ouvrir. Un garde se Stormwind à la porte, une lettre à la main.

J'ai une désagréable impression de déjà-vu.

Je la prends, remercie le garde, et m'assois à table. Mais là, contrairement à la dernière fois, la lettre n'est pas cachetée du sceau SI:7, mais, du sceau royal. Qu'est ce qu'on me veut encore ?

Je l'ouvre, et lis la lettre. Je suis convoquée dans une heure au donjon de Stormwind par le Major Samuelson.

Cette personne s'occupe habituellement des problèmes de frontières, de faire régler l'ordre dans le royaume. La Horde commence t'elle à avancer ? Est-elle sur nos terres ? Shaw ne m'a rien dit concernant les projets de l'Alliance sur cette affaire. Je m'en souviens encore... après mon récit, il m'a gentiment, bien que sur un ton assez désagréable, remercié et m'a convié à ne désormais plus garder des secrets d'une importance telle. En bref, j'ai été tout de suite après jetée à la porte de l'Agence.

Quoi qu'il en soit, à l'heure dite, me voici au donjon de Stormwind à m'entretenir avec le Samuelson:

-Shlomite, dit-il, selon ce que m'a dit Mathias Shaw, il vous a mise au courant des récents événements. La situation s'empire de jour en jour. La Horde nous confine, surtout au Nord, à la frontière des Paluns. Stormwind reste pour le moment en sécurité. Nos avant-postes n'ont rien encore remarqué de suspects, mais ça ne saurait venir. Le niveau d'alerte est maximal, toute l'Alliance doit être au prête aux combats qui nous attendent. Aussi, j'aimerais que vous partiez tout de suite au front, à Dun Modr, à la frontière entre les Paluns et les Hautes-Terres d'Arathi. De grandes batailles y ont lieu. Vous soignerez les blessés. Ah, j'oubliais, j'ai reçus un message d'Ironforge au sujet de votre fils: il s'est porté volontaire pour une mission secrète en Kalimdor. Il est parti tôt ce matin de la capitale Naine. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai beaucoup de travail, et vous aussi. Partez tout-de-suite, le temps ne joue pas en notre faveur.

Je reste bouche bée, je n'en reviens pas. Mais, au vu de la tête dévoilant une forte impatience de la part de Samuelson, je comprends que le moment est mal choisi de ne pas en revenir. Aussi, je hoche la tête en signe d'exécution et de compréhension et me hâte vers le Quartier Commerçant puis vers le maître des Gryphons. Je le paie, et chevauche le corps félin de la monture céleste. Celle-ci déploie ses ailes d'aigles et majestueusement, s'envole vers le Nord.

Je n'arrive pas à m'enlever l'idée d'Elenith voyageant vers Kalimdor, en plein dans la gueule du loup ! Ah... si on m'avait demandée mon avis... il aurait été très clair: VETO ! Mais... à l'évidence même comme ça, il ne m'aurait pas écoutée, ou aurait fait mine d'accepter, et serait parti quand même, en cachette s'il le fallait... Intrépide jeunesse dit on... Folle jeunesse oui ! Imprudente jeunesse oui ! Il aurait pu au moins me prévenir ! C'est la moindre des choses... Peut-être ne désirait-il pas m'inquiéter ? Ou il n'y a pas pensé... Ce sont peut être des sentiments qu'il me maîtrise pas encore...

Je suis déjà inquiète... Ca commence bien...

Je commence à peine à réaliser que moi-même, je vais à la rencontre de l'ennemi, j'étais tellement concentré sur la pensée d'Elenith voguant vers Kalimdor que je n'avais pas réalisée qu'il fallait que je stresse aussi pour la suite des événements. J'ai encore tout le voyage pour y réfléchir, soit quatre bonnes heures.

Je réalise alors dans quelle situation est l'Alliance, si, il y a des conflits à Dun Modr, cela ne veux dire qu'une chose: les villes alliées au-delà sont perdues. Donc, Southshore, le Refuge de l'Ornière, Nid-de-l'Aigle et le Camp du Noroît sont aux mains de la Horde...

Comment a t'on pu en arriver là ? L'attaque a du être éclair, surement pendant la nuit.

Passent les Steppes Ardentes, les Gorges des Vents Brulants, le Loch Modan, enfin on aperçoit les montagnes enneigées des Nains, nid d'Ironforge, et aux pieds de ces montagnes, mouillant la Grande Mer, le port de Ménéthil.

Du haut de mon gryphon, je suis impressionnée par ce que je découvre: une centaine de bateaux battant le drapeau bleu de l'Alliance mouillent le port, celui-ci grouille de soldat Nains, Humains, Gnome et Elfes de la Nuit.

J'atterris. Des centaines de blessés sont allongés sur des draps, éparpillés dans tout Ménéthil. Des prêtres distribuent leurs soins.
Cependant, je ne peux rester et aider, je dois accomplir ma mission, j'appelle ma fidèle jument, la monte, et chevauche vers la frontière, vers le front. En passant, je découvre des soldats marchant dans la même direction que moi, des tentes militaires commencent à apparaitre et, au fur et à mesure, se multiplient. Les premières catapultes et autres machines de guerres apparaissent et avancent lentement mais surement vers Dun Modr, mon terminus.

Le ciel commence à s'assombrir, bien qu'il soit à peine sept heures en plein été. Je commence à entendre les tambours de guerres.
Eparpillés ça et là, des blessés sont à terre, soignés comme le peut le peu de Prêtres présents. Non pas qu'il n'y en ait pas beaucoup, mais proportionnellement, ils semblent être en minorité.

Je continue à avancer. Des soldats courent partout, des cris sont lancés: "Vite", "Allez soigner les blessés", "Mais retournez vous battre, bandes de feignants, vous n'avez qu'une égratignure !", "Attention ! Boulet en vue", "Plus de soldats au front", "Montrer leur que dans l'Alliance, on n'est pas des murlocs !".

J'aperçois enfin le front: défendu par arc, flèches et magie par les Chasseurs Mages, et Démonistes, soignés par des dizaines de Prêtres, des Guerriers et Voleurs se battent farouchement. Les Druides et Paladins font ce qu'ils peuvent pour aider, s'il le faut, ils combattent, sinon, ils soignent.

En face, bruyant, barbares, déchainés, les puissants guerriers de la Hordes ne se laissent pas faire.

Des flèches voltigent en toutes directions, des boulets déchirent l'air, certains viennent s'écraser sur le front. Partout cris et sang se répandent.
Immédiatement, je descends et m'en vais secourir les blessés.

Un long et laborieux travail m'attend...
Un soleil éclatant, d'un jaune presque rouge, quelques nuages. Elenith foule l'herbe grasse et verte. Il a six ans. Il s'amuse avec Kilyo et sa cousine Nefret. Je déjeune avec mon mari et sa soeur.

Je suis bien, je souris.

Soudain, un bruit surgit, sourd, frontière d'entre les mondes, annonciateur d'une nouvelle partie. Ma vision s'assombrit. Je lève les yeux vers le ciel, celui-ci, d'un noir envoutant, irréel, énigmatique, tournoie comme un siphon dans un évier. Vite, je jette un regard vers les enfants. Disparus. A la place, un immense volcan en éruption. Des Orcs surgissent de partout, et remplissent l'espace pour ne former qu'une masse informe, joufflue et monstrueuse d'un vert gluant. Un regard vers mon mari. Celui-ci, mort est étendu par terre, de dos. Je n'en peux plus, je hurle.
Mais des mains chaudes viennent se placer dans les miennes, et je me sens bien, soulagée, étrangement transportée dans un univers bleu est rempli d'étoiles pâles, turquoises. Je regarde les propriétaires de ces mains, ce sont celles d'Elenith et de ma nièce. Celle-ci, porte en brassard, c'est une croix blanche sur un fond rouge, le signe du secourisme. Elle ouvre la bouche, et dans une voix étonnement puissante et masculine, m'hurle:

-Shlomite, vous avez assez dormi, une dizaine de blessés vous attendent prés de la tente numéro quatre.

Je me réveille. Me revoilà plongée dans la triste réalité... Des morts partout. Finalement, il n'y a pas de grandes différences entre mon rêve et cette réalité mise à part la dernière partie. Mais, chose étrange et troublante, ce n'est pas la première fois que je fais ce rêve. Lorsqu'il y a trois semaines je suis arrivée ici, ce rêve est apparu, et, au fur et à mesure des nuits, sa fréquence s'est accentuée jusqu'à en devenir pratiquement quotidienne. Ce rêve doit forcément signifier quelque chose. Sinon, il ne se serait pas répéter. Car mes rêves, lorsque je m'en rappelle, ce qui est rare, sont généralement sans queues ni têtes, et, dans tout les cas, ne se répètent jamais.

Le début est assez simple à comprendre. En effet, lorsqu'Elenith était dans son jeune âge, Bellatrix, ma belle-soeur, accompagnée de Nefret, sa fille, venait souvent nous voir, mon mari et moi. La deuxième partie du rêve fait forcément parti à la situation actuelle. Reste à comprendre la troisième et dernière partie.

La dernière fois que j'ai vu ma nièce, c'était lors de la cérémonie. Je ne l'avais plus vu depuis justement cette époque, l'époque de Brill, Elenith devait avoir huit-neuf ans.

Il y a le passé et le présent. La troisième partie signifie t'elle l'avenir ? Ai-je vu une prophétie ? Ai-je un sixième sens ? Est-ce un signe ? Qu'est ce que cela signifie ? Que fait-elle ici ? Affublée d'un brassard de secouriste ? Aidée d'Elenith ? Suis-je en danger ? Et c'est eux qui vont me sauver ?

Les pensées courent dans ma tête en même temps que j'accoure vers l'endroit que m'a indiqué le soldat.

A terre, sur des civières, dix soldats sont étendus. J'en reconnais deux. Jai combattu avec eux durant ces derniers jours. Il s'agit de Barahir, le Guerrier Nain ainsi que d'Asoka, une Chasseuse Elfe de la Nuit. Lorsque je les vois ainsi, allongés, faibles, mais très calmes, ça contraste avec ma vision les concernant dans le champ de bataille. Je les revois se battre avec force et vigueur. La hache de Barahir tranchait n'importe quelles lames et affectionnait particulièrement la chair Orc, tandis que les flèches d'Asoka lacéraient le ciel avant de terminer leurs vols dans les cous ennemis. Ils y prenaient tellement plaisir qu'ils s'amusaient à compter leurs morts, j'entendais:

-Trente-huit, Asoka, si tu veux me battre, va falloir que tu deviennes aussi svelte que moi !

-Quarante ! Les Elfes ne se laissent pas impressionner, p'tite taille !

Et, se motivant l'un par rapport à l'autre, les deux amis se battaient avec rage, et détermination. Il eut été difficile dans ces moments de les imaginer calme. Pourtant aujourd'hui, ils le sont, calmes comme la rivière des bois. Mais la rivière est loin d'être calme, aussi, je suis sure qu'ils redeviendront ce qu'ils étaient, je ne laisserais plus la mort revenir et prendre mes amis comme elle a pris Obi, le Chasseur Nain.

Auprès des malades, agenouillés, la tête recouverte d'un voile bleu, une Humaine soigne. Son visage n'est qu'ombre à mes yeux.

Une prêtresse sans doute. Je repense à mon rêve, et si Nefret était cette femme ? C'est vrai, elle m'aide à soigner, dans mon rêve, Nefret avait le brassard du secouriste, donc ça semble correspondre.

Mais, le moment est mal choisi pour demander. En effet, bien qu'excessivement calme, Barahir et Asoka sont mal en point. Je le sens, je le sais. Aussi, je m'empresse de me mettre au travail. Je les soigne autant que je le peux. Leurs blessures sont graves, mais mes pouvoirs sont puissants. Aussi, ils sont vite rétablis et s'empresse de revenir dans la bataille. Il est huit heures du matin. La pause pour la nuit a été courte.

Déjà, j'entends Barahir se plaindre:

-Des gnomes, des Elfes, des Hommes... han...J'aurai aimé rassembler une armée de nains crasseux armés jusqu'aux dents !

Plus loin, dans la bataille, résonnent des messages d'espoir et de courage des différents grades:

-L'heure est venue ! Vous avez prêté serment ! Respectez-le ! Pour le seigneur et la terre !

Des cris de guerre parviennent.

Mais... malgré tout leur courage, de plus en plus de blessés nous parviennent. Des blessés graves. La prêtresse et moi continuons encore et toujours. C'est en distribuant mes soins que je tombe sur un blessé spécial. C'est un général du nom de Glordrum SteelBeard, maître de guerre de la vallée d'Alterac. La vallée d'Alterac est un vaste endroit où, depuis plusieurs années maintenant, se battent pour cette terre, sans cesse, les grands guerriers des deux factions opposés. Le général est blessé, gravement blessé: hémorragie interne, certains vaisseaux sanguins sont coupés, de nombreuses factures notamment de la clavicule et des omoplates, de nombreuses lésions et luxations surtout dans la partie du thorax.

Mais malgré son état de torpeur dénotant un début d'hypothermie, un rythme respiratoire assez conséquent fournissant au corps un surplus d'oxygène pour favoriser les oxydations, le général ne manifeste aucun signe de douleur.

Néanmoins, mes soins ne sont capables de guérir un tel état. Il faut opérer en ville, à Ménéthil, et vite. Il faut partir tout de suite. Je ne peux le maintenir continuellement en vie.

Il faut que je prévienne l'autre prêtresse:

-Il faut que j'emmène celui-là à Ménéthil, il a une hémorragie interne et de nombreuses lésions.

Mais, il fallait quand même que je saches... Je lui demande malgré tout:

-J'ai l'impression de vous connaitre, montrez-moi votre visage.

Et la prêtresse, avec un peu d'étonnement, s'exécute, et se dévoile...
Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais.

Belle allure, regard sévère, cheveux tirés par un chignon serré; cette femme, je ne la connais que trop bien. C'est elle qui m'a enseigner l'art sacré de la prêtrise dans l'ancien Royaume de Lordaeron, c'est elle qui m'a confiée la mission qui m'a amené à Stormwind il y a six ans, voyage qui m'a couté mon fils Kilyo et qui a déclenché la folle aventure que j'ai vécu - et que je vis encore, car, j'en suis persuadé, cette guerre est lié à cette aventure. Cette femme est la Grande Prêtresse de Stormwind, L'Archevêque Benedictus.

La voir ainsi, à soigner au même rang que moi, ajouté à l'idée que je pensais voir ma nièce, j'en suis stupéfaite. Mais, égale à elle même, elle me dit avec un rire franc et un rictus bienveillant:

-Shlomite? Il me semble que votre blessé ne va par guérir tout seul...

Je rougis à peine, puis, m'empresse de lui souhaiter maladroitement bonne chance avant de partir. Pour cela, j'utilise un des chariots vides qui a servi pour ravitailler les troupes. On m'aide à installer les plus mal en points dans la charrette. Il y en a une dizaine, serrée dans le grand chariot. Le voyage va être pénible pour eux, il faut se dépêcher. Je prends de l'eau pour le voyage et les blessés et monte, un volontaire Gnome prend les rennes. A l'arrière, je m'occupe de maintenir les blessés en vie. La plupart ont besoins de soins chirurgicaux que je ne suis pas en mesure, seul et sans matériel, de fournir.

Le voyage dure cinq heures. La réserve d'eau est épuisée.

On est enfin à Ménéthil. La flotte que j'avais vue en arrivant est toujours là, fidèle au post, plus d'une centaine de bateaux. Je me pose la question de leur nécessité... Ca ne semble pas servi à grand chose, à mon avis, ils feraient mieux d'envoyer ces marins au combat à Dun Modr où on a vraiment besoin d'eux. Mais... mon avis n'est généralement pas demandé en ce qui concerne les stratégies de guerre... L'armée a ses raisons que je ne connais pas.

La forteresse est devenue un hôpital géant, la Croix Blanche a envahi les lieux. Partout, des infirmiers, médecins, prêtres, et volontaires, tout sexes confondus, distribuent bandages et soins.

Descendue du chariot, et pleine de volonté, je me dirige vers le bloc chirurgical improvisé aprés en avoir demandé l'emplacement.

J'informe le responsable, un certain Deneb Walker de la situation et de l'état des blessés. Mais son attention s'intensifie lorsque je lui parle de Glordrum SteelBeard. Une fois mon rapport oral fini, il me dit:

-Très bien Shlomite, à présent, et en attendant que l'on monte les blessés au bloc, je vous demande de vous reposer, de boire et de manger.

Il ne me le dit pas deux fois, j'ai très faim.

Une fois ma pause passée - courte pause d'ailleurs - et mon ventre bien remplie de Gombo de Crococilisque, la spécialité locale parait-il, je me rends au bloc. Là, une vingtaine de blessés graves sont allongés. Certains aux plaies béantes. Tous sont réveillés, aucune anesthésie, faute de moyens, et de temps.

Il est temps de se mettre au travail. Trois autres Prêtres, un Nain et deux Elfes de la Nuit, deviennent mes collègues pour l'occasion.

Malgré les fenêtres ouvertes, l'air est pesant, imposant, lourd, presque néfaste, repoussant. C'est sans doute l'odeur et la couleur du sang qui contribue à cette impression. En effet, le sol, les murs, le plafond, les vêtements, les visages, les corps des patients sont maculés de sang, rouge, coagulant, épais, et parfois liquide lorsque le contact avec l'air est récent.

Des os à reformer, des coeurs, des reins à remplacer, à redonner vie, du poison à extraire des organes vitaux, des pieds et des mains à recoudre. Parfois, il nous manquait des bouts, aussi, il a fallut appeler des ingénieurs pour créer des membres artificiels. J'ai alors pu apprécier en direct la puissance imaginative et ingénue des Gnomes. Ils se réunissaient autour d'une table, debout sur les chaises, gesticulant comme des damnés, un stylo à la main, un plan sur la table.

Le résultat m'a épaté, devant moi se trouvait le premier Humain à avoir une main en argent. Il s'appelait Edward, il est devenu réputé par la suite grâce à cela. Un autre, qui avait subi une explosion de feu d'un Mage ennemi, était brulé de partout. Les Gnomes, sous la direction de leur chef, du nom de Rese, lui reforgèrent un corps. Entièrement dans l'acier, tout en noir, un casque pour respirer. C'était vraiment du beau travail.

Ce n'est pas le travail qui manque d'ailleurs... Il y a continuellement le même nombre de malades malgré le fait que les personnes soignées repartaient: ils en arrivent toujours. Au fur et à mesure des heures, je me rends compte que le principale du travail se trouve être dans l'état du corps du général SteelBeard. Son état est bien plus grave que ce j'imaginais. Il a du beaucoup lutté, même meurtri, il a dû continuer à se battre. Cela ne m'étonne pas, c'est un digne Stormpike.

Actuellement il est inconscient, enfin, je crois, il se peut tout à fait, au vu de son état qu'il n'est pas la force de faire le moindre geste, ne serait-ce que d'ouvrir les yeux. Mieux eut-il fallut qu'il dorme, car c'est lui qui a sans doute reçus le plus de soins douloureux. La plupart de ses membres ont été retirés, rénovés, puis rétablis. De nombreuses balles ont été enlevées de son corps, certaines, incrustées véritablement dans les os. Il a fallut remettre de la chair dans des endroits arrachés, mordus, avalés.

Je devais rester prés de lui la plupart du temps, le veiller.

J'ai ainsi soignée jusqu'à trois heures du matin. Là, je m'accorde trois heures de pause, de sommeil. Je demande aux autres de me remplacer, et vais réveiller celui qui dormait. En effet, le système est à tour de rôles.

Ah... enfin, je peux fermer les yeux, et ne plus lutter pour les garder ouvert. Je laisse mon esprit vagabonder.

Vers cinq heures, soit, deux heures plus tard, un bruit sourd, tel un boulet de canon me réveille en sursaut.
Que se passe-t-il? Sommes-nous attaqués? Vite, je me lève et m'habille. Je cour vers le bloc et demande ce qui se passe. On me répond, vite, et fort:

-On n'en sait rien Shlomite! Passez moi le tuyau rouge derrière vous, le général saigne abondamment, il faut arrêter l'hémorragie! Vite, dépêchez-vous!

Les bruits continuent à survenir. Boum. Boum. Boum. Le rythme n'est pas toujours le même. Boum. Boum. Boum. Dehors des cris surviennent, des hurlements. Boum. Boum. Boum. Le sang du général coule à flot, j'aide tant que je peux, il n'est pas encore tiré d'affaire. Boum. Boum. Frac. Tiens, un nouveau bruit, on dirait un boulet qui vient de s'abattre sur un mur de pierre et de le détruire. Il doit se passer quelque chose de grave. Une bataille maritime?

L'hémorragie est terminée, le général est hors de danger. Mais les soins intenses demandés par le général ont retardés les autres soins. J'accoure donc les distribuer.

Le temps passe au rythme des boulets de canons, des hurlements à l'extérieur, des fracas et de mon stress qui monte.

Vers sept heures du matin, les cloches de Ménéthil sonnent. Cela ne peut signifier qu'une chose: évacuation de la ville...
Evacuation de la ville ? La situation de la ville est donc si grave ? Que doit-on faire ? Doit-on continuer de soigner ?

Je regarde les autres Prêtres. Ceux-ci ont le même regard que moi, le regard de celui qui est désemparé. Personne ne sait que faire. Mon coeur bat très vite.

Heureusement, des cris m'informent de la conduite à tenir:

-Tout le monde dehors ! Vite, mettez tout dans des chariots ! Réquisition de chevaux, béliers, tigres, bovins ! Vite, le temps presse ! Prenez des vivres. Mettez les blessés sur les chariots ! Les blessés en priorité ! Emportez ce que vous pouvez, et direction Ironforge. Départ dans cinq minutes. Dépêchez-vous !

Deneb Walker, le responsable de la Croix Blanche, visage tendu et fatigué, entre au bloc, observe la situation pendant deux secondes et prend vite une décision, il crie:

-Des volontaires au bloc opératoire pour transporter les blessés.

Alors que son ordre est répété par les responsables à l'extérieur, Walker commence lui-même le travail et soulève des malades.

-Aidez nous à descendre les blessés en bas.

En moins de quatre minutes, avec l'aide d'une vingtaine de volontaires, tous les blessés sont sur des chariots. Je monte avec eux pour les soigner et les veiller pendant le voyage.

Autour de moi, la ville portuaire est en feu. Les canons résonnent. Les bateaux présents battent le drapeau rouge. La flotte de l'Alliance a donc été vaincue. Pourquoi sommes-nous si faible ?

Les hommes mettent leurs bagages, le peu qu'ils ont pu emporter, dans des chariots, les femmes portent leurs bébés en pleur et sont entourés de leurs jeunes enfants. Ils laissent leurs vies, derrière eux. Un départ forcé. L'ambiance est morne, morose. C'est le départ:

-Tout le monde est prêt ? crie Walker, et bien en avant. Nous avons deux jours et demi de marches. Nous serons bientôt rejoints par les guerriers de Dun Modr qui assureront notre sécurité. Surtout, restez groupés, faites attention les uns aux autres, je ne veux pas de problème à ce niveau là. En route !

Et le convoi commence son voyage à travers les marais des Paluns. Il est composé d'une vingtaine de chariots. Une cinquantaines de personne marchent, surtout des adultes. Ces chariots transportent, de leurs maigres capacités les derniers souvenirs de ces pauvres gens. En quittant Ménéthil, dans un silence de mort, le convoi avance paisiblement. Personne ne se retourne ni ne dit mot, une larme coule doucement sur les joues de certains.

Calme, silencieux et lent, le convoi traverse les Paluns, dans la brume matinale, si pâle. Derrière, au loin, les tambours de guerres sonnent et semblent suivre le convoi. La peur fait à présent partie intégrante du groupe. Elle se sent telle une nuée, un voile pâle guettant sa proie, une énorme épée de Damoclès.

Vers sept heures du soir, à quelque kilomètre du tunnel vers le Loch Modan, un campement pour la nuit est établi. Des tentes sont dressées, un feu est préparé pour la nourriture, la sécurité et surtout pour cette chaleur, ce sentiment de paix intérieur qu'il procure, pour que le groupe se sente mieux, pour redonner courage, tout n'est pas perdu.

Vers huit heures, le repas - du Gombo de Crococilisque - est servi à chacun. Accompagnés des trois Prêtres, je reste prés des blessés pour les aider à manger, et pour dispenser les soins.

Une demi-heure plus tard, rapidement, des soldats sortent du campement. Que se passe t-il ? Une attaque ? Non... surement pas, ils nous auraient prévenu, auraient sonné l'alerte. Peut-être est-ce seulement une reconnaissance, ou peut-être est-ce les soldats de Dun Modr qui reviennent.

Ma dernière supposition est la bonne. En effet, arrivent, marchant, des milliers de soldats de l'Alliances. Enfin, un peu de sécurité ! Je retrouve Barahir, Asoka, et la Grande Prêtresse de Stormwind. Asoka, de son jargon Elfique pompeux me dit:

-Amie Humaine, ça me fait plaisir de vous revoir.

Puis, évasif, elle regarde le ciel et dit:

-Les étoiles sont voilées... Quelque chose s'agite à l'Ouest... L'ennemi de déplace... Il est ici...

Barahir, un rictus très prononcé, regarde Asoka avec un air hébété:

-Pff, ces Elfes, leurs grandes oreilles et leurs grands airs, comme s'il fallait regarder les étoiles pour savoir que l'ennemi approche, il n'y a qu'à les entendre !

En effet, des cris aux loin se faisaient entendre et résonnaient comme un écho dans le convoi et faisaient frissonner plus d'un guerrier de l'Alliance.

Au petit matin, une heure avant les premiers rayons du soleil, le convoi reprend sa route et ne rencontre aucun problème jusqu'au soir suivant. Cette nuit là, arrivé aux premières neiges de la montagne de Dun Morogh, a deux heures trente heures d'Ironforge, le groupe, très fatigués succombe au sommeil dés que le moment leurs en est accordé. Il est trois heures du matin, quand soudain un cri proche se fait entendre et me réveille. Le cri continu, il est à coté. Vite, je m'habille, et sort de ma tente. Le cri se fait encore entendre, ça vient de la tente la plus à l'Ouest du campement ! Il faut y aller. Déjà, des veilleurs sont sur le terrain. On y découvre deux Trolls, habillés et cagoulés en rouge, ce sont des Voleurs. A terre gis une femme Humaine, allongée, la gorge tranchée. Assise par terre, recroquevillée, une autre femme pleure, ses mains voilent son visage.

Mais à peine les meurtriers sont-ils découverts qu'ils disparaissent. Ces Voleurs et leur maudit camouflage ! Même avec ma Perception Humaine, je ne peux les voir. Les soldats, lentement, s'écartent à reculons de l'endroit. En effet, invisibles, ils peuvent trancher la gorge de n'importe qui ! Je recule moi-même.

-Le danger est écarté, dit la voix d'Asoka derrière moi, ils se sont enfuis, mais.... je sens qu'Ils arrivent. Il faut partir.

Une agitation anime le campement. A peine réveillée, les yeux lourds de sommeil, des civils sortent de leurs tentes se demandant ce qu'il se passe.

Déjà la nouvelle de l'attaque se répand. La voix de Walker ne tarde pas à se faire entendre:

-Alerte générale ! On lève le camp, départ dans deux minutes !

Puis, à part, à Barahir, il dit:

-Partez prestement à Ironforge prévenir de notre arrivée, de la situation, et qu'ils nous ramènent du renfort.

Le brave nain hoche la tête, et part vers Ironforge en ronchonnant dans sa barbe brune broussailleuse:

-Pff... Un Nain, fuir... Mais où va le monde ? Je vous le demande !

Les hurlements des bébés couvrent le crissement des crickets. Les tentes se déplient. Les bagages s'entassent dans les chariots, aux cotés des blessés que je ne tarde pas à rejoindre. Le convoi est reparti, cependant, avec une certaine hâte, dans le froid, pieds dans la neige. L'espoir reste lorsqu'on a tout perdu.

Des gardes surveillent les arrières, les cotés et les avants du convoi. La menace pèse, la pression est lourde, presque palpable, le danger approche, je le sais, tout le convoi le sait.

Une heure et demie plus tard, le convoi arrive devant la route principale d'Ironforge dont on commence à apercevoir la silhouette. Cette route est dure, glissante, et en forte montée. Le convoi entame là sa partie la plus périlleuse, car il devient alors très vulnérable.

A peine commence t'il son ascension, que montés sur des loups, raptor, bêtes kodo, chevaux squelettes, les premiers guerriers de la Horde apparaissent, bientôt suivis du gros de la troupe. Une myriade de soldat. Des drapeaux rouges battent fièrement aux cotés des tambours de guerre. De nouveau, Ironforge est assiégé. Et le convoi est en plein milieu...
-Dépêchez-vous ! crie Walker. Vite ! Ne restez pas à l'arrière ! Laissez les chariots ! Tout le monde à pied ! Courez vers Ironforge ! Que les personnes valides m'aident à transporter les blessés.

Suivi de plusieurs volontaires, il vient dans ma direction, et prend un blessé sur ses épaules, puis monte vers la ville.

Tout le convoi, à pieds, court vers la capitale Naine lorsque soudain un cri rauque se fait entendre, suivi d'un sifflement: nous sommes la cible d'une nuée de flèches. Suivant une trajectoire courbée, elles sont sans faille, nous sommes la cible.

Tout le convoi hurle, la peur se lit dans les yeux de chacun. Toutes leurs vie semblent défile devant leurs yeux alors que, inexorablement, les flèches continuent leurs trajet mortel. Elles se rapprochent. Je mets des Boucliers à tous ceux qui sont à ma portée dans la limite de mes capacités. Je ne peux sauver tout le convoi.

Alors que les flèches sont à un mètre de nous, un rugissement se fait entendre. Un vent énorme, tel une tornade apparait et dévie les flèches de leurs directions. Je regarde la source du vent, et ce que je vois me rempli d'allégresse, Barahir a bien fait son travail: une centaine de mages arrivent en courant d'Ironforge, suivie d'une gigantesque armée, une véritable vague de soldats, bruyante, pleine de remous et d'écumes vient à notre aide, ne formant qu'un seul corps, grand et sans faille: L'Alliance.

Les civils de Ménéthil ainsi que les blessés sont ramenés en vitesse dans l'enceinte de la capitale.

Deux titans vont s'affronter. Des deux cotés, les Guerriers s'avancent, les uns faces aux autres, déploient leurs armes, les Paladins d'un cotés, les Chamans de l'autres les accompagnent. Tout de suite derrière, les Voleurs, les Druides, les Démonistes, les Chasseurs et enfin les Pretres.

-Soldat ! crie une forte voix. Je veux que vous vous battiez ! Que vous défendiez votre ville. Ironforge n'a jamais été prise dans aucune des guerres, elle a déjà été assiégée et a toujours résistée. Et ce n'est pas cette bande de barbares aux dents acérées qui va briser la légende !
Le propriétaire de la voix, sur un bélier royal, galopant le long des soldats, n'est autre que le roi d'Ironforge lui-même.

-Moi, Magni Bronzebeard, je vous ordonne de défendre la grande cité des Nains ! Battez-vous jusqu'à la mort. Aujourd'hui, l'heure n'est pas à la fuite ! Pour l'Alliance !

Les soldats émettent des cris de guerre.

-Pour Ironforge !

De nouveau les cris de guerre résonnent...

-Allons-y !
Et le flot de guerriers s'abat sur la masse Rouge de la Horde dans un vacarme époustouflant de cris de courage, de haine, et d'espoir. Un front se forme. La Horde résiste. Les flèches commencent alors à voltiger, précises, et efficaces. Des blessés commencent à se créer. C'est là que mon travail commence. Il faut éviter les blessures graves, donc, il faut agir vite et bien.

Les machines de guerre d'Ironforge commencent à arriver. Les boulets commencent à pleuvoir de par et d'autre du front.

Le ciel s'assombrit, le feu jaillit, les démons sont invoqués, les flèches, les balles, les sorts fusent, les lames, les dagues, haches, et épées lacèrent, déchirent, découpent.

Barahir et Asoka sont déchainés. Leur jeu macabre du décompte des morts a repris, et j'ai parfois l'impression que le but n'est pas de gagner la Horde, mais d'être le premier dans leur tournoi. C'est comme s'ils considéraient la bataille comme acquise, tout insouciant qu'ils sont. A moins que ce ne soit moi qui soit trop stressée, trop "vieille grand-mère".

Alors que la bataille a déjà commencé depuis une heure, de puissants bruits métalliques parviennent d'Ironforge. Une minute plus tard, des espèces de robots de trois mètres de haut sortent de la capitale et se dirigent vers le front. Ils sont gris, assez agiles, mais un peu trop gesticulant à mon gout. A l'intérieur, des gnomes sont aux commandes, et ont l'air tellement énervés que leurs "véhicules" n'aillent pas plus vite qu'ils sautent littéralement sur leurs sièges: "Nom d'un boulon !", "Plus vite ! Tas de ferraille !", "Toi, si tu continue comme ca tu vas aller à la casse !". Parmi eux, je reconnais Rese, le chef ingénieur.

Leur arrivée provoque une hésitation chez la Horde, un mélange de peur et de curiosité. Une hésitation de deux secondes, deux secondes durant lesquelles le combat s'arrête, deux secondes où, ébahis, les soldats des deux camps tournent la tête pour voir ces monstres futuristes, symboles de l'ingéniosité Gnome, de courage pour l'Alliance et de rage pour la Horde qui redoublent de détermination, cris à l'appui.
Les robots commencent à combattre, ils semblent imbattables. Attrapant d'une main l'ennemi, ils le soulèvent de leurs bras d'acier, et le projètent, telle une catapulte projette son boulet, dans les airs, pour atterrir vingt mètres plus loin.

Néanmoins, la faille est vite trouvée, une flèche dans le cou la dévoile, le Gnome mort, assassiné, tombe de son robot, celui-ci, coeur arraché, s'affale inerte au milieu du champ de bataille. Un cri de guerre, de victoire je suppose se fait entendre dans les rangs ennemis. Il faut agir vite car déjà les différents chasseurs visent les malheureux ingénieurs dans leurs corps d'acier.

Mais oui ! Il suffit de poser le Bouclier sur les Gnomes, je crie alors:

-Un Bouclier sur les Gnomes dans les robots !

J'opère moi-même. Et bientôt, les robots deviennent invincibles, voilà un coup qui va s'avérer décisif, je le sens. Déjà, l'approche de ceux-ci fait reculer les plus braves Guerriers. Les Chasseurs de l'Alliance continuent leurs jets de flèches. Un sentiment de victoire semble peu à peu gagner nos troupes, sentiment inversement partagé du coté ennemis semble t'il, car bientôt, leurs cors résonnent. Tout de suite aprés, la Horde fuit.

On a gagné la bataille ! Ironforge est sauvé ! Voilà qui va remonter le moral des troupes ! Des cris de joies explosent !

Mais alors que les soldats crient victoire, la mine déconfite, la tête de celui-ci qui vient de recevoir une terrible nouvelle, un Nain à bélier galope vers le roi, et lui murmure quelque chose. D'abord bouche bée, le roi, fronçant les sourcils, répond à voix suffisamment haute pour que j'entende:

-Quoi ? Le Bois de la Pénombre a été attaqué ? Et la ville de Darkshire détruite ? Des Elfes rouges ?

-Les Elfes de Sang sont de retour.... murmure la voix de Benedictus derrière moi...
Toutes joies s'envolent, la rumeur se répand telle une maladie contagieuse attaquant de proche en proche, bientôt tout Ironforge est au courant de la terrible nouvelle. Cette guerre ne finira donc jamais, un sentiment de fatalité pèse de plus en plus sur moi, et je le sens, sur toute l'armée. Mais, d'une voix forte et claire:

-Réunion des généraux au Haut Siège dans un quart d'heure, annonce Bronzebeard avant de galoper en direction d'Ironforge accompagné de plusieurs gradés.

Lentement, à pas saccadé, morne, accompagnés du reste des troupes, nous rentrons dans la capitale.

Lasse, je me dirige vers les blessés, et vais les soigner.

Les Elfes de Sang sont donc de retour... d'aprés ce que j'ai appris à l'abbaye de Nortshire, les Elfes de Sang étaient il y a longtemps des Elfes de la Nuit. Rejeté par les leurs, car assoiffé de magie, ce peuple a erré avant de s'allier à l'Alliance. Mais, il y a environ trois ans je crois, il y a eu des divergences, et ils ont été considérés comme hors-la-loi, car ils se sont associés aux Nagas et au démon Illidan. Auraient-ils rejoints la Horde ? Visiblement, c'est le cas... A moins que ce ne soit une coïncidence... Non... C'est trop gros pour que ce soit une coïncidence... La Horde compte donc un peuple de plus. Déjà que la situation n'était pas très glorieuse, elle est à présent catastrophique... Et Elenith qui est je ne sais où... Je me sens lasse... abandonnée, pas spécialement triste, j'ai envie de pleurer...

Autour de moi, le hall est rempli de soldats. Les enchères battent leur plein, tout l'Alliance s'arrache les meilleures armes, les meilleurs équipements.

-Un message pour Shlomite ! Un message pour Shlomite !

-Je suis là, dis-je en me levant et en haussant la voix.

Un enfant Nain, de la taille d'un Gnome, jeune d'environ huit ans, visage juvénile, ce qui contraste énormément avec le visage de ses pères, pour la majorité, barbus, roublard, un peu rustre, mais bon vivant, il court vers moi. Arrivé à ma hauteur, tout essoufflé, la respiration de celui qui a couru de toutes ses forces, il me dit:

-Allez tout de suite au Haut Siège, vous êtes convoquée chez le roi maintenant. Dépêchez-vous.

Je remercie le petit garçon avec un sourire bienveillant, monte ma fidèle jument, et me rend en vitesse chez le roi. Celui-ci est en pleine discussion avec un groupe de hauts gradés de toutes races. Mais, malgré sa petitesse naturelle, le roi domine toute la salle par sa seule prestance, son charisme, on sent qu'ici, c'est indéniablement le maitre.

Dès qu'il me voit, il me fait signe de patienter et continue sa discussion dont je n'entends pas un mot.

Que va t-il me proposer ? Une mission j'imagine... Défendre Stormwind est la seule idée qu'il me vienne. Mais, dans ce cas, pourquoi cette précipitation ? Pourquoi moi ?

Cinq minutes plus tard, le roi se dirige vers moi accompagné d'un Nain, la cinquantaine, barbe noire.

-Shlomite, commence Bronzebeard, voici Magellas, Grand Explorateur de la Guilde des Explorateurs. Les Elfes de Sang ont attaqué, comme vous le savez sans doute, la ville de Darkshire. Elle s'est donc associé à la Horde et ne va, par conséquent, pas tarder à attaquer Stormwind. Nous sommes ainsi en infériorité numérique. Il nous faut donc un nouvel allié. C'est pour cela que vous êtes ici. Allez-y Magellas, racontez-lui ce que l'on sait sur les Draeneïs.

-Descendants des érédars, l'antique race dont est issu Archimonde qui a dirigé l'invasion avortée d'Azeroth par la Légion ardente, les Draeneïs ont résisté aux forces démoniaques qui ont corrompu le reste de leur peuple. Ils ont fui leur monde natal et se sont juré de mettre un terme à la croisade apocalyptique de la Légion. Mais venons au fait, dit-il prestement en regardant Bronzebeard qui soupirait d'un air de dire "on n'a pas que ça à faire", les Draeneïs étaient en Outreterre. Mais, j'ai appris récemment qu'ils sont partis et ont traversé la porte des enfers reliant nos deux mondes.

-Vous allez donc enquêter du coté de la Porte des Enfers dans les Terres Foudroyées, reprend Bronzebeard, votre mission est de savoir où se trouve actuellement les Draeneïs et de les rallier à notre cause. Leur présence est nécessaire pour la victoire. Pour cela vous serez accompagnée de Benedictus, l'Archevêque de Stormwind, fortement conseillé par Mathias Shaw et par deux soldats de votre choix. Pour ce qui est des détails du trajet, allez voir Mekkatorque, le chef des Gnomes, il est courant. Dépêchez-vous, le destin de l'Alliance est entre vos mains. Le temps n'est hélas pas à notre avantage.

Puis, dans un sourire, il me dit:

-On m'a toujours dit le plus grand bien de vous, j'espère que vous serez à la hauteur de votre réputation. Mais, je ne me fais pas trop de soucis, vous réussirez, je le sais, comme vous avez réussi à libérer les Nains Stormpikes. Vous n'êtes d'ailleurs pas venu chercher votre récompense, la voici, c'est cette mission, maintenant, dépêchez-vous, le destin de l'Alliance est entre vos mains.

Je prends congé du roi et me dirige vers Bric-à-Broc, le quartier Gnome d'Ironforge.

"Le destin de l'Alliance est entre vos mains...", il y va quand même un peu fort... remarque, il n'a pas tout à fait tort... Une grosse responsabilité pèse sur mes petites épaules...

Je vais demander à Barahir et à Asoka de m'accompagner, pour la mission. On devrait partir bientôt, d'ailleurs, pourquoi dois-je aller voir Mekkatorque le grand chef des Gnomes pour les "détails du trajet" ? Il suffit de prendre un gryphon. Je ne comprends pas.

J'arrive chez les Gnomes, je les trouve en courant partout, des plans sous le bras, je vois alors Mekkatorque, il vient vers moi, et me dit:

-Magni m'a parlé de votre mission. Je suppose que comme tout le monde, vous comptez voyager à gryphons. Il ricane. Mais, de nos jours, c'est très dangereux de voyager dans des machines naturelles ! Vous allez prendre l'avion. RESE, crie-t-il.

Celui-ci arrivant, le Grand Bricoleur continue:

-Rese va vous expliquer ce qui va se passer ainsi que des petites nouveautés apportées aux avions.

-Alors, commence Rese, laissez moi vous montrer les toutes nouvelles technologies développées pour les besoins de la guerre et de l'aviation.

Il se dirige vers une table dans un coin de la salle:

-Alors voici les améliorations qui vont nous permettre un trajet sans encombre, sans dangers...
Aprés m'avoir montré toutes les caractéristiques de l'avion, l'aspect aérodynamique de la chose, les différentes courbes, les angles que prennent les ailes pour les différentes manipulations, des tas de calculs compliqués, les nouveautés, les armes intégrés, (je faisais la curieuse), Rese me demande de le rejoindre dans dix minutes aux portes d'Ironforge avec mes affaires et mes amis.

Je m'en vais donc chercher Barahir et Asoka, je les trouve participant aux ventes aux enchères. Dés que je leurs parle de la mission, ils acceptent avec joie, tout avides de combat évidement:

-Mon arc sera votre, mon amie, annonce l'Elfe de la Nuit.

-Et ma hache ! Par Bronzebeard ! grogne Barahir.

Cinq minutes plus tard, nous nous dirigeons devant les portes de la cité naine et rejoignons Rese accompagné de Benedictus. Celle-ci me salue d'un hochement de tête.

-Montons à l'aéroport, nous prendront trois avions, explique Rese, les deux autres pilotes nous attendent. Dépêchons-nous. Suivez-moi.
Il se dirige vers un sentier étroit, l'emprunte. En contrebas, une falaise abrupte, enneigée, se tient pour nous rappeler que l'attention doit être constante, le danger est partout.

Je vais prendre l'avion pour la première fois... C'est grisant, comme voyager vers l'inconnu. Pouvoir voler comme un oiseau, découvrir ces nouvelles émotions, évoluer dans un univers nouveau, inconnu... Je m'attends à des sensations fortes.... Mais, d'un autre coté, il est connu que la technologie Gnome n'est pas toujours très fiable, des machines marchent une fois sur deux... Cependant, Rese a l'air de savoir ce qu'il fait. Ma vie est entre ses mains. Si Bronzebeard lui fait confiance, je pense que je peux aussi.

Au bout d'une demi-heure de montée, nous arrivons. C'est sur une vaste vallée qu'est installée la piste d'atterrissage. Les avions sont rangés en bataille, les uns aprés les autres, il y en a une vingtaine. Tous basés sur le même modèle, ils sont principalement jaunes, à hélice.
Nous nous dirigeons vers les derniers, ce sont les plus gros, les plus avancés technologiquement: des fusils sont soudés à l'avant du véhicule, commandable via le cockpit de l'appareil, sous l'aile des bombes sont attachés afin d'être larguées le moment venu. Deux Gnomes nous attendent.

-Tout est prêt ? leur demande Rese.

-Oui, c'est bon répond le plus grand des deux, nous sommes prêts à partir.

-Voici Kaelo et Weanwean, dit-il à notre attention, et voici Asoka, Barahir, Benedictus et Shlomite, dit-il à l'intention des deux Gnomes. Ils feront parti du voyage. On sera deux à trois par avions. Qui monte avec moi ?

Vu que personne ne se propose, je décide de monter dans l'avion avec le chef ingénieur. Il y a trois places, deux devants. Barahir et Asoka se mettent ensemble avec le dénommé Kaelo, Benedictus monte avec Weanwean.

Deux minutes plus tard, le moteur vrombit, l'avion se met sur la piste d'atterrissage, face à la falaise, il commence son accélération, de plus en plus vite, vers le gouffre, j'entends le frottement des roues sur le sol. Déjà il commence à sautiller, et enfin, alors que la falaise est à moins de trente centimètres de l'avion, il s'élève dans les airs, majestueux. Le bruit du frottement des roues sur le sol a disparu, seul le moteur ronronne calmement son essence, et un calme... mais quel calme !

Derrière, les deux autres avions nous suivent. L'avion semble s'être mis en osmose avec l'atmosphère, nageant dans le gaz d'oxygène qu'est l'air, tel un poisson dans l'eau, libre. Toutes notions de limite ont disparu... c'est ça... libre...

L'avion est à présent au dessus-des nuages, inatteignable, intouchable. Mais, à ces altitudes peu commodes, la température est très basse. Aussi, je commence à avoir froid et je me frictionne les membres. Rese voyant cela, sourit, et appuie sur un bouton. De l'air chaud arrive !
-Ma toute dernière invention, la chaleurisation... me dit-il. Nous traversons alors le pic de la montagne Blackrock. De si haut, les animaux sont si petits. On a cette impression, ce mélange de sécurité, de puissance, puissance presque divine: je vole au dessus de tout, je suis au dessus de tout, je suis en dehors du monde de la réalité... l'irréalité... Oui... j'ai aussi la vague impression que l'avion a un effet divaguant, à moins que ce ne soit la pression...

Un quart d'heure plus tard, nous survolons Stormwind dont j'aperçois, le donjon, la place principale, le pont. Les portes d'entrées de la ville sont fermées. La raison, je la vois dix secondes plus tard: des milliers de soldats Elfes de Sang sont à moins d'un kilomètres de la capitale. Un sourire malicieux, Rese me regarde:

-Une petite virée ?

Il prend alors son micro:

-Opération Dynamite & Fusillage.

Résonnent alors dans l'appareil deux autres voix distinctes:

-Demande reçue, paré.

-Que le feu jaillisse, répond Rese.

L'appareil se penche alors et diminue son altitude pour n'être plus qu'à vingt mètres du sol. Rese appuie sur un bouton, et le fusil au devant de l'appareil commence à cracher les balles d'acier qu'il contient. Un autre bouton, et j'aperçois sous les ailes de l'avion que les bombes sont lâchées. Rese, sourire éclatant, rire presque tonitruant:

-Ah, ah, ah ! Nom d'un Boulon ! Mourrez tous par les flammes de l'enfer ! ah ah ah !

Il rit à s'en déformer la mâchoire. Alors que les bombes éclatent tout autour de nous. Les Elfes de Sang tombent tour à tour. Rese saute littéralement sur son siège, un véritable enfant avec son jouet.

Les Elfes de Sang commencent alors à tirer des boules de feu, des flèches, des balles sur l'appareil. Sous la menace ennemie, Rese devient alors extrêmement sérieux, et redresse l'appareil. Mais, le mal est fait, l'aile droite a été touchée, le système de largage des bombes est endommagé... Rese, le visage durci:

-Maintenez le volant et suivez l'horizon, je vais réparer l'aile, ce n'est pas grand chose.

-Mais..., commençais-je.

-Nous n'avons pas le temps de bavarder, il m'interrompt, faites ce que je vous dis, un point c'est tout. Ne vous occupez pas de moi, je suis un Voleur, donc très agile. Je saurai me débrouiller.

Il prend ses outils, ouvre le cockpit, et s'agrippe à l'aile. J'essaie de me concentrer et tente de maintenir le volant vers l'horizon, mais il est résistant, dur à manier.

Cinq minutes plus tard, Rese rentre dans l'appareil. Il s'assoie à sa place et ne fait plus rien, les yeux ailleurs. Il est tout pâle. Je lui demande:

-Tout va bien ? L'aile est réparée ?

Doucement, il tourne la tête.

-L'aile ? répond t-il vaguement, visiblement les pensées ailleurs, oui, elle va bien. Regarde derrière l'appareil et tu vas comprendre.
Etonnée, je tourne la tête. Derrière les trois avions qui se suivent se dresse une barrière, une rangée serrée d'Elfes de Sang, une vingtaine, montés sur des wyvernns, se dirigent dans notre direction...
Je mets ma main devant ma bouche: je suis pétrifiée. Nous allons tous mourir !

Soudain, pris d'une soudaine énergie, Rese prend le micro:

-Mettez-vous en position gamma de combat, dit-il d'une voix ferme.

-Compris, répondent les deux voix dans l'avion.

Je me retourne, les deux autres avions s'écartent de part et d'autre de l'avion, et font un tour sur eux mêmes pour se diriger vers les Elfes de Sang. Rese redresse son volant, et bientôt, l'avion se retrouve à la verticale, Rese tourne le volant, l'avion fait un tour sur lui même, et enfin, il redresse le volant, l'avion se remet en position horizontal, mais maintenant nous sommes face à l'ennemi, les trois avions alignés, mais bien espacés.

-Go, crie Rese dans le micro.

Et les balles commencent à jaillir des avions. L'effet est celui escompté: Quelques Elfes de Sang tombent de leurs montures, et plongent dans le vide. C'est là que tout se complique, car les ennemis se séparent, et vont dans toutes directions. Ca devient un vrai désordre, une sorte d'essaim grandeur nature, nous sommes en plein milieu. Les Elfes de Sang tirent, et envoient des sorts dans toutes les directions. Malgré toute l'habileté de Rese pour échapper aux projectiles ennemis, l'avion subit des dommages.

Rese à coté de moi, est tout excité, il touche pratiquement à toutes les commandes de son appareil. Soudain, il me demande:

-J'ai une idée: essaye de mettre un Bouclier sur l'avion, ca pourrait marcher.

Théoriquement, il ne devrait pas il y avoir de problèmes, le Bouclier est une sphère d'Energie Divine que je peux placer en n'importe quel centre; le rayon dépend de la puissance que je mets. Je m'exécute afin de couvrir l'ensemble de l'avion. Ca marche, l'avion est alors enveloppé par une sphère. Benedictus semble avoir compris car tout de suite aprés son avion se munit d'un Bouclier. J'en mets un autre sur le troisième avion.
Un à un les Elfes de Sang tombent. Lorsque le Bouclier est brisé, j'en mets un autre. Et ainsi, nous arrivons à survivre. Bientôt, il ne reste qu'une dizaine d'Elfes de Sang. L'un se rapproche de l'avion, et prononce un sort, l'effet est immédiat: plus de Bouclier. Une wyvernn s'accroche alors à l'avant de l'avion. Les autres avions subissent le même sort.

Je peux alors apercevoir son visage. Ils ressemblent aux Elfes de la Nuit: mêmes formes, de grandes oreilles, belles allures, mais un teint clair, des cheveux bonds rayonnant, cependant des yeux durs et d'un bleu profond, des yeux qui ont connus des moments terribles, un regard sans faille.

Rese grogne sauvagement, et d'un coup brusque braque le volant. L'avion tourne violement, mais la wyvern est bien accrochée. L'Elfe de Sang descend de sa monture en s'accrochant à ce qu'il peut. Je lui envoie des sorts, mais aucun son ne sort de ma bouche... J'ai été maudite ! L'un des assaillants doit être un Démoniste. Je ne peux rien faire, je deviens alors inutile alors que l'Elfe de Sang s'approche peu à peu de la portière, de mon coté. Il sort une dague accrochée à sa ceinture et la dirige vers moi.

Instinctivement, je me pousse vers Rese. Celui-ci me demande promptement de prendre le volant et sort également une dague de sa ceinture. Un combat dans l'avion a alors lieu. Les deux combattants sont visiblement habiles et agile car le combat dure.

De mon coté de l'avion un autre Elfe de Sang apparait. A la vue de l'arc avec lequel il me menace, c'est un chasseur. J'ai bien l'impression que le sort de Silence qui m'a été imposé s'est estompé, mais je suis concentré sur le volant. Cependant là ma vie est en danger, aussi je le lâche et lance un sort vers l'ennemi. Mais avant que je ne finisse mon rituel, un Bouclier apparait sur celui-ci. Mon sort ne lui fait rien. Celui-ci ricane et tend son arc. Je suis désemparée...

Soudain, un cri de rage se fait entendre, et l'Elfe de Sang reçoit de plein fouet, sur son visage, un marteau, il vacille et tombe de sa wyvernn dans le vide. En contrebas, volant dans notre direction, trois gryphons arrivent.

Soulagée, je respire. Ces gryphons surement envoyés par la capitale Humaine vont nous débarrasser des derniers assaillants.
Rese de son coté prend un souffle d'air: il vient de gagner son combat contre son ennemi.

Je fais signe aux renforts de s'intéresser aux autres avions. Rese tire sur les survivants grâce au fusil imbriqué dans l'avion.

Bientôt, tout danger est écarté. Les chevaucheurs de gryphons - tous Humains - nous font un signe de la main, pouce vers le haut: "danger écarté", et un à un, ils commencent à retourner dans la direction de Stormwind, excepté le plus grand d'entre eux, il continue de voler dans notre direction. Il est assez loin de moi, mais, au vu de sa silhouette, j'ai la très nette impression de le connaitre, de l'avoir déjà côtoyé. J'ai également la désagréable impression qu'il me fixe aussi. Je détourne alors mes yeux, regarde droit devant. Nous survolons alors les contrés effrayantes du Défilé de Deuillevent. Le ciel est sombre, il est cinq de l'après-midi.

Où ai-je bien pu le connaitre ? J'ai l'impression de l'avoir vu il n'y pas longtemps... Mais où ? Soudain, une voix forte interrompt mes pensées:

-Shlomite !

Je tourne la tête vers la vitre, il nous suit toujours, il est quelque de mètres de moi. Soudain, je réalise: je sais d'où je le connais... du moins je sais pourquoi j'ai pensé à lui. Son visage ressemble à Hexiatröhm, le Voleur qui a entrainé Elenith il y presque un an. Il reprend:

-Tu ne te souviens pas de moi ? Je pensais que tu avais plus de mémoire...

C'est lui ? Il lui ressemble c'est vrai... Mais pourtant, il y a quelque chose de différent... L'Hexiatröhm que je connais est beaucoup plus sombre, mystérieux, avare de paroles, il vivait en ermite... Non... Ce n'est pas possible... Ce n'est pas lui... Mais il lui ressemble tellement... Je tente quand même d'une voix hésitante:

-Hexiatröhm ?

Il vole toujours prés de ma fenêtre. Son visage s'assombrit, ses traits se durcissent.

-Non... La personne dont vous me parlez est morte... Je l'ai tué...
Comment ça, il l'a tué ? Ce n'est pas possible ! Il était très fort ! Un maître du camouflage ! J'en reste bouche bée, horrifiée...

-Comment ça ? Ce n'est pas possible, qu'en avez-vous fait ? Où est-il ? Dis-je en haussant la voix, le ton devenant bientôt menaçant (je m'en étonne moi-même).

-Allons, dit-il d'une voix désespérément calme, reprenez-vous... Je vais vous expliquer. Disons que l'Hexiatröhm que vous connaissiez n'existe plus. Lui et moi sommes extrêmement liés, il est le passé, j'incarne le futur. Il était seul, et fuyait le monde, il était triste. Moi, je veux des amis, et être apprécié, je ne veux plus de cette solitude, je souhaite réparer les erreurs qu'Hexiatröhm a faites, je veux vivre, revivre. Hexiatröhm est mort, moi, Seymour, j'ai pris sa place, je l'ai tué.

Soit, pourquoi ne pas me dire directement qu'il a changé, et que pour que ce changement soit total, il lui faut aussi un nouveau nom. C'aurait été plus simple... En tout cas je suis soulagée, j'avais eu peur, je respire profondément.

-Laisse le gryphon partir et monte dans l'avion, lui dis-je.

Je regarde Rese, celui-ci hoche la tête: "il peut venir". Sans hésiter, n'attendant visiblement que ça, Seymour monte sur l'aile, s'accroche à ce qu'il peut, ouvre le cockpit, et pénètre dans l'avion. Le gryphon s'en retourne.

Alors qu'il vient de s'assoir, il est derrière moi, je me retourne et lui demande:

-Que fais tu-là si loin de chez toi ?

-Et bien, m'explique t'il, mon histoire est simple. Aprés la cérémonie d'Elenith, devant tant de joies et de bonne humeur, je n'avais pas le courage, ni la volonté de retourner me terrer dans ma sombre demeure, seul dans le village abandonné des Collines de Raven. Je suis donc retourné à Stormwind, me suis trouvé une petite location pour quelques pièces d'argent. Quelques jours plus tard, par trop de solitude, je me rengage dans l'armée. Et la guerre a commencé, le niveau d'alerte maximal a été décrété, et on m'a muté à la défense de la ville. C'était assez calme jusqu'à ce matin où on apprit l'anéantissement de Darkshire. Et il y a quelques heures vos avions ont été aperçus, suivis de près des Elfes de Sangs, je me suis porté volontaire pour vous venir en aide, et me voici. J'ai d'ailleurs été surpris de te voir Shlomite ! Je ne m'y attendais vraiment pas... Que fais tu sur un avion ? Et où comptes-tu aller ainsi ?

Je lui raconte alors tout ce qu'il s'est passé jusqu'à maintenant, Shaw, le front, l'hôpital, la traversée des Paluns, la bataille d'Ironforge ainsi que notre but, trouver les Draeneïs pour les rallier à l'Alliance.

La fin de mon récit correspond au moment où l'avion amorce sa descente. Il s'incline, déjà son altitude baisse. Bientôt, il est à quelque mètre du sol aride caractéristique de la région. Enfin, il atterrit, néanmoins avec un peu plus de crissement de pneus et de secousses que Rese aurait voulu.

Lorsque l'appareil se stabilise, Rese ouvre le cockpit, et saute hors de l'avion. Je descends avec un peu plus de mal, mais tout-de-même délicatement.

Je jette un regard autour de moi, c'est un paysage désertique aux couleurs rouges qui s'étend. Je constate les ravages provoqués par le Fléau, car c'est de là qu'il est arrivé, du Portail Démoniaque. Et dire qu'avant, c'était un vaste marais, gorgé d'eau et de vie... Aujourd'hui, cette contrée est emplie de démons et de monstres qui n'ont rien de naturels, elle est devenue désertique.

Les membres du groupe s'approchent de moi.

-Nous sommes observés, je le sens, annonce Asoka à voix basse, des Orcs, il y en a une trentaine...

En effet, il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose de bizarre, c'était comme si les démons et les monstres avaient fuit tout à coup.

-Oui, répond Benedictus, je les sens aussi. Cependant,...

Mais, elle se tait, car tranquillement, un Orc aux cheveux noirs, larges, robustes et costauds, se tient, silencieux, paisible. Il nous regarde, il semble attendre quelque chose.

-Ne bougez-pas, je m'occupe de lui, nous chuchote Benedictus alors qu'elle se met en position de rituel.

Elle veut l'attaquer ! Je ne peux pas laisser faire ça, malgré la guerre qui nous tiens tous en haleine, ils ne nous ont pas attaqué, pourtant, ils sont en nombres ! Je ne sais pas ce qu'il se passe, il est évident que cet Orc ne souhaite pas se battre. La guerre a bien lieu, mais devant une attitude pacifiste, je ne peux me résoudre à attaquer. Aussi, et précipitamment, je m'écrie:

-Non ! Ne faites rien, il ne présente aucune menace, laissez-le !

Profondément étonnée, Benedictus me dévisage et d'un air froid, dit:

-Dois-je vous rappeler qui je suis Shlomite ? Je suis votre supérieure, donc, par conséquent, je n'ai aucun ordre à recevoir de vous... L'Histoire a montrée que l'on ne pouvait s'allier avec de tels êtres, dit-elle en regardant l'Orc d'un ton réellement dédaigneux. Ca m'étonne et me déçois que vous preniez sa défense, mais surtout, que vous vous opposiez à moi.

Je la regarde froidement, je ne réponds rien. Je ne sais pas quoi dire. En vérité, je pense que je n'ai rien à répondre.

C'est alors, que, tel un cercle dont le rayon diminue, les Orcs apparaissent de tout cotés. Ils nous entourent.
Le groupe se resserre. Chacun regardant d'un coté. Ca me fait rappeler notre bataille contre les Réprouvés lors de notre mission à Brill. Il n'y a pas d'issue autre que le combat.

Mais là, les Orcs n'ont pas l'air de vouloir attaquer. Le groupe quant à lui se met en position de défense: les Voleurs Seymour et Rese ont dégainé leurs dagues, le Guerrier Barahir a brandit sa grosse hache, la chasseuse Asoka a sorti son arc pour le pointer vers l'ennemi tandis que les Mages Kaelo et Weanwean, Benedictus et moi, nous sommes mis en position de rituel.

L'ennemi approche. L'Orc qui nous regardait nous fixe toujours, il n'a pas bougé, il semble être leur chef.

Soudain les Orcs arrêtent leur avancée vers nous.

Celui que je suppose être leur chef respire alors profondément, et d'une voix calme mais rauque, teintée d'accent Orc, il dit en langue Humaine:

-Le chef vous attend, suivez-moi.
L'Orc se retourne et avance dans la direction opposée.

Les trente autres nous font signe de leurs armes de le suivre. Nous opérons, résignés.

Mais où nous conduisent-ils ? Que nous veulent-ils ? Le chef nous attend ? Qu'est ce que cela signifie ? Qui est leur chef ? Je le connais ? S'il me connait, cela veut forcément dire que notre rencontre s'est déroulé lors de mon périple à Orgrimmar il y a quelques mois. Ce doit-être Thrall. Non... Pas possible, il ne se déplacerait pas en personne, il ne m'attendrait pas, il doit avoir autres choses à faire. Alors, ce doit-être ou Angelwing ou Hellena les conseillers de Thrall... Oui, c'est possible. Mais que me veulent-ils ? Pourquoi m'attendent-ils ? Peut-être aurai-je surement des réponses à toutes ces énigmes: Pourquoi l'attaque de Darnassus, la guerre, les Elfes de Sang... Mais, ce qui m'étonne le plus, c'est pourquoi, dans les temps de guerre que nous traversons, pourquoi m'attendent-ils ? Que me veulent-ils ? A moins que ce ne soit pas moi qu'ils attendent... Dans ce cas tout mon raisonnement est complètement erroné et d'une prétention sans nom. C'est vrai... Pourquoi moi ? Ils attendent surement Benedictus, elle bien plus importante que moi... Enfin... Nous verrons bien.

Nous continuons à marcher et à suivre l'Orc principale. Bientôt le groupe se trouve à sa hauteur. Il jette un regard autour de lui, et lorsqu'il s'aperçoit que nous sommes tous proche, il brise le silence qui s'était développé en prenant la parole:

-Je suis Silvermoon. On m'a demandé de vous escorter vers le chef. Je ne sais pas pourquoi, et je n'aime pas ce travail. Si ca ne tenait qu'à moi...

Il caresse langoureusement sa grosse hache. Personne ne dit mot, le froid se réinstalle, mais il est vite de nouveau troublé par la voix rauque de l'Orc:

-Je suis également chargé de vous mettre globalement au courant des derniers agissements de la Horde. Vous avez sans doute remarqué que la guerre a commencé. Je vais vous expliquer. D'aprés ce que je sais, il y a quelques mois, un groupe d'inconnus de l'Alliance a réussi à capturer un Réprouvé pour le soumettre à diverses expériences pour le rendre Humain. Ces expériences ont été réalisées par l'Archidruide de Darnassus et ont été couronné de succès. Celui-ci est maintenant sous bonne garde. Mais cette transformation a bouleversé un équilibre, car tout Réprouvé devient alors potentiellement un Humain, donc un ennemi. Le peuple Réprouvé est donc en danger sur cette véritable bombe à retardement. La reine Sylvannas est devenue folle de rage lorsqu'elle apprit la nouvelle. C'est elle qui convainquit notre chef Thrall, malgré ses réticences, de commencer les affrontements. Car dit-elle, le peuple Réprouvé est en péril au profit du peuple Humain. Si la nouvelle se répand, nombres de Réprouvés voudront revivre leur vie d'antan. Les rangs de la Horde vont ainsi diminuer au profit de l'Alliance. En disant cela, Sylvannas savait quelle allait marquer un point, elle toucha le point sensible. Thrall ne pouvait se permettre de nous mettre, son peuple, en danger, de lui faire revivre les générations de souffrances qu'il a vécues parqué dans les réserves Humaines. Aussi, il accepta l'idée de kidnapper la seule personne connaissant le secret de la transformation, l'Archidruide de Darnassus. Mais, cette opération présentait beaucoup de risque, et notamment des risques de représailles de la part de la Grande Prêtresse Tyrande Whisperwind, et de même, des risques de représailles du Royaumes de l'Est. Et comme la meilleure défense est l'attaque... Pour s'assurer la victoire, Thrall, appuyé sur l'avis de Vol'jin, fils de Sen'jin, chef des Trolls, demanda l'aide des Elfes de Sang. Ceux-ci, encouragés par Sylvannas qui est une ancienne Haut-Elfe sont venus sans problèmes, surtout qu'ils étaient peu, et en guerre avec l'Alliance. J'imagine que vous savez que les Hauts-Elfes sont devenus les Elfes de Sang. Cette guerre, je pense, est surtout une bonne occasion pour marquer un coup décisif contre l'Alliance. Et ainsi, bientôt, l'Alliance ne sera plus qu'un souvenir, et votre citadelle Ironforge sera détruite. Bientôt...

J'entends un grognement à voix basse de Barahir:

-Han ! Par Bronzebeard ! Pour qui se prend cette espèce de Murlocs ! Il va tâter de ma hache !

Asoka pose sa main sur son épaule pour le calmer, elle a raison, ce n'est vraiment pas le moment de s'énerver.

Tout s'explique ! C'est par moi que la guerre a commencé, c'est à cause de moi si aujourd'hui Darnassus, Ménéthil, et toutes les villes du Nord sont tombées ! Je suis responsable de la mort d'au moins plusieurs centaines de personnes. Mon allure diminue alors que je mesure l'ampleur de mon influence. Je commence à me sentir mal, prise au piège, cloitrée, enfermée, des vertiges se font de ressentir, j'ai du mal à respirer, j'étouffe ! Je mets ma main à ma poitrine et inspire longuement. Doucement, ma respiration revient. Ah... si seulement Elenith était là, je me sentirai sans doute plus en sécurité. Ce sont les paroles d'Asoka qui me réconfortent à voix suffisamment basse pour que l'Orc n'entende pas:

-Allons, mon amie, reprenez-vous ! Vous n'avez rien à vous reprocher, vous avez toujours fait au mieux.

-Oui ! continue Barahir, l'Elfe a raison ! ne te met pas dans cet état ! 'toute façon, t'inquiète pas, ils ne prendront jamais Ironforge ! C'est une capitale imprenable !

-Nous arrivons, annonce l'Orc devant.

En effet, on commence à distinguer quatre tentes arborant fièrement le drapeau Rouge.

Nous nous dirigeons vers la plus grosse, elle est gardée par deux Troll à l'allure mafieuse, couleur de peau bleue turquoise, dent d'ivoires, air malsain, yeux fuyants. Notre Orc s'avance, parle aux deux Trolls en langue Orc, puis entre aprés nous avoir fait signe de la main de venir.

Nous pénétrons dans la tente. Elle est plus spacieuse que ce que son allure laissait prévoir.

Au fond de la salle, debout, se tient, habillé d'une longue Robe de Sorcier, de longue défense, un Troll. Je le connais bien, il était présent lors de la cérémonie, il a vécu les derniers moments d'Obi le Chasseur, c'est lui qui nous avait dénoncé à Thrall... C'est un ami, c'est Angelwing. Il me sourit et dit:

-Je vous attendais.
Il est sept heures du soir. Aprés avoir renvoyé les gardes à l'extérieur, le Troll commence:

-Pour ceux qui ne me connaissent pas, mon nom est Angelwing, je suis l'un des conseillers principaux de Thrall. Ce qui fait de moi une cible potentielle. Vous êtes huit, je suis seul. Toutefois, permettez-moi de vous mettre en garde, je vous déconseille sincèrement l'engagement d'hostilités. Je ne suis pas faible, et des gardes d'élites veillent à l'extérieur sur moi. Ils seront vite alertés si je suis en danger. Ca, c'est pour commencer.

Il marque une pause avant de reprendre:

-Vous devez certainement vous demandez ce que vous faites ici, pourquoi je vous ai fait venir. C'est compréhensible. La guerre à bien lieu, il n'y a pas de doute là-dessus. Mais comprenez-bien que Thrall n'a aucun intérêt à supprimer l'Alliance pour différentes raisons. D'abord, pacque nous ne sommes pas une "bande de barbares aux dents acérées" comme se plaisait à le dire ce matin même le roi Bronzebeard, ensuite, et surtout, pacque nous ne sommes pas suffisamment fort pour nous mesurer au Fléau, nous avons besoin de l'Alliance, d'autant plus que son anéantissement provoquerait nombre de cadavres qui viendraient augmenter les rangs d'Arthas. Silvermoon vous a expliqué avec les données plus ou moins juste qu'il a, pourquoi nous vous avons attaqué. Disons que cette attaque avait pour objectif de dissuader l'Alliance de représailles. Pour l'instant, ça a marché. Mais, la guerre doit prendre fin, il faut éviter de s'entretuer, nous avons un ennemi bien plus grand. Mais partis comme vous l'êtes, vous ne pouvez gagner car nous sommes en supériorité numérique. Ce que je vais vous dire à présent, peu de gens le savent, ceci est la cause de ma présence ici et tout cela doit rester secret. Thrall, sous la forte pression de Lady Jaina Proudmore a décidé de venir en aide à l'Alliance. Il était évident que vous iriez chercher du coté des Draeneïs, et comme vous ne savez pas où ils se trouvent, vous êtes venus chercher ici des renseignements pour les localiser.

Je suis impressionnée par son sens de la déduction... Il n'est pas conseiller principal de Thrall pour rien... Ainsi, la fille Proudmore a insisté auprès de Thrall pour qu'il cesse les hostilités, ça ne m'étonne pas outre-mesure, je me souviens qu'elle a toujours entretenu de bonnes relations ave le chef Orc depuis qu'ils ont combattu ensemble lors de la bataille du Mont Hyjal.
Angelwing continue:

-Aussi, nous vous avons devancé. Je m'explique. La nuit où Darnassus a été attaqué, une île qui n'apparaissait sur aucune carte a été repérée au Sud-ouest de Teldrassil. Une expédition y a été envoyée, ils y ont découverts la base des Draeneïs, une grande ville. Ils ne s'y sont pas aventurés, la haine que ce peuple porte à notre égard est connue. En effet, vous n'êtes pas sans savoir que lorsqu'en Outreterre, les Orcs ont été corrompus par la Légion Ardente, ils ont massacrés les Draeneïs avec qui ils avaient pourtant eu, dans le passé, de bonnes relations. L'Alliance est passée à coté de cette île, les explorateurs Nains devaient être trop occupés à Uldaman visiblement... Bref, mon rôle et ma mission sont de vous mener à eux, ils sont en Kalimdor. Seul, vous n'avez aucune chance de passer la Grande Mer, nous contrôlons tous les ports, de plus vous ne connaissez pas l'emplacement des Draeneïs. Mon aide est donc nécessaire. Voilà. Je pense que c'est tout ce que j'avais à vous dire. Nous partirons pendant la nuit pour ne pas attirer l'attention. Car cette mission est secrète et se doit de le rester. Pensez aux conséquences au sein de la Horde si on apprenait que Thrall aide l'Alliance... Je n'imagine même pas la réaction de Dame Sylvannas... Bon, vous avez des questions ?

Quelle histoire ahurissante ! Jamais je n'aurai crû que la Horde allait-nous aider. J'ai tellement de questions, je ne sais pas par où commencer. J'essaie de rassembler mes pensées, la première question qui me vient est:

-Pourquoi lorsque vous étiez à Darnassus, vous n'avez pas tué l'Archidruide, le seul à connaître le secret de la transformation ?

Angelwing me regarde en souriant, et dit:

-Shlomite, vous pourriez tout-aussi bien me demander...

Mais il est interrompu par Benedictus, l'air abasourdi:

-Mais, vous vous connaissez ?

-Oui, répond calmement Angelwing, la Horde a aidé Shlomite dans le passé. Je la considère comme une amie.

Comme Benedictus reste sans voix, les yeux effarés, Angelwing reprend:

-Donc, je disais avant d'être interrompu, que vous pourriez tout-aussi bien me demander pourquoi nous n'avons pas liquider la Grande Prêtresse de Darnassus. Je vais vous répondre. Déjà, ce sont des personnes très haut placées, et respectées, ce ne serait pas un acte diplomatique de les tuer, en ce qui concerne l'Archidruide, il possède des connaissances immenses, il serait donc stupide de le supprimer alors qu'il a tant de choses à nous apprendre. De plus, l'Archidruide et la Grande Prêtresse représentent des monnaies d'échange non-négligeable.

-Mais pourquoi, demande Asoka, Thrall n'a pas averti Sylvannas de ses projets concernant l'aide à l'Alliance ? Les Réprouvés font pourtant parti de la Horde, non ?

Angelwing, aprés avoir réfléchi pour trouver les meilleurs mots visiblement, respire profondément et se lance:

-C'est un sujet épineux que vous abordez là. Sylvannas fait officiellement parti de la Horde, mais elle à une histoire très particulière, elle faisait parti de l'Alliance et les événements ont fait qu'elle est devenue ce qu'elle est. Elle a été rejetée par les siens, elle les a ensuite haït pour cela, aprés avoir servi Arthas, elle s'est révoltée et a fondé Undercity. Elle est l'"âme" des Réprouvés. Mais, nous savons que ses alchimistes tentent actuellement de créer une Peste encore plus puissante que celle que le roi Liche avait créée. Sylvannas n'a jamais senti utile d'en informer Thrall. Bien sûr, le problème est autrement plus compliqué, et ce sont des choses secrètes que vous ne devez pas savoir. La situation est complexe.
Je pose une autre question:

-Mais pourquoi alors avoir décidé de nous aider alors lorsque nous étions à Orgrimmar, si aprés vous nous déclarer la guerre ?

-Vous étiez à Orgrimmar ? demande précipitamment Benedictus.

Ignorant la question de Benedictus, Angelwing me répond:

-Thrall a pris la décision de vous aider car il trouvait votre quête noble, il a mis beaucoup de temps pour prendre sa décision, il a demandé beaucoup de conseils et d'avis notamment celui de Cairne Bloodhoof, chef des Taurens. Il a pris cette décision en son âme et conscience. A t-il bien agi ? L'avenir nous le dira. En agissant ainsi, il a pris sur lui la responsabilité de la guerre... Mais à mon avis, tout cela n'était qu'un prétexte à la guerre, Sylvannas la réclamait depuis longtemps, elle veut la paix dans son royaume, or, il y a continuellement des affrontements dans le bassin d'Arathi entre la Horde et l'Alliance sans jamais démarquer de vainqueurs... Ce n'est pas la seule raison bien entendu, mais ça pèse quand même dans l'esprit de la Reine des Réprouvés. Enfin, je trouve que Thrall a bien agi.

Personne ne fait de commentaires, au bout de quelques secondes, Barahir s'écrie an frappant le sol de sa hache:

-Oui mais, par Bronzebeard, vous n'aurez jamais Ironforge !

Asoka lui donne alors une petite tape à la tête et dit pour l'excuser:

-Ne faites pas attention à lui, il est ... enfin... il est un peu... bref c'est un Nain quoi...

Barahir la regarde d'un air assassin, ce à quoi Asoka répond par un clin d'oeil malicieux.

Angelwing sourit d'un air complice et annonce:

-Il est tard, les soldats vont vous montrer vos couches, nous partons à trois heures du matin, vous avez donc un peu moins de huit heures pour vous reposer, je vous dis à demain.

Nous nous retirons.
Devant l'entrée de la tente se tiennent deux Orcs robustes, au garde à vous, regards dans le vide. Dés qu'ils nous voient, le plus grand d'entre eux dit à haute voix une phrase ressemblant à "are atoré miss kah tas trofo grom". Immédiatement, le grand Orc que je connais sous le nom de Silvermoon sort d'une des tentes adjacentes et s'approche de nous et sur un ton sans appel dit:

-Selon les ordres du chef, je dois vous guider à votre tente et interdiction d'y sortir.

Celle-ci se trouve être face à celle d'Angelwing. Peut-être veulent-ils garder un oeil sur nous, surement d'ailleurs.

Nous entrons. Semblable à celle du chef Troll, la tente est plus spacieuse que ce que son allure laissait prévoir. Une dizaine de couches - des espèces de draps aux couleurs sombres - sont entreposés à terre. Au centre, une table domine la salle.

-Voici votre tente. On partira à trois heures. Soyez prêts, annonce Silvermoon avant de repartir.

-Sortons les cartes pour un Ratchet ! s'écrie Rese en sautant à pieds joints vers la table.

Immédiatement aprés, tels des jumeaux, les deux autres Gnomes Kaelo et Weanwean courent s'assoir aux cotés de Rese, et attendent leurs cartes, les bras croisés.

-Je suis de la partie, annonce Asoka en les rejoignant.

-Tu n'a pas froid aux yeux, grogne Barahir en s'avançant lourdement vers la table tout en haussant progressivement la voix, tu m'as pris par surprise en tuant plus d'ennemis que moi, mais au Ratchet, comme à tout les autres jeux, et presque par définition, - il crie - personne ne peut battre un nain !

Seymour, je ne sais comment il s'y est pris, est déjà à table. Il ne reste plus que Benedictus et moi. Elle me fixe.

Pourquoi me fixe-t-elle ? Que me veut-elle ? Me regarde-t-elle depuis le début ?

Enfin, elle prend la parole et dit d'un ton presque dédaigneux:

-Shlomite, vous êtes tombés bien bas... Vous mettre du coté de l'ennemi, comment pouvez-vous croire en cette espèce de... - son regard est empli de dédain, je lis la haine sur son visage - Etes vous donc aussi naïve ? Vous ne pouvez tout de même pas croire qu'il est notre allié ? Il nous trahira à la première occasion ! Et que faisiez-vous à Orgrimmar ! Vous croyez en lui ! Vous nous trahissez ! Lui le conseiller principal de Thrall ! Je pensais vous connaitre... Vous me décevez...

Je la regarde longuement. Pourquoi ne comprend t elle pas ? D'une voix calme mais tendue, je réponds:

-Pour vous l'étranger ne porte le nom d'Homme, que s'il vous ressemble et pense à votre façon ? Vous croyez que la terre vous appartient tout entière ? Pour vous, ce n'est qu'un tapis de poussière ? La Horde est un ensemble de peuples qui a parfois et souvent plus de moralité que la fière Alliance remplie de principes dénués de bon sens ! La Horde n'est pas un peuple de barbare ! Angelwing est mon ami, j'ai confiance en lui !
A la fin de ma réponse, je me surprends à trembler de tout mon corps, mais ce n'est pas de la peur, peut être que cette réponse à la limite de l'insolence vers un supérieur ne me ressemble pas, j'ai pris des ailes fragiles qui à la fin de leurs envols frémissent, tel un phénix qui brule de tout son corps avant de devenir cendre.

Froidement, elle me répond:

-Votre naïveté me touche et me rend en même temps hors de moi... Vous êtes véritablement aveugle... Les deux premières Guerres ne vous ont donc rien appris ? Vous faites confiance aux ennemis de l'Humanité ! Ils ont été envoyés sur notre monde par les démons ! Vous croyez qu'ils ont changés depuis ? Les êtres ne changent jamais ! Ces monstres resteront monstres ! Et l'on y peut rien !

Elle me fixe, comme si elle désire me fusiller des yeux. Le reste du groupe est silencieux, scotchés face à la scène, bouches bées.
Quant à moi, je fulmine. Mon corps vibre de tout son long. Elle est bornée ! Elle ne veut rien comprendre comme l'amiral Proudmore, le père de Jaina... Son sort sera le même, et je sens, que si elle continue ainsi, je vais finir par m'en charger ! Je suis en colère, je crois qu'il n'y a plus aucun doute à ce sujet, chose qui m'arrive rarement je dois dire... J'ai envie de lui asséner une bonne gifle, je ne sais ce qui m'en empêche, d'ailleurs, oui, qu'est ce qui m'en empêche ? Je commence alors un esquissement de mouvement vers ce but, et je sens alors une chaleur sur mes cotes, pas désagréable... sans doutes est-ce biologique, mais le fait est que mon corps s'apaise alors, je redeviens calme, je respire longuement avant de regarder la source de cette chaleur. A mon grand étonnement, ce sont les mains de Seymour. Il m'enlace et me chuchote à l'oreille:

-Calme-toi, elle n'en vaut pas la peine.

Je suis tellement interloquée, et tellement bien, que je ne fais aucun mouvement de recul, aucun geste pour cesser cet enlacement que j'aurai sans doute considérée quelques minutes avant malvenue.

C'est alors que Barahïr s'avance et d'un air débonnaire:

-Allons mes amis, quoi que vous pensiez, ce n'est pas le moment de vous battre !

-En effet, renchérit Asoka, il ne sert à rien de se battre maintenant, pour l'instant - elle s'adresse visiblement à Benedictus d'après la direction que porte son regard - nous avons besoin de ce Troll. Nous ne savons pas où se trouvent les Draeneïs. De plus, je pense qu'il est sincère.
Benedictus ne dit rien. Elle nous regarde tous d'un air de défi. L'ambiance est électrique, mais elle est brisée par la voix de Rese:

-Eh ! Je vous attends pour le Ratchet !

-Je vais me coucher, marmonne Benedictus.

Un à un tout le reste du groupe se dirige vers la table. L'ambiance redevient ce qu'elle était: sympathique et bonne enfant. Je perds évidement toutes mes épluchures de cacahuètes.

Je repense à ce que nous a dit Angelwing. Quelle situation étrange tout de même... Lui, ministre de l'ennemi devient notre allié, il est même l'hôte. Thrall est de notre coté... Contre qui l'Alliance fait-elle la guerre ? Pourquoi, dans quel but la Horde se bat actuellement au Nord ? Dans un but qu'ils croient tous être vrai... Détruire l'autre... Dans chaque guerre c'est finalement la même chose me semble t'il, même si Sylvannas prétend vouloir défendre ses terres, son vrai but, ultime but est la destruction de l'autre. La guerre est vraiment absurde... Et dire que tout ça n'est que politique et manipulation, c'en est presque à vomir... Tant de gens sont mort pour des idées qui leurs sont chères, défendre l'Alliance... Alors que la Horde ne désire pas sa mort... C'est presque écoeurant...

Enfin, lorsque toutes les épluchures, passées de mains en mains se retrouvent finalement dans celles d'Asoka, le groupe va se coucher.

Une longue journée nous attend demain.
Le Soleil, cet air frais, quelques nuages blancs aux formes arrondies.

Une petite maison, une prairie, de l'herbe grasse et verte, quelques arbres.

Elenith et Nefret, enfants encore, s'amusent, courent dans les jardins fleuris aux odeurs de menthe.

Puis le flou total, les Orcs... Je connais déjà.... Les mains chaudes... Ce sont les enfants, je sais... Non... Ils tournent autour de moi en riant, des rires lointains, comme un écho, un souvenir... Toujours cette sensation de chaleurs dans mes mains... Qu'est-ce ? Je tourne la tête. Ce dont celles de Seymour, il m'enlace. Il s'approche de ma nuque. Je le sens, il approche sa lèvre de mon oreille, et me murmure:

-Ca y est, il est l'heure.

Ce n'est pas sa voix, c'est celle d'Asoka. Doucement, je commence à émerger, enfin, je me réveille. Il est deux heures trente du matin.

-Prépare-toi, on part bientôt, annonce l'Elfe avant d'aller réveiller les autres.

Que m'arrive t-il ? Pourquoi apparait-il dans mon rêve ? Je ne comprends pas... Je me refuse à tenter de comprendre. Je ne veux pas. Pensons à autre chose. Oui, c'est ça, autre chose.

Je me lève, m'habille, et vais faire ma toilette. Il y a un seau d'eau à l'extérieur de la tente.

L'air est très frais. Le froid pénètre dans mes narines encore un peu endormies et d'un coup sec les réveille.

J'approche du seau, y trempe mes mains et me rafraichit le visage. Je contemple alors le fond encore mouillé du récipient. Et, fidèlement, en guise de réponse, celui-ci me renvoie mon visage... Je peux toujours mentir, mais lui, il me ramènera à la réalité... Je ne peux cacher ces rides qui structurent ma peau, ces signes incontestables de mon âge, ces symboles du temps et des aléas de la vie, des soucis et des contrariétés... Celle-ci, à coté de ma joue, c'est lorsque mon mari est mort, celle-là, au dessus de mon front, c'est lorsque j'ai perdu Kilyo et ai cru perdre Elenith... C'est vrai que j'ai souffert, et c'est vrai que j'ai vieilli... Mais, aujourd'hui, c'est étrange, je vois ça d'un autre oeil. Le caractère inexorable des événements ne me parait plus si inexorable. Pourquoi cette soudaine envie de recoiffer mes cheveux laissés à l'abandon, de me donner ce teint clair et jeune, de cacher l'évidence du poids des années ? Lorsque mon mari est mort, je n'ai plus cherchée à séduire. Pourquoi ? Pour plaire à qui ? Plus de but, de passion à part Kilyo et Elenith... J'ai l'impression que les choses changent... Peut-être devrais-je penser à revivre, de tirer une croix sur le passé, de vivre pour moi...

Mais le temps presse, une fois ma toilette faite, Angelwing sort de sa tente et dit à un garde des termes en langage Orc, puis s'adresse à moi:

-Prévenez les autres, on part bientôt, je vous veux tous ici dans deux minutes.

Il retourne dans sa tente, et moi, dans la mienne fais l'écho de l'annonce d'Angelwing.

Un à un, tous sortent: Barahir baillant, bouche béante, Asoka rêveuse, Benedictus regard froid droit devant elle, Seymour air malicieux et me regardant du coin de l'oeil (je l'ignore), enfin, les trois gnomes en file indienne, l'air endormi.

Peu aprés, Angelwing sort de sa tente avec des morceaux de tissus noirs. Il dit:

-Enfilez ces vêtements, et mettez la capuche de telle sorte que l'on ne voie pas votre visage. Qu'un Gnome monte sur le Nain, pour les deux autres Gnomes, que l'un monte sur l'autre. Nous devons être discret, mes troupes partirons à l'aube rejoindre le reste de la Horde. Quant à nous, nous volerons jusqu'à Booty Bay pour prendre le bateau vers Kalimdor.

Malgré les protestations discrètes des Gnomes et ouvertes de Barahir, nous nous exécutons. Ainsi, les petites tailles de Gnomes et des Nains étant comblées, nous nous ferons un peu moins remarqués. C'est dans ce déguisement de secte mafieuse que nous suivons Angelwing vers le maître des wyverns avec qui il a une petite discussion. Cinq minutes plus tard nous voilà dans les airs vers la Vallée de Strangleronce. Nous voilà, encapuchonnés sous d'amples vêtements sombres, tel des rôdeurs de la nuit, en pleine lune, à quatre heures du matin, chevauchant des wyverns, accompagnés d'un Troll en pleine période de guerre ! Du jamais-vu ! Ca parait surnaturel, ça a un coté grisant, presqu'épique.
Va t'on rencontrer des problèmes à Booty Bay ? C'est vrai que c'est une ville neutre. Mais je pense aussi que la Horde surveille de prés les flux de marchandises et de voyageurs. Cependant, je pense qu'Angelwing est un passeport qui nous évitera tous les contrôles, il est quand même conseiller principal !

Une heure plus tard, des montagnes apparaissent, rempart naturel entre cette terre aride et la jungle de Strangleronce.

Enfin, nous commençons à apercevoir la silhouette de la statue du gobelin surplombant le port de Booty Bay.

Je ne m'étonne pas de ne pas y trouver de personne appartenant à l'Alliance. La ville est d'ailleurs assez peu fréquentée mis à part des gobelins. Je suppose que c'est dû à la guerre.

Angelwing se dirige vers le quai. Il semble attendu. Une Orcque est devant le bateau, elle nous observe d'un air douteux, mais nous laisse passer en s'écartant lorsqu'elle voit le chef Troll.

Tout se passe très vite, dés que nous sommes à bord, le capitaine - un Gobelin - largue les amarres, et le bateau commence à avancer.

Une fois le bateau bien éloigné du port, comme Angelwing est le seul représentant de la Horde présent, nous pouvons respirer, nous enlevons nos tuniques de rôdeurs.

Barahir s'exclame alors:

-Il était temps ! Vous vous rendez compte ! Un Nain portant un Gnome ! Mais en plus un Nain qui se cache ! Ah... Si ma pauvre mère me voyait...

-Où nous dirigeons nous ? demande Asoka à l'intention d'Angelwing.

-Nous allons dans un port qui appartenait à l'Alliance, répond le Troll, aux Elfes de la Nuit plus précisément, nous nous dirigeons vers le village portuaire d'Auberdine dans la contrée de Sombrivage. Nous y sommes attendus dans deux mois, le temps du voyage.

-Deux mois ! s'écrie Seymour, mais c'est beaucoup trop ! L'Alliance va périr d'ici là !

-Allons, répond calmement Angelwing, vous sous-estimez un petit peu vos compatriotes, vous ne croyez pas ? L'alliance ne va pas tomber aussi facilement, et puis...

-Il a raison, interrompt Barahir, par la barbe de Bronzebeard, Ironforge est imprenable, c'est une légende, jamais la Horde n'aura l'honneur de fouler du pied la glorieuse cité Naine, ses fiers occupants se battront jusqu'au dernier s'il le faut !

Il conclut en frappant le sol de sa hache.

-Oui, en effet... marmonne Angelwing, et de manière plus audible, il continue: mais Thrall est au courant de notre mission, aussi, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour retarder la guerre sans que ça paraisse suspect. Donc, profitons de cette petite pause pour nous reposer !

Oui... Une vraie croisière, ça me rappelle des souvenirs... j'imagine qu'on ne va pas se faire attaquer par un zeppelin, cette fois...

Ah c'était bien... il y avait Elvior, ce pauvre Obi et Elenith... Elenith... On m'avait dit qu'il était parti faire une mission secrète en Kalimdor... Où peut-il être en ce moment ?
Le bateau entame son long voyage vers la grande et mystérieuse Kalimdor. C'est la deuxième fois que je m'y rends.

Je regarde autour de moi, de l'eau à perte de vue. Derrière moi, j'entends des crissements, comme une table qu'on déplace. Je me retourne:
Rese aidé de Barahir est en train d'installer une grande table en bois en plein milieu du pont:

-Début du Ratchet dans cinq secondes !

Un à un, tous prennent leurs chaises pour jouer. Seul Benedictus n'est pas là, dés l'arrivée, elle s'est éclipsée.

Et le jeu commence, chacun reçoit ses épluchures de cacahuètes, les cartes sont sur la table, les gens misent fort pour ce début de partie, la tension monte en même temps que le temps qui passe. Les joueurs triturent leurs cartes, j'ai un bon jeu, je continue. Bientôt, les regards inquisiteurs et se voulant déstabilisant apparaissent sur la plupart des visages, les amis deviennent féroces adversaires, prêt à tout pour décapiter l'autre. C'est alors que je remarque le regard puissant et sondeur de Seymour. Depuis quand me fixe t'il ainsi ? Que me veut-il ? Est-ce un jeu de sa part, est-ce lié au Ratchet ? Je pense que non... C'est un jeu de séduction, il est évident qu'il cherche à me séduire, créer un rapport de force, mais j'ai envie de m'amuser, laissons lui croire qu'il me déstabilise:

-Je me couche.

Conquérante, je me lève et me dirige vers l'avant du bateau. Qui croit-il donc que je suis ! pense-t-il me conquérir si aisément ? p'tit joueur, la vie est une grande partie de Ratchet, je viens de blinder.

Devant moi, s'étend majestueuse, la Grande Mer. Décidément, ça n'a pas changé, lorsque je regarde l'océan, cette infinité qui s'offre à mes yeux, ce bleu intense qui se fond à l'horizon avec le ciel, ces remous, cette houle qui rythme la traversée, cette continuité dans les choses, un mouvement répété sans fin, à l'infini, jusqu'à la fin des temps, j'ai toujours cette impression de vacance, de liberté, ce sentiment étrange, ce mélange de puissance et d'impuissance. Puissance d'être seul, de dominer l'espace, de dominer la mer, inatteignable, et en même temps, pour les mêmes raisons, impuissant, seul dans l'immensité de l'océan, frêle face aux éléments, lorsque tout les Etres sont à la même insigne, plus de rang, plus de classe, plus de belles ou de beaux, chacun la même angoisse, sur le même bateau.

Les jours ainsi passent. Je garde mon air conquérante, je me fais belle chaque matin, je prends soin de moi, rouge à mes lèvres, à mes joues, et ainsi déguisée je m'amuse à jouer à la désabusée pour rendre fou de rage Seymour, le séducteur sûr de lui. Ainsi, chaque jours, je prends mon livre - un vieux bouquin trouvé dans une armoire délabrée du bateau, il parle d'un Dragon nommé Eragon - je me mets à l'avant du navire, et tel une reine indifférente aux beaux parleurs, je m'assois, et lis, ou plutôt, fais semblant de lire.

J'observe alors discrètement autour de moi, et alors, à la limite de l'insolence, il ne me fait pas la cour, le voilà qui discute, je le vois, accoudé sur le bastinage, de profil, avec Barahir ! Il ne me regarde même pas ! Je fulmine et me renfrogne. Il ne m'aura jamais ! Même s'il me supplie !

Je commence alors à l'éviter, et en même temps, je veux qu'il se batte, qu'il me batte, qu'il parvienne à briser mes défenses pourtant pas si solides, qu'il me découvre telle que je suis vraiment, et telle que je n'ose intérieurement me l'avouer...

Je croise ses yeux à chaque repas, et tout de suite, je tourne la tête et improvise une discussion souvent inintéréssante avec mon voisin.
Les repas sont tous basés sur le même genre d'aliment: le poisson, les plats sont néanmoins variés, on a droit à des Calmars grillés, de la Perche fumée, du Saumon solécaille poché, du Pain de saumon, du Ragout de homard, et un excellent Steak de barracuda, spécialité d'Angelwing qui se révèle être un redoutable pécheur et un excellent cuisinier.

L'après-midi, alors que le reste du groupe le passe au Ratchet, moi, volontairement solitaire, me voulant énigmatique, désirable, objet de conquête, je le passe généralement à lire ou à regarder à l'horizon, pensive: Quel est la suite des éléments ? Va t on trouver les Draeneïs ? Comment arriverons-nous à les convaincre ? Où est Elenith ? Comment se trouve l'Alliance face à la Horde ? Comment va évoluer la situation avec Benedictus ? Comment Seymour va t il s'y prendre ? Car j'en suis sûre, malin comme il est, il y arrivera, le temps est son atout.

En effet, les heures, jours et semaines passent sans qu'il ne m'accorde le moindre intérêt. Il est définitivement patient, et trop sûre de lui, mais d'un autre coté, ça m'aurait étonnée qu'il craque. Ce n'est que le dernier jour qu'il se lance. Il est onze heures du soir, seule sur le pont, je suis penchée sur le bastinage du coté droit du navire, regardant le ciel bleu marine, vraiment très étoilé. C'est vraiment magnifique de contempler ces petits points blancs scintillant dans l'immense voûte céleste. Est-il possible qu'une telle profusion d'astres existe, inconnus jusqu'alors ? Le monde serait-il plus beau, plus riche qu'on l'imagine ? Et moi dans tout cela ? J'habite sur Azeroth, le fait est certain, petite planète, moins grosse qu'une poussière à l'échelle galactique... Choisie entre toutes, entre beaucoup disons, pour porter la vie. La vie... complexité, richesse, beauté... plus merveilleuse encore que les étoiles, trop simples dans leur composition et leur physique interne !

La voix lente et grave de Seymour interrompt alors mes pensées, il me surprend, je ne l'ai pas vu arriver, il dit:
-Le voyage tend vers sa fin - je me retourne vers lui. Tu ne crois pas que tu pourrais te livrer ? Je sais que tu le souhaite, je t'ai observée - j'ai peur de comprendre, s'est il joué de moi ? - je te revois, plongée dans ton livre, belle abandonnée. Rien qu'en te regardant, discret, je lis tout ce que tu veux cacher - j'y crois pas, il m'observait, il jouait. Sache qu'on ne ment qu'avec des mots, des phrases qu'on nous fait apprendre. Mieux vaut de beaucoup se fier aux apparences, aux codes des corps, au langage de nos inconsciences... Muette étrangère, silencieuse bavarde, presque familière, intime, plus je te regarde. A ta façon de tourner les pages, moi j'en apprends bien davantage. La moue de ta bouche est un langage, ton regard un témoignage. Tes doigts dans tes cheveux s'attardent, quel explicite message... Dans ton innocence absolue... Dans chacun de tes gestes un aveu, un secret dans chaque attitude. Tes moindres facettes, trahies bien mieux que par de longues études. Un pied se balance, une impatience, et c'est plus qu'un long discours... Là, dans l'innocence et l'oubli... Et ce léger sourire au coin des lèvres c'est d'une telle indécence. Il est temps de partir, tu te lèves, évidente, transparente. Ta façon de marcher dans mon rêve, ton parfum qui s'évanouit... Tout était dit... Tu es séduite. Toi et moi le savons, mais tu n'oses te l'avouer.

Quelle insolence ! Si j'avais reçue une claque en pleine figure, c'aurait été moins pire. Ainsi, insoupçonnable, du coin de l'oeil, il m'observait, il s'amusait... Quelle perspicacité... Enfin, il m'a brisée, je le sens, je savais qu'il allait réussir, oserai-je dire que je n'attendais que ça ? Mais, à vrai dire, j'en ai assez de ce petit jeu, il a assez duré, je veux redevenir moi-même.

Je suis face à lui. Je le regarde, droit dans les yeux. Je suis fatiguée. De se mains chaleureuses, il prend les miennes, et les rapprochent, les soulèvent au niveau de la poitrine. Son visage se rapproche du mien. Oh quel cliché ! C'est un romantique, il cache bien son jeu ! Il me susurre :

-Veux-tu ?

Je ferme les yeux. Quel moment magique... Je l'ai tant espéré ce moment... deux mois, peut-être plus, beaucoup plus... Depuis longtemps, depuis le moment sans doute, où, ce soir là, à Brill, j'ai crû perdre mes deux enfants... Oh je m'en souviens... Quelles années de souffrance j'ai vécu après... L'enfer de vivre alors que ses enfants sont morts, lorsque ces terribles questions vous harcèlent : pourquoi eux ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi n'y étais-je pas ? Moi qui m'étais jurée de les protéger, je n'ai pas tenu mon rôle, j'ai failli... J'aurai tant voulu à cet instant me réfugier dans les bras chaleureux d'un homme... Et me voilà, devant lui, cet homme qui en quelque jours a su raviver cette petite flamme en moi qui ne demander que ça... Une petite goutte apparaît dans mon oeil à mon insu, et tranquille, coule le long de ma joue.

Il me regarde, ses yeux percent les miens, me pénètrent véritablement, s'engouffrent en moi, me lit, m'observe et m'apprend. Il se rapproche... quand soudain, la voix du capitaine résonne :

-Terre !

Immédiatement, je mets un doigt devant la bouche pour faire comprendre à Seymour de ne rien dire à notre sujet.

A ce moment-là, tout le groupe monte sur le pont et viens nous rejoindre à l'avant du bateau afin de scruter la mer. Effectivement, on observe nettement la silhouette montagneuse de Sombrerivage. Angelwing nous demande alors de remettre nos tuniques sombres, nous nous exécutons.

Bientôt, voilà le port d'Auberdine. Le bateau accoste. Une Orcque semble nous attendre. Je la reconnais, c'est Hellena qui au même titre qu'Angelwing est conseillère de Thrall. Celle-ci a le visage sombre.

Angelwing descend du bateau et commence à discuter à voix basse avec l'Orque. Au vu de son visage effaré, il vient d'apprendre une nouvelle à laquelle il ne s'attendait pas...

A la fin de la discussion, l'Orque retourne au pas de course à Auberdine. Quant à Angelwing d'abord immobile pendant quelques secondes, pensif, il remonte d'un pas las et lent sur le bateau. Dés qu'il nous voit, il ferme les yeux péniblement, et dit :

-Les choses ont un peu changé... Un groupe de l'Alliance s'est infiltré en Kalimdor, ils ont capturé Tyrande et l'Archidruide, ils ont aussi volé une carte dévoilant l'existence de l'île des Draeneïs. Selon toutes probabilités, ils s'y sont aventurés. Nous devons les rattraper. La fuite de l'Archidruide remet tout en cause, cet élément risque de détruire notre fragile plan et plonger le monde dans la catastrophe... - puis, s'adressant au capitaine - Capitaine, en route, je vais vous montrer notre direction.

Elenith... Qu'as-tu fais ?
Une fois les amarres larguées, le bateau prend la direction de l'Ouest. Il est une heure du matin.

-Allons dormir, nous devrions arriver sur l'île des Draeneïs au petit matin.

Mais, j'ai besoin de réfléchir, aussi, discrètement, je m'éclipse et me dirige vers l'avant du navire, et me penche vers les eaux grises se Sombrerivage.

La mer est calme, le ciel est sombre, mais la lune est belle, un vent frais fait danser mes cheveux. Peu à peu, mes pensées se concentrent sur ce que vient d'annoncer Angelwing. Elenith... Où es-tu ? Es-tu impliqué dans cette histoire d'enlèvement ? Je ne sais pas si je dois l'espérer ou pas... Va t'on te trouver là-bas ? Et si on te trouve, dans quel état seras-tu ? Je ne sais que penser...

-Tu penses à Elenith, hein ? fait la voix de Seymour.

Je ne me retourne pas, il vient me rejoindre sur le bastinage.

Je prends la parole d'une voix fatiguée et pensive.

-Où peut t-il être en ce moment ?

-Il va bien, j'en suis sûre, répond-il en osant un bras autour de mon dos. J'ai le pressentiment qu'on le verra bien assez tôt. En attendant, viens te coucher, il est tard.

Ses bras s'avancent, bientôt, il est derrière moi. Je sens son souffle chaud sur la nuque. Il pose ses lèvre mes cheveux et me serre tout contre lui.

Nous restons là pendant quelques minutes, quelques minutes magiques qui évacuent d'un geste violent mes angoisses. Je me sens bien, reposée. Plus envie de bouger, de faire le moindre geste qui pourrait briser ces secondes d'éternités.

Mais la réalité est trop forte et me gifle froidement en plein visage. Les angoisses tortionnaires évacuées ré-affluent en mon esprit. Elenith, je te revois, je ne peux t'oublier, je ne veux t'oublier, ou es-tu ? Comment vas-tu ?... Ces angoisses froides combattent alors la chaleur physique de ce corps qui m'enlace, elles semblent prendre le dessus, oui, inexorablement, elles le prennent. C'est ainsi, c'est dans ma nature.

Je respire profondément :

-Effectivement, il est tard, allons dormir.

Je me libère de l'emprise de Seymour et me dirige d'un pas que je souhaite décidée vers l'intérieur du bateau. Je trouve mon lit, et après avoir fait ma toilette et m'être déshabillée, je m'y engouffre. J'entends alors Seymour faire de même dans le sien, et bientôt, le silence de la mer, berceuse qui ne tarde pas à m'endormir.

A l'aube, l'agitation me fait émerger de mon fameux rêve. J'entends alors la voix familière d'Asoka :

-Il est temps de vous lever, nous arrivons selon le capitaine dans une demi-heure.

J'ouvre les yeux, et accomplis mon rituel matinal : débarbouillage et habillage, quand soudain, un bruit sourd d'une importante détonation me fait sursauter. Un sifflement suit, et s'amplifie. Il semblerait que nous soyons la cible d'un bateau... Bientôt, un boulet s'abat sur le mat principal, celui-ci penche dangereusement et entraine les deux autres mats.

Je regarde alors à l'horizon, et là, devant un soleil chaleureux et bienfaisant, j'aperçois des montagnes rocheuses, ce doit être l'île des Draeneïs. Sur la crique d'une des plages mouille le responsable de l'attaque, c'est un énorme bateau, sans mat mais munis d'une grande roue. Bien que je n'aie jamais vu quelque chose de semblable, je sais ce que c'est : un bateau à vapeur.

-J'ai déjà vu ce navire, il appartient à la confrérie Defias, je ne pensais pas les voir ici...murmure Asoka.

La confrérie Defias... j'en ai entendu parler...c'est une organisation terroriste: formée par les Maçons de Stormwind - qui ont reconstruit la capitale du royaume après les deux première guerres - ils ont été escroqués par les nobles de la ville, le but de la Confrérie Défias est de renverser le gouvernement de Stormwind et de se venger de sa noblesse. Mais que font-ils ici ?

-Tous sur le pont ! Sortez la poudre et les canons et défendez le navire ! siffle le capitaine gobelin.

Canons sortis, poudre prête, nous sommes parés pour la bataille navale. Nous assistons alors à une déferlante de boulets. Le bateau s'endommage à grande vitesse. Des trous béants s'accumulent sur la coque. Certain d'entre nous sommes chargés de limiter la casse, de réparer ce qui est réparable.

Bientôt, les boulets viennent à manquer, ils sont alors remplacés par tout ce qui peut être lancés, ainsi, ce sont toutes sortes choses qui s'expulsent des canons, des fourchettes aux tasses de café en passant par une paire de lunette et - à mon insu - au livre Eragon que j'avais lu durant le voyage.

Malgré tout nos efforts, les trous dans la coque s'accumulent et les dégâts s'amplifient. Il n'y a plus d'espoir...

-Défendez le navire ! Faites ce que vous pouvez, c'est notre honneur qui est en jeu, l'honneur des gobelins ! annonce le capitaine avant d'abandonner le navire en sautant par dessus bord.

-Nous ne pouvons tenir, par Bronzebeard ! Il nous faut abandonner le navire, crie Barahir pour couvrir le bruit des canons sifflants partout autour de nous. Tous à la mer !

C'est la seule solution... Quand faut y aller... Je m'avance prés du bastinage, l'enjambe et saute dans l'eau froide et salée de l'océan suivie de tous les autres membres du groupe.

Et nous voilà à barboter dans la Grande Mer, devant nous notre bateau, détruit de partout, se penchant dangereusement vers l'avant avant de sombrer dans les abîmes océaniques.

-Nageons vers la rive, crie Angelwing.

Nous nous mettons alors à nager vers la plage, se faisant, nous nous rapprochons du bateau pirate des Defias.

Nous sommes presqu'arrivé sur la plage, en essayant de contourner le bateau à vapeur. Mais celui-ci nous a suivis. Il se rapproche ostensiblement de nous. Bientôt, il est à quelques mètres. C'est alors que j'aperçois, horrifiée, dans les profondeurs, la silhouette fantomatique d'un filet, celui-ci se rapproche. On va être péché comme de vulgaires poissons !

Il arrive à notre niveau et nous soulève hors de l'eau, nous nous retrouvons serrés les uns contre les autres, il nous enferme et nous monte à hauteur du pont.

Là, une dizaine de personnes nous regardent, visages pleinement satisfaits : ils ont fait une bonne prise. Le plus grand d'entre eux semble être le chef, il porte un ensemble violet et or, deux lames aiguisées à la ceinture. Un autre, visiblement gradé, Tauren est habillé de noir.

-Edward VanCleef et M.Smite, les deux Défias les plus recherchés... murmure Asoka.
Mais que vont-ils faire de nous, ces pirates ? Ils sont beaucoup trop nombreux pour qu'on puisse monter une évasion... Nous sommes inutiles pour eux ! Je ne pense pas qu'ils voudront s'encombrer avec nous... Ils vont surement nous jeter à la mer après nous avoir dépouillés de nos biens... Avec moi ce sera rapide... On peut dire que je voyage léger...

Les yeux qui brillent, large sourire mauvais, VanCleef demande :

-Alors M.Smite, qu'avons nous péché cette fois-ci ?

-Alors, alors, alors, répond le Tauren en feuilletant une sorte de vieux calepin rapiécé, non..., non toujours pas..., ah voilà, j'ai trouvé : la grande Archevêque de Stormwind, Benedictus, bonne proie, elle peut nous valoir plusieurs pièces d'or, il y en a qui paieraient cher pour l'avoir, je suis sure qu'à Gadgetzan, on pourra trouver preneur...

-Mmmh... Benedictus... mmmh... ok, qui d'autre ?

-Nous avons également, vous allez aimer, vous allez, voir, mais là c'est plus trop l'Alliance, c'est la Horde, il s'agit ni plus ni moins du Conseiller Principal de Thrall lui-même ! Il en a envoyé en prison, lui, des bons pirates fiers et bien-vivants ! Il vaut son pesant d'or, j'en connais qui paierais cher pour l'avoir !

-Ah oui ? fait VanCleef d'un air distrait, et les autres ?

-Les autres n'apparaissent pas dans mon calepin, ce doit être des gardes du corps, des minables quoi...

-Ok, on garde ces deux là, les autres, on discutera de leurs sorts plus tard. Ouvrez le filet qu'on puisse mieux voir la marchandise.

-Lâchez la poiscaille ! crie Smite.

Quelques instants plus tard, soudainement, les fils du filet tendus par notre pesanteur se relâchent et nous tombons tous, ruisselants d'eau, les uns sur les autres d'un coup sec.

Nous nous relevons péniblement, je tiens à tout instant un air hautain et impérial devant VanCleef qui semble prendre très peu cas de moi, en effet, il fixe depuis le début avec un regard amusée Benedictus. Elle par contre semble très nerveuse... Ils se connaissent ? C'est possible, à l'époque de la création de Stormwind, avant d'être mutée à Lordaeron, elle en a été l'Archevêque, il était lui aussi à Stormwind, il a battit cette ville.

Visage animé d'un rictus amusé, yeux rieurs, VanCleef prend la parole :

-Mais qui voilà bien loin de sa précieuse cathédrale ? Que fait une reine hors de son royaume ? Vous n'êtes plus dans les bras de votre cher aimé, Vous êtes venu trouver le vilain VanCleef, avec les méchants vilains petits Defias ? Que faites-vous ici ?

En guide de réponse, Benedictus lui lance un regard froid et dédaigneux, des yeux glacials.

VanCleef, visiblement ravi de son discours, continue :

-Peu m'importe ce que vous faites ici en vérité, mon bateau a amarré ici après un fort orage il y a quelques jours de cela, quel hasard de vous voir ici... Le peuple qui vit ici intéresse peut-être l'Alliance, j'ai cru comprendre qu'il ne reste à celle-ci que ses capitales du Royaume de l'Est... Son sort semble scellé, vous ne pourrez accomplir votre mission aussi digne soit-elle, vous serez vendu ou jeté à la mer !

Quelques secondes plus tard, ravi du silence de mort qu'il a installé, VanCleef continue :

-A moins que... Et oui, je vous laisse une chance, une petite chance que vous pouvez saisir sans difficultés, à la portée de tous, du plus jeune ou faible au plus fort ou âgé, oui, vous aurez cette chance, mais par fierté, oui par pure et si minable fierté, vous allez la refuser : « plutôt mourir » sera votre réponse, je le sais... mais, je suis bon et miséricordieux, je vous laisse cette chance, je ne suis pas aussi méchant que veulent bien le faire croire les nobles riches et corrompus de Stormwind... Oui, je vous l'accorde, je vous demande juste en échange, oui, c'est puéril... Benedictus, embrassez-moi fougueusement, et vous serez tous libre ! C'est honnête ! Alors ?

-Vous connaissez visiblement ma réponse, Defias ! répond fièrement Benedictus.

Sur le visage du chef pirate, un sourire nostalgique prend la place du rictus malicieux, il continue :

-Toujours aussi forte et à cheval sur son honneur hein ? Je garderai donc le souvenir de toi que j'ai toujours eu... celui que j'ai eu depuis ce moment-là à Stormwind, lorsque moi, fondateur de la ville, suis devenue truand, forcé de l'être, accusé à tort par les nobles, et par leur chef, ce fameux Windsor... Mais choses que vous ne savez pas, vous les amis de cette fière Grande Prêtresse de la Grande Stormwind pleine de gloire, c'est que c'est elle qui m'a trahi ! Dés lors, elle était au bras de ce maréchal ! Parait qu'il est en prison d'ailleurs, ben qu'il y reste ! C'est sa place ! Toi Benedictus, je t'aimais tant... Dés la première occasion, tu m'as tout pris, mon honneur, mon argent, ... mon coeur...Mais toutes les bonnes choses ont une fin ! Tu seras jugé et pendu, toi ! Oui ! Parfaitement ! Jugée ! Tu te crois où, nous ne sommes pas chez les Trolls ! - à l'intention d'Angelwing - Sans vouloir vous offenser bien évidement...

-Pas de problème, répondit le chef Troll, amusé.

Je sens Benedictus bouillir intérieurement

-Donc, repris VanCleef, vous serez jugé selon les règles du pays où vous vous trouvez, or, dois-je vous le rappeler ? Vous êtes sur un vaisseau que vous considérer comme pirate, avec raison sans doute... Donc vous serez jugé selon le Code des Pirates institué par le Capitaine Barbe-Noir, revu et corrigé par le Capitaine du fameux Black Pearl : Jack Sparrow - il déplie une sorte de vieux parchemin usé qu'il parcoure du doigt - mmmh... ah voilà ! Nous y sommes : « l'accusé est jugé selon les désirs immenses, infinies et sensorielles du grand capitaine du majestueux navire sur lequel ledit accusé se trouve »... Autrement dit, je suis juge en mes eaux ! Vous serez donc, après délibération du jury, pendu en bonne et due forme, et tant pis pour votre pesant d'or ! - à l'intention du Tauren - M.Smite, veuillez conduire l'Archevêque sur le pont à potence...

Soudain, la vois Benedictus, puissante et destructrice de fait entendre :

-Jamais !

Un halo de lumière l'enveloppe alors, elle va attaquer.

Rictus aux lèvres, VanCleef répond :

-Une Prêtresse contre un Voleur...quel combat ridicule, vous n'avez aucune chance !

D'un coup il disparaît. C'est le déclencheur de la bataille, bataille improvisée, chacun sait ce qu'il a affaire, les Mages crachent le feu, la glace et la magie des arcanes, la Chasseuse et le Guerrier reprennent avec joies leurs décompte, les deux Voleurs font danser leurs dagues, je soigne et Benedictus se bat contre VanCleef. Elle bénéficie d'un terrain délimité car VanCleef souhaite un combat loyal, donc un duel. Elle déferle la lumière, l'éblouis de tel sorte que son ombre se dévoile, il ne peut se cacher, alors il attaque, violement, mais elle tient le coup, tente de l'éblouir de son aura lumineuse. Son combat est beaucoup plus épique que le notre, les autres Defias sont beaucoup moins coriaces que leurs chefs, mais ils sont énormément, je doute que nous puissions en arriver à bout.

L'alerte semble avoir été donne car bientôt affluent de nombreux autres Defias, tous des Voleurs aux vêtements noirs armés de dagues parfois scintillantes et souvent ébréchées. Nous sommes vite dépassées car il en arrive en masses ! Des dizaines ! Concentrons-nous, mais j'avoue quand même être pessimiste quant à l'issue du combat. Benedictus combat également avec hargne, mais VanCleef résiste.

Celui-ci dure d'ailleurs depuis plus de dix minutes, je suis bientôt à ma limite, mon flux énergétique me parvient lentement, il faut que je laisse mon énergie de soin se régénérer. Je fais donc signe au groupe qu'il devra se protéger seul, en utilisant peut-être des bandages.

Je m'assieds, les membres des groupes se rapprochent autour de moi tout en combattant l'ennemi. Bientôt nous sommes acculés. On ne peut plus rien faire, nous sommes dans un moment critique.

C'est à cet instant que, venant des entrailles du navire, un cri d'effroi résonne. Une dizaine de Defias sorte d'un escalier menant au pont où nous nous trouvons, deux lumières vertes jaillissent de l'escalier, et tous meurt, de cet escalier, deux grosses ours bruns - je n'ose y croire - dont un est Elvior, sortent au galop suivis de Elenith qui ne tarde pas à se transformer en une ombre furtive et menaçante, une jeune Prêtresse aux cheveux de blés ressemblant à Nefret, Radasse la guerrière aux hanches épaisse, Lockshock armé de shurikens. Le défilé n'est pas terminé, suivent trois tréans - c'est la première fois que j'en vois - ces espèces d'arbres vivants que seuls les puissants Druides peuvent créer, et, - c'est incroyable, et pourtant logique - l'Archidruide et la Grande Prêtresse de Darnassus. Autant dire, que devant eux, les Defias ne font vraiment pas le poids...

Effectivement en moins d'une minute, VanCleef et le reste de ses acolytes sont morts.

-Victoire, crie alors Angelwing mais à peine finit-il sa phrase que devenue subitement blême malgré sa couleur naturelle bleue turquoise, il s'affale de face sur le pont.

Mon sang ne fait qu'un tour : il est encore vivant, je vais le soigner.

-Ne faites rien, siffle alors la voix glaciale et lancinante de Benedictus, ce Troll n'as plus rien à nous apprendre, et il nous trahira à la première occasion pour reprendre ses otages, je vous aurai prévenu !

La fixant d'un air assassin, je m'agenouille auprès d'Angelwing pour le soigner.

-Vous l'aurez voulu, dit calmement Benedictus, vous subirez le même sort que les traîtres !

Soudain, je n'ai plus contrôle de mon corps, elle me contrôle mentalement, je ne peux rien faire !

Elle me met en position de rituel, je vais moi-même tuer Angelwing !
Je m'apprête à jeter malgré moi un sort mortel ! Je vais tuer mon ami ! C'est là, alors que l'inéluctabilité semble à son apogée que, à une vitesse ahurissante, deux ombres furtives volent vers Benedictus. L'instant d'après, la voilà le cou menacé par deux dagues tenues à sa gauche et à sa droite par Seymour et Elenith.

-Arrêtez instamment cette mascarade, articule lentement et calmement Elenith, sombrement, ou je ne donne pas cher de votre vie.

-Je vous conseille de l'écouter... continue Seymour dans la même lancée.

Benedictus à travers des yeux étincelants de rage les regardent un à un, ferme ses paupières, respire profondément et bruyamment, et d'un air las relâche son étreinte.

Nefret - car, c'est bien d'elle qu'il s'agit, la vingtaine, élancée et mince - s'occupe d'Angelwing, je ne le tue pas, Elenith et là, il vient de me sauver la vie, tout va bien ! Plus de problèmes ! C'est le rêve qui vient de se réaliser ! Elenith cour vers moi, je l'enlace... Quel plaisir de revoir ses amis ! Radasse, Elvior... Les otages sont là ! Que demander de mieux ?

Il reste néanmoins des détails à régler :

-Que fait-on d'elle ? Demande Seymour en désignant Benedictus.

-Par Bronzebeard, s'écrie le Nain, je n'aime me mêler de se qui ne me regarde pas, mais elle mérite la mort ! Elle a voulu tuer le Troll pour rien ! C'est une meurtrière !

Benedictus regarde tout le monde tour à tour, les yeux fulminant, le teint volcanique de colère.

-Non, dis-je, la tuer serait bas, inutile, cela nous apporterai des ennuis ne serait-ce que diplomatique, enfermons-là dans le bateau, on la libérera la mission fini.

-On s'en occupe, affirment en coeur les trois Gnomes Rese, Kaelo et Weanwean en sortant, de leurs poches, - insoupçonnable ! - d'épaisses bobines de fils.

Ils s'approchent de la Grande Prêtresse et la ficellent. Calmement, les yeux fermés, elle se laisse faire, elle n'a pas d'autres possibilités, elle n'a pas les moyens de résister. Bâillonnée, elle est emmenée, déposée et enfermée à l'intérieur du vaisseau Defias.

-Nous fermerons les yeux, annonce Tyrande, ce sont vos affaires, nous ne nous en mêlons pas.

Faiblement, Angelwing se relève :

-Je vais vous laisser là, ma mission est finie, juste une dernière petite chose, et je m'adresse à l'Archidruide de Darnassus, je suppose que vous ne voulez pas être enfermé ou gardé par la Horde, pourtant, votre présence menace l'équilibre d'Azeroth. Aussi, je vous propose de sceller ici et maintenant un pacte. Vous allez me jurer de ne plus permettre, sauf cas exceptionnel accepté par la Horde, la transformation Réprouvé/Humain, ni même d'en parler. Je prendrai en compte que vous n'avez qu'une parole, j'ai beaucoup d'estime pour vous. Votre dernière intervention a déclenché la guerre, je vous demanderai donc de bien réfléchir à votre réponse.

-Je sais parfaitement ce que j'ai fait, répond l'Archidruide, et ne justifierai en aucun cas mes actes. Et bien que j'aie apprécié mon traitement à Orgrimmar, je n'apprécie guère vos méthodes. Mais j'accepte vos conditions, car elles sont fondées. Je vais « oublier » la préparation de la transformation.

-Très bien, reprend Angelwing, ce petit détail réglé, je n'ai donc plus rien à faire ici, à vous de convaincre les Draeneïs, nous serons sans doute amené à nous revoir, je vous dis donc « à bientôt ».

Tout le groupe lui fait un signe d'adieu de la main. Lui, invoque un portail de téléportation vers Orgrimmar, et s'y engouffre, le portail disparaît alors : Angelwing est parti.

-Bon, il serait temps d'accomplir notre mission à présent, rappelle Asoka.

-Et quelle est elle ? demande Elvior, excusez-nous si nous avons l'air de débarquer, mais je dois vous avouer ma surprise de vous trouver ici, mais avant toutes choses présentons-nous, je suis Elvior, voici Oseus - l'autre druide -, Radasse, Elenith, Lockshock et Nefret.

-Nous sommes venus avec pour mission d'allier les Draeneïs a l'Alliance, explique Asoka, car ....

Elle explique brièvement les évènements des derniers mois : Ménéthil, Ironforge, les Elfes de Sang, Angelwing, Benedictus et les Defias.

-Et vous ? Que faites-vous ici ? demande à son tour Asoka.

-Nous avions pour mission de délivrer les deux important Elfes de Nuits de Darnassus, répond Lockshock, cette mission s'est révélé être une longue traque qui nous a pris pas mal de temps, elle s'est finalement soldé par un franc succès, car nous avons pris par la même occasion une carte dévoilant l'existence des Draeneïs. Ce peuple vient de débarquer en Azeroth, et détestent la Horde, donc pourquoi ne pas les rallier à l'Alliance ? Nous allions donc dans ce but dans cette île, mais, il y a deux jours, le vaisseau Defias a amarré sur la crique alors que nous étions partis en reconnaissance, et ils nous ont volé la carte. Or, sans ce parchemin, nous sommes perdus, nous ne savons pas où nous sommes, s'il nous indique comment trouver l'île, il nous indique également comment retrouver le continent. Nous allions donc pour reprendre la carte, lorsque nous vous aperçus. D'ailleurs cette carte est surement dans la veste du chef des Defias.

Quel hasard, nous avons donc la mission.

Il se dirige vers le corps de VanCleef, le fouille et en sort, victorieux, un parchemin :

-Nous y voilà ! s'exclame la sentinelle en brandissant la carte.

-Mais comment allons-nous convaincre les Draeneïs ? demande timidement la jeune Nefret.

-Tyrande et moi allons nous en charger, rassure Staghelm, l'Archidruide. Ne vous en faites pas, nous saurons nous y prendre, j'en connais beaucoup sur ce peuple.

Je prends alors la parole :

-Nous pouvons partir, nous n'avons pas beaucoup de temps, nous devons secourir l'Alliance, la mission touche à sa fin.

Nous commençons à sortir du navire amarré.

-Vous avez repéré leur base ? demande Barahir.

-Oui, répond le dénommé Oseus, nous l'avons aperçus, au sud-ouest d'ici. Le voyage n'est pas difficile et peut être parcouru à dos de tigres en moins d'une heure.

Nous sommes sur la terre ferme.

Nous montons chacun sur nos montures raciales respectives, ma jument hennit, toute heureuse qu'elle est de retrouver le plancher des kodos.
Et nous pénétrons dans l'épaisse forêt. Ce qui surprend dès l'abord, c'est le chant des insectes : cigales, sauterelles, grillons semblent s'en donné à coeur joie. Tous ces bruissements évoquent une belle journée d'été, le sol est recouvert d'herbes folles, mélangés de fleurs sauvages. Un tapis végétal invite au rêve et la balade, ici et là, un sapin étire ses vertes ramures. Egarés parmi les conifères, on trouve de grands cristaux dont les tons varient du rose au mauve, les couleurs qui dominent cette région sont le vert profond des sapins et de l'herbe, le mauve des fleurs et des cristaux et le gris perle du ciel.

Bientôt, ce qui semble être la capitale nous apparaît, majestueuse. On en aperçoit les portes et les deux premiers gardes armés de longs bâtons.
Quels être étranges que ces Draeneïs, êtres aux pieds d'équidés, leurs peaux s'harmonisent avec leur environnement reprenant les tons de la nature qui les entourent. Ils ont des allures de combattants : d'une carrure imposante, d'eux émane une grande puissance, mais la sérénité de leurs visages et la douceur de leurs traits font d'eux un peuple à l'apparence calme.

Dés qu'ils nous voient, l'un murmure à l'autre quelque chose avant de courir à l'intérieur de la cité. Quelques instants plus tard, il ressort accompagné de trois autres personnes, dont deux gardes et une autre personne d'une stature plus importante et munis d'une épaisse armure dorée.

Il nous regarde longuement, nous analyse avant de nous faire signe d'approcher.

L'Archidruide nous fais signe de rester là où nous sommes et de l'attendre, il s'en va à la rencontre du Draeneï. Et, à notre grande surprise, il entame une conversation avec lui en nous montrant du doigt par moment. La discussion est plutôt calme, et quelques minutes plus tard, Staghelm nous fait signe de venir.

Nous nous approchons, et il nous annonce :

-Je viens de parler avec le capitaine des armées des Draeneïs, ils connaissent notre langue. Je lui ai expliqué notre but, il va nous conduire chez le chef de L'Exodar, c'est le nom de cette cité, leur capitale.
Nous entrons dans la cité. Il est une heure de l'après-midi.

Les constructions que l'on rencontre sont en harmonie avec ce tranquille environnement. Faites de roches grises, elles ménagent de grandes ouvertures où les Draeneïs ont installé de grands vitraux aux formes douces et aux couleurs de leurs cristaux dont les vitraux sont probablement composés.

Nous marchons ainsi pendant une dizaine de minutes, les habitants de la ville nous regardent avec un mélange de curiosité et de crainte, ils restent loin de nous.

Notre guide nous mène vers une grande habitation, parle aux deux gardes à l'entrée puis pénètre dans la demeure.
L'intérieur est d'une grande sobriété, on n'y trouve pratiquement aucun mobilier, seuls quelques tapis parsèment ici et là le sol.
Devant nous se tient un Draeneï au visage doux, mais trahissant un certain âge, plus imposant que les autres. Droit, stature forte, sans faille, yeux pénétrants et pétillant de sagesse, un vrai roi dans son royaume, on a l'impression de voir en lui un « Sage parmi les êtres ».

Lorsqu'il nous voit, il plisse les yeux quelques instants.

-Bonjour Léralondë, qui sont ces étrangers ? Que veulent-ils ?

Notre guide - visiblement nommé Léralondë -, après s'être agenouillé, s'empresse de lui fournir des explications sur notre nature et notre présence :

-Ce sont des étrangers venus réclamer notre aide. Il souhaite nous voir rallier un groupe de peuple qui s'oppose à un autre groupe qui contient les Orcs.

-Mmmh, ok, répond le chef Draeneï, en quoi sommes-nous concernés ?... - puis en s'adressant à nous - Bonjour mesdames et messieurs, je suis le chef des Draeneïs, mon nom est Velen*. Vous devez être pressés, je le suis également, venons-en au fait. Vous êtes là pour solliciter notre aide, et ce que vous m'apportez, c'est une guerre ? Mon peuple a souffert, et je ne désire pas le faire souffrir d'avantage. Avez-vous les moyens de me convaincre de vous aider ?

Tyrande se lève et avance d'un pas :

-Je suis Tyrande Whisperwind, Grande Prêtresse de Darnassus, capitale des Elfes de la Nuit, mon peuple est membre de l'Alliance avec les Gnomes, les Humain et les Nains. Nous sommes en guerre contre la Horde dont font partis vos pires ennemis, les Orcs. Si vous ne nous aidez-pas, l'Alliance va périr, nous sommes en minorité, nous mort, le rempart qui vous protège sera brisé, et votre peuple nous suivra dans les abimes. Je crains que vous n'ayez guère le choix...

-Me forcez-vous la main ? demande Velen en esquissant un rictus bienveillant, j'ai entendu dire que la malédiction posée sur les Orcs avait été rompue... Bien que je ne m'allierai jamais avec ceux qui ont décimé mon peuple, je ne pense pas que la dignité de Thrall se rabaisse à décimer le peuple amicale et neutre que nous sommes... Et oui... l'honneur de Thrall est réputé, nous nous tenons quand même au courant des dernières nouvelles, ce n'est pas comme si nous venions de débarquer ! Savez-vous qui nous sommes ? Vos guerres ne nous intéressent pas... Laissez mon peuple en paix.

Lent et posé, Staghelm se lève à son tour, et tel un grand maître, il prend la parole:

-Je suis Fandral Staghelm, l'Archidruide de darnassus. Ne nous méprenez pas, nous savons parfaitement qui vous êtes. Laissez-moi vous dressez brièvement votre histoire. Fuyant la Légion, vous avez fini par arriver sur un monde paisible et isolé, que vous avez baptisé Draenor. Par la suite, vous avez sympathisé avec les clans Orcs indigènes de la planète. Pendant des années, vous avez vécu en paix avec vos voisins chamanistes, jusqu'à ce que Kil'jaeden découvre votre cachette, corrompe les Orcs et les lâche sur vous. Il s'en est suivi une guerre au cours de laquelle les Orcs ont bien failli vous anéantir. Tout récemment, les survivants ont fui l'Outreterre, et un petit groupe de ces réfugiés s'est posé en Azeroth. Vous voilà...

-Très juste, admit le chef Draeneï, mais où voulez-vous en, venir ?

-Laissez-moi vous répondre repris l'Archidruide plein de malice, au cours de vos voyages, vous avez visité de nombreux mondes et ont exploré une bonne partie du cosmos connu dans votre quête d'un refuge. Au cours de votre exode, vous avez sympathisé avec les énigmatiques Naarus. Ces êtres ont une profonde affinité avec la Lumière sacrée de la création, qui confère leurs pouvoirs aux paladins d'Azeroth. Les Naarus vous ont béni et vous ont conféré une part de leur puissance pour les aider dans leur lutte. C'est pour cela, que quoi vous en dites, vous êtes les alliés naturels de l'Alliance. Par ailleurs, vous avez un compte à régler avec certaines races de la Horde. Vous haïssez les Orcs, qui vous ont pratiquement exterminés de l'Outreterre. Et, plus récemment, les elfes de sang vous ont volé de la technologie et ont saboté votre vaisseau dimensionnel, qui s'est écrasé en Azeroth. Ne me dites-pas que vous ignoriez que les Elfes de Sang faisaient parti de la Horde, si ?
Velen reste quelques instants le regard dans le vide, il semble réfléchir, enfin, il répond :

-Ok, vous semblez être un parfait historien, mais vous ne m'avez pas répondu, quel intérêt ai-je à entrer dans l'Alliance ? Pour me battre contre les Elfes de Sang et les Orcs ? Quel intérêt sinon faire souffrir mon peuple ? La Horde ne nous attaquera pas, elle n'a aucune raison de le faire, nous sommes neutre. Trouvez autre chose, ou partez !

Staghelm reste étonnement calme et souriant, la confiance et la sérénité règnent sur son visage âgé. Que va-t-il trouver pour convaincre le chef Draeneï ?

-Je me doutais bien, dit-il, que ce ne serait pas aussi facile, laissez moi alors vous présenter mon dernier argument. L'ultime argument qui vous fera sans aucun doute changer d'avis. La Horde, si elle en a finit avec l'Alliance, ne vous fera peut-être rien. Mais, expliquez-moi, comment, dans un tel scénario, la Horde pourra seul faire face au Fléau Mort-Vivant... Au cas où vous l'ignoriez, il est aussi présent dans ce monde, très présent... Il a déjà commencée, il y a un an environ, une offensive en envoyant la Nécropole de Naxxramas ; pour l'instant, celle-ci plane plus ou moins amicalement au-dessus des Maleterres, mais elle ne tardera pas à attaquer. Il nous faut être puissant pour nous mesurer au Fléau. La Horde et l'Alliance pourraient ensemble éventuellement égaler sa puissance et le vaincre, mais là, avec les guerres intestines que nous connaissons actuellement, il est utopique de voir un jour Azeroth triompher du Fléau. Inutile de vous dire que si la Horde et l'Alliance périssent, les Draeneïs suivront. Il est donc vital pour vous comme pour nous que vous acceptiez notre proposition et que vous rejoigniez les rangs de l'Alliance. Quel est votre verdict ?

Le Draeneï semble réfléchir quelques instants, puis, lentement, de manière mesurée, prend la parole :

-Effectivement, votre argument m'a touché. En tant que chef, je me dois défendre, protéger et garder en vie mon peuple. Votre argument montre nos faiblesses. Néanmoins, il faut que je réfléchisse, je vous ferai part de ma décision dans l'après-midi, en attendant, Léralondë vous montrera quelques parties de notre cité. Léralondë, montre-leurs l'Exodar.

Le Draeneï nommé nous fait signe de sortir, et une fois en dehors de la tente :

-Suivez-moi, je vais vous montrer la cité.

Nous lui emboitons le pas.

Il est primordial que Velen accepte, l'Alliance a besoin de cette aide. Mais je pense que le chef acceptera. Notre mission semble toucher à sa fin.
Comparable à Stormwind ou à Ironforge, la capitale est immense. Ces cristaux semblent décidément partout... A croire que les Draeneïs en tirent leurs puissances.

Il fait bon, nous sommes bien, tranquilles, pas d'angoisse, l'avenir s'annonce radieux, la paix est proche. Le plus dur reste quand même à faire... La paix, donc la guerre... Il faudra sauver l'Alliance puis conclure un pacte avec la Horde.

Pour l'instant, je n'ai pas de tels soucis, Elenith est avec moi. Il m'a tellement manqué... Je le regarde de temps à autre, il semble radieux, il rit avec les autres, il s'entend à merveille avec Barahir et Asoka ; pourtant il vient de les connaître, il devenu sociable, lui qui vivait en ermite à Brill lorsque je l'ai revu lors de la mission des Nains Stormpikes, il a évolué, il a grandi. Durant mon absence, ou plutôt sa mission, a-t-il trouvé ce qu'il cherchait ? Est-il devenu un Humain à part entière ? A t-il enfin apprit à aimer ? Je me souviens qu'il y avait une Yucie dans son coeur, où est-elle ? L'a t'elle délaisser ? Que s'est-il passer ?

Autant de question qui ne tarderont pas, j'en suis sûre à trouver réponse, tout se sait avec le temps...

Alors que nous flânons sur une des places de la cité, un garde vient à notre rencontre, il est quatre heures de l'après-midi :

-Le chef vous attend.
Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons face au grand chef.

Debout, au fond de la salle aux murs incrustés de cristaux, la mine grave, Velen se tient, les mains derrière son dos.

-Vous voilà. Je vous attendais. J'espère que ma cité vous a plut. Léralondë a du vous montrer toutes les merveilles de l'Exodar... Mais, sans plus attendre, venons-en au fait. Votre requête et vos arguments m'ont quelques peu déboussolé. C'est tout à votre honneur, vous pouvez vous sentir flatté. Mais le fait est que vous m'avez mis au pied du mur dans une position inconfortable. J'ai bien réfléchi à votre problème et aux conséquences que cela implique pour moi et pour mon peuple, j'espère avoir fait le bon choix en décidant de vous aider. J'accepte votre requête. Mon peuple fait à présent parti de l'Alliance. Nous allons donc vous aider. Nous avons peu de temps, nous devons faire au plus vite, aussi, nous partirons demain au lever du soleil. Cent milles guerriers Draeneïs seront à nos cotés sur six navires dont le votre.

S'adressant à présent à Léralondë, Velen continue :

-Léralondë, donne à nos amis de quoi manger et dormir et reviens me voir. - Puis s'adressant au groupe et en s'inclinant : - Mesdames et messieurs, je vous souhaite une bonne nuit dans la cité et vous dit à demain.

Nous nous retirons après nous être incliné à notre tour.

Il a accepté ! Ce n'était finalement pas si difficile... La mission est enfin terminée !

Notre guide devenu silencieux et pensif nous montre nos couches et nous fais amener de la nourriture puis s'en retourne voir son chef, sûrement pour préparer le départ des troupes. Notre logis est assez rudimentaire, quelques lits de bois, très peu de meubles, un mince éclairage nous parvient des cristaux locaux incrustés ici et là.

J'essaie de ne pas trop regarder Seymour. Non pas que je veuille l'éviter, loin de là, je ne veux pas que notre secret soit découvert, je veux éviter tout commentaires, toutes éventuelles railleries amicales ou pas à notre égard. Lorsque parfois, mes yeux croisent les siens, et que je sonde son regard, je m'aperçois qu'il fait de même, et je souris intérieurement : nos pensées concordent, voilà un bon point pour l'avenir. Je porte alors mon esprit sur Elenith, et l'observe. Il n'a pas l'air de s'ennuyer, il ne fait que parler, assez bruyamment d'ailleurs, avec Elvior et Lockshock, ils sont bientôt rejoint par Radasse, Barahir et Asoka. Nefret les observe de loin, un vague sourire aux lèvres, elle ne se rend sûrement pas compte qu'elle est observé. Car, selon mes souvenirs, sources souvent sures, elle a toujours été coquette et désireuse de garder une apparence digne et respectable. Elle ne sourirait pas ainsi, avec cet air vague et rêveur... Elle observe le groupe, elle a donc éventuellement choisi une proie, une âme à prendre... Est-elle trop timide pour l'attaquer ?

Pour ma part j'observe et ne dis rien.

Quelques minutes plus tard, trois Draeneïs - très peu bavard d'ailleurs - nous apportent le repas, il s'agit de viandes, quel viande ? je serais bien incapable de le dire, je n'ai goûté quelque chose de semblable, c'est en même temps épicée et doux, cuite presque à point, légèrement saignante, mais appétissante.

Le repas et l'inexorable partie de Ratchet qui vient après terminés, nous allons nous coucher.

Lorsque les Draeneïs nous réveillent le lendemain matin, quelques heures avant l'aube, je me rends compte que mon rêve n'apparaît plus, les bonnes habitudes sont revenus : je ne me souviens de rien, le noir complet. Bon.

Une fois ma toilette fait, mes habits enfilés, je sors, il fait un peu froid, il est six heures du matin. Les rues de l'Exodar sont pleines, cependant, un calme plane, le calme du départ. Dans les rues défilent des groupes de soldats dans toutes les directions, quelques faibles cris de bébés se fon entendre.

Quelques instants plus tard, je suis rejoint par le reste de la troupe. Léralondë et Velen viennent à notre rencontre, le chef prend la parole.

-Bonjour, avez-vous passez une bonne nuit ?

Ce n'est qu'au bout de quelques secondes que Barahir se décide :

-C'était très bien, la viande était bonne, les couches étaient acceptable... enfin... acceptable... on voit que vous ne connaissez pas Ironforge...

Asoka lui donne une petite tape sur la nuque :

-Ne l'écoutez pas, lui et son Ironforge...

Barahir, air mauvais, la regarde en caressant sa hache d'une main et en se massant la nuque de son autre main. Velen, amusé répond :

-Laissez, je sens que je vais bien m'amuser avec ces petits êtres que vous appelez Nains.

-Petit ? répond Barahir, mais comment osez-vous ? dans ma famille, je suis un des plus grands, et puis nous sommes plus grand que les Gnomes quand mêmes !

-Eh ! s'écrie Rese en sautant littéralement ! On existe, on n'est pas transparent !

Pris d'un petit rire amical, Velen reprend :

-Que vous êtes sympathiques ! Allons, il est temps de partir, Léralondë et moi voyageront avec vous sur votre navire, milles Draeneïs seront avec nous, le reste des guerriers sera dans les autres vaisseaux. Guidez-nous vers votre bateau à présent.

-Allons-y, dit simplement Tyrande en marchant à vive allure vers la sortie de la ville.

Nous lui emboîtons le pas, suivi des milles guerriers qui nous accompagnent. Une demi-heure plus tard, nous sommes sur le bateau, et deux heures plus tard, entourés des cinq autres vaisseaux Draeneïs, nous partons vers le Royaume de l'Est.

Les navires Draeneïs sont vraiment étranges, on dirait un engin sorti tout droit de l'espace ou d'un univers qui met complètement inconnu. Tout est en acier, la coque, les cordages, mêmes les voiles ! Pour changer la direction, ils font pivoter les mats de manière à avoir le meilleur rendement énergétique possible en fonction de l'intensité et de la direction du vent. Des hélices sont également à l'arrière des navires.

A peine Rese a aperçu ces symboles de technologies que le chef ingénieur qui vit en lui s'est met à le fixer, accoudé au bastinage, bouche bée, tel un enfant léchant une vitrine d'un magasin de sucrerie. Léralondë fait alors une grave erreur en s'approchant du Gnome espérant recevoir des éloges sur ces bateaux aux apparences futuristes. En effet, il reçoit une ribambelle de questions sur les mécanismes et les technologies utilisés par les navires Draeneïs. J'apprends en écoutant la conversation que l'énergie des hélices est de l'énergie éolienne combinée avec de l'énergie hydraulique, venant de la puissance des vagues bordant le vaisseau.

Vite ennuyée, je les laisse à leurs conversations passionnantes et vais prendre un bain de foule.

La table du Ratchet a repris sa place, de nombreux Draeneïs y sont attablés. Les membres du groupes s'amuse à leurs apprendre les règles. Elenith discute seul avec sa cousine, ils semblent bien s'amuser. Je cherche Seymour des yeux, et le trouve seul à l'avant du bateau à fixer l'horizon. Je vais dans sa direction en faisant mine de m'intéresser à autre chose. Et arrivé à lui, je me mets à ses cotés, je suis bien.

Les jours passent au cours desquels se succèdent les repas, les parties de Ratchet, les siestes, les petites escapades amoureuses nocturnes ou non. Le voyage est sans encombre.

Les deux mois nécessaire à la traversée d'écoulent, et un beau matin, les falaises arides de la Marche de l'Ouest apparaissent. Une fois que nous aurons débarqué, Stormwind ne sera plus qu'a deux heures de marche...
Quelques minutes plus tard, les navires appareillent. Nous débarquons sur les plages sauvages. Je connais cet endroit. C'est là que j'y ai fait mes premières expériences de combats, je devais purifier la plage de ses murlocs. C'est un exercice classique et assez formateur pour les jeunes débutants.

Les habitants locaux habituels n'ont pas changé, et fuient à notre arrivée. Il faut dire que l'armée des Draeneïs est assez impressionnante. Déjà par leur nombre, mais aussi par leurs statures. Leurs montures qu'ils nous dévoilent alors sont tout aussi impressionnantes que leurs chevaucheurs. Ce sont des sorte de gros kodos avec un bras sur le visage - ils appellent cela une trompe -, servant certainement à se nourrir. Cette créature est appelée un elekk. Lorsque les Draeneïs les montent, ils semblent puissants, presque invincible.

Il est temps d'y aller. Mais avant, nous avons encore une chose à faire : Benedictus. J'en fais part à Seymour qui, avec l'aide d'Oseus et Elvior, va la chercher.

Je redoute ce moment. Mais je vais devoir affronter à nouveau cette lionne enragée. Comme une verrue au pied doit être enlevée, j'ai des responsabilités auxquelles je dois faire face.

Quelques minutes plus tard, Benedictus, bâillonnée et escortée, les yeux étincelants de rage et de haine, se dirige dignement vers moi. Arrivée à ma hauteur, elle me regarde droit dans les yeux, je ne vacille pas, du moins, j'essaie.

Oseus la débâillonne. Elle reste de marbre. Un blanc s'installe et dure de nombreuses secondes.

Je craque, inspire profondément, prend mon courage à deux mains et me lance d'un ton que je souhaite monocorde et sans faille:

-Je ne partage visiblement pas vos idées, ni vos principes. Je ne vous pardonnerai pas pour ce que vous avez fait. Je crains que nos relations ne soient à jamais tendues, si jamais, il y a relation dans l'avenir. Nous voilà sur les plages de la Marche de l'Ouest, vous êtes libre de partir.
Elle me dévisage, ses yeux restent hargneux. Puis, royalement, elle me tourne le dos et se dirigent vers Elwynn. Mais au bout de quelques mètres, elle s'arrête, et sans retourner annonce lentement :

-Cette conversation n'est pas finie, nous nous reverrons bien assez tôt. Et si je puis vous donnez un conseil : a l'avenir, évitez-moi.

Elle monte sa jument et galope vers la capitale Humaine. Bientôt, elle est hors de vue.

-Par la barbe de Bronzebeard, je ne la sens pas trop cette garce, elle risque de nous faire un coup bas, grogne Barahir.

-Il semblerait en effet judicieux que tu suives son conseil et que tu l'évites, Shlomite, affirme Asoka.

-Oui... j'imagine, fis-je, pensive.

Je respire : ce n'était finalement pas si terrible. Dois-je prendre sa menace au sérieux ? Que voulez-t elle dire ? Elle n'a plus aucune autorité sur moi. Elle souhaitait juste me faire peur. Mais elle a raté son coup.

Léralondë s'approche de moi :

-Il est temps de partir, nous n'avons pas de temps à perdre.

Puis, d'une vois forte et puissante, il annonce :

-Tous en rang selon la mise en forme N°4.

Le brouhaha qui régnait alors cesse d'un coup et les Draeneïs se placent de manière définie, chacun connaît sa place. Et ainsi, une armée disciplinée se forme, elle semble très puissante. Il y a des bataillons de Chasseurs, Mages, Paladins, Prêtres, Guerriers et Chamans. C'est la première fois que je vois des Chamans dans l'Alliance, il y en avait exclusivement que dans la Horde. Ils apportent sans doute une nouvelle dimension dans les combats, c'est un plus dans l'Alliance.

Je monte ma fidèle jument. Je suis prête.

Et inébranlable, l'armée commence alors à marcher vers sa cible, inexorablement.

Stormwind est à deux heures. Que trouverons-nous là-bas ? Siège ? Ruine et dévastation ?

Lentement mais surement, nous arrivons au bout d'une demi-heure à la lisière de la forêt. Devant nous s'étend la vaste et verdoyante Elwynn. Nous la pénétrons.

Le premier poste-avancé Humain que nous rencontrons est en cendre, détruis sans doute depuis plusieurs mois.

Au fur et à mesure que nous avançons, des cadavres apparaissent et se multiplient. Le sang tache ici et là l'herbe verte.

Bientôt, les tambours guerre résonnent, les premiers cris de guerres se font entendre : il y a une bataille. Les bruits se font plus nets, on entend les bruits de ferrailles, conséquence inévitable des combats rapprochés, épées contre épées.

Une colline nous sépare à présent du combat. Léralondë fait signe à ses guerriers d'arrêter et de se mettre en ligne, face à la colline, de tel sorte que nous appariassions tous en même temps face à l'ennemi, certainement pour favoriser l'effet de surprise et de recul.
Lorsque tous sont prêts, ils forment une longue ligne, un mur de dix Draeneïs d'épaisseurs, et de plusieurs dizaines de mètres de largeurs.
Une grande bataille se prépare. Il va y avoir des morts, pourtant je ne lis pas la peur dans le visage des combattants, mais une détermination
Après un signe de leur capitaine, les Draeneïs avancent lentement et se dévoilent.

En contrebas, dans la vallée, devant les portes détruites de Stormwind, une bataille fait rage. Toutes les forces sont en jeux, toutes les races se font face. La Horde est supériorité numérique, mais ce combat semble durer depuis un certain temps, peut-être des semaines...

Tel le roi Magni Bronzebeard lors de la bataille d'Ironforge, Velen galopent devant ses troupes avant de les motiver et de leurs donner espoirs :
-Soldats ! Cette bataille scelle à jamais le pacte de l'alliance de notre peuple à l'Alliance. Aujourd'hui nous allons nous battre pour la liberté et la sécurité. Certains doutent peut-être du bien fondé de cette bataille, pas moi ! Je connais nos faiblesses et nos forces, et je sais que nous sortirons vainqueur de cette bataille, de cette événement, faisons ensemble comme nous l'avons toujours fait, face au destin. Pour l'Alliance !
Et il se lance dans la bataille suivi par la horde de Draeneïs hurlant de toute leur puissance une hymne à la gloire.

D'abord étonnée, les combattants regardent les nouveaux venus avec des yeux ronds, mais deux cris résonnent, l'un en Humain, l'autre en Orc, celui que je comprends est :

-Les Draeneïs ! Enfin !

La plus grande partie de la Horde nous fait alors face, l'affrontement sera décisif...
Inexorablement, résolument, l'armée Draenïenne s'approche de son ennemi sous une pluie de flèches mortelles que les Mages tentent d'arrêter ou de ralentir. Elle plonge dans le corps massif et compact de la Horde. Les lances heurtent avec fracas les boucliers ennemis. La première ligne de défense cède, le mur est brisé, l'armée pénètre le corps.

Chacun connaît sa place, ses compétences et ses limites. Je me mets en position et, accompagnée de Nefret, commence mon travail de soin, protégés par des guerriers, je maintiens les troupes en vie. Autours de moi, des Chasseurs encochent leurs flèches et provoquent ainsi des pluies mortelles.

Les lames sorties de leurs fourreaux battent l'air. Les sorts commencent à fuser de tout les cotés, les armées se dispersent, tout se mêle dans un épais brouhaha.

Malgré la détermination des Draeneïs, une farouche résistance s'oppose. Le combat commence à durer.

Les nouveaux alliés sont puissants et n'ont pas besoin de beaucoup d'aide de ma part. Mais il y en a tellement... ma responsabilité reste lourde, je n'ai pas le temps de penser à autre chose, il faut que je demeure concentrée.

Parfois des dynamites sont lancées sur le camp ennemi, ce qui crée de la confusion chez l'ennemi, des cris de souffrance, puis de colère, et le combat redouble de violence.

Au bout de quelques temps, j'entrevois en plein milieu du combat Barahir et Asoka cote à cote se battant avec fougue. La Chasseuse fait vibrer son arc avec souplesse, rapidité et une précision fulgurante. Soudain, le Guerrier dit quelques mots à son compagnon d'arme en désignant les arrières des troupes de Stormwind. Asoka semble accepter la requête car, furtivement, ils se dirigent vers les alliés. Ces derniers combattent férocement et envoient régulièrement par le biais de catapultes de gros cailloux et de gros pavés sur le gros de la Horde.

Les deux compères parlent avec le responsable de la machine de guerre qui les écoutent d'un air ahuris, puis leurs fait un geste d'un air de dire : « ben allez-y si ça peux vous faire plaisir ». Et à ma grande surprise, ils se mettent à la place des boulets. La corde est rompue libérant la fabuleuse énergie, et envoyant Barahir et Asoka en plein milieu des troupes ennemies. Les deux guerriers déploient alors leurs fabuleuses puissances créant un cercle de sécurité autour d'eux, tranchant tous ceux qui oseraient les approcher.

Oseus et Elvior devenus ours déchiquettent leurs proies aux cotés des lames dansantes des Voleurs Rese, Seymour et Elenith et de la Guerrière Radasse. Les gardes Lockshock et Léralondë les accompagnent de leurs armes et de leurs haines pour leurs pires ennemis. Derrière eux, les Mages Weanwean et Kaelo soumettent le ciel et les éléments à leurs volontés, déversent des météorites, lancent des boules de feux et de glaces.

Au bout de plusieurs heures, l'ensemble de l'Alliance forme un long arc de cercle entourant la Horde. La victoire est à nous, je le sens. La Horde aussi visiblement car des cors retentissent provoquant le retrait désordonné des troupes ennemis.

Nous avons gagnés la bataille, la guerre et la liberté ! Des cris de joies, des acclamations, des larmes, résonnent dans les ruines de ce qui fut l'entrée glorieuse de Stormwind.

Ensemble, nous rentrons à la maison, nous attendent femmes, vieillards et enfants, tous sont là, mouchoir à la main, de toutes les races, un moment de bonheur et d'extase s'empare alors de nous.

Velen m'accompagne, avec le reste du groupe. Le Généralissime Bolvar Fordragon nous attend. Dés qu'il nous voie, il salue courtoisement Velen qui lui répond de manière toute aussi courtoise.

Le chef de Stormwind annonce alors :

-Je vous salue, moi Bolvar Fordragon, dirigeant de Stormwind, chef du peuple Humain. Vous êtes mon invité.

-J'en suis honoré, répond Velen en faisant la révérence.

C'est alors que je remarque Mathias Shaw, le chef du SI:7, me faisant discrètement signe de venir. J'avertis du coude Seymour et m'en vais seule vers le chef des agents secrets.

Il me fait signe de l'accompagner. Nous nous dirigeons vers le Quartier des Mages.

-Shlomite, commence t-il, vous avez accomplie votre mission avec succès. Je vous en félicite. Mais à quel prix... Benedictus m'a fait un rapport sur ce qui s'est passé et a beaucoup parlé de vous.

Il marque une pause, visiblement pour insister, pour amplifier la tension qui commence à régner et à peser. Ainsi Benedictus travaillait pour lui. J'aurai dû m'en douter lorsque le roi Bronzebeard m'a dit que Benedictus lui avait été fortement conseillée pour nous accompagner. Il a voulu m'...

-Vous m'espionniez ? demandé-je.

-Il le fallait, après ce que vous m'aviez raconté... Sortir d'Orgrimmar vivant ! Vous étiez des leurs ! Et j'ai eu raison de le faire ! D'après le rapport de Benedictus, vous lui avez caché des choses, vous vous êtes montrer insolente envers votre supérieur, vous vous êtes opposée à elle, en public en plus, vous l'avez humilié, vous avez préféré la Horde à l'Alliance, vous avez laissé en vie le conseiller principal de notre pire ennemie alors qu'il était allongé, faible devant vous, vous avez emprisonnée Benedictus pendant plus de deux mois dans une cale du bateau. Vous êtes un problème Shlomite...

Nous pénétrons dans la Prison de Stormwind, je ne m'en rends pas compte, mes pensées sont trop ailleurs, il a raison, je n'ai aucune excuse, mais pourtant je sais que j'ai bien agi, mais là je ne sais vraiment pas comment me justifier.

-Mais, balbutié-je, je pensais bien faire, j'ai toujours agi selon mes convictions.

-Voilà certainement le coeur du problème, un guerrier n'agit pas selon ses convictions mais selon les ordres qui lui ont été donné, on ne vous demande pas de penser, mais d'agir.

Il crie :

-Garde ! Arrêtez cette-femme, jetez-la en prison.

Puis, il me dit :

-Je suis désolé, c'est mon devoir, vous avez mal choisis votre camp. Réjouissez-vous, la Prison est saine à présent, il n'y a plus de corruption.

-Ouf ! lui fis-je sarcastique, me voilà soulagée...

Soudain, un garde entre en courant dans la Prison :

-Maître Shaw, vous devez venir immédiatement au Donjon, Bolvar vous attend, il parait que Undercity a été détruite il y a quelques heures !

-Undercity ? répond Shaw ahuris, comment-est ce possible ?

-Oui, dis-je comment est-ce possible ? L'Alliance n'y est pour rien, pourtant, nous étions tous là à nous battre !

-Ce n'est pas votre problème, me dis Shaw sur un ton glacial, du moins, ça ne l'est plus. Gardes, allez-y, je ne veux plus la voir ! Shlomite, tout-ca, c'est à cause de vous, sachez-le ! Vous ne provoquez que des problèmes !

Des gardes s'approchent alors de moi, me menottent et m'emmènent dans les profondeurs de la Prison, ouvrent une cellule vide et m'y jettent, m'enferment et me laissent en compagnie des rats et des malfrats.

Je... je suis désemparée.
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