Fanfiction World of Warcraft

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Arkmar - L'exilé

Par Elmauss

Chapitre 1 - Sang et Honneur

Passé, Arkmar

Le combat avait couté la vie à tous ses compagnons. Les trois cadavres gisaient non loin. Leur adversaire avait été plus fort. Beaucoup plus fort. Arkmar tenait difficilement debout. D'un revers de la main, son ennemi lui arracha son arme, qui tomba dans les broussailles. L'orc, ébranlé par le choc et vaincu, tomba à genou, prêt à rejoindre ses frères tombés au champ d'honneur. Un silence de mort se fit sur le lieu du combat. Même la forêt se tut. Au bout d'une poignée de secondes qui parurent des heures, la vie reprit entre les arbres des marécages. Arkmar releva la tête.

Solidement bâtit, comme tous ses semblables, il avait pour habitude de dominer les champs de batailles. Les deux crocs saillant de sa bouche atteignaient les dix centimètres de long. Il n'avait pas encore vécu assez longtemps pour voir son corps se couvrir de balafres au combat. Il n'avait que onze ans. Age adulte pour un orc. Son visage étonnement doux pour quelqu'un de sa race exprimait une certaine dignité. Mais ses yeux noirs trahissaient cependant une troisième émotion : la peur. Il avait toujours voulu vivre, même s'il s'efforçait de dominer cette peur. Il prit l'air résigné et fixa le ciel autant qu'il était possible à travers les frondaisons des arbres, guettant un quelconque signe divin.

Arkmar ferma les yeux. Attendit. Baissa la tête. Rien ne vint. Il songea un instant à s'enfuir, mais jugea cette solution trop lâche, et surtout impossible à mettre en oeuvre. Un rire retentit. L'orc releva une nouvelle fois la tête. Rien, si ce n'était ce golem de boue qui l'avait défait. Puis son monstrueux adversaire bougea, laissant apparaître son maître. Un draenei. Ou du moins ça l'était. Défiguré, torturé, fou. Un Perdu. Un chaman et son serviteur. Un chaman qui n'avait de chamanique que le nom. Le golem de boue, qui avait protégé son maître, s'immobilisa de nouveau. Le dreanei s'approcha. Il tenait en main un bâton au bois torturé par une magie corrompue. Une cicatrice barrait son visage du haut du front et jusqu'à sa lèvre supérieure, en passant par sa joue et son oeil droits. Celui ci était étrangement blanc. Le chaman était surement borgne. Le Perdu sourit, puis s'accroupit pour se mettre à la hauteur du visage du vaincu.

- Petite ordure d'orc, dit-il d'une voix rocailleuse et lente, tu croyais pouvoir me vaincre ? Tu croyais que toi et tes misérables compagnons pourraient me tuer ? Sache qu'on ne défait pas facilement Nek'thur !

Étrange nom pour un chaman, pensa Arkmar. Sans doute avait il changé de nom en même temps qu'il avait perdu l'esprit, il y a des années... Le draenei leva son bâton vers un ciel invisible. Il murmura quelques mots, puis Arkmar sombra dans l'inconscience, touché de plein fouet par le sortilège.

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Il se réveilla la nuit, dans un campement de Perdus. Nek'thur l'avait emmené avec lui. Pour le rançonner ? Jamais les orcs n'accepteraient pareil chantage. Pour quoi donc ? Ne trouvant aucune réponse, Arkmar observa le camp. Il n'y avait apparemment que des draeneis de sexe masculin. Étrange... De nombreuses huttes se dressaient autour de lui. Des feux de camp étaient en permanence allumés et entretenus par les Perdus. Lui même était près de l'un de ces feux. Il estima la population du village à plus de cent individus. Un adversaire de taille pour Pierrêche. Il vit un atelier où l'on fabriquait des armes, une hutte pour ranger la nourriture, une autre où l'on gardait ces mêmes armes une fois prêtes... Arkmar recueillait de précieux renseignements, en admettant qu'il sorte d'ici vivant. Un draenei remarqua enfin que leur prisonnier était réveillé. Il cria, l'air affolé. Arkmar tenta de se relever, mais de solides liens l'entravaient. Il entendit de nouveau la voix du chaman et s'évanouit une deuxième fois.

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Lorsqu'il se réveilla, il remarqua qu'il était maintenant sur une table de pierre, sous le toit d'une hutte.

- Alors on s'est enfin réveillé ? Nek'thur avait attendu son réveil. Le chaman s'approcha de lui et de la table de pierre.

- Tu m'as fait attendre... Un des draeneïs du village t'a aperçu observant le village... N'espère pas pouvoir utiliser un jour les informations que tu as pu recueillir ici... J'ai prévu pour toi quelque chose de plus... divertissant.

Le chaman était fou, c'était évident. Mais ça n'aiderait pas Arkmar à lui échapper. Il implora les éléments de venir à son secours. Nek'thur leva la main. Une lueur violette sombre l'entoura. L'orc cria de douleur. Il ne savait pas ce que le fou lui faisait, mais c'était atrocement douloureux. Il cria, encore et encore, comme il n'avait jamais crû pouvoir crier. Ce n'était pas digne d'un membre de la Horde de hurler ainsi, mais il ne pouvait s'en empêcher. La douleur était plus forte. Et la magie, il le sentait, l'empêchait de sombrer vers la mort.

Il ne sut pas combien de temps cela dura. Juste que la douleur s'arrêta brutalement. Le sol tremblait, des explosions retentissaient dans le village. Une cacophonie de cris de panique, d'ordres ou de hurlement de douleur résonnait à ses oreilles. Il inspecta la hutte et ne vit aucune trace du chaman fou. Il prit son courage à deux mains, rassembla ses forces et sortit.

Mal assuré sur ses appuis, il se fit bousculer par un draenei, les yeux fous, criant à la mort. Il observa le peau-bleue s'enfuir et finit par relever la tête. Arkmar vit enfin l'origine de ces explosions. Un déchainement d'énergie pure. Une bulle translucide sur laquelle se déplaçaient paresseusement des "serpents" de lumière blanche, qui grandissait d'un coup, atteignant quatre mètres de diamètre. Des sphères de cette nature commencèrent à apparaître un peu partout, avec des effets très variés et le plus souvent mortels. Ici, un draeneï fut emporté à plus d'une dizaine de mètres de haut, avant de retomber lourdement. Un peu plus loin, une cabane explosa littéralement. Un morceau de bois entama sa joue. Trois autres de ses ravisseurs s'écroulèrent, foudroyés par les minuscules échardes.

Du coin de l'oeil, Arkmar capta un mouvement dans sa direction. Nek'thur. L'orc décida qu'il était temps d'agir et pris ses jambes à son cou vers la sortie, toute faiblesse envolée. Dans son dos, le faux chaman fut pris au piège dans un trou creusé par une autre sphère. Arkmar accéléra encore. Franchit les portes qui pendaient inutilement sur les côtés. Atteignit enfin la forêt et continua sa course, soulagé d'être vivant.

Alors que l'orc s'échappait du camp, une pulsation agita le ciel. Les draeneïs restants sentirent l'onde se propager dans leur direction. Certains eurent suffisamment de sagesse ou de lâcheté pour fuir. D'autres restèrent, fascinés par la puissance inconnue qui approchait. Ce n'est que lorsqu'elle les atteignit qu'ils commencèrent à douter. Avant d'avoir pu crier leur terreur, tout disparu.

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Passé, Arkmar

Il a réussi. Il en est sorti vivant. Il se laisse tomber contre un arbre, fatigué par sa course effrénée dans les marécages. Reste encore à retrouver son chemin. Et à prendre une décision quant à sa destination.

Arkmar se releva tant bien que mal. Le chaman n'y était pas allé de main morte. Ses muscles lui faisaient mal. Sa tête aussi, mais les explosions y avaient largement contribué. Il tendit l'oreille. Plus de tremblements, ni d'explosions. Il tenta de se repérer pour retrouver le chemin de Pierrêche mais ne trouva aucun indice. Dépité, il se rassit contre l'arbre et s'endormit, trop épuisé pour se mettre hors d'atteinte des prédateurs.

Il se réveilla quelques heures plus tard, en pleine nuit. Il avait repris des forces. Il fit quelques pas, puis commença un rituel orc d'échauffement. Maintenant qu'il était en meilleure forme, il songea à trouver de quoi se nourrir. Sans arme de lancer, il n'irait pas bien loin. Si des dreaneïs et des trolls avaient élu domicile dans ces marécages, trouver leurs camps et leur voler de la nourriture ne serait pas chose facile. Il estima la direction dans laquelle devait être Pierrêche, et fit appel à ses souvenirs pour chercher un camp ennemi proche. Le bastion orc étant à deux jours d'ici, il opta pour un passage chez leurs conviviaux voisins...

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Un simple feu avec quelques trolls autour. Combien exactement, il ne le savait pas. Arkmar avait rapidement trouvé des traces de leur présence dans cette petite clairière. Le jour était encore loin. Il avait le temps, et il n'était plus fatigué. Son estomac, par contre, criait famine. Un troll bougea. Rien qui ne puisse alerter Arkmar. L'indigène se dirigea vers un compagnon et entama une discussion. C'était l'occasion rêvée. Leurs vivres étaient posées dans un coin, apparemment sans surveillance. Méfiant, Arkmar comptait sur sa rapidité d'action et le couvert de la nuit pour s'enfuir sans que les trolls puissent réagir. C'est donc ce qu'il fit. Il se déplaça le plus silencieusement possible, surveillant les deux gardes du coin de l'oeil. Il sortit du couvert des arbres. Attendit deux secondes, puis se lança à l'assaut du sac de vivre. Il l'ouvrit, prit quelques morceaux de viandes d'apparence comestible, en profita pour chiper une bouteille de ce qui semblait être de l'eau et s'enfuit. Il se baissa pour esquiver une lance, qui se ficha dans un arbre. Il mit la viande dans sa bouche pour se libérer une main et délivra un formidable coup de poing à son agresseur qui tenta de l'attraper. En essayant de ne pas s'étouffer, Arkmar s'éloigna du campement troll en espérant qu'ils n'aient pas l'envie de commencer une chasse à l'orc.

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Arkmar

Arkmar s'essoufflait, à courir depuis des heures. La nuit avait été courte. Il avait réussi à semer les trolls dans un premier temps. Se pensant à l'abri de représailles, il s'était tranquillement endormi. Seul son instinct l'avait sauvé d'une mort certaine. Le chasseur troll s'était approché dans son sommeil, sans un bruit. Son instinct lui avait dicté d'ouvrir les yeux et de s'emparer de la lance du troll. Son instinct l'avait conduit à abattre le troll avant que celui ci n'alerte ses compagnons. Son instinct l'avait sauvé. Arkmar s'était enfui, abandonnant la le cadavre et la lance.

Il regrettait de n'avoir pensé à récupérer une arme sur le macchabée, mais c'était trop tard. Les « indigènes » étaient à ses trousses. Il fini par s'arrêter. Il fallait réfléchir. Il avait au moins une heure d'avance sur ses poursuivants, d'après les échos des cornes de chasse. Il prit rapidement la décision de monter à un arbre pour se repérer, voire s'y cacher.

Il scruta l'horizon pendant plus d'une dizaines de minutes afin de trouver ce qu'il cherchait : un léger renfoncement de la zone, ainsi qu'un pan de montagne cachant le village draeneï. Il avait perdu vingt minutes pour arriver jusqu'en haut. Il en perdit dix autres à descendre, se laissant tomber de branches en branches en un exercice dangereux. A peine ses pieds avaient touchés le sol qu'il entendit une corne très proche. Il fit volteface et courut en direction du renfoncement.

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Le sol était humide, tout comme l'air. De fins ruisseaux s'écoulaient paisiblement dans la clairière. De profondes traces de pas et de corps indiquaient les lieux d'un affrontement. Arkmar venait de trouver où reposaient les cadavres de ses frères de la Horde. Trois tombes, à la limite de la forêt, renfermaient leurs corps. Sur celles ci, leurs armes. Une quatrième avait été creusée, attendant qu'on lui livre son mort pour lui donner la paix éternelle. C'était la sienne. Les Perdus n'auraient pas enterrés ainsi les cadavres. C'était l'oeuvre de ces draeneis « pacifiques », un groupe de peau bleue très différents de ceux qui l'avaient capturé. Puis une corne le ramena au présent. Remerciant son propriétaire décédé, il prit un hache et la ceinture lui correspondant sur une tombe, avant de s'enfuir toujours plus loin.

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Les trolls se rapprochaient inexorablement. Plus agiles, plus rapides, et plus habitués aux marécages qu'ils connaissaient parfaitement. Le plan d'Arkmar n'allait peut être pas se réaliser. Il avait l'intention d'attirer ses poursuivants devant le village des Perdus, les obligeant soit à se battre avec eux, soit à attendre qu'il sorte du village ou qu'il se fasse livrer. Il n'avait pas trouvé mieux. Cependant, vu les problèmes que ceux ci avaient rencontré, il avait bon espoir de pouvoir passer inaperçu.

Mais une chose inquiétait l'orc. Depuis quelques temps déjà, les cours d'eau étaient sensiblement plus larges et coulaient un peu plus vite. Détails peu importants, mais pas aux yeux de d'Arkmar. Il n'avait que trop peur de ce qui pouvait être la cause de cette anomalie pour y réfléchir.

Il n'était plus bien loin. Mais les trolls non plus. Il avait contourné le pan de montagne. Il y était presque. Puis une flèche siffla à son oreille. Une lance se ficha non loin, quelques pas à sa droite. Il accéléra, mué par le désespoir. Un cri retentit à sa gauche, derrière les arbres. Il détourna la tête à temps pour dégainer sa hache et parer l'attaque. Son agresseur trébucha, boula sur plusieurs mètres avant d'être violemment réceptionné par un arbre centenaire, qui lui ne bougea pas d'un pouce. Un autre troll surgit de devant, qu'il décapita d'un coup. La tête vola hors de sa vue, le corps s'effondra, le sang jaillit. Du Sang. Quelques instants plus tard, il stoppa devant ce qui semblait être la rivière avant le village draeneï. Il se retourna. Brandit sa hache au dessus de sa tête. Et hurla un défi à la dizaines d'Atal'ai qui lui faisaient face. Mourir avec Honneur.

Il recula de quelques pas, se mettant totalement à découvert. Il n'y avait plus d'arbres, indiquant la proximité avec les palissades dreaneis.. Ici, le courant était encore un peu plus fort, les ruisseaux un peu plus larges. Les trolls formèrent un demi cercle autour de lui. Une poignée de secondes passa, emplie d'une tension extrême. Alors qu'Arkmar s'apprêtait à se jeter sur eux, les trolls discutèrent vivement dans leur langue. Il sentait la peur dans leur voix. Tous les Atal'ai fixait le village draeneï, dans son dos. Après une courte torpeur, un troll craqua, tomba à genou et pria ses dieux. Les autres firent de même. Ils déclamaient leur litanie de prières sans se soucier de l'orc, terrifiés. L'un d'eux pleura. Puis il eût une explosion. Identique à celles qu'avait connu Arkmar quelques jours plus tôt. Tous ses assaillants s'enfuirent, non sans l'avoir maudit. Alors que les dernièrs tremblements agitaient le sol, le jeune guerrier s'autorisa à souffler. Il était sauvé. Il se retourna alors vers le village draeneï, cherchant à savoir ce qui l'avait sauvé. Mais le village n'était plus là. A sa place se tenait un gouffre en forme de bol, d'une profondeur de cinq mètres. Tout le campement avait été pulvérisé.
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Arkmar

Un immense mais peu profond « bol de vide » s'ouvrait à ses pieds. L'orc restait bouche bée devant un tel spectacle. Quelle puissance pouvait ainsi oblitérer un village ? Les draeneïs étaient-ils tous morts ? On eu dit qu'une main géante avait prit une poignée de terre, laissant là un trou aux contours circulaires. L'eau s'écoulait en de nombreux ruisseaux. Le fond du cratère était recouvert d'eau. Tout au centre, une petite butte qui n'était pas immergée subsistait. Puis il y eut une pulsation, venant du centre du cratère. Si puissante que pendant un moment, l'eau se retira pour coller aux parois du bol. Si puissante que les arbres penchèrent et qu'Arkmar fut projeté en arrière. Il atterrit lourdement sur le sol. Lorsqu'il reprit ses esprits, il rampa pour observer le phénomène, sans se soucier du danger. Ayant de nouveau une vue sur la butte, il s'immobilisa.

Une nouvelle pulsation ébranla les alentours. L'orc tint bon et ne recula pas d'un pouce. Puis encore une autre. Le rythme accélérait, tout comme le coeur de l'orc. Ses yeux s'étrécirent sou l'effet de l'adrénaline. Une lumière, peu intense, se mit à briller. Puis il y eut un bruit de déchirure. Un bruit distordu, grave. La terre trembla. Une sorte de tâche apparue. Transparente comme de l'eau, comme une flaque qui s'étend sur le sol. Ses contours se firent plus précis, jusqu'à former un portail. De sa position, il pouvait voir à travers. L'air s'immobilisa. Le temps s'arrêta. Un silence total s'installa. Vint un bruit de pas en armure, un seul et unique pas. Arkmar vit distinctement un pied. L'orc porta la main à sa hache, pour se donner du courage. Il lui faudrait peut être abattre ce qui sortirait du portail. La créature devait avoir du mal à traverser ; elle n'avait pas passer ne serait-ce qu'un seul doigt par l'ouverture. Quelques secondes plus tard, la silhouette de la créature se dessina nettement de l'autre côté du portail. Un homme. Il força le passage. Sa tête entra en contact avec le liquide qui formait le portail. La progression fut difficile. Puis le bruit d'un deuxième pas. Il était arrivé. Il sourit de satisfaction. Enfin, il avait réussi à passer.

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Arkmar

L'humain souriait. Il était jeune, d'à peu près seize ans. Arkmar avait du mal à estimer l'âge des humains. Ils grandissaient trop lentement. Malgré son jeune âge, l'orc voyait bien que c'était un guerrier. Peut être même un puissant guerrier, à moins que ce ne soit un diplomate bien armé. Il portait une armure de plaque couleur acier, légèrement ternie pour éviter de s'éblouir en la regardant. Elle était parfaite. Lorsque son porteur faisait un mouvement, il n'y avait pas un bruit. Le système de plaque d'armure était très perfectionné. L'étranger portait aussi un capuchon et une cape couleur de terre. A l'évidence, il ne voulait pas être reconnu, ou dévisagé. Le plus étrange résidait cependant dans le fait qu'il sorte de nulle part... A part ça, ce n'était qu'un banal jeune guerrier humain.

Le portail induisait Arkmar à penser qu'il avait devant ses yeux un mage guerrier. Rare. Il n'en avait jamais vu, juste entendu parler dans les histoires pour enfant. Dans son dos, un bouclier circulaire de taille moyenne pendait. Sous le bouclier, dépassant de l'épaule droite de l'humain, la garde d'une épée. Un droitier, donc. Aucun autre équipement. Lâché en plein marécages, seul, sans vivres, sans eau, sans abris pour dormir. Peut être le garçon aimait-il les défis ? Ou, plus simplement, était-il fou, ou bien justement parfaitement conscient de ce qu'il faisait...

Arkmar continua à observer la scène. Décidément très ennuyeuse. Le guerrier était comme en transe. Magique. De léger scintillements agitaient l'air autour de lui, et une vibration très sourde résonnait dans le cratère. Les soupçons de l'orc étaient confirmés. Un mage guerrier venait d'apparaître devant lui. Au fond d'un immense trou, sûrement de son fait, dans un endroit perdu. L'orc marmonna quelques mots sur la folie notoire des sorciers et se tut, attendant qu'il se passe quelque chose.

Puis le garçon bougea. Arkmar pensa un instant que l'étranger venait de prendre sa première inspiration depuis qu'il était arrivé ici. L'orc fronça les sourcils. Ne pas respirer pendant plus de deux minutes ? Assurément pas humain. Arkmar était en pleine réflexion lorsqu'il fut coupé par la voix du guerrier. Il n'avait pas écouté ce qu'il venait de dire.

- Tu m'as entendu ? Sors de ta cachette.

Cet ordre, prononcé dans la langue gutturale des orcs, ne pouvait être donné qu'à lui. A qui d'autre sinon ? Le sang dans les veines d'Arkmar se figea. Tout son corps se tendit, prêt à dégainer sa hache et à foncer sur l'intrus. Mais avant d'esquisser le moindre geste, le terre sous lui se souleva. Comme si quelque chose creusait pour atteindre la surface. La bulle de terre ainsi formée explosa, projetant l'orc dans les airs. Il ne vit pas où il retomba. Juste qu'il était cul par dessus tête.

- Relève toi, que je puisse exactement savoir qui m'épie depuis mon arrivée.

L'orc ne s'exécuta pas, mais releva la tête. Il était au pied du guerrier. Sans arme. En très mauvaise posture. Un mauvais sourire apparut sur la face à demi cachée de l'humain. Arkmar était à sa merci.

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Futur

- Agrlgrlgrlgrlgrl !
- Grl ?
- Mgrllrrrrgrl.
- Mgrlrlglrm.
- Bleur.

Voici donc la conversation que menait deux murlocs sur une côte de strangleronce. Comme vous l'aurez compris, il semblerait qu'un enfant a disparu. Ces deux murlocs étaient en train de décider s'il valait la peine d'être sauvé.

- Mgrlblugrul mlagrulblmr.

Le chef venait donc de choisir d'abandonner ce jeune abruti à son triste sort.

Au même moment, à quelques kilomètres de là, un jeune murloc découvrait la jungle. Il apprit rapidement que la plupart des êtres qui la peuplent ne lui voulaient pas du bien. Preuve est qu'à peine les dix premiers mètres franchis, un raptor l'avait poursuivi sur plus de la moitié de son parcours. Relayé vingt pas plus tard par un tigre mâle qui commençait à avoir faim, puis part une bande de trolls qui voulait se faire un collier en tentacule de murloc. Lorsqu'on est aussi bien accueilli, on a qu'une envie, c'est de trouver un endroit plus calme.

Le jeunot avait opté pour une petite grotte à flan de colline couvertes de plantes rampantes. C'est d'ailleurs à ce moment de sa vie qu'il attrapa la phobie des espaces caverneux. Ne se doutant de rien, il s'approcha calmement et posa ses fesses sur un petit rocher au fond. Rocher décidément bien confortable. Puis le caillou bougea. Le petit murloc s'énerva et entreprit de l'écraser de son maigre poids. Après une minute passablement agitée, durant laquelle il frappa avec énergie, le caillou s'immobilisa, laissant l'abruti aquatique savourer sa victoire sur ce-qui-ne-vit-pas-mais-qui-bouge-quand-même-beaucoup. Après une petite sieste et deux heures de réflexion, le murloc fut prit d'un doute. Il leva son postérieur et observa son "trône" de plus près. Il découvrit le cadavre d'une craquante bébé panthère. Pauvre animal. Mesurant la gaffe, il prit la poudre d'escampette.

Évidemment, la mère ne fut pas très contente de retrouver un cadavre sur trois de ses enfants. Elle se mit en tête de rattraper le murloc, de l'éviscérer, de le faire souffrir le plus et le plus longtemps possible, et d'aller abattre une douzaine de ses stupides congénères sur la côte. Comme quoi, une panthère noire, c'est drôlement vicieux.

Après toute une journée de poursuite, le jeune idiot, épuisé, se laissa tomber par terre. Ici, le sol était étrange, fait de terre sèche. Le murloc releva la tête. Il était sur un chemin. Plus loin, il voyait un pont. Et puis, sur la droite, il voyait deux yeux jaunes. Il enfoui sa tête dans ses mains. En profite pour prier. Ces yeux, ce sont ceux de la panthère, qui s'apprête à le dévorer (en fait, elle lui veut juste beaucoup de souffrances à lui et à son peuple, ce qui, somme toute, reste plus grave). Mais elle ne bondit pas. On dirait qu'elle a peur. En faisant cette constatation, le jeunot fait trois pas vers elle. Elle recule de trois pas. Le murloc bombe le torse.

- Mrgrlrglrlglrlglrlglrlglruuuuurglrlglrlmmglrglrglrl !

Effrayée, la panthère s'enfuit. Encore une victoire de la stupidité crasse et chanceuse sur l'intelligence, la force, l'agilité et la puissance supérieure toutes catégories. Une ombre recouvra la frêle silhouette.

- Qu'est-ce que tu fais là toi ?

Le murloc tourna lentement la tête. Un orc. Et un homme. Pas tout à fait adultes. Il tenta de s'échapper, mais le gros guerrier le prit par un tentacule et le souleva du sol pour l'observer les yeux dans les yeux.

- Mais avance !
- J'ai trouvé un truc.
- Pousse toi... ooooooh ! s'exclama l'humain.
- Et bien ? Quelque chose ne va pas ?

Le murloc sentit la mort arriver et décida de s'évanouir. Enfin, il l'a pas vraiment décidé. C'est juste une grosse mauviette qui fait dans son froc. Enfin, vous m'avez compris quoi.

Le jeune idiot ne vit plus rien, perdu dans les abîmes de l'inconscience.

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Arkmar

L'homme s'approcha d'Arkmar.

- Lève toi.

L'ordre avait claqué, impérieux. Sans arme, l'orc ne pouvait pas grand chose. Bien que l'étranger n'ait pas les siennes en main, il gardait l'avantage. Arkmar se résigna à la prudence, et à la survie. Il se leva. L'homme ne le quittait pas des yeux. L'orc fut saisi d'un étourdissement. Il sentait des souvenirs lui revenir en mémoire alors qu'il les croyait enfouis profondément, il revit sa vie... L'inconnu fouillait sa tête, il en était sûr. Les vertiges cessèrent. Le guerrier-mage s'était retiré de son esprit.

- J'ai des projets pour toi.

Puis Arkmar sombra dans l'inconscience.

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Il se réveilla au bout d'un temps indéfini, et aperçut qu'il était étendu par terre. L'humain était en position assise, à deux pas de lui.

- Qui es-tu ? questionna l'humain.
- Et toi, qui es-tu, sorcier ? contra l'orc.

Son interlocuteur fit un sourire en coin.

- Tu veux jouer à ça ?
- Jouer à quoi ?

Il commençait à perdre pied, les propos de l'humain étaient incohérents. Le guerrier-mage se leva s'approcha suffisamment pour pouvoir tendre le bras et faire claquer sa main sur l'épaule d'Arkmar. Alors que celui ci amorçait à peine une clef de bras, la main lui broya l'épaule. Sans doute aidée par magie. Il tomba à genoux, grimaçant de douleur. Indigne d'un membre de la Horde. Mais ces derniers jours, Arkmar s'était souvent senti indigne. Il passa outre et réussit à demander à son bourreau pourquoi.

- Pourquoi quoi ? lui répondit-il en lâchant son épaule.
- Pourquoi tout ça ! s'emporta l'orc, pourquoi es tu ici ? Pourquoi me parles tu ?
- Parce que pour la première question, parce qu'il n'y a personne d'autre ici pour la seconde.

Arkmar décida de ne plus lui parler. Il n'en tirait rien et n'avait pas avancé depuis le début de la conversation. Il reporta ses interrogations à plus tard, si plus tard il y avait pour lui. Il songeait à se débarrasser du sorcier ou s'enfuir une nouvelle fois quand il entendit un grondement. Les deux guerriers se retournèrent vers son origine. Les yeux d'Arkmar s'agrandirent. C'était la première fois qu'il en voyait réellement. Dans un deuxième titanesque rugissement, les trois dragons de bronze foncèrent droit sur eux.

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- On a un petit problème je crois...

Arkmar restait interdit devant le spectacle de ces béhémoths fonçant droit sur eux. Puis il finit par reprendre ses esprits. Il courut chercher sa hache tombée un peu plus loin, puis revint aux côtés du guerrier-mage, espérant quelques sorcelleries de sa part qui les sortiraient d'affaire. Mais rien ne lui garantissait que l'humain était assez puissant pour contrer la menace ni qu'il déciderait de sauver aussi sa peau à lui.

- Ça va ch...

Le hurlement d'un des dragons couvrit sa voix. Ils approchaient rapidement du cratère, et regardaient l'humain avec fureur.

- Bon, comme j'ai décidé de pas te laisser crever, tu seras bien gentil de rester prêt de moi pour la suite. Pigé ?

L'orc acquiesça, distrait par le spectacle s'offrant à ses yeux. Le mage-guerrier releva ses mains, qui se mirent à briller d'une lueur verte. Les dragons ne marquèrent pas un temps d'arrêt devant cette démonstration de magie. Ils étaient tout proches, maintenant. L'humain attendit. Ferma les yeux. Arkmar commença à éprouver de la peur, qui remplaça la stupéfaction. Le premier dragon s'approcha du sol. Descendit encore. Alors qu'il tendait la gueule pour les gober tous les deux, il entra en collision avec un barrière invisible en forme de dôme. A demi assommé, le béhémoth griffa la protection, gémit de douleur et continua sa route, s'écrasant plus loin. Les deux suivants se séparèrent pour contourner le dôme chacun d'un côté. Ils préparèrent tous deux un sort, qui se mit à briller d'une couleur de bronze entre leurs pattes avant. Ils les lancèrent alors qu'ils se croisaient de l'autre côté de la bulle de protection. Les deux sphères magiques eurent l'effet de gouttes d'eau à la surface d'un lac. Des ondulations parcoururent tout le sort du guerrier mage. Celui ci se détourna et murmura à l'orc un "suis moi", tandis que le dôme magique volait en éclat. Il marcha en direction d'une bordure du cratère pour en sortir. C'est ce moment que choisit l'un des dragons pour souffler un sable qui commença à former une tempête autour des deux mortels.

- Le sable ! Il est magique ! Défend nous !
- Comment ça magique ? Et depuis quand les dragons crachent du sable ?

Autour d'eux, les éléments commencèrent à changer. D'abord lentement, puis de plus en plus rapidement. Ici un arbre poussa, là la terre se craquela et devint aride. Le sorcier comprit le danger et invoqua un vent qui poussa la tempête de sable vers les dragons. Ceux ci la dissipèrent d'un geste dédaigneux et s'apprêtèrent à réitérer la manoeuvre.

- Celui là il passe pas ! hurla l'humain.

Il se retourna vers la lisière de la forêt en tendant les mains dans cette direction puis les recroquevilla en tirant vers lui. L'effet fut immédiat. Les arbres commencèrent à s'agiter. Puis le sorcier tira d'un coup sec. Une énormissime racine sortit de terre, se coupa en deux à leur hauteur et les recouvrit, formant une nouvelle bulle, mais de bois. Ils étaient maintenant plongés dans la pénombre, et entendaient les coups furieux que donnaient les dragons pour fracasser la protection « naturelle » et les atteindre.

- Allez, on y va, déclara l'humain, mais avant qu'on parte, je veux savoir ton nom.

Se sentant redevable de s'être fait sauvé la vie, même par un humain, le guerrier de la Horde opta pour la coopération, du moment qu'il n'était pas sorti d'affaire.

- Arkmar. Quel est le tien ?

Son interlocuteur réfléchit un instant, cherchant visiblement un prénom à inventer.

- Sur ce monde, tu m'appelleras Kealthei.
- Kealthei ? Ce nom me semble elfique.
- Tu comprendras pourquoi.

L'orc se tut. Quelques questions lui vinrent à l'esprit, telle en quoi était il sensé finir par apprendre pourquoi son nom était elfique, mais elles en furent vite chassées par l'instant présent.

- Arkmar ?
- Oui, humain ?
- Raconte moi ton monde, s'il te plait.

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Arkmar

Alors Arkmar lui raconta. Il ne sut pas vraiment pourquoi, mais il parla durant de longues minutes. Il parla de tout, de rien, de la Horde, il parla alors même que les racines surnaturelles résonnaient encore des coups furieux des dragons.

Arkmar tenta un peu de reprendre ses esprit et s'étonna du comportement de "Kealthei" et du sien. Un orc divulguant à un humain le savoir des orcs. Humain qui, deux heures auparavant, avait ouvert un portail en plein marécage, interpellé Arkmar dans sa propre langue et eut affaire à trois puissants dragons de bronze sans broncher, sans s'inquiéter et qui avait réussi à s'en sortir vivant.

Beaucoup d'exploits pour une seule personne. Malgré tout, Arkmar avait fait le choix de suivre le mage-guerrier. Pourquoi ? Soudain, la question se noya dans un tourbillon de noirceur. Il crut qu'il allait encore s'évanouir, mais tint bon. Alors que les vertiges cessaient, il avait complètement oublié sa question...
- On part.
L'orc se reprit soudain, seulement conscient d'avoir eu un coup de fatigue.
- Je m'en doutais, vu que tu m'as demandé d'arrêter de parler.
- Perspicace.

L'orc grimaça dans le noir. L'humain se moquait il de lui ?

- Comment veux-tu qu'on sorte ? Je ne vois aucune issue.
- Ne te fit pas à tes yeux mais à ton imagination. Elle, elle n'a pas de limite.

Sur ces mots mystérieux, il fit apparaître une boule de lumière flottant à quelques centimètres de sa main. Arkmar le vit tendre le bras vers l'origine de la racine. Celle ci se coupa en deux sans laisser d'ouverture vers l'extérieur, de la même manière que deux heures auparavant. Au fur et à mesure qu'ils avancèrent, le tunnel ainsi formé se boucha. Les coups violents contre le bois s'estompèrent, remplacés par le craquement des racines s'ouvrant et se refermant au rythme de leur marche. Ils s'éloignaient.

Ils marchèrent tout le reste de la journée, d'après ce que lui annonça le mage-guerrier. Ici, il n'y avait que la nuit, sans lune et sans étoiles. Impossible de dire à quel moment de la journée ils étaient. Pourtant, l'humain le savait.

Ils s'arrêtèrent lorsque du tunnel de bois s'arrêta, laissant place à de la terre, et une petite cavité. L'endroit était humide, visiblement sous les racines d'un arbre du marécage, d'une taille normale celles là. La magie avait creusé un petit espace pour pouvoir dormir.

- Repose toi. Demain, tu verras de nouveau le soleil.

L'orc ne fit aucun commentaire et s'installa. Il repensa à cette folle journée, se pinça pour voir si il était en plein délire et soupira en découvrant la triste et incroyable vérité. Arkmar aspirait à une vie normale pour un orc, faite de combat, de batailles. De Sang et d'Honneur. Pas toutes ces bouffonneries et autres intrigues de sorcier.

Il s'endormit au bout de quelques minutes de cogitations. Dans son coin, celui qui prétendait s'appeler Kealthei sourit. Il avait capté les pensées de l'orc grâce à sa magie.

Alors comme ça, le fier guerrier de la Horde rêvait de Sang et d'Honneur ? Il devrait tirer un trait sur le second, mais la très forte présence du Sang à l'avenir devrait le lui faire oublier...
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