Fanfiction World of Warcraft

Sans les minces rayons de lumière qui passaient aux travers des barreaux, la cellule aurait été plongée dans l'obscurité la plus complète. Et cela arrangeait bien son occupant. Recroquevillé dans un coin de la pièce, il se tenait aussi immobile qu'impassible, même sous le tir nourri de pierres qu'on tentait de lui jeter dessus depuis l'ouverture grossièrement taillée dans la porte de son cachot.

"Encore raté, donne m'en une autre. "

"Laisse tomber, t'arriveras à rien avec celui-là. Ca fait deux ans qu'il est là et j'ai jamais entendu ne serait-ce qu'un mot franchir ses lèvres. "

"Raison de plus pour essayer, donne m'en une autre je te dis. "

"Tu perds ton temps. Viens plutôt m'aider à nettoyer la salle des gardes, elle est franchement dégueulasse. "

"Toi et ton obsession pour la propreté, ça m'en bouchera toujours un coin. "

Les deux gardes s'éloignèrent et montèrent les escaliers aussi lourdement que deux gobelins d'un mètre vingt peuvent se le permettre.
Le prisonnier, quant à lui, ne daignait toujours pas faire le moindre geste, absorbé par ses pensées et fixant le mur humide de sa prison.
Il était une véritable énigme pour tous ses geôliers. Il y a deux ans de cela, il était arrivé à Booty Bay par le bateau, sans bagages, et n'avait pas mis longtemps à se faire connaître des autorités locales en saccageant l'auberge dès le premier soir, ce qui lui avait valu un passage à tabac en bonne et due forme ainsi qu'un séjour au trou. Depuis, il s'était tellement montré discret qu'il faisait pour ainsi dire parti des meubles. Tout le monde savait qui logeait dans la cellule numéro quatre et devant son mutisme déconcertant, on avait décidé de l'y laisser jusqu'au jour où il se déciderait à s'expliquer. On le surnommait le "curé" en référence à la cicatrice en forme de croix qui ornait sa poitrine. Son âge était également une inconnue mais ses cheveux grisonnants trahissaient néanmoins ce que sa bouche s'évertuait à cacher. Aux yeux du monde , il n'existait plus et cela ne semblait pas le déranger outre mesure.



Le sergent Ryan fut tiré de son sommeil de manière plutôt inhabituelle . Quand il ouvrit les yeux, il se trouvait au milieu des décombres de feu sa chambre. Un boulet de canon avait crée une fenêtre avec vue sur la mer et était parti s'encastrer dans son armoire.

"Sergent, sergent! Vous allez bien?", cria un garde tout essoufflé et visiblement paniqué de l'autre côté de la porte.

"Jenkins, je te laisse approximativement 10 secondes pour m'expliquer ce bordel. "

"C'est les pirates, sergent, c'est les Bloodsail, ils remettent ça!"

"Oh non, c'est bien la dernière chose dont j'avais besoin en ce moment. . . "

"Quels sont les ordres, sergent?"

"Laisse-moi enfiler une tenue décente et va réunir tout le monde au fortin, armés et prêts à combattre. "

"Chefouichef!", s"exclama Jenkins avant de détaler.

Dix minutes plus tard, tous les gardes de Booty Bay étaient rassemblés dans la cour du fortin, certains encore en pyjama, d'autres déjà en armure et prêts à en découdre. Le sergent Ryan déboula par l'entrée principale, en sueur et plein de poussière.

"Bon sang, mais qu'est-ce qui se passe?D'habitude, ils se contentent de nous balancer quelques boulets, ils pillent deux ou trois magasins et ils repartent aussi vite qu'ils sont venus, et tout le monde est content!", lança Jenkins à son supérieur.

"Ouais, mais ça fait maintenant près d'une demi-heure qu'ils nous canardent. C'est tout sauf une attaque-éclair. "

"Qu'est-ce qu'on fait alors, sergent?Vu nos effectifs, on va se faire massacrer s'ils décident de débarquer, sergent! Sergent?"

"Je réfléchis, Jenkins. "

"Permission de donner mon avis, sergent?", dit un des soldats en s'avançant.

"Hm?"

"Sauvons ce qui peut encore être sauvé et évacuons la ville, sergent!"

"En voilà une idée qu"elle est bonne, le bleu, et pour aller où?"

"Moi je dis qu'on se bat et qu'on leur botte le cul, sergent!", osa un autre garde de derrière les rangs.

"Sauf erreur de ma part, l'uniforme réglementaire dans cette partie du globe n'est pas le pyjama. "

"Exact , sergent!"

"Tu comprendras que ta proposition perd un peu en crédibilité dans ce cas. "

Les incendies qui se déclaraient un peu partout en ville semaient la panique. La population apeurée était incontrôlable, ce qui en faisait une cible encore plus facile pour les canons des pirates dont les navires se rapprochaient lentement mais sûrement devant le peu de résistance qu'on leur offrait. Les habitants les plus courageux avaient dressé quelques barricades de fortune et se tenaient prêts à faire feu dès que l'ennemi pointerait le bout de son nez. Le reste des civils tentait de fuir par les terres en emportant tout ce qui avait de la valeur. Philippe le Chancelant courait devant.

"Phil, attends nous, si on se disperse tous on est foutus!", l'interpela Jacko, un des meilleurs pêcheurs de Booty Bay, que sa femme tentait de suivre tant bien que mal.

"Cause toujours , tu m'intéresses Jacko. C'est chacun pour sa poire en période de crise!"

"Hey mais ce serait pas ma montre en or que je vois dépasser de ta poche?"

"Période de crise, Jacko! Période de crise!", lui répondit Philippe en accélérant brusquement le pas.

"Reviens là sale voleur!"

Du côté de la prison , c"était l'anarchie totale. La plupart des détenus étaient eux-même des pirates Bloodsail et chaque coup de canon qui déchirait la ville provoquait un vague de cris de joie parmi eux. Les deux gardes de permanence commençaient à envisager leur avenir sous un angle peu enviable. Ils s'affairaient à récupérer tout ce qui était potentiellement mortel entre les mains de personnes mal intentionnées, comme des criminels notoires fraîchement libérés.

"Je t'avais bien dit que c'était pas le bon plan gardien de prison!"

"Ouais ok d'accord, maintenant tu la boucles et tu m'aides à consolider la barricade, sinon je réponds plus de rien, autant pour moi que pour toi. "

"Fiston, arrête de paniquer et viens par là. "

Cette voix, ils ne la connaissaient pas, et pour cause, elle provenait de la cellule numéro quatre.

"Ah ah j'y crois pas, c'est maintenant que tu te décides à jacter toi!", rétorqua un des gardes, qui tentait de dissuader ses prisonniers d'enfoncer la porte en tirant dans leur cellule à l'aveuglette.

"Deux choix s'offrent à toi. Soit tu me libères et tu t'offres un billet pour la survie, soit tu décides de ne pas le faire et on va tous les trois mourir ici comme des cons. ", dit le "curé" calmement.

"Tu serais pas en train de nous embobiner par le plus grand des hasards?", ironisa le deuxième garde.

"Je suis en train d'essayer de vous sauver la vie, sale petit nain vert. "

Les Bloodsail étaient montés dans leur chaloupes et approchaient dangereusement de la rive, abattant au fusil tous les téméraires qui se risquaient à les en empêcher. La milice s'était postée sur le toit de l'auberge avec de quoi les ralentir : dynamites et grenades de confection gobeline mais le moral n'était pas au beau fixe, surtout depuis que la fumée des explosions s'était dissipée et qu'ils y voyaient plus clair.

"Ils sont au moins dix fois plus nombreux que nous, on va tous y passer , sergent. ", fit remarquer Jenkins avec une lucidité qui ne lui ressemblait pas.

"Et moi qui rêvait d'aller visiter Winterspring avec mes gosses pendant ma prochaine permission, , je crois que c'est râpé", soupira le garde en pyjama.

"Ecoutez, si vous voulez vous défiler et sauver votre peau, il est encore temps, je comprendrai", déclara le sergent Ryan, "mais moi je reste, c'est ici que je suis né et c'est pas une bande d'opportunistes qui va m'en déloger. "

"Bien dit. "

"On a bien ressenti le côté dramatique, non?"

"J'allais le dire. "

"Héhé. "

"Haha. "

"Merde mais je te reconnais toi, t'es le "curé", qu'est-ce que tu fais la?"

"Il nous a aidé à combattre les Bloodsail à la prison, sergent. On a pensé que ce serait bien de l'avoir en renfort comme qui dirait. ", récitèrent en coeur les deux gardes de la prison. "Il se débrouille vachement bien. "

"Vous deux, on s'expliquera plus tard, si on s'en sort. En attendant, on a une ville à défen. . . ". Le sergent n'eut pas le temps de finir sa phrase car il fut projeté au sol par le "curé" qui lui évita ainsi un plombage gratuit.

"Si tu attends des remerciements, tu peux toujours courir mon gars", grogna le sergent en se relevant.

"Considère ça comme un paiement pour la nourriture infecte que vous m'avez servie pendant deux ans. "

"Sergent, ils sont dans la ville!", hurla Jenkins avant d'écoper d'une balle dans le bras et de tomber à la renverse.

"Pour Booty Bay soldats!, lança le sergent. "Et toi le "curé", t'avises pas de rester dans mes pattes. "

"Ca va faire mal. "