Fanfiction World of Warcraft

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Et les cieux s'assombriront...

Par Wydrioth

Prélude

Chapitre I : Plus dure sera la Chute

Chapitre II : Le prêtre et l'oiseau

Chapitre III : Bah, dans une fosse ou ailleurs...

Chapitre IV : D'une bière, deux coups

Ville basse de Shattrath, Outreterre.

Le silence planait sur la ville-cathédrale en ruine, tandis que l'aube commençait à timidement extirper ses habitants de leur sommeil. Dans sa hutte construite en haut d'un arbre, Kirrik l'Éveillé contemplait avec soin le disque doré que ses mercenaires lui avaient rapporté il y a une heure à peine. Après les avoir grassement payés en bijoux et fait raccompagnés dehors par Rilak, son apprenti, l'Arakkoa songeait à tout ce que pouvait représenter un tel objet. Il venait de loin, de très loin, tant du point de vue de la distance que du temps.
Il venait des ruines lointaines de Sketh'lon, là bas, en la Vallée d'Ombrelune, gardé par les spectres de ses anciens gardiens du Sombre Conclave. Il venait d'un temps où ses ancêtres ne souffraient d'aucuns rivaux sous l'éclat bienveillant du Soleil. L'arracher à cette terre maudite s'était payé au prix fort, beaucoup y étaient restés, mais une relique apogide ne se laisse jamais attraper facilement.

Longtemps, Kirrik avait erré dans les ténèbres du désespoir, depuis que l'Ombre lui avait coupé les ailes. Longtemps, Kirrik avait attendu un signe, un mot, une incantation pouvant le ramener parmi les élus de Rukhmar.
Las. Les élus étaient tombés. Les Flèches d'Arakks renfermant tous leurs secrets s'étaient brisées avec ce monde.

Et puis un vent courant à travers les différents Voiles lui avait soufflé, il y a maintenant des années, l'existence du disque et du message important qu'il renfermait, gravé sur sa surface. Important pour les siens. Important pour toutes les autres créatures de ce monde disloqué.
Il avait commencé à le rechercher activement, avant même que Ceux-d'Au-delà-de-la-Grande-Porte ne viennent s'installer sur ce monde brisé pour mettre fin à une guerre qui le dépassait.

Les Étrangers. Aussi divers que bizarres. Il y avait les Cornes-fières, massifs et ombrageux défenseurs des éléments et de la nature. Les graciles Longues-Oreilles, divisées en de nombreuses factions ennemies. Les Oreilles-rondes, races soeurs gigognes unies par l'ingéniosité et le courage. Les perfides et ténébreux Pourris, aigris et mauvais à force de traîner leurs carcasses au milieu des vivants. Les rusés et sauvages Longues-dents, à la peau couleur du ciel. Les uns et les autres semblaient s'être rangés du côtés des Orcs ou des Draenaïs, que l'Éveillé connaissaient déjà depuis qu'il était sorti de l'oeuf...

Ils avaient tué beaucoup de ses frères. Beaucoup de démons. Beaucoup d'Orcs-rouges. Ils s'étaient beaucoup entre-tués aussi, sur le champ de bataille ou le sable des arènes. Pendant des lunes, les kaliris avaient bien festoyé.

Mais à la fin, beaucoup l'avaient aidé, avec le concours de la Gardeciel Sha'tari, à vaincre Terrok et ses armées de serrénites. Kirrik, libéré de sa longue lutte contre le danger ténébreux que représentait le Parjure, avait ensuite pu se consacrer au rachat de ses frères et à la recherche d'indices sur l'artefact, envoyant ses ailiers et alliés dans toute l'Outreterre.
Et enfin, on l'avait trouvé pour lui. Après toutes ces années de guerre et d'exil, après la fin de son monde, un nouvel espoir pour ses frères déchus.
Kirrik claqua du bec de satisfaction et de joie.

- Sssi... beauuuu. Sssi...brillaaaaant. Mooon... trésoooor.

Parcourant les symboles anciens de ses serres, tentant de les traduire à voix basse, Kirrik jouait nerveusement avec la petite figurine aviaire en bois qui pendait au bout de son amulette. Cela faisait si longtemps que le vieil homme-oiseau n'avait plus vu ce langage sacré. Saurait-il encore le lire ?...

- Squwak Rukhmar ri'ik Raa'nok Kwa...

S'arrachant une plume qu'il trempa dans l'encre verte de terrocône posée sur une table rustique, il se mit à retranscrire sur parchemin la signification des symboles finement gravés.

- Ra'ak'aak. Aa-ak Kwa Anzu n'aak...

Sa voix rauque s'éteignit brutalement, les plumes de sa tête s'hérissèrent de peur et de colère. Il laissa choir le disque sur le tapis de plumes étendu sur le sol de la hutte, comme si l'objet lui avait brûlé la peau. Cela ne se pouvait ! Tout ce pour quoi il s'était battu... Condamné ? Il ne laisserait pas cela se produire !
Reprenant sa respiration devenue sifflante, il repris l'objet entre ses griffes et prononça une rapide prière, se focalisant sur les derniers symboles, une silhouette aux ailes déployées devant un cercle de feu.

- Rukhmar, pardonne , pardonne à tes fils leurs péchés...

Il tourna la tête vers la tenture pourpre de la fenêtre laissant apercevoir le Soleil pâle et diminué qui commençait tout juste son nouveau voyage dans le ciel.
Pâle et diminué, comme lui. Pâle et diminué, comme les Arakkoas, pensa-t-il amèrement, regardant l'astre du jour s'élever lentement.

Il lui fallait de nouveau de l'aide.


Au même moment.

Profondeurs d'Orgrimmar.

Les échos des bombes du Mastodonte de fer pleuvant sur les champions de Vol'jin et de Wrynn résonnaient loin sous le sol rouge de Durotar. Les Kor'krons terminant les derniers préparatifs dans la Faille de l'Ombre se hâtaient de transporter les dernières caisses d'armes et de vivres sous la poussière tombant des parois à chaque secousse.
Le scorpide d'acier ne suffirait peut être pas à contenir cette vermine, et en cas de siège, le dernier bastion de la véritable Horde devait absolument tenir. Ces races faibles ne mettraient pas un pied dans la capitale. Seuls les plus forts méritaient de vivre à Orgrimmar.

Seuls les plus forts méritaient de vivre.

Quelques heures plus tard, loin en dessous, la rumeur de la bataille faisant rage en surface avait mis en ébullition l'atelier et la caserne kor'kronne. Tout le monde s'affairait, se préparant à recevoir les ennemis du Chef de Guerre. Ce dernier, enfermé dans le Sanctum intérieur, supervisait avec Hélix, Malkorok et le reste de ses lieutenants la contre-attaque destinée à repousser les envahisseurs à la mer ou jusqu'à Tranchecolline. La carte sur laquelle tous étaient penchés était couverte de fanions et de figurines en bois représentant les belligérants en présence.

- Par Hurlesang, que se passe-t-il ?! s'écria Garrosh lorsque les portes du Sanctum s'ouvrirent. Les éclaireurs qu'il avait envoyés en reconnaissance sur les murs de la ville étaient de retour.

Il gronda, tandis que le chef du groupe s'avançait, s'efforçant de dissimuler sa crainte.

- Hé bien, parle !
- Gatch Brisefémur au rapport, Chef de Guerre ! salua l'Orc. Nous sommes venus faire notre rapport. L'Alliance s'est emparée du campement de Drano'shar et vient de détruire le Mastodonte avec l'aide de la révolte sombrelance.

Tous, dans la pièce, tendirent l'oreille. Les explosions s'étaient en effet tues, laissant place à un silence très inquiétant.

- Les Elfes de Theron et les Réprouvés de la Reine-Banshee ont réussi à faire une percée dans les contreforts d'Orgrimmar. Un commando d'une vingtaine de mercenaires surentraînés a réussi à passer les Portes, et est en train de se battre en ce moment même contre les Sombres-chamans. Les Sombrelances et les Taurens de Sabot-de-sang progressent par les Vallées des Esprits et de la Sagesse ; les Gobelins de Gallywix par la Porte Nord, compléta l'Orc, indiquant sur la carte les portions de la ville contestées d'une main gantée de métal.

Garrosh se perdit un instant dans ses pensées. Ils avançaient plus vite que prévu. Cela ne lui laissait plus beaucoup de temps. Il devait contre-attaquer et vite. Il sourit. Heureusement, il avait déjà prévu une puissante offensive sur l'arrière-garde ennemie pour pallier à une invasion trop rapide.

- Avec les troupes de Nazgrim, vous verrez que tout rentrera dans l'ordre, lâcha-t-il, confiant.

Un brusque et long silence gêné s'abattit sur le Sanctum. Malkorok osa prendre la parole en premier...

De l'extérieur, une puissante vocifération se fit entendre, faisant sursauter bon nombre d'Orcs et de Gobelins.

- QUOI ?!

Tous s'arrêtèrent de travailler, écoutant avec anxiété la tempête faisant rage de l'autre côté des portes. Le Chef de Guerre était dans une fureur noire.

- Nazgrim n'a pas pu avoir assez d'effectifs ?! BANDE D'INCAPABLES ! VOUS ETES LA POUR M'OBEIR ! Mes ordres n'étaient-il pas suffisamment clairs ?!

Une jeune éclaireuse Gueule-de-dragon commençait à sangloter, aussitôt rabrouée sans ménagement par Zaela.

- Ma Horde m'a trahi ! Thrall, Vol'jin, Baine, Sylvanas, Lor'themar ! Tout le monde m'a trahi et a manqué au respect qui est dû au Chef de Guerre que je suis ! Même mes plus fidèles Kor'krons ! JE SUIS ENTOURE DE LÂCHES SANS AUCUN HONNEUR ! hurla le tyran, renversant la table d'état-major avec cartes et figurines.

Gatch se sentit profondément blessé dans son amour propre. Ces mots extrêmement durs visaient des frères tués vaillamment au combat. Cela lui était insupportable, à plus forte raison lorsque ces insultes venaient de son Chef de Guerre, lui, le fils de Grommash, ce héros. Sa colère lui fit un instant oublier la peur que lui inspirait Hurlenfer.

- Chef de Guerre, ces Orcs se sont battus et sont morts pour vous ! lâcha-t-il rapidement, tentant de tenir tête à Garrosh.
- Des lâches, des traîtres, des bons à rien ! Nazgrim a eu le grade de Général pour avoir fait le planton dans les Grisonnes ! Uniquement là pour veiller à ce que les péons veuillent bien ramasser du bois ou chasser les worgs et les ours de la forêt, pendant que je conduisais l'Offensive Chanteguerre contre le Fléau !
- Chef de Guerre, le Seigneur Saurcroc...
- Saurcroc n'a jamais apporté son soutien à mes stratégies ! Toujours là pour me rabaisser, toujours là pour m'humilier, comme Thrall ! Et pourtant, c'est moi, moi qui ait fait en sorte que les Orcs ne manquent ni de bois, ni de nourriture, moi qui conquis la moitié de Kalimdor, sans l'aide de personne ! Il y a des mois que j'aurais dû passer tous ces traîtres par les armes ! Main-noire l'aurait déjà fait depuis longtemps ! Qu'ils me tombent entre les mains, et je les saignerai, tous, comme de vulgaires Hurans ! Ils se noieront dans leur propre sang !

Ses lieutenants écoutaient, la tête basse, attendant que l'orage passe. Les worgs de guerre gémirent, inquiets.

Effondré sur son trône de fer, Garrosh laissa passer un long silence, respirant bruyamment et suant à grosses gouttes. Gatch regardait son chef d'une moue dégoûtée. Cette soudaine brutalité contre les siens lui avait ouvert les yeux sur la véritable nature du fils de Hurlenfer : un pleutre, se servant de la Horde comme d'un outil consacré à sa propre gloire, ou d'un rempart pour sa propre personne, peu regardant sur le prix du sang versé. Il s'inclina une dernière fois et quitta la pièce avec ses hommes d'un pas lent.
Garrosh le suivit en silence d'un regard mauvais jusqu'à ce que les portes du Sanctum se referment à nouveau.

De derrière le trône, une silhouette sortit alors de l'ombre et s'avança aux côtés de l'Orc massif. La créature n'était pas très grande, pas plus qu'un humain, et même plus petite. Mais les ailes qu'elle gardait repliées dans son dos la faisaient paraître plutôt large d'épaules. Ses jambes, maigres et torses, se terminaient par des pieds griffus, de ses genoux pointaient des piques acérées.
Sa tête triangulaire était percée de deux yeux ronds d'insecte, luisant d'une couleur d'ambre non dénués d'intelligence. Sa bouche était bordée d'une paire de mandibules, des mandibules qui étaient en constante activité. Elles se déployaient, se refermaient sur le vide, puis revenaient vers la bouche goûtant l'air lourd de la pièce.

Garrosh ne la regarda pas, mais avait senti sa présence. Sa bouche se tordit d'un rictus.

- Tu as échoué, Orc, dit Zikk l'Ambre-forgeron d'une voix aiguë et crissante.
- Je suis entouré d'incapables ! Mes ordres tombent dans les oreilles de sourds !
- Tu as échoué, insista la créature sans la moindre trace d'émotion. Tu n'as pas permis le retour d'Y'shaarj comme tu l'avais promis aux Klaxxi.

Garrosh se tourna vers elle.

- Sur un mot de moi, ma garde kor'kronne pourrait te déchiqueter. Tu finirais en bouillie, saleté de Mantide.
- Tu es une créature perfide, Orc. Les Parangons le savent. Ils ne seront pas surpris si tu me tues. Mais ils ne seront pas content non plus. Je vais à présent repartir pour faire mon rapport à mes maîtres. Je crois qu'il te dévoreront.

Le Chef de guerre jeta un regard à un grand worg de monte kor'kron assis docilement non loin et lui adressa un léger signe de la tête. La bête bondit et referma ses mâchoires sur le Mantide qui n'opposa aucune résistance, l'insecte s'abandonnant passivement aux crocs du loup dont la morsure faisait jaillir un sang de couleur jaune.
Puis le loup rapporta sa proie à son maître toujours assis. Garrosh tourna la tête sur le
côté pour plonger son regard droit dans les yeux ambre de Zikk :

- Va dire à tes maîtres qu'on a déjà essayé de me tuer à de nombreuses reprises. Les Ogres et la Légion sur mon monde natal, le Fléau et le Crépuscule sur celui-ci... Tous sentent encore la douleur de leur échec ! L'Alliance et cette pathétique rébellion ne dérogeront pas à la règle. Et les Klaxxi feraient également mieux de ne pas l'oublier.

Il adressa un autre signe de tête au worg qui ouvrit la gueule et laissa tomber sa proie. Le Mantide se releva, ses mandibules continuant de s'agiter dans le vide. Marchant d'un pas tranquille vers la porte qu'on lui ouvrit, le représentant des Klaxxi déploya ses ailes et s'envola dans un bruyant vrombissement.

Garrosh se cala au fond de son trône. Calmé, il reprit la parole, s'adressant à ses généraux présent :

- Cette guerre est peut-être perdue, mais n'imaginez pas pour autant qu'elle est terminée. Je leur réserve encore quelques suprises, dit-il en pointant de l'index l'énorme coeur boursouflé suspendu aux voûtes, un sourire macabre lui fendant la face. Hélix, les derniers préparatifs sont ils prêts ?
- Cela ne devrait pas tarder, bien-aimé clie... Chef de Guerre ! répondit le Gobelin servilement.
- Mettez vous au travail ! Malkorok, mobilise tous les Kor'krons et tenez votre position. Nos amis ne devraient pas tarder... Ils verront comment se bat MA Horde !
- Bien, Chef de Guerre.

Garrosh se releva et prit Hurlesang, qu'il porta contre son épaule. Il leva la tête, contemplant le coeur d'Y'shaarj dans toute son obscène splendeur.

- Tous ceux qui me défient aujourd'hui... périront demain. Par le Fer.


Quelques semaines plus tard

- Mmmh...

Le Sin'dorei au cheveux auburn regardait par le vitrail couleur rubis qui illuminait la pièce, offrant une splendide vue sur les spires et les dômes de Lune-d'Argent qui étincelaient sous un chaud soleil d'après-midi automnal.
Sa longue queue-de-cheval était passée sur le devant d'une robe en satin d'un bleu nuit profond relevé d'albâtre, tandis que la lueur rougeoyante d'un diadème de feu se reflétait sur la surface métallique des ailes saillant de ses épaulières.
Il observait avec un air satisfait les manifestations de joie et d'allégresse qui régnaient sur la Place de la Bourse Royale, loin en contre-bas.

- Qu'il est bon de sentir de nouveau cette ferveur qui s'empare de notre peuple aux lendemains des grandes victoires, fit-il d'un ton de propriétaire, joignant ses mains dans son dos.

La capitale toute entière était en liesse et saluait le retour de son Seigneur-régent, juché sur un faucon-pérégrin aux plumes d'un noir de jais, suivis de la suite qui l'avait accompagné de la luxuriante Pandarie aux rivages arides de Durotar, où il avait contribué à la chute du tyrannique Garrosh Hurlenfer.
Le général des forestiers Halduron Luisaile et le grand magistère Rommath avaient accueilli Lor'themar Theron et ses hommes en grandes pompes à la porte du Berger et le suivaient de près, ainsi qu'Aethas et ses hommes rescapés de la purge de Dalaran. Tous étaient accueillis en héros et portaient leurs plus beaux atours. Les étendards arborant le phénix de Lune d'Argent et le faucon-dragon de la maison Saccage-Soleil claquaient au vent. Pérégrins et chevaliers de sang ouvraient et fermaient la marche tandis que les gardes de la cité, à l'aide de leurs longs boucliers et de quelques golems arcaniques, tenaient la foule en respect. Tout le cortège se mouvait tel un grand serpent rouge et or glissant vers la Cour du Soleil. L'air de la place résonnait de la clameur du peuple, de la musique des trompettes et des déflagrations de quelques sortilèges pyrotechniques colorés.

L'Elfe poursuivit son monologue :

- Le dernier à avoir bénéficié d'un tel accueil était le Prince Haut-Soleil lui-même..., dit il, songeur.
- Lorsqu'il avait ramené M'uru de son voyage en Outreterre, ou lorsqu'il repartit avec pour Quel'Danas, Maître Divinuit ? répondit sarcastiquement une voix féminine derrière lui.

Raitô Divinuit sourit à l'allusion. Il se tourna vers le reste du groupe attablé autour de corbeilles de fruits et de pichets de vins thalassiens.

- Dame Elynara, en dépit de vos efforts, vous ne parviendrez pas à me mettre de mauvaise humeur, dit il en prenant une pomme dorée et en y mordant à pleines dents.

Elynara, une démoniste rousse à la coiffure sophistiquée et au sévère regard d'émeraude, portait un diadème incrusté de rubis ainsi qu'une robe aux motifs malsains. Ses lèvres écarlates faisaient ressortir la blancheur de porcelaine de sa peau.
Elle garda le silence tout en souriant à son tour. Des rumeurs circulaient. Le prêtre n'aurait que difficilement renoncé à son ancienne loyauté envers Kael'thas Haut-Soleil, lorsque le Prince s'avéra n'être plus que la marionnette du Trompeur. Mais rien ne put être prouvé, et il était devenu un Examinateur du Reliquaire respecté et influent sous l'aile de Tae'than Guette-le-sang.

La soeur d'Elynara, une mage en robe carmin répondant au nom d'Aelnara, était assise à l'autre bout de la luxueuse table de marbre blanc. Elle jouait avec une mèche de cheveux blonds dépassant d'un chignon serré, tandis qu'un tout jeune faucon-dragon aux ailes dorées tournait autour d'elle à une allure infernale, comme s'il avait bu un baril entier de kafa.
À ses côtés se trouvait Doranir, un arrogant magistère au cheveux d'un noir bleuté, au bouc finement taillé et à la longue robe améthyste, qui considérait avec dépit le fond de sa coupe vide.

- Pour revenir à ce qui nous occupe, ne serait-il pas plus sage de parler de notre ''projet'' à Lor'themar, une fois terminées ces festivités ? s'enquit négligemment Aelnara. Imaginez qu'il vienne à apprendre par inadvertance qu'on ait lancé une expédition sans son accord....
- Le Reliquaire, si Maître Guette-le-sang est de notre côté, est capable de régler ceci rapidement, Aelnara, répondit Doranir en s'emparant du pichet le plus proche pour remplir sa coupe. Le Seigneur-régent ne comprendrait pas. Il ne comprend pas l'intérêt des objets magiques. C'est un forestier ! En la matière, il est aussi innocent que le premier apprenti venu.
- Avant ou après vos leçons particulières, Doranir ? minauda Elynara, provoquant l'hilarité de sa soeur.

Elle répondit d'un sourire narquois au regard assassin du magistère avant de reprendre la parole d'une voix douce.

- J'étais à ses côtés, en Pandarie, spécifiquement pour cette raison. Il n'y connaissait peut-être rien, mais il n'avait pas d'autre choix que d'obéir aux ordres et de chercher les artéfacts mogu que le Chef de guerre lui réclamait. Il devait donc sagement nous écouter, s'il tenait à sa tête. Dans notre cas, et sans les ordres de l'autre tête d'Ogre, il refusera net toute action : imaginez un peu, envoyer des hommes en Outreterre ! Après toutes ces années !
- Faites moi confiance, fit Raitô. Les nouvelles que j'ai reçues pourraient bien convaincre le Haut-examinateur. Je suis bien placé pour savoir que l'Outreterre peut raviver de douloureux souvenirs à nous autres, Sin'dorei. Mais les reliques que nous pourrions y trouver les disperseront bien vite. Les nouvelles opportunités qu'elles pourraient nous offrir...
- Vous réussirez peut-être à le convaincre, l'interrompit la démoniste. Mais pas moi. Ne comptez pas sur moi pour vous y accompagner, ni même pour vous soutenir.

Raitô garda le silence. Il avait entendu dire qu'Elynara avait manqué une importante réunion avec des confrères de toutes les races à cause de ses obligations auprès du Seigneur-régent en Pandarie. La démoniste n'en était devenue que plus aigrie.

Les appartements de Tae'thelan Guette-le-sang où ils se tenaient tous les quatre étaient situés au-dessus des locaux du Reliquaire. La pièce au vitrail rouge dans laquelle un serviteur les avait fait patienter était certes luxueuse mais restait sobre et austère.
C'était une sorte de bibliothèque. Des centaines de rouleaux de parchemins et de manuscrits étaient alignés sur des étagères grimpant jusqu'au plafond peint. Dans des vitrines se juxtaposaient divers artefacts allant de la pièce de monnaie kal'dorei ancienne à l'épée de chitine silithide en passant par l'urne funéraire zandalari, tandis qu'un vieux balai magique faisait paresseusement la poussière dans son coin.
Tae'thelan avait passé une grande partie de sa longue vie à collecter les artefacts magiques de toutes les origines à travers le monde. D'abord par pur intérêt historique ou comme de précieux trophées, il commença à les récolter par nécessité suite à la destruction du Puits : en les utilisant pour étancher la soif de magie de son peuple, pour l'unir et le fortifier sans pour autant risquer la corruption. A une époque où les peuples de l'Alliance et même de la Horde se gaussaient de leur capitale à moitié en ruines où trônaient encore les statues du Prince déchu, la reconquête de la puissance perdue de leur race autrefois si fière et indomptable était devenue sa priorité.
Beaucoup de Sin'dorei, comme Elynara, Aelnara, Doranir et Raitô, l'avaient suivi après la campagne du Norfendre et l'aidèrent à créer l'organisation du Reliquaire. ''Le passé assurera notre avenir'', se remémora le prêtre. La devise de cette maison.

Soudain, ils entendirent venir des pas. Les deux portes du fond de la pièce s'ouvrirent, laissant passer le propriétaire des lieux. A peu de chose près, il était habillé comme les autres magistères, mais dans une étoffe de bien meilleure qualité. Ses habits carmins et ses massives épaulières de draénite d'un blanc éclatant étaient veinés d'or. Ses longs cheveux blonds étaient peignés avec soin, son visage fin arborait l'expression cruelle d'un Elfe fait pour dominer. Les mouvements de son corps étaient parfaitement équilibrés, comme ceux d'un fauve.
Dévisageant les quatre Elfes attablés, il s'assit sur le siège encore inoccupé, massif, pareil à un trône taillé dans la même pierre blanche que la table.

- Soyez les bienvenus dans mon humble logis, fit-il sur un ton railleur, accompagnant ses paroles d'un ample geste du bras. J'espère ne pas vous avoir fait trop attendre.

Raitô fit non de la tête avec un sourire discret. Pendant un court instant, Elynara sembla vouloir ouvrir la bouche pour faire de l'esprit mais se ravisa, au grand soulagement du reste du groupe.
Tae'thelan se pencha en avant, rapprochant son visage de la table tout en les fixant à tour de rôle. Ses lèvres se soulevèrent dans un sourire carnassier.

- Bien. Ces questions de politesse étant réglées, je vais donc vous demander ce qui me vaut cette entrevue. Un portail se tient prêt à me conduire au mouillage des Voiles du Soleil dès que nous aurons terminé cette discussion. La Larme de Sang est attendue ce soir avec un plein chargement de reliques mogu, aussi je vous demande d'être concis et direct. Je vous écoute.

Après un moment d'hésitation, Raitô prit la parole d'une voix doucereuse tout en serrant dans les replis de sa robe la lettre qu'il avait reçu cinq jours auparavant. Une lettre écrite avec une belle encre verte, amenée par un oiseau que les cieux d'Azeroth n'avaient, à sa connaissance, jamais vu voler. Un kaliri.

- Si j'ai sollicité cette audience, Maître Guette-le-sang, c'est parce que de nouvelles informations sur d'éventuels trésors de technologie et de magie me sont parvenues il y a quelques jours, commença le prêtre. Il se pourrait bien que ce qui reste de Draenor ait encore beaucoup à offrir à notre peuple.

Tae'thelan écarquilla les yeux.

- L'Outreterre ?! Vous plaisantez ?
- Rarement, Haut-examinateur.

Le maître du Reliquaire connaissait le prêtre depuis suffisamment longtemps pour voir que ce n'était effectivement pas une plaisanterie. Un coup d'oeil rapide aux autres Elfes autour de la table acheva de l'en convaincre. L'Outreterre, songea-t-il. L'ancienne Terre Promise des Sin'dorei tant vantée par leur Prince avant sa corruption et sa trahison. Que pouvait donc encore offrir ce morceau de planète flottant dans le Néant, arpenté depuis des années par des mercenaires et aventuriers au rabais en long, en large et au travers ? Tout ce qui était à piller l'était déjà depuis longtemps. Serait-il possible qu'il restât la moindre babiole d'intérêt sur ce monde à l'agonie ?

- Vous aviez ma curiosité, maintenant vous avez mon attention...
- Il y a de cela quelques jours, poursuivit Raitô, une lettre m'est parvenue de Shattrath. Une lettre écrite par un vieil ami qui n'avait pas donné de signes de vie depuis des années...
- Un vieil ami ? A Shattrath ? demanda Elynara, intriguée. À sa connaissance, ni l'Aldor, ni les Clairvoyants n'avaient accueilli le prêtre à bras ouverts.

Raitô se tourna vers la démoniste.

- Oui. Tout le monde à Shattrath le connait sous le nom de l'Éveillé. Kirrik l'Éveillé. Un Arakkoa.

La révélation provoqua une stupéfaction générale.

- Un Arakkoa ?...
- Impossible ! Comment ces ténébreuses créatures pourraient-elles...
- Silence ! s'écria Tae'thelan. Laissez donc Maître Divinuit s'expliquer.

Raitô le remercia d'un sourire et continua son exposé.

- Oui, un Arakkoa. Un paria qui vit dans la Ville Basse. Tout ce qu'il y a de plus civilisé. Je le connais depuis des années. Kirrik et moi, nous nous sommes lié d'amitié après mon arrivée à Shattrath. Il était fasciné par les divers bibelots que je lui ramenaient de Skettis lors de mon engagement auprès de la Garde-ciel Sha'tari, pendant la Croisade ardente. Il m'en réclamait toujours plus. Il me disait qu'ils étaient très importants pour un objectif qu'il s'était fixé : retrouver des reliques apogides pour percer les secrets des Apexis, ses ancêtres. Il me répétait sans cesse que ses recherches amèneraient la rédemption à sa race maudite. La lettre que j'ai reçue fait état de découvertes récentes concernant cette quête.

Tae'thelan pianotait machinalement sur les accoudoirs de son siège.

- Donc, vous nous dites que ce... Kirrik vous aurait écrit de Shattrath parce qu'il aurait connaissance de l'existence et peut-être même de l'emplacement d'anciens artefacts de sa race ? C'est très serviable de sa part, dit-il, sardonique.
- C'est malheureusement... plus compliqué que ça.

Le prêtre sortit d'un pli de sa robe la lettre écrite par le vieil Arakkoa.

- Voici ce qu'il m'a écrit : ''Salutation, mon vieil ami, j'espère que cette lettre te parviendra. Convaincre l'Exarque Nasuun du bien-fondé de l'envoi d'un kaliri par le portail conduisant à l'île sacrée de ton peuple n'a pas été chose facile. Après tout ce temps, je crois avoir trouvé ce que je cherchais pendant toutes ces années. Hélas, les choses ne sont pas telles que je les avais imaginées. Un vent sombre s'est levé. Dans ma soif de savoir, je crains d'avoir réveillé des forces qui me dépassent et dont je n'arriverai pas à triompher seul. Retrouve moi à Shattrath, bien accompagné si possible ! Les ombres se rassemblent lorsque le corbeau engloutit la lumière du jour''.

Un silence circonspect se fit lorsque Raitô tendit la missive pour la faire lire à Tae'thelan.

- Que signifie la dernière phrase ? demanda Doranir.
- C'est le Code des Parias, expliqua Raitô. Un vieux serment arakkoa datant d'avant la destruction de Draenor. Un avertissement, un cri de ralliement devant un danger ou un appel aux armes. Un signal convenu entre Kirrik et moi il y a bien des années. Il a besoin d'aide. De mon aide.

L'Elfe aux épaulières ailées se tourna vers Tae'thelan, la mine sérieuse.

- C'est pour cela que je voudrais partir le plus tôt possible en Outreterre à la tête d'une expédition du Reliquaire, Haut-examinateur, avec votre autorisation. Pensez aux merveilles qui n'attendent que les coups de pioche du Reliquaire pour être découverts ! Non seulement nous pourrions nous emparer de nouveaux trésors potentiellement utiles à notre peuple, mais cela me permettrait également de sortir Kirrik du pétrin dans lequel il s'est fourré...

Soudain, Elynara intervint.

- Résumons. Nous devrions nous précipiter en Outreterre pour sauver les plumes d'un de vos amis que vous n'avez pas vu depuis une demi-décade et espérer qu'il consente à partager avec nous ses découvertes ? ricana la démoniste. Envoyer des hommes pour répondre aux craintes d'un vieil homme-oiseau concernant des breloques perdues de son peuple ? Ce serait folie ! Quels artefacts ont donc à nous offrir les Arakkoas ? Une branche pointue enchantée, pour capturer les larves plus facilement ?

Le regard émeraude lourd de reproche que lui lança Raitô suffit pour effacer le sourire condescendant de son visage. Il répliqua d'une voix calme mais glaciale, tandis que les flammes de son diadème avaient gagné un court instant en intensité :

- Sachez, Elynara, que les avertissements de Kirrik ne sont pas à prendre à la légère. L'Arakkoa dont je me souviens n'ouvre le bec qu'à des fins utiles et sait de quoi il parle. L'héritage de ceux que l'on appelle Apexis pourrait être une véritable bénédiction pour Quel'thalas. Ils étaient extrêmement puissants et avancés, paraît-il. Kirrik m'avait décrit des armes déchaînant la puissance d'un millier de soleils ! Il m'avait parlé de manipulations du vivant par une ténébreuse magie, de golems d'airain alimentés par des cristaux d'énergie pure, de lames pouvant trancher la roche et d'autres merveilles qui pourraient faire passer les reliques de Lei Shen pour une collection de casse-crânes troggs ! Disons brièvement : des choses dangereuses à ne pas laisser entre toutes les mains, et surtout pas celles de nos ennemis. Qui sait à qui Kirrik pourrait demander de l'aide si la lettre qui nous est adressée restait sans réponse ?

Tous gardèrent un moment le silence, silence seulement altéré par les frottis réguliers du balai magique. Personne n'était enthousiaste à l'idée que le Kirin Tor, la Ligue des Explorateurs ou même des agents de la Légion puissent déterrer de semblables artefacts.

Raitô marcha de nouveau vers le vitrail couleur sang. Le soir commençait à tomber. Joignant ses mains derrière son dos, il attendait le verdict.
Celui-ci arriva rapidement.

- Vous avez mon accord de principe, Raitô, commença Tae'thelan en repliant la lettre, l'air grave. Le Reliquaire aurait tort de ne pas s'intéresser à cette nouvelle opportunité. Mais vous devez comprendre que la moisson d'artefacts ne fait que commencer en Pandarie. Il me sera difficile de mobiliser un corps expéditionnaire sur une base aussi... incertaine, alors que les palais mogu renferment encore tant de secrets. Le Seigneur Theron a acquit une forte popularité depuis la nouvelle de la chute de Hurlenfer ; le Reliquaire n'est plus aussi libre de ses actions qu'auparavant. Je peux mettre à votre disposition cartes et matériel pour votre voyage vers Shattrath, mais pour le reste... Il vous faudra compter sur vos propres ressources.

A ce moment un serviteur entra. Tae'thelan le regarda et se leva en soupirant.

- Il est temps pour moi de prendre congé. Je chargerai Maître Brillelame de vous donner ce dont vous aurez besoin. En attendant mon retour, vous êtes ici chez vous. Al diel shala.

Les quatre Elfes le regardèrent se diriger vers de la sortie, puis les portes se refermèrent par magie derrière lui. Raitô garda le silence, très satisfait. Non seulement la bénédiction tacite du maître du Reliquaire n'entravait en rien son projet, mais en plus il lui avait laissé carte blanche, ce qui était imprévu. Impossible pour lui de ne pas se sentir submergé par une nouvelle vague d'énergie et de détermination. Il allait bientôt revoir l'Outreterre.

- Bon... alors, qu'est ce qu'on fait ? demanda Aelnara, décontenancée. Son petit faucon-dragon s'était endormi sur son épaule durant les palabres et sifflait imperceptiblement dans son sommeil.
- Nous allons mobiliser nos ressources, Aelnara, fit Raitô dans un grand sourire. Puisque nous ne pouvons avoir du personnel, nous allons devoir faire appel à de vieilles connaissances.
- De vielles connaiss... Oh non, lâcha Elynara, cachant son visage d'une main lasse.
- Hé si, dit le prêtre, arborant un sourire narquois. Et vous allez m'aider à les recontacter.
Le lendemain, quelque part sous les ruines désolées de Lordaeron

Des cris de joie troublaient le silence mortuaire de l'Apothicarium. Sous les hautes voûtes de pierres des anciennes cryptes royales, tirant de leur sieste quelques chauves-souris galeuses, émanaient du Département des enchanteurs exclamations et ricanements inquiétants.

- Ça a marché, Gakyap ! glapit Saavedro avec son accent du Lordaeron septentrional, roulant les r un peu à la manière des Nains. Par la barbe puante de Gul'dan, ça a marché !

Le réprouvé souleva ses épaisses lunettes de protection sur son front avant de poser son bâtonnet de titane encore fumant. Le kriss posé sur son établi d'enchanteur dégageait maintenant une lueur du même vert maladif que sa robe, éclairant les murs humides du petit atelier. L'empoignant par la garde, le mort-vivant contemplait sa toute dernière création avec un rictus mauvais.

- Superbe, chef ! lui répondit son diablotin sur un ton flagorneur. Mais... Qu'est-ce que c'est ?
- Un concentré de peste lié au fer par le gangrefeu, répondit-il. Il m'a fallu des jours pour y arriver ! Imagine une lame qui, à la moindre coupure, inocule la dernière version de la Peste et écorche l'âme en prime ! Vomissement, putréfaction interne, hémorragies ! Haha ! Enfin, je vais pouvoir damner le pion à l'autre imbécile de chauve et ses parchemins à la noix !
- Cela m'étonnerait fort, par la Malepeste !

La joie mauvaise sur les traits décharnés de Saavedro disparu en un clin d'oeil. Il se retourna promptement et aperçu le propriétaire de la voix éraillée qui avait interrompu son monologue. Un démoniste, tout comme lui, accompagné par un Marcheur du Vide portant une caisse. Grand et sec, le crâne lisse, il portait une robe pourpre ornée de crânes. Sa mâchoire de travers était rongée par la putréfaction tandis que ses yeux brillaient d'une lueur mauvaise.

- M-Maître Llégion ! bégaya Saavedro en s'efforçant de sourire. Veuillez m'excusez, je ne vous avais pas entendu arriver...
- Et pour cause ! Vous hurlez comme un taré de la Croisade écarlate que l'on dissèquerait vivant ! On doit vous entendre de Brill ! Et pourquoi ? Pour un minable petit sortilège sur un couteau rouillé. Ce n'est pas comme ça que vous me passerez devant, cloporte !

Les différents départements de l'Apothicarium, tous chargés d'un secteur stratégique de l'arsenal magique des Réprouvés - apothicaires, ensorceleurs, glyphomanciens... - s'étaient lancés dans une compétition sans pitié pour l'influence et la reconnaissance auprès de la Reine-banshee. Cette guerre larvée entre services se retraduisait au niveau des individus, toujours prêts à se surpasser et à mettre des bâtons dans les roues de leurs collègues pour leur avancement personnel dans l'organigramme, promesse de toujours plus de moyens, toujours plus de pouvoir, toujours plus de larbins et de cobayes.
Ce système avait été encouragé par la Dame noire en personne, depuis l'incident d'Angrathar et la trahison du Grand Apothicaire Putrescin. Ce dernier avait bénéficié du soutien de la majeure partie de la Société royale des apothicaires lors de sa tentative de coup d'Etat. Ainsi partagée et déchirée par les multiples ambitions de ses agents, l'organisation avait perdu son unité et n'était plus capable de nuire, tandis que sa productivité s'en était grandement améliorée.

Diviser, pour mieux régner.

- Ce superbe enchantement, un sortilège minable ?! s'étranglait de rage Saavedro, agitant la lame enchantée sous ce qui restait du nez de Llégion. Vous vous foutez de moi ?!
- Ni fait, ni à faire. Nul. Zéro ! Non seulement votre souche de Peste a dû être purgée par la chaleur, mais votre « gangrefeu », là...
- Quoi mon gangrefeu ? Qu'est-ce qu'il a mon gangrefeu ?
- Il a que ce n'est pas du gangrefeu ! Vous n'avez fait qu'altérer le spectre chromatique d'un banal sort de lame enflammée par gangremagie, sans même toucher à son essence ! Non seulement vous avez foutu en l'air de précieuses souches virales, mais en plus vous ne valez pas mieux qu'un vulgaire illusionniste ! Une feignasse ! Un escroc ! Si j'avais eu un apprenti qui salopait le boulot à ce point, je lui aurais déjà ouvert le ventre du nombril au menton, sorti les boyaux et donné son coeur à bouffer aux goules !
- Respirez, maître, vous devenez bleu, fit le Marcheur du Vide de sa voix caverneuse.
- Du très bel ouvrage, oui ! renchérit Saavedro plein de mauvaise foi, essayant de se dégager de cette inconfortable posture. Je connais des gogos qui seraient prêts à payer une fortune pour ce sortilège ! L'Apothicarium pourrait s'enrichir pour presque rien ! Il y a de la promotion dans l'air, là !
- Vous, le prince des incapables, une promotion ? Sérieusement, arrêtez, rire m'est extrêmement douloureux...

Le visage de l'enchanteur grimaça de colère, laissant apercevoir ses chicots pourris.

- Moi j'essaie de remplir les caisses de la boutique, Môssieur Llégion ! Tout le monde n'a pas l'occasion de gagner sa vie en scribouillant sur des parchemins, Môssieur Llégion ! L'enchantement, c'est complexe ! C'est un art ! C'est autre chose que votre calligraphie, là ! Alors vous allez me faire le plaisir de dégager de mon atelier, vieux débris ! aboya-t-il.
- C'est ça, ne vous laissez pas faire patron ! l'encouragea Gakyap de sa petite voix criarde, lançant un regard noir au démon du Vide adverse.
- Atelier très mal tenu, au passage, continua Llégion, ignorant complètement le diablotin et la colère de son confrère. Regardez-moi ça, les poussières sont mélangées avec les essences, vous ne vous étonnerez pas que tout vous pète à la tronche un de ces quatre ! Enfin, ce n'est pas tout de vous prodiguer inutilement des leçons de pédagogie qu'un novice trouverait infantilisantes, mais j'ai les vélins que vous m'aviez payés et qui encombrent ma réserve depuis des semaines. Des perles données à un pourceau. Vu vos maigres compétences, vous pourriez très bien vous torcher avec, si vous aviez encore ces fonctions opérationnelles...

Saavedro explosa.

- LES VELINS, VOUS POUVEZ VOUS LES CARRER AU...
- Excusez-moi ? le coupa une voix rauque.

Une réprouvée aux orbites vides et la chevelure clairsemée entra à son tour dans le caveau exigu qui lui servait d'atelier.

- Mais c'est un véritable moulin ! Qu'est-ce que c'est ?!
- Une lettre pour Maître Preskovitch..., répondit-elle d'un ton monotone, tendant une banale enveloppe.
- Donnez-la-moi, fit Saavedro en arrachant la missive des mains de la morte-vivante et la congédiant aussi sec.

Il n'avait aucune idée de qui avait bien pu lui écrire, mais il ouvrit rapidement l'enveloppe et commença à parcourir la lettre.

- Bon, assez traîné parmi la vermine. Ma grande oeuvre maléfique ne va pas se terminer toute seule. Mezz, pose ça et tirons nous !
- C'est ça, c'est ça... Ce serait la Sanssaint...

Llégion, lassé d'asticoter son pauvre confrère, fit signe au Marcheur du Vide de poser la lourde caisse, puis partit à la recherche d'un autre souffre-douleur non sans manquer de se prendre les pieds dans sa robe, pestant et maugréant.

Saavedro retourna à sa lecture. Pas d'erreur, la lettre lui était bien adressée. L'écriture était raffinée, et le papier d'une qualité rare.

« Cher ami,

C'est avec l'espoir que vous puissiez m'aider, moi et mes semblables, que je vous écris. Une expédition du Reliquaire est sur le départ et vous, qui m'aviez été fort secourable la dernière fois, pourriez l'être encore d'avantage. En souvenir du bon vieux temps, je vous demande, si vous acceptez d'en être, de venir jusqu'à Brise-Clémente dans trois jours. Là nous vous parlerons plus en détail de la mission.
Dans l'attente de vos nouvelles.

Selama ashal'anore !

Elynara. »


Le mort-vivant leva les yeux de la lettre. Elynara ? Dame Elynara ? Le cachet du Reliquaire en bas de la missive le lui confirmait.
Une amicale rivalité reliait l'elfe et le réprouvé depuis leur première rencontre à Lune d'Argent, lors d'un synode de praticiens des arts sombres, il y a maintenant quelques années. Peu après, Saavedro avait prêté main forte à Elynara et à son expédition du Reliquaire en Uldum, lorsque le royaume tol'vir s'était à nouveau révélé au monde. Ils avaient à eux deux causé bien des déboires à la bande de Schnottz et arraché bon nombre d'artefacts des mains avides du gobelin taré. Un peu pour le Reliquaire. Beaucoup pour leurs profits personnels.
Oui, on pouvait dire qu'Elynara était pour Saavedro un des rares êtres vivants qui se rapprochaient le plus de la définition d' « amie ».

Il avait besoin de réfléchir. Il était loin d'être enthousiaste à l'idée de devoir aider qui que ce soit, même une « amie », mais une mission pour le Reliquaire aurait le mérite de lui faire quitter Lordaeron pour un bon bout de temps...
Saavedro détestait Fossoyeuse. Peu après Angrathar, un « manque de discernement » lui avait fait rejoindre le camp des conjurés lors de la bataille pour le contrôle de la capitale. Autant dire que pour lui, l'air y était aussi irrespirable que pour n'importe quel mortel.

Il se tourna vers son diablotin, occupé à torturer un pauvre rat égaré, et l'apostropha sèchement :

- Je sors. Je veux que tout soit briqué et prêt à l'emploi dans une heure. Je te conseille de ne pas lambiner, sans quoi il y aura de la sanction.
- Hé ! Ça je suis sûr que c'est pas dans le contrat ! s'écria Gakyap, indigné.

Mais seul lui répondit le claquement de la porte vermoulue.

Le mort-vivant marchait seul avec ses pensées en direction du Canal. Une expédition du Reliquaire, cela pouvait également rapporter gros, comme la dernière fois. Il lui manquait toujours des fonds pour de nouveaux composants et ses recherches personnelles en seraient grandement accélérées... La perspective de tenir ses rivaux dans la paume de sa main décharnée était plaisante, mais pour ça il devait...

- Maître Preskovitch ! glapit une voix éthérée et traînante derrière lui, l'arrachant à ses tergiversions.

Saavedro se figea. Deux fois dans la même journée... Il se retourna à contre coeur pour faire face à la banshee l'ayant apostrophé. L'elfe morte qui le foudroyait du regard était les yeux de la Dame noire, surveillant les faits et gestes des agents de l'Apothicarium.

- Dame Sharlindra, répondit le démoniste en esquissant une courbette. Que puis-je faire pour votre service ?
- Me remettre votre rapport, par exemple... Cela fait deux jours que je vous le demande... Et vous ne me l'avez toujours pas transmis...
- Ah oui ? J'avais pourtant chargé Gakyap de vous l'apporter... Cela sera fait, ma Dame, je vous l'assure.
- Il vaut mieux pour vous, Maître Preskovitch... Sachez que je vous ai à l'oeil !... Toujours à l'oeil !...

Il attendit que la banshee s'éloigne pour revenir sur ses pas, vers son atelier. Sa décision était prise. Il ne savait pas encore où l'expédition du Reliquaire l'amènerait, mais ce dont il était sûr, c'est que voir du pays lui ferait un bien fou...




Pendant ce temps, dans la Faille de l'Ombre d'Orgrimmar

- Qui est là ?

L'occultiste resserra son étreinte sur son bâton, prêt à frapper. Sa large capuche cachait son visage, ne laissant voir à personne le sentiment qui l'habitait à ce moment précis, et qui sied mal à un orc. Il avait peur.

- Qui est là ?! répéta-t-il, ignorant la goutte de sueur glissant sur sa tempe.

Seul le silence lui répondit. Il n'y avait jamais personne dans cette partie de la ville, surtout à cette heure de la nuit... Il avait sans doute rêvé.
Un mouvement rapide, derrière lui, le fit soudainement se retourner. Une voix se fit alors entendre d'un coin obscur de la caverne. Une voix désagréable, semblable à un chuintement entrecoupé de cliquetis.

- Veuillez lâcher votre arme. Elle ne vous sera d'aucune utilité.
- Qui que vous êtes, il faudra me l'arracher de mon corps mort et refroidi, gronda l'orc.
- Proposition acceptable.

Ce fut la dernière chose qu'entendit l'occultiste orc avant que la créature ailée ne surgisse des ténèbres pour l'éviscérer de ses deux longues lames d'ambre, projetant son sang sur les parois de la grotte, avant d'arracher ses vêtements de son cadavre encore chaud...
Un violent orage s'était abattu sur la cité d'Orgrimmar alors que le soir tombait. Dans la Vallée de la Force, la pluie battante n'avait pas encore réussi à éteindre les flammes vacillantes des braseros mais ravinait le sol desséché avec force, créant des torrents de boue rouge dans lesquels pataugeaient en riant une demi-douzaine de petits gobelins, orcs et trolls sous la surveillance maussade des grunts en faction. Vu sa rareté, l'évènement avait pris tout le monde de court, mais tous avaient accueilli la tempête avec soulagement. La pluie était bien sûr la bienvenue sur les terres assoiffées de Durotar mais, plus que cela, beaucoup y voyait une occasion pour la cité de la Horde de laver ses plaies et de se purifier des souillures de la guerre civile.

Près des misérables gargotes et boutiques collées aux flancs massifs de Fort Grommash, une silhouette élancée progressait difficilement entre les profondes flaques d'eau, tentant de s'abriter de la pluie sous un pan de sa cape.
Doranir était enfin arrivé à Orgrimmar, là où il devait trouver le troisième membre de l'expédition de cet imbécile de Raitô.

- Ce petit parvenu me le paiera, siffla-t-il entre ses dents, maudissant le prêtre de l'avoir renvoyé dans la crevasse boueuse qui servait de capitale aux orcs.

La ville avait fortement changé depuis sa précédente visite. Les huttes en torchis avaient laissé place à de solides casemates bardées d'acier. Les pistes de terre étaient devenues de larges voies pavées de grandes dalles plates de métal. L'empreinte de Hurlenfer était omniprésente.

Laissant l'ouverture béante de la Herse sur sa droite, le magistère longea l'arrière de la forteresse servant de palais au Chef de guerre de la Horde. Il approchait d'un tunnel creusé dans la roche par la pluie et le vent il y a de cela des siècles. Une ouverture sombre, bordée de défenses de quelque gigantesque animal, la faisant ressembler à la gueule avide d'un monstre de cauchemar.
La Faille de l'Ombre...
Ce n'était rien de plus qu'un trou sombre et vide dans le roc, d'environ vingt pieds de haut et un peu moins de large. Et pourtant Doranir sentit son pouls accélérer, et un frisson lui parcourir l'échine. L'ultime forteresse du maître déchu de la Horde se trouvait loin au-delà du commencement de cette opaque obscurité. Nombre de rumeurs avaient couru sur les horreurs que Hurlenfer avait éveillées. N'avait-il pas eu recours à la sombre magie des mogus et des Très Anciens ?

Près de l'entrée de la grotte, Doranir put constater une activité bourdonnante de gardes et d'archers. Les échos d'une conversation animée lui parvinrent tandis qu'il passait à côté d'eux :

-... retrouvé raide mort, vidé de son sang et nu comme un ver ! Encore des assassins de l'Alliance, je parie !
- Vol'jin, il en entendwa pawler ! En entendant, pawtout on va chewcher ! Les coupables, ils doivent pas êtwe loin...

L'elfe pressa le pas. Des agents de l'Alliance à Orgrimmar ? Mieux valait ne pas s'éterniser. Les paroles de Raitô lui revinrent en mémoire. Peut-être que la Ligue des explorateurs ou le Kirin Tor avaient finalement eu vent de leurs préparatifs ?
Doranir chassa cette idée stupide de ses pensées en se secouant la tête. L'Alliance ne pouvait rien savoir de tout ceci, il en était sûr. Ce serait lui attribuer des pouvoirs quasi-divins.

Un peu plus loin se trouvait la rampe de pierre qui menait à la partie de la Vallée des Esprits désormais occupée par le cartel Baille-fonds. Les précipitations l'avait rendu glissante, et ce fut non sans mal et quelques jurons bien sentis que le mage du Reliquaire parvint enfin aux portes des Bas-fonds gobelins, un des quartiers les plus malfamés de la cité des orcs.
Trempé jusqu'aux os, l'elfe contempla amèrement le dépotoir qu'était devenu le joli plan d'eau qui, jadis, l'avait aidé à l'étude et à la méditation malgré l'éloignement de sa chère Lune-d'Argent. La cabane sur pilotis des trolls avait été remplacée par une énorme pompe à pétrole, colorant l'eau du sang noir de la terre. Ces gobelins, décidément, polluaient tout ce qu'ils touchaient...

Doranir traversa rapidement le bidonville de broc et de tôles aux rues boueuses qui s'était établi autour de l'étang pour se diriger vers une grande bâtisse bancale. Sur son toit, la silhouette géante d'un scorpide automate amenait régulièrement à l'aide de sa pince mécanique un énorme bock de bière à sa bouche. Son enseigne lumineuse avait bien quelques ratés, occasionnant de sporadiques gerbes d'étincelles, mais le nom qui y était écrit restait bien lisible.

- Au Scorpide assoiffé. C'est ici, marmonna-t-il.

Malgré l'orage, et la nuit qui s'annonçait, le coin était encore incroyablement encombré d'échoppes et de gobelins affairés. Les lampadaires grésillants diffusaient une lumière jaune désagréable aux yeux de l'elfe, qui se pressa de s'abriter de la pluie sous le porche de la taverne, où perçait le brouhaha de l'intérieur.
Lorsqu'il se décida à entrer, une écoeurante odeur de friture mêlée aux effluves de sueur, de bière et de tabac le pris à la gorge. Son arrivée avait provoqué un brusque silence, et une douzaine de regards suspicieux de trolls, orcs et gobelins s'étaient posés sur lui. Visiblement, les elfes étaient peu coutumiers de l'endroit. Doranir s'efforça de sourire, un sourire de rigueur, comme lorsque l'on cherche à amadouer un molosse enragé tout en cherchant des yeux une grosse pierre. Puis, progressivement, les conversations reprirent, jusqu'à retrouver l'assourdissant vacarme habituel.

Le magistère s'avança vers le comptoir en zinc, qu'essuyait négligemment un gobelin debout sur un tabouret. La petite créature verte avait les cheveux grisonnant, coiffés vers l'arrière. Une paire de bésicles à foyers multiples étaient relevées sur son front plat. Derrière le comptoir, l'elfe pouvait voir une hyène tachetée ronfler bruyamment à côté d'un os partiellement rongé.

- Et pour lui, qu'est-ce que ce sera ? lui demanda le gobelin, sans même lever les yeux de sa besogne.
- On m'a dit que je pouvais trouver quelqu'un ici.
- C'est possible. Comme tu peux le voir, l'elfe, il y a pas mal de monde ici.
- Un orc, tenta de préciser Doranir. Un guerrier du nom de Gatch Brisefémur. C'est exact ?

Le gobelin jeta son chiffon sale d'un geste las sur le comptoir avant de relever la tête, fixant l'elfe d'un regard peu amène.

- T'as l'intention de boire quelque chose ?
- Oh ! Euh, bien sûr ! bafouilla Doranir, décontenancé. Un vin blanc moelleux de Quel'thalas, s'il vous plaît.
- J'ai pas.
- Un soda de baies lunaires de Sombrelune ?
- J'ai pas.
- Un Kungaloosh ?
- J'ai. Pas.
- Une bière ?
- Aaah ! Ce fut laborieux, mais on y est arrivé, pas vrai ? lui lança le gobelin, affichant un sourire plein d'horribles dents pointues. Une bière pour l'asperge. On paye d'avance. Vingt pièces d'argent.

Doranir ouvra sa bourse pour payer, et se retrouva avec une choppe grosse comme un poing d'ogre, remplie d'un breuvage brun mousseux.

- Maintenant que je sais que j'ai affaire à un consommateur avisé et payant comptant, commença le gobelin à voix basse, il se pourrait que celui que tu cherches soit un de mes habitués.

Le gobelin indiqua un coin mal éclairé de la salle où, seul à une table, un énorme orc en armure vidait son bock, regardant dans le vide d'un air désabusé.
- Si j'étais toi, j'attendrai demain matin, ajouta le tenancier, qui avait repris son chiffon. Il a sa tête des mauvais jours.

Mais Doranir n'y prêta guère attention et pris sa choppe pour se diriger vers la table de l'orc.

Pendant ce temps à l'extérieur, dans la pénombre du bidonville...

...Restauration impérative. Cuir orc trop dur à dépecer dans cet état de faiblesse.
Mandibules pas assez fortes. Pas assez.
Source de protéines assimilables nécessaire.
Survie impérative. Dernier espoir de l'Essaim...


L'Impératrice était morte. Les Parangons aussi. L'avenir de l'Essaim était plus que compromis : il était désespéré. Sans la bienveillance du Très Ancien, l'ancien ordre des choses était sûr de périr sous les coups des jeunes races. Il lui fallait regagner Klaxxi'vess au plus vite.
Mais le vol vers les Terres de l'Angoisse était trop long pour lui. Il lui fallait d'abord se nourrir. Et puisqu'il était dans le nid de races inférieures, autant se montrer discret...
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