Et si on parlait de la dure vie d'un Maître de guilde sur World of Warcraft ?

JudgeHype | 16/10/2018 à 14h14 - 32

Il y a quelques minutes, j'ai reçu un mail d'Andariel, GM de la guilde Proc and Roll sur le royaume Hyjal. Ce matin, elle a souhaité mettre à jour la fiche WoWProgress de son clan et en rédigeant son texte lui est venue l'idée de partager son expérience dans la gestion de sa guilde.

Il est vrai que quelques soi le niveau de celle-ci, beaucoup de maîtres de guilde sont confrontés aux mêmes problèmes. Il faut planifier les sorties, gérer les annulations de dernière minute et, souvent, être disponible pour tout et n'importe quoi.

Andariel a eu l'excellente idée de penser à JH pour partager ce texte. Quelle soit bénie des dieux ;)

Je suis persuadé que vous serez nombreux à vous retrouver dans ces lignes et je félicite chaleureusement Andariel pour cet excellent article !


Pourquoi devient-on un Maître de guilde sur World of Warcraft ?

Les motivations doivent être légion, mais j’ai cru déceler quelques profils qui se détachent.

Je vais commencer par le plus caricatural de tous, celui qui en est là parce qu’il y a aspiré, parce qu’il a besoin de reconnaissance et parce que cela fait du bien à son égo, de se sentir vénéré. Parce que, oui, il y en a des comme ça. Des êtres un peu fragiles à la base, qui se sentent soudain valorisés par cette position qu’ils pensaient enviable. Ils ont une fâcheuse tendance à penser que toute la réussite de la guilde leur est attribuable, même si bon nombres de composantes semblent pourtant bien n’être qu’un merveilleux alignement des étoiles à un instant T. Ces GM là sont souvent de piètres managers, difficilement capables de déléguer. Et qui acculés devant l’ampleur de la tâche, finissent par y consentir, mais toujours en s’en attribuant les mérites. 

Viennent ensuite, ceux qu’on a mis là, faute de mieux, faute de candidat, dans l’urgence. Ceux là souffrent beaucoup de cette position qu’ils n’ont pas choisie, gèrent les choses dans l’urgence, et passent leur temps à trouver des solutions temporaires à des problèmes récurrents. Ils délèguent beaucoup, souvent trop. Laissent couler. Peinent à se faire entendre. Tentent d’y trouver plaisir, et se font bouffer…

Il y a ceux qui ont juste voulu rassembler les copains. Créer leur nid, leur communauté. Je les appelle les Gmounours. Candides, attachants. On les adore, même si on sait qu’ils ne sont pas des leaders. Ils sont une sorte de mascotte pour leur guilde, et se retrouvent parfois confronter à la dure réalité… Gérer des ressources humaines peut s’avérer très prenant, très ingrat, très usant, même quand on a « seulement » à gérer des copains. Bin oui, parce qu’en fait, même vos potes IRL peuvent s’avérer être de vraies purges à gérer dans un jeu. Parce qu’ils n’hésiteront, pour certains, pas à vous le faire payer dans votre vie hors du jeu. Oui, vous pouvez perdre des amitiés de dix ans pour un stupide jeu vidéo !

Le chef d’entreprise. Il a un but. Et cherche des moyens pour y parvenir. Il sait s’entourer. Rationalise. Déploie des outils. Manage ses officiers. Manage ses troupes. Fait passer des entretiens d’embauche. Des entretiens de mi période d’essai. Des entretiens préalables au licenciement.Attribue des primes de mérite. Félicite parfois. Pousse des gueulantes. Fait des réunions. Des
brainstorming. Des débriefing. Et fini en burn out. Fin du game.

L’humain. Celui là essaye de comprendre ses contemporains. Les écoute beaucoup, se laisse parfois influencer. Croit en la liberté d’expression et la démocratie. Il est fin psychologue, tantôt manipulateur et tantôt bienveillant. Il est le bâton et la carotte. Il sait donner comme il sait reprendre. Il est souvent désabusé. Son épaule est un lieu de choix pour s’épancher. Il est empathique, et aime les gens. Parfois trop. Il a tendance à vouloir tout porter, tout résoudre. Quitte à en oublier pourquoi il était là à la base.

Le charismatique. Sans lui la guilde n’existe pas. C’est une sorte de gourou, que ses mates suivent aveuglément. Le genre de type qui fait tout, qu’on vénère et qu’on craint. Qu’on ose pas toujours solliciter, comme s’il était trop haut perché sur son piédestal. La guilde gravite autour de lui, et le déclin de son étoile signe la mort de la communauté.

On arrive presque à la fin de cette liste, et il faut forcément parler du 1 %. Le Fameux. Le GM quasi parfait, qui sait gérer les troupes, qui RL, qui dps/heal/tank comme un dieu. Crée des strats, comprend tout plus vite que son ombre, se positionne au pixel. Il excelle, et attire dans son sillage la crème de la crème. Le 1 % du 1 % se paye même le luxe d’être humble, et de dispenser ses guides et conseils à la plèbe. On aimerait tous être lui, mais on me dit dans l’oreillette qu’il a au choix :

  1. Été béni des dieux.
  2. A gagner à la loterie génétique.
  3. A été envoyé sur Terre par une civilisation hautement avancée pour nous guider vers la lumière.
  4. La réponse D.

On aimerait tous être parfait, le GM moyen se compose bien souvent de nuances combinées de tout ces profils. Mais, on est tous confrontés au quotidien aux mêmes problématiques :

  • Définir des objectifs réalistes et s’y tenir.
  • Savoir s’entourer de personnes fiables, de confiance, dotées de compétences complémentaires, crédibles aux yeux de la communauté. Des officiers dignes de ce nom, capables de porter une partie du fardeau.
  • Savoir recruter, intégrer et former des recrues. Savoir s’en séparer.
  • Gérer des ressources et des compétences.
  • Donner l’impression de maîtriser la situation (Oui oui, même quand ce n’est pas le cas.)
  • Recruter.
  • Être maître de soi même. (Et savoir admettre, parfois, qu’on a fait des erreurs.)
  • Gérer des planning. Et les planning personnels de 25 foutues personnes. Et les planning de leur petite famille. Et le notre parfois, aussi, quand même.
  • Recruter. Encore.
  • Socialiser, beaucoup. Parfois trop. NON ! Souvent en fait. (Oui oui, vous êtes 25, parfois plus. Et une majorité d’entre vous on tendance à prendre leur GM pour leur Maman, ou leur psy. Tous les jours. Pendant tous les raids. Pendant qu’on se réveille difficilement, surnageant dans notre café. Quand on fait nos expéditions, un donjon. Quand on mange. Oui parce que le GM version 2018 est toujours joignable. Via discord, via Sms, via Bnet.)
  • Apprendre des échecs.
  • Et encore recruter. Toujours.
  • Profiter des victoires.
  • Faire des compromis.
  • Faire des Googledocs. Des tableaux Excel improbables. Des stratégies Paint ignobles.
  • Communiquer. S’imaginer que notre annonce sur le /2 sera plus attrayante et originale que les 12 000 autres. Pondre un merveilleux pitch sur Wowprogress, en imaginant naïvement que les gens le lisent. Avoir des amis Bnet inconnus (P*tain, mais c’est qui?)
  • Être prêt psychologiquement à recevoir des whisp fantaisistes. Passer des entretiens vocaux malaisants avec des postulants, qui croient sincèrement que le clean de Kara 10 à BC leur donne une légitimité pour aspirer à venir faire des pulls sur Argus Mythique.
    Garder son calme quand un aspirant apply vous whisp un lien vers ses logs en guise de bonjour. (Je sais pas, je suis sûrement trop vieille pour ces conneries. Mais, les gars, dire bonjour et quelques mots dans un français compréhensible pour expliquer votre intérêt pour une guilde, ça me paraît pas trop demander. Non?)
  • Garder son calme quand un mate vous annonce que, non, il ne viendra pas sur Aggra mm parce qu’il a un barbecue de dernière minute. A 20h32. Oui oui.
  • Être un joueur digne de ce nom. Prendre le temps de se pencher sur sa classe et son placement…
  • Rester sein d’esprit après tout ça. Et même, à l’occasion, se rappeler qu’on est là pour jouer et s’éclater à down des boss avec nos mates:)

Andariel, GM de Proc and Roll sur Hyjal.

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